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Les Rayons et les Ombres/À. L.

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Les Rayons et les OmbresOllendorf17 (p. 652).


XXXIX



A. L.


Toute espérance, enfant, est un roseau.
Dieu dans ses mains tient nos jours, ma colombe ;
Il les dévide à son fatal fuseau,
Puis le fil casse et notre joie en tombe ;
     Car dans tout berceau
     Il germe une tombe.

Jadis, vois-tu, l’avenir, pur rayon,
Apparaissait à mon âme éblouie,
Ciel avec l’astre, onde avec l’alcyon,
Fleur lumineuse à l’ombre épanouie.
     Cette vision
     S’est évanouie !

Si près de toi quelqu’un pleure en rêvant,
Laisse pleurer sans en chercher la cause.
Pleurer est doux, pleurer est bon souvent
Pour l’homme, hélas ! sur qui le sort se pose.
     Toute larme, enfant,
     Lave quelque chose.

   2 juin 1839.