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Histoire naturelle (trad. Littré)/III

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Traduction par Émile Littré.
Dubochet, Le Chevalier et Cie (p. 153-182).

[1] Jusqu'à présent la situation et les merveilles de la terre, des eaux et des astres, ainsi que la théorie et la mesure de l'univers, nous ont occupé. Maintenant venons aux parties. Mais cela même passe pour un sujet infini, et dont il n'est guère possible de s'occuper sans s'exposer à quelque blâme : cependant nulle part l'indulgence n'est plus de mise, si l'on veut bien ne pas s'étonner qu'un homme ne connaisse pas toutes les choses humaines.

[2] Aussi ne suivrai-je exclusivement aucun auteur; mais dans chaque partie je ne m'attacherai qu'à celui que je croirai le plus sûr, car presque tous ont cela de commun d'avoir décrit le mieux les contrées où chacun écrivait. En conséquence, je ne blâmerai personne, je ne réfuterai personne. Les noms seuls des localités seront énoncés avec autant de brièveté que faire se pourra, et je renvoie en lieu et place à parler de leur illustration et de ce qui la cause; en ce moment il est question de l'ensemble.

[3] En conséquence, je voudrais qu'on vît dans cet exposé un catalogue de noms veufs de leur gloire, et tels qu'ils furent à l'origine, avant toute œuvre consignée dans l'histoire; sorte de nomenclature, il est vrai, mais nomenclature du monde et de la nature.

[4] Le globe entier de la terre est divisé en trois parties, l'Europe, l'Asie, et l'Afrique. Notre point de départ est au couchant et au détroit de Cadix, par où l'océan Atlantique, faisant irruption, vient former les mers intérieures. Quand de l'Océan on entre par ce détroit, on a à droite l'Afrique, à gauche l'Europe, entre lesquelles est l'Asie. Les limites sont le Tanaïs et le Nil. Ce bras de l'Océan dont nous parlons a 15.000 pas (01) de long et 5.000 de large, du bourg Mellaria, en Espagne, au promontoire Blanc, en Afrique, suivant Turranius Gracillis, qui naquit dans le voisinage.

[5] Tite-Live et Cornélius Népos en ont évalué la moindre largeur à 5.000 pas, la plus grande à 10.000. C'est par une ouverture aussi resserrée que se développe l'immense étendue de ces eaux. Et la profondeur ne vient pas diminuer la merveille : en effet, des lignes nombreuses de hauts fonds blanchissants épouvantent les navires : aussi plusieurs ont-ils nommé ce lieu le Seuil de la mer intérieure. A l'endroit le plus rétréci s'élèvent des deux côtés des montagnes qui resserrent le détroit, Abila en Afrique, Calpé en Europe, limites des travaux d'Hercule. Les habitants les nomment Colonnes de ce dieu, et pensent que percées elles laissèrent pénétrer des mers contenues jusqu'alors, et qu'ainsi fut changée la face de la nature.

I. (I.) [1] Nous commencerons par l'Europe, nourrice du peuple vainqueur de tous les peuples, et, à beaucoup près, la plus belle portion de la terre; et plusieurs avec raison en ont fait la troisième partie du monde, mais la moitié, divisant l'univers entier en deux parties, par une ligne allant du Tanaïs au détroit de Cadix.

[2] L'Océan, précipitant les eaux atlantiques par l'intervalle dont il vient d'être parlé, couvre de son flot avide toutes les régions pour lesquelles sa venue fut une épouvante, bat le long de rivages sinueux celles qui lui résistèrent, et découpe les côtes de l'Europe en une multitude d'enfoncements.

[3] Il y a creusé quatre golfes principaux : le premier part de Calpé, mont situé, comme il a été dit, à l'extrémité de l'Espagne, et s'étend par une courbe immense jusque la ville de Locres et au promontoire du Brutium (02).

II. [1] La première contrée située sur ce golfe est l'Espagne ultérieure ou Bétique. A partir du territoire d'Urgis (03) est l'Espagne citérieure ou Tarraconnaise, jusqu'aux Pyrénées. L'Espagne ultérieure est, dans sa longueur, divisée en deux provinces: la Bétique, et, au nord de la Bétique, la Lusitanie, qui en est séparée par le fleuve Ana (04). Ce fleuve, qui a sa source dans le territoire de Laminium (05), Espagne citérieure, tantôt s'épanche en nappe, tantôt se resserre dans un chenet étroit, ou même dlsparaît absolument dans des trajets souterrains, comme s'il se plaisait à naître plus d'une fois, et finit par se jeter dans l'océan Atlantique. La Tarraconaise, d'une part, adossée aux Pyrénées, dont elle longe toute la chaîne, d'autre part, étendue transversalement de la mer d'Ibérie (06) à la mer des Gaules (07), est séparée de la Bétique et de la Lusitanie par le mont Solorius, par les monts Orétans et Carpetans, et par la chaîne des Asturies.

Ill. [1] La Bétique, ainsi nommée du fleuve qui la traverse par le milieu, surpasse toutes les autres provinces par la richesse de sa culture et par un certain éclat de fertilité qui lui est particulier. Elle a quatre sièges de juridiction, à Cadix, à Cordoue, à Astigi (08), à Hispalis (09). Les villes y sont au nombre de 125, savoir : 9 colonies, 8 municipes, 25 villes auxquelles a été accordé le droit du Latium, 6 libres, 3 alliées, 120 sujettes au tribut (10). Voici ce qu'on y peut citer de remarquable, du moins nommer facilement en latin: A partir du fleuve Ana, le long du rivage de l'Océan, la ville d'Onoba, surnommée Aestuaria: les rivières de Luxia et d'Urium (11), qui coupent cet espace: les monts de sable (12), le fleuve Bétis (13); le rivage de Core qui fait une sinuosité, en face de laquelle est Cadix, dont il sera question parmi les îles (IV, 35);

[2] le promontoire de Junon (14), le port Besippon, les villes Belon et Mellaria ; le détroit par où s'introduit la mer Atlantique; Carteia (15), appelée par les Grecs Tartessos ; le mont Calpé ; puis, sur le rivage de la Méditerranée, la ville de Barbesula avec le fleuve de même nom, la ville et le fleuve de Salbuda, la ville de Suel, la ville et le fleuve de Malaca, pays allié; puis la ville et le fleuve de Maenoba ; Sexti Firmum, surnommée Julium, Selambina, Abdera, Murgis, limite de la Bétique.

[3] M. Agrippa a pensé que toute cette côte avait une population d'origine carthaginoise; mais, à partir du fleuve Ana, tout ce qui est sur l'Océan Atlantique appartient aux Bastules et aux Turdules. M. Varron assure que l'Espagne entière a été peuplée de colonies ibérienness, perses, phéniciennes, celtiques et carthaginoises; que le jeu (lusus) de Bacchus ou Lysas, célébrant avec lui les bacchanales, a donné le nom à la Lusitanie, et que le nom de l'Espagne entière dérive de Pan, lieutenant du dieu. Quant aux traditions concernant Hercule, Pyrène ou Saturne, je les regarde comme tout à fait fabuleuses.

[4] Le Bétis a sa source dans la province Tarraconaise, non, comme quelques-uns l'ont dit, à la ville de Mentesa, mais dans le bois de Tugia, auprès duquel est le fleuve Tader (Segura), qui arrose le territoire de Carthagène; à Ilorcum il se détourne du tombeau de Scipion, et, se dirigeant vers le couchant, il donne son nom à la province et gagne l'océan Atlantique, médiocre d'abord, mais recevant un grand nombre de fleuves dont le renom et les eaux l'enrichissent. C'est en quittant le territoire d'Ossigis qu'il entre dans la Bétique ; le cours en est tranquille, et les bords en sont couverts, à droite et à gauche, de villes nombreuses.

[5] Les plus célèbres, entre ce fleuve et la côte de l'Océan, sont, au loin, dans les terres : Segeda, surnommée Augurina; Julia, surnommée Fidentia; Urgao, surnommée Alba; Ebura, surnommée Cerealis: Iliberi, surnommée Liberini; Ilipula, sumommée Laus, Artigi (16), surnommée les Juliens; Vesci, surnommée Faventia; Singili, Attegna, Arialdunum, Aglaminor, Baebro, Castra Vinaria, Episibrium, Hippo Nova, Illurco, Osca, Escua, Succubo, Nuditanum, Tuati Vetus, toutes villes situées dans la partie de la Bastitanie tournée vers la mer, mais appartenant a la juridiction de Cordoue;

[6] autour du fleuve lui-même, Ossigi, surnommée Laconicum; Illiturgi, surnommée Forum Juliens; Ipasturgi, surnommée Triumphale; Sitia; Obulco, éloignée de 14.000 pas dans l'intérieur des terres, et surnommée Pontificale; puis Ripa; Epora (17), alliée; Sacili, surnommée Martialium; Onoba. Sur la rive droite, Cordoue, colonie romaine, surnommée Patricia, et où le Bétis commence à être navigable; puis viennent, à la gauche, Carbula, Decuma, et le fleuve Singulis (Xenil), qui est du même côté.

[7] On rencontre ensuite les villes de la juridiction d'Hispalis, Celti, Arua, Canama, Evia, Ilipa, surnommée Ilia; Italica; et à la gauche Hispalis (Séville}, colonie romaine, surnommée Romulensis; en face la ville d'Osset, surnommée Julia Constantia ; Vergentum, surnommée le Génie de Jules; Orippo, Caura, Siarum; le fleuve Ménoba, qui se jette, du côté droit, dans le Bétis. Dans les bas-fonds que forme le Bétis est la ville de Nebrissa, surnommée Veneria; et Colobona. Colonies: Asta, surnommée Regia; et dans l'intérieur des terres, Asido, surnommée Caesariana.

[8] La rivière Singulis se jetant, comme nous l'avons dit, dans le Bétis, baigne la ville d'Astigi (Ecija),colonie, surnommée Augusta Firma : c'est là qu'il commence à être navigable. A cette juridiction appartiennent les autres colonies jouissant de l'exemption: Tucci, surnommée Augusta Gemella; ltucci, appelée aussi Virtus Julia; Attubi ou Claritas Julia; Urso ou Genua Urbanorum. Au nombre de ces colonies était jadis Munda, prise avec le fils de Pompée.

[9] Villes libres : Artigi Vetus, Ostippo. Villes sujettes au tribut : Callet, Calucula, Castra Gemina, Ilipula Minor, Merucra, Sucrana, Obulcula, Oningis. En venant de la côte, près du fleuve Ménoba, qui est lui-même navigable, on rencontre à peu de distance les Alontigiceles et les Alostiges.

[10] La contrée qui s'étend au delà des pays déjà décrits, du fleuve Bétis jusqu'au fleuve Ana, s'appelle Baeturie, divisée en deux parties et en autant de nations: les Celtiques qui touchent à la Lusitanie et qui dépendent de la juridiction d'Hispalis, et les Turdules qui sont limitrophes de la Lusitanie et de la Tarragonaise, et qui appartiennent à la juridiction de Cordoue. Les Celtiques venus de la Lusitanie sont une branche des Celtibères; cela est manifeste par les rites religieux, par la langue, par les noms des villes, qui sont les mêmes dans la Bétique, sauf le surnom : Seria, surnommée Fama Julia ; Nertobriga, surnommée Concordia Julia; Segida, Restituta Julia , Contributa, Julia; Ucultiniacum, aujourd'hui Turiga; Laconimurgi, Constantia Julia; Térèses, Fortunales; et Callenses, Emaniques.

[11] En outre, dans la Celtique, on trouve: Acinippo, Arunda, Arunci, Turotbrica, Lastigi, Alpesa, Saepone, Serippo. L'autre Baeturie, que nous avons dit appartenir aux Turdules et à la juridiction de Cordoue, a des villes qui ne sont pas sans renom : Arsa, Mellaria, Mirobrica, et, de la contrée Osintiade, Sisapon.

[12] A la juridiction de Cadix appartiennent: Regina, à droit romain; Regia Carissa, sumommée Aurélia, à droit latin; Urgia, surnommée Castrum Julium; et Salutariensis Caesaris. Villes sujettes au tribut: Besaro, Belippo, Barbesula, Lacippo, Baesippo, Callet, Cappagum, Oleastro, Itucci, Brana, Lacibi, Saguntia, Andorisae.

[13] La longueur de cette province est, d'après M. Agrippa, de 465.000 pas; la largeur, de 257.000 pas. Mais cette mesure a été donnée du temps où les limites de cette province allaient jusqu'à Carthagène. Une cause pareille engendre souvent de grandes erreurs dans les évaluations: la délimitation des provinces change, les mesures itinéraires varient en plus ou en moins; ici les mers à la longue entament les rivage ; ailleurs la terre gagne sur les flots; les sinuosités des fleuves s'accroissent ou se redressent; enfin, parmi les auteurs, les uns commencent la mesure en un point, les autres en un autre; ils suivent des directions différentes, de sorte qu'il n'y a jamais deux géographes d'accord.

(II) [1] Aujourd'hui la Bétique a 250.000 pas de long de Castulon à Cadix, et 25.000 de plus si l'on part de Murgis sur la côte. La largeur, à partir de la côte de Carteia, est de 236.000 pas. Qui pourrait penser qu'Agrippa, homme d'une si grande exactitude, et en outre occupé du soin de mettre sous les yeux de l'univers le tableau de l'univers même, se soit trompé comme il a fait, et que cette erreur ait été répétée par le dieu Auguste? car ce prince acheva le portique qui devait renfermer ce tableau, et qui avait été commencé par sa sœur, d'après l'intention et les mémoires de M. Agrippa.

IV. (IV) [1] L'ancienne forme de l'Espagne citérieure, ainsi que de plusieurs provinces, a été un peu changée; car Pompée le Grand, dans les trophées élevés par lui sur les Pyrénées, atteste que, des Alpes aux frontières de l'Espagne ultérieure, il a soumis 870 villes. Aujourd'hui la province entière est divisée en sept juridictions: Carthagène, Tarragone, Caesaraugusta, Clunia, Asturica, Lucus, Braca (18); il faut y ajouter des îles, dont il sera fait mention à part. La province elle-même, outre 294 cités qui sont subordonnées à d'autres cités, en contient 179, savoir: 12 colonies, 13 villes à droit romain, 18 à droit des vieux latins, 1 des alliés, et 135 sujettes au tribut.

[2] Les premiers sont les Bastules, sur la côte; et derrière eux, allant vers l'intérieur, dans l'ordre que je vais suivre : les Mentésans, les Orétans, et sur le Tage les Carpétans ; à côté d'eux les Vaccéens, les Vectons, et les Celtibères Arévaques. Sur la côte on trouve : Urci, Barea, attribuée à la Bétique; la région Mavitanienne, la région Deitancienne, la région Contestanienne; Carthagène, colonie, du promontoire de laquelle, appelé promontoire de Saturne, il y a un trajet de 187.000 pas jusqu'à Césarée, ville de la Mauritanie. Sur le reste de la côte, le fleuve Tader, Illici, colonie jouissant de l'immunité, d'où le nom du golfe Illicitan (19); de cette ville relèvent les Icositans; puis Lucentum (20), jouissant du droit des Latins;

[3] Dianium, tributaire; le fleuve Sucron, et jadis une ville de ce nom, là est la limite de la Contestanie; la contrée des Édétans, au-devant de laquelle est un étang plein d'agrément, et qui rentre vers la Celtibérie; Valence, colonie située à 3.000 pas de la mer; le fleuve Turium; Sagonte, à la même distance de la mer, ayant le droit de citoyens romains, illustre par sa fidélité; le fleuve Uduba, la région des Ilergaons;

[4] l'Ibère (Ébre), riche par sa navigation commerciale, ayant sa source chez les Cantabres, non loin de la ville Juliobrica, parcourant une étendue de 450.000 pas, navigable, à partir de la ville de Varia, pendant un espace de 260.000 pas; c'est en raison de ce fleuve que les Grecs ont donné le nom d'Ibérie à l'Espagne entière; la région des Cossétans, le fleuve Subi, Tarragone, colonie, ouvrage des Scipions, comme Carthagène est l'ouvrage des Carthaginois; la contrée des Ilergètes, la ville de Subur, le fleuve Rubricatum (le Llobregat), à partir duquel les Lalétans et les Indigètes.

[5] Après eux, et dans l'ordre que je vais suivre, au pied des Pyrénées, et en s'avançant dans l'intérieur des terres, les Aursétans, les Lacétans: dans les Pyrénées mêmes, les Cerrétans, puis les Vascons; sur la côte, la colonie Barcelone, surnommée Faventia; Baetulo, Iluro, villes à droit romain; le fleuve Larnum, Blandae, le fleuve Alba (le Ter); Emporiae, ville double, moitié aux indigènes et moitié à des Grecs descendants des Phocéens; le fleuve Tichis; puis Vénus des Pyrénées, sur l'autre côté du promontoire , à une distance de 40.000 pas.

[6] Maintenant j'exposerai par chaque juridiction ce qui est digne de remarque, outre les lieux déjà notés. A Tarragone viennent plaider 43 peuples, dont les plus célèbres sont: à droit romain, les Dertusans et les Bisgargitans; à droit latin, les Ausetans, les Cerrétans ou Julians ou Augustans; les Edétans, les Gerundenses, les Gessoriens, les Téares ou Juliens; tributaires, les Aquicaldenses, les Onenses, les Baeculonenses.

[7] Sarragosse, colonie jouissant de l'immunité, baignée par l'Ibère, occupant l'emplacement d'une ville appelée Salduba, appartient à l'Édétanie; elle a dans son ressort 152 peuples : à droit romain, les Bélitans, les Celsenses; colonies, les Calaguritans, surnommés Nassiques; les Ilerdenses, de la nation des Surdaons, auprès desquels est le fleuve Sicoris (21) les Oscenses, de la Vescitanie; les Turiasonenses;

[8] à droit latin ancien, les Cascantenses, les Ergavicenses, les Graccuritans, les Léonicenses, les Ossigerdenses ; alliés, les Tarragenses; tributaires, les Arcobricenses, les Andologenses, les Arocélitans, les Bursaonenses, les Calaguritans, surnommés Fibularenses, Ies Camplutenses, les Carenses, les Cincenses , les Cortonenses, les Damanitans, les Larnenses, les Lursenses, les Ispalenses (22) , les Lumbéritans, les Lacéctans, les Lubienses, les Pompelonenses (Pampelune), les Segienses.

[9] A Carthagène ressortissent soixante-cinq peuples [les îles ne sont pas de ce ressort]. De la colonie Accitane, les Gemellenses et Libisosona, surnommée Foro augustana, deux villes auxquelles a été accordé le droit italique; de la colonie Salarienne, cités ayant le droit des vieux Latins, les Castulonenses, surnommés Vendus à César, les Setabitans ou Augustans, les Valerienses. Parmi les tributaires, les plus célèbres sont les Alabanenses, les Bastitans, les Consaburenses, les Dianenses, les Egelestans, les Ilorcitans, les Laminitans, les Mentésans, appelés Oritans; les Mentésans, appelés Bastules; les Orétans, surnommés Germains; Segobriga, capitale de la Celtibérie; Tolède, capitale de la Carpétanle, placée sur le Tage ; puis les Viatienses et les Virgilienses.

[10] Au ressort de Clunie (23) les Vardules mènent quatorze peuples, parmi lesquels il suffit de nommer les Albanenses; les Turmodiges, quatre peuples, parmi lesquels sont les Segisamonenses et les Segisamajulienses. Du même ressort relèvent les Cariètes et les Vennenses, avec cinq cités, parmi lesquelles sont les Velienses; au même, Ies Pélendons, Celtibériens, avec quatre peuples, parmi lesquels les Numantins ont été célèbres. Parmi les18 cités des Vaccéens, on remarque les Intercatienses, les Pallantins, les Lacobricenses, les Caucenses. Quant ans sept peuples cantabres, on n'y cite que Juliobrica. Entre les dix cités des Autrigons sont Tritium et Virovesca.

[11] Les Arévaques ont pris leur nom du fleure Areva; ils ont six villes, Saguntia et Uxama, noms employés dans une multitude d'autres lieux; de plus, Ségovia, Nova Augusta, Termes et Clunia même, sur la frontière de la Celtibérie. Le reste de ce ressort se rapproche de l'Océan, ainsi que les Vardules, dont il a déjà été parlé, et les Cantabres.

[12] A ces derniers touchent 22 peuples asturiens, divisés en Augustans et Transmontans; Asturica (Astorga), leur ville, est magnifique. On y remarque les Cigurres, les Paesiques, les Lacienses, les Zozles. Toute la population s'élève à 240.000 têtes libres.

[13] Le ressort de Lucus (Lugo) comprend, outre les Celtiques et les Lebuns, 16 peuples sans illustration et portant des noms barbares, mais comptant environ 166.000 têtes libres.

[14] De même celui de Bracarum ( Braga) s'étend sur 24 cités avec 175.000 têtes libres, entre lesquelles, outre les Bracares eux-mêmes, on peut nommer, sans ennui pour le lecteur, les Bibales, les Caelérins, les Gallaeques, les Héquaeses, les Limiques, les Querquernes.

[15] La longueur de l'Espagne citérieure, depuis les Pyrénées jusqu'à la limite près Castulon, est de 607.000 pas; la distance est un peu plus longue, si l'on suit la côte. La largeur depuis Tarragone jusqu'au rivage d'Olarson en est de 307.000. Resserrée au pied des Pyrénées entre les deux mers, elle va en s'élargissant peu à peu jusqu'à sa jonction avec l'Espagne ultérieure, et acquiert une largeur double et au delà. L'Espagne presque tout entière abonde en mines de plomb, de fer, de cuivre, d'argent et d'or; la Citérieure, en outre produit des pierres spéculaires (XXXVI, 45), et la Bétique du minium (XXXIII, 36). Il y a aussi des carrières de marbre. L'empereur Vespasien, dans les orages qui assaillirent la république, accorda à l'Espagne entière le droit du Latium. Les Pyrénées séparent l'Espagne et la Gaule, et forment des caps dans deux mers opposées.

V. (IV.) [1] On donne le nom de Narbonnaise à la partie de la Gaule qui est baignée par la Méditerranée: elle se nommait jadis Braccata (24); elle a pour limite, du côte de l'Italie, le Var et les Alpes, montagnes dont la barrière a été si utile a l'empire romain; du côté du reste de la Gaule, au nord, les Cévennes et le Jura. Par sa culture florissante, par les mœurs et le mérite de ses habitants, par son opulence, elle ne le cède à aucun des pays soumis à l'empire ; en un mot , c'est plutôt l'Italie qu'une province. Sur la côte sont: la contrée des Sardons, et, dans l'intérieur, celle des Consuarans; les fleuves, le Tec et le Vernodubrum; les villes, Illébéris, faible reste d'une cité grande jadis;

[2] Ruscino, des Latins; le fleuve Atax (Aude), descendant des Pyrénées et traversant le lac Rubrensis; Narbo Martius, colonie de la dixième légion, éloignée de la mer de 12.000 pas; les fleuves Arauris (Hérault ), Liria (Lez) ; sur le reste, un petit nombre de villes, à cause des étangs qui bordent le rivage; Agde, appartnant jadis aux Marseillais; la contrée des Volces Tectosages, le lieu où fut Rhoda des Rhodiens, et d'où provient le nom du Rhône, le plus riche fleuve de la Gaule. Se précipitant du haut des Alpes, il traverse le lac Léman, et emmène la Saône paresseuse, ainsi que l'Isère et la Durance, non moins rapides que lui.

[3] Ses deux petites bouches sont appelées Libiques (25), dont l'une porte le nom d'Espagnole, et l'autre de Métapine; la troisième et la plus grande se nomme Massaliotique. Il est des auteurs qui disent qu'il y eut à l'embouchure du Rhône une ville Héraclée.

[4] Au delà, les fossés qui partent du Rhône, travail célèbre de C. Marius, et qui porte son nom; l'étang Mastramela; Maritima, ville des Avatiques, et, au-dessus, des champs de pierre (la Crau) qui gardent la mémoire des combats d'Hercule ; la région des Anatiliens, et, dans l'intérieur, celle des Désuviates et des Cavares. En revenant à la mer, Tricorium; puis, dans l'intérieur, les régions des Tricolles, des Vocontiens et des Segovellaunes, puis des Allobroges; sur la côte, Marseille des Grecs Phocéens, alliée;

[5] le promontoire Zao, le port Citharista; la région des Camatulliques, puis les Sueltères; et au-dessus les Verrucins; sur la côte elle-même, Athénopolis des Marseillais; une colonie de la huitième légion, Forum Julii (Fréjus), ou Pacensis, ou Classica; il y passe un fleuve appelé Argenté; la région des Oxubiens (26) et des Ligaunes, au-dessus desquels sont les Suètres, les Quariates, les Adunicates; sur la côte, la ville latine d'Antipolis (Antibes) ; la région des Déciates; le Var, qui descend du mont Céma, de la chaîne des Alpes.

[6] Dans l'intérieur des terres, colonies: Arles de la sixième légion, Béziers de la septième, Orange de la seconde; dans le territoire des Cavares, Valence, des Allobroges Vienne; villes latines: Aix des Salluviens, Avignon des Cavares, Apta Julia des Vulgientes, Alébécé des Reies Apollinaires, Alba des Helves, Augusta des Tricastins, Anatilia, Aeria, Bormanni, Comacina, Cabellio, Carcasum des Volces Tectosages, Cessero, Carpentoracte des Mémines, Ies Caenicendes (27), les Cambolectres, surnommés Atlantiques, Forum Voconii, Glanum Livii ; les Lutevans, appelés aussi Foroneronienses; N$imes des Arécomiques, Piscènes, les Rutènes , les Samnagenses (28) ; Toulouse des Tectosages, sur la frontière de l'Aquitaine; les Tascons, les Tarusconienses, les Umbraniques; les deux capitales de la cité des Vocontiens alliés, Vasio et Lucus Augusti; dix-neuf villes sans renom, de même que vingt-quatre attribuées à Nîmes. L'empereur Galba a ajouté au rôle de la province les Avantiques et les Bodiontiques, peuples alpins, dont la ville est Digne. Agrippa évalue ta longueur de la Narbonnaise à 270.000 pas, et la largeur à 248.000.

VI. (V) [1] Viennent ensuite l'Italie avec la Ligurie, qui en occupe les abords; puis l'Étrurie, !'Ombrie, le Latium, où sont l'embouchure du Tibre et Rome, capitale du monde, éloignée de la mer de 16.000 pas; ensuite le rivage des Volsques et de la Campanie, le Picentin, la Lucanie; et, à la plus grande distance des Alpes, est le Brutium, qui fait l'extrémité méridionale de l'Italie, et jette sur les deux mers ses montagnes en forme de croissant. A partir de là commence la côte de la Grande Grèce, les Salentins, les Pédicules, les Apules, les Pélignes, les Frentans, les Marrucins , les Vestins, les Sabins, les Picentes, les Gaulois, les Ombriens, les Étrusques, les Vénètes, les Carnes, les Japides, les Istres, les Liburnes.

[2] Sans doute, on m'accusera à juste titre, je ne l'ignore pas, d'ingratitude et de paresse, si je parle avec cette brièveté, et pour ainsi dire en passant, de cette terre l'élève et en même temps la mère de toutes les terres, choisie par la providence des dieux pour rendre le ciel lui-même plus brillant, réunir les empires dispersés, adoucir les mœurs, rapprocher par la communauté du langage les idiomes discordants et sauvages de tant de peuples, donner aux hommes la faculté de s'entendre, les policer, en un mot, devenir la patrie unique de toutes les nations du globe. Mais que faire? On est ébloui par la gloire de tant de lieux (qui pourrait même effleurer ce sujet?), par cette illustration des choses particulières et des peuples.

[3] Et Rome à elle seule, Rome, cette tête digne d'être portée par d'aussi glorieuses épaules, en quel ouvrage faut-il la célébrer? Que de richesses, que de charmes dans la côte seule de la Campanie, chef-d'œuvre où évidemment la na ture s'est plu à accumuler ses magnificences: Ajoutez ce climat perpétuellement salubre et favorable à la vie, ces campagnes fécondes, ces coteaux si bien exposés, ces bocages exempts de toute influence nuisible, ces bois ombreux, cette végétation variée des forêts, ces montagnes d'où descendent tant de souffles de vents, cette fertilité en grain, en vin, en huile; ces troupeaux revêtus de laines précieuses, ces taureaux au cou puissant, ces lacs, cette abondance de fleuves et de sources qui l'arrosent tout entière , ces mers, ces ports, cette terre ouvrant partout son sein au commerce, et s'avançant elle-même au milieu des flots, empressée d'aider les mortels.

[4] Je ne parle ici ni des héros de Rome, ni de son génie, ni de ses mœurs, ni des nations qu'elle a vaincues par l'éloquence et par les armes. Les Grecs, si portés à se glorifier, en ont jugé de même en appelant Grande Grèce une fraction (et quelle fraction!) de I'Italie. Il nous faut faire ici ce que nous avons fait en parlant du ciel, c'est-à-dire noter seulement quelques points, quelques astres. Les lecteurs se souviendront que j'ai hâte de traiter de chaque chose dans l'univers.

[5] L'Italie ressemble à une feuille de chêne, beaucoup plus longue que large, se portant a gauche par une pointe, et se terminant en forme de bouclier d'Amazone par deux échancrures que forment au milieu le Cocinthos, à droite Leucopétra, à gauche Lacinium (29). Elle a en longueur, depuis le pied des Alpes, à Praetoria Augusta, dans une direction qui traverse Rome et Capoue, jusqu'à Rhégium, située sur son épaule, et où une sorte de col commence à s'arrondir, 1.200.000 pas: la mesure serait beaucoup plus grande si on l'étendait jusqu'à Lacinium, mais ce serait s'écarter latéralement.

[6] La largeur en est variable : 410.000 pas entre les deux mers Inférieure et Supérieure, du Var à l'Arsia; dans le milieu à peu près vers Rome, de l'embouchure de l'Aterne dans l'Adriatique à celle du Tibre, 136.000 pas; un peu moins depuis Castrum Novum, sur la mer Adriatique, jusqu'à Alsium, sur la mer d'Etrurie; en aucun lieu (30), n'excédant 300.000 pas. Le tour de l'Italie entière, depuis le Var jusqu'à l'Arsia, est de 3.059.000 pas (31).

[7] Quant à la distance des pays voisins, l'Italie est éloignée de l'Istrie et de la Liburnie, en quelques lieux, de 100.000 pas; de l'Épire et de l'Illyrie, de 50.000: de l'Afrique, de moins de 200.000, d'après M. Varron; de la Sardaigne de 120.000 ;de la Sicile, de 1.500; de la Corse, de moins de 70.000; d'Issa, de 50.000. La direction que l'Italie suit dans la mer est sans doute méridionale; mais si on veut la déterminer avec une exactitude complète, on trouve qu'elle est entre le midi et le sud-est.

[8] Maintenant nous allons parler de son contour et de ses villes. Il est nécessaire de dire d'avance que nous prendrons pour guide le dieu Auguste, et la division qu'il a faite de l'Italie entière en onze régions, mais dans un ordre qui suivra le littoral; que les voisinages des villes ne peuvent être conservés dans une énumération aussi rapide; et que nous limiterons pour l'intérieur la distribution alphabétique donnée par ce prince, mentionnant comme lui les colonies qui se trouveront dans le nombre. Quant aux positions et aux origine, il n'est pas facile d'en rendre compte ; car, pour n'en citer qu'un exemple, les Ligures Ingaunes ont obtenu jusqu'à trente concessions de terrain.

VII. [1] A partir du Var on trouve Nice, ville fondée par les Marseillais: le fleuve Palo; les Alpes et les peuples alpins portant un grand nombre de noms, particulièrement les Chevelus; le peuple des Védiantiens, et Cémélion leur ville; le port d'Hercule Monoecus, la côte de Ligurie. Ligures les plus célèbres: au delà des Alpes, les Salluviens, les Déciates, les Oxubiens; en deçà des Alpes, les Vénènes, les Vagiennes descendants des Caturiges; les Statyelles, les Vibelles, les Magelles, les Euburiates, les Casmonates, les Véliates, et ceux dont nous nommerons toutes les villes en parlant du rivage suivant;

[2] le fleuve Rutuba; la ville Albium Intémelium, le fleuve Mérula; la ville Albium Ingaunum ; le port Vadum Sabatium; le fleuve Porcifera, Gênes; le fleuve Feritor, le port du Dauphin ;Tigullia; dans l'intérieur: Segestia des Tigullins; le fleuve Macra, limite de la Ligurie;

[2] en arrière de toutes les localités ci-dessus énumérées, l'Apennin, la chaîne la plus considérable de l'Italie, qui s'étend sans interruption depuis les Alpes jusqu'au détroit de Sicile. De l'autre côté de l'Apennin jusqu'au Pô, le fleuve le plus riche de l'Italie, tout brille de villes célèbres : Libarna, Dertona, colonie; Iria, Barderate; Industria, Pollentia, Carrea, surnommée aussi Potentia ; Forofulvi, surnommée Valentinum ; Augusta des Vagiennes; Alba Pompeia, Asta, Aquis des Statyelles : cette région, d'après la division d'Auguste, est la neuvième. La côte de la Ligurie, entre le Var et la Macra, a une étendue de 221.000 pas.

VIII. [1] Vient ensuite, à partir de la Macra, la septième, qui renferme l'Etrurie, ayant, elle aussi, bien des fois changé de nom. Les Ombriens en ont été jadis chassés per les Pélasges, ceux-ci par les Lydiens, appelés Tyrrhéniens, du nom de leur roi, bientôt aptes appelés en grec Thusci, d'après leurs rites dans le sacrifice (thuein, sacrifier). La première ville d'Étrurie qu'on rencontre est Luna, célèbre par son port; puis Luca, colonie, s'éloignant de la mer; et, colonie plus rapprochée du littoral, Pise, située entre les rivières Auser et Arno, et fondée par Pélops et les habitants de Pise (d'Élide), ou par les Teutans, nation grecque; Vada Volaterrana, le fleuve Cecinna; Populonium, seule ville étrusque qu'il y eût autrefois sur cette côte.

[2] Fleuves, le Prille, l'Umbro, navigable ; et à partir de là la contrée de l'Ombrie, le port Télamon, Cossa des Volcientes, fondée par le peuple romain; Graviscae, Castram Novum, Pyrgi; le fleuve Caerétan, et Caere même dans l'intérieur, à la distance de 4.000 pas, appelée Agylla par les Pélasges ses fondateurs; Alsium, Frégènes; le Tibre, sépare de la Macra par un intervalle de 284.000 pas. Dans l'intérieur, colonies : Falisque, issue d'Argos, d'après Caton, surnommée Falisque des Étrusques, Lucus Feroniae, Rusellana, Senensis, Sutrine.

[3] Du reste, les Arétins anciens, les Arétins Fidentes, les Arétins Julienses; les Amitinenses, les Aquenses, surnommés Taurins; les Blérans, Cortone, Capéna, Clusium Novum, Clusium Vetus; Florence, placée sur l'Arno qui la baigne, Fésules, Ferentinum, Fescennia, Hortanum, Herbanum, Nepet, Novem Pagi, Praefectura Claudia Foroclodii, Pistorium, Perusia; les Suanenses, les Saturnins, appelés auparavant Aurinins, les Sabertans, les Statons, les Tarquiniens, les Tuscaniens; Vetulonia, Veïes; les Vésentins, les Volaterrans, les Volcentins, surnommés Etruques ; les Volsiniens. Dans cette même contrée les noms de villes anciennes, sont conservés par les territoires Crustumin et Calétran.

IX. [1] Le Tibre (Tiberis), appelé précédemment Tybris, et plus anciennement encore Albula, a sa source au milieu environ de la chaîne des Apennins, dans le territoire des Arétins. Faible d'abord, il n'est, comme ses affluents le Tinia et le Glanis, navigable qu'au moyen de réservoirs où on le retient et d'où on le lâche; encore faut-il les fermer pendant neuf jours, si la pluie ne vient en aide.

[2] Toutefois, même avec cette disposition le Tibre, en raison des rochers qui hérissent son lit, reste longtemps (32) plutôt flottable que navigable, passant, dans une étendue de 150.000 pas, non loin de Tifernum, de Perusia et d'Ocricule. Il sépare l'Etrurie de l'Ombrie et de la Sabine ; à une distance de moins de 13.000 pas de Rome, il sépare le territoire de Véïes de celui de Crustuminum, puis celui des Fidénates et des Latins des campagnes du Vatican. Mais recevant, à partir du Glanis d'Arétinum, quarante-deux rivières, dont les principales sont le Nar et l'Anio, qui, navigable lui-même, ferme le Latium par derrière. Il reçoit encore toutes les eaux et toutes les sources amenées à Rome, et devient capable de porter les plus gros navires qui remontent de la mer Italienne. II transporte paisiblement les produits de tout l'univers, et il n'est peut-être aucun fleuve dans les eaux duquel se réfléchisse un plus grand nombre de maisons de campagne.

[3] A aucun fleuve non plus moins de liberté n'a été laissée; les deux rives en sont diguées, et lui­même, quoique sujet à des crues fréquentes et subites, quoique ne débordant nulle part ailleurs plus qu'à Rome, ce n'est pas pour s'affranchir qu’il combat: à vrai dire, c'est plutôt un prophète qui nous avertit; et dans ses crues il fait parler la religion plutôt qu'il n'exerce des ravages.

[4] Le Latium a conservé ses anciennes limites, s'étendant, depuis le Tibre jusqu'à Circeï, dans un espace de 50.000 pas en longueur. Telles furent les faibles racines de l'empire romain. Les habitants ont souvent changé : il a été occupé, à des époques successives, par les Aborigènes, par les Pélasges, par les Arcadiens, par les Sicules, par les Aurunques, par les Rutules, et au delà de Circei par les Volsques, les Osques, les Ausones, ce qui a fait étendre le nom de Latium jusqu'au fleuve du Liris. On trouve d'abord Ostie, colonie fondée par un roi de Rome; la ville de Laurente; le bois de Jupiter Indigète; le fleuve Numicius, Ardée, fondée par Danaé, mère de Persée; puis un temple de Vénus, aujourd'hui ruiné; Antium, colonie; le fleuve et l'île Astura; le fleuve Nymphée; Clostra Romana; Circeï, jadis une île, et même entourée d'une mer immense, au dire d'Homère (Od. X, 194), aujourd'hui située dans une plaine.

[5] Nous pouvons ici mettre sous les yeux du lecteur des particularités singulières: Théophraste, qui, le premier des étrangers, a écrit avec quelque exactitude touchant les Romains ; (car Théopompe, avant lequel il n'y a aucune mention de Rome, rapporte seulement qu'elle fut prise par les Gaulois; et Clitarque, qui vient immédiatement après lui, ne parle que d'une ambassade envoyée à Alexandre); Théophraste, dis-je, ne s'en tenant plus à de simples ouï-dire, a évalué la mesure de l'île de Circeï à 80 stades (mètres 14.720), dans le livre qu'il composa. Nicodore étant archonte des Athéniens, an de Rome 440 (Hist. Plant. V, 9). Ainsi, depuis cette époque, l'Italie s'est accrue de tout le terrain qui dépasse un pourtour d'environ 10.000 pas ou 80 stades.

[6] Autre singularité : à partir de Circeï sont les marais Pontins (XXVI, 9), où, d'après Mucianus trois fois consul, se trouvaient 33 villes. Vient ensuite le fleuve Ufens, au-dessus duquel est la ville de Terracine, appelée Anxur dans la langue des Volsques; l'emplacement d'Amyclae (VIII, 43), détruite par les serpents; le lieu de la caverne d'Amyclae, le lac Fundanus, le port de Caïète, la ville de Formies, appelée jadis Hormies, ancien séjour des Lestrigons, suivant l'opinion des auteurs; au delà, la ville de Pyrae; Minturnes, colonie, divisée par le fleuve Liris, appelé aussi Glanis; la ville de Sinuesse, à l'extrémité du territoire ajouté au Latium, qui, d'après quelques-uns, fut appelée Sinope.

[7] Là commence la Campanie fortunée, et c'est le point de départ des coteaux chargés de vignes, et de ces grappes dont le jus est célébré dans tout l'univers; là est, comme l'ont dit les anciens, le théâtre de la plus grande rivalité entre Bacchus et Cérès; là s'étendent les champs de Sétie et de Cécube, auxquels touchent ceux de Falerne et de Calène; puis règnent les coteaux du Massique, de Gaurus et de Surrentum.

[8] A ces campagnes succèdent celles des Laborins; et la moisson y tombe sous la faucille, pour servir à la préparation de la délicieuse alica (XVIII, 29 ). Ces côtes sont arrosées par des sources chaudes, et elles sont renommées par-dessus toutes les autres pour l'excellence des coquillages et des poissons (IX, 29); nulle part l'huile n'a plus de saveur. Cette terre, où les divinités luttent pour la satisfaction des hommes, a été occupée par les Osques, par les Grecs, par les Ombriens, par les Étrusques, par les Campaniens.

[9] Sur la côte sont : le fleuve Savon, le Vulturne avec la ville de même nom, Liternum, Cumes des Chalcidiens, Misène, le port de Baïes, Bauli, le lac Lucrin, le lac Averne, auprès duquel fut jadis une ville Cimmérienne; puis Putéoles, colonie, appelée jadis Dicéarchie, les champs Phlégréens, le marais Achérusien, près de Cumes; sur la côte, Naples, fondée aussi par les Chalcidiens, appelée Parthénope à cause du tombeau d'une sirène; Herculanium, Pompéi que le Vésuve domine à peu de distance, et où passe le Sarnus; le territoire de Nucérie, et, à 9.000 pas de la mer, Nucérie elle-même;

[10] Surrentum: avec le promontoire de Minerve, jadis le séjour des sirènes. La navigation, à partir de Circeï jusque-là, est de 78.000 pas. Cette région, à compter du Tibre, est la première de l'Italie, d'après la division d'Auguste.

[11] Dans l'intérieur des terres, les colonies: Capoue, appelée ainsi du mot qui signifie campagne, Aquinum, Suessa, Venafrum, Sora,Teanum, surnommée Sidicinum; Nola; les villes: Abellinum, Aricie, Albe la Longue, Acerra, Allifa, Atina, Aletrina, Anagnia, Atella, Affile, Arpinum, Auxima, Avella, Alfaterna (il y en a trois, une latine, une hernique, une labicane), Boville, Calatiae, Casinum, Calenum, Capitulum Hernicum, les Céreatins, surnommés Mariens; les Corans, descendants de Dardanus le Troyen: les Cubultérins, les Castrimonienses, les Cingulans, les Fabienses, sur la montagne d'Albe; les Foropopulienses, du territoire de Falerne; les Frusinates, les Ferentinates, les Fréginates, Ies Fabraternes anciens, les Fabraternes nouveaux, les Ficolenses (32bis), les Foroappiens, les Forebtans, les Gabiens, les lnteramnates Succasins, appelés aussi Lirinates; les Ilionenses Laviniens, les Norbans, les Nomentins. Préneste appelée autrefois Stéphane, Priverne, Setia, Signia, Suessula; les Télins, les Tribulans surnommés Balinienses; les Trébans, les Tusculans, les Vérulans, les Véliternes, les Ulubrenses, les Ulvernates, et enfin Rome elle-même, dont des rites mystérieux, défendent de proférer l'autre nom (33). Un excellent et salutaire silence le tenait caché; mais Valerius Soranus le divulgua, et il ne tarda pas à en porter la peine.

[12] Il n'est pas hors de propos de signaler ici une particularité de l'antique religion, instituée surtout pour prescrire ce silence : la déesse Angerona, à laquelle on sacrifie le 12 des calendes de janvier (21 décembre), est représentée avec un bandeau sur la bouche, et un cachet sur ce bandeau.

[13] Romulus laissa Rome avec trois portes ou quatre, au dire de ceux qui en admettent le plus. Les murailles qui l'entourent ont atteint, sous les empereurs Vespasien et son fils et pendant leur censure, l'an de la fondation 826, un développement de 13.200 pas. Elle embrasse sept collines, est divisée en quatorze quartiers, et renferme deux cent soixante-cinq carrefours, où l'on adore les dieux lares. De la colonne milliaire placée a l'entrée du Forum jusqu'à chacune des portes, qui sont aujourd'hui au nombre de 37 (je ne compte que pour une chacune des douze portes [doubles], et je passe les sept anciennes qui ont cessé de servir), on a, en droite ligne, 30.765 pas.

[14] De la même colonne milliaire on compte jusqu'aux dernière maisons, y compris le camp de Prétoriens, en suivant les rues attenant à toutes les grandes voies, un peu plus de 70.000 pas. Ajoutez la hauteur des maisons, vous vous ferez une digne idée de cette ville, et sous avouerez qu'il n'y en a aucune dans l'univers qu'on puisse lui comparer pour la grandeur.

[15] Elle est fermée du côté de l'orient par la chaussée de Tarquin le Superbe (XXXVI, 24 num. 2), ouvrage des plus admirables, car il éleva cette chaussée à la hauteur des murailles du côté où la plaine laissait Rome ouverte. Des autres côtés Rome était entourée de murs élevés ou de montagnes escarpées, tant que les édifices n'y eurent pas joint, en s'étendant, plusieurs villes.

[16] Il y avait jadis, appartenant à la première région, dans le Latium, des villes célèbres, Satricum, Pometia, Scaptia, Pitulum, Politorium, Tellene, Tifata, Caenina, Ficana, Crustumerium, Ameriola, Medullia, Corniculum, Saturnia, dont Rome occupe maintenant l'emplacement; Antipolis, qui est maintenant le Janicule faisant partie de Rome; Antemnae, Camerium, Collatia, Amitinum, Norbe, Sulmo; et les peuples Albenses, qui étaient dans l'usage de partager avec ces cités de la chair (34) sur la montagne d'Albe ; les Albans, les Aesulans (35), les Acienses, les Abolans, les Bubétans, les Bolans, les Cusvétans, les Coriolans, les Fidénates, les Forétiens, les Hortenses, les Latinienses, les Longulans, les Manates, les Macrales, les Mutucumenses, les Munienses, les Numinienses, les Olliculans, les Octulans, les Pédans, les Polluscins (36), les Querquétulans, les Sicanes, les Sisolenses, les Tolérienses, les Tutienses, les Vimitellariens, les Véliens , les Venétulans, les Vitellenses; en tout, 53 peuples de l'ancien Latium qui ont disparu sans laisser de traces.

[17] Dans la Campanie, Stabies fut une ville jusqu'au consulat de Cn. Pompée et de L. Caton (an de Rome 665), pendant la guerre sociale, la veille des calendes de mai (30 avril); ce jour-là, elle fut détruite par L. Sylla, lieutenant, et elle n'est plus qu'une villa. Là aussi a péri Taurania; on trouve encore les débris de Casilinum, qui expire. En outre, Valerius Antias rapporte qu'Apiolae, ville des Latins, fut prise par Tarquin l'Ancien, qui en employa la dépouille à jeter les fondements du Capitole. Depuis Surrentum jusqu'au fleuve Silare, le territoire du Picentin, dans un espace de 30.000 pas, a appartenu aux Étrusques. On y remarque le temple de Junon Argienne, fondé par Jason. Dans l'intérieur, Picentia, qui est la citadelle de Salerne (37).

X. [1] Au Silare commence la troisième région, Lucanie et Brutium; là aussi les changements de population n'ont pas été rares. Ces contrées ont été occupées par les Pélasges, les Oenotriens, les Italiens, les Morgètes, les Sicules, les Grecs surtout, et en dernier lieu par les Lucaniens, issus des Samnites et conduits par Lucius.

[2] On y trouve: la ville de Paestum, appelée Posidonie par les Grecs; le golfe de Paestum; la ville d'Élée (38), aujourd'hui Vélie; le promontoire de Palinure, commencement d'un golfe qui s'enfonce dans les terres, et d'où, jusqu'à la colonne de Rhégium, on compte 100.000 pas de trajet. Viennent ensuite le fleuve Melpes, la ville de Buxentum, en grec Pyxus; le fleuve Laüs; il y a eu aussi une ville de même nom:

[2] là, commencement de la côte du Brutium, la ville de Blanda, le fleuve Batum, le port Parthénius des Phocéens; le golfe de Vibon, l'emplacement de Clampétia; la ville de Temsa, appelée par les Grecs Témèse; Térina, fondée par les Crotoniates ; le vaste golfe de Térina; dans l'intérieur, la ville de Consentia; dans la péninsule, le fleuve Achéron et la ville Achérontia; Hippo, que nous appelons maintenant Vibon Valentia; le port d'Hercule, le fleuve Métaure, la ville de Tauroentum, le port d'Oreste, et Medma;

[3] la ville de Scyllaeum, la rivière Cratais (39), mère, à ce qu'on dit, de Scylla; puis la colonne de Rhégium; le détroit de Sicile, et deux promontoires en regard l'un de l'autre, Caenys en Italie, Pélore en Sicile, séparés par un intervalle de doute stades (mètres 842); de là à Rhégium, une distance de 12.500 pas; puis la forêt de Sila dans l'Apennin, le promontoire de Leucopetra, à la distance de 12.000 pas; les Locriens, surnommés Epizéphyriens à cause du promontoire Zéphyrium, éloignés du Silare de 303.000 pas.

[4] Là se termine le premier golfe de l'Europe. On y dénomme différentes mers : la mer d'où il vient s'appelle l'Atlantique, ou grande mer: l'entrée en est appelée Porthmos par les Grecs, détroit de Cadix par nous; après le détroit il est appelé mer d'Espagne, et par quelques-uns mer d'Ibérie ou des Baléares, le long des côtes d'Espagne; puis mer des Gaules en face de la province Narbonnaise, puis mer de la Ligurie; de là, jusqu'à la Sicile, mer d'Etrurie, que, parmi les Grecs, les uns appellent mer Méridionale, les autres mer Tyrrhénienne, et que chez nous on appelle le plus souvent mer Inférieure. Au delà de la Sicile jusqu'à Salente, Polybe la nomme mer Ausonienne. Mais Ératosthène appelle tout ce qui est compris entre l'ouverture de l'Océan et la Sardaigne, mer de Sardaigne; de là jusqu'à la Sicile, mer Tyrrhénienne; de là jusqu'à la Crète, mer de Sicile; au delà, mer de Crète.

XI. [1] Les premières îles que l'on rencontre dans les mers sont celles que les Grecs ont appelées Pityuses, à cause des pins qu'elles produisent (pitus, pin); maintenant l'une et l'autre s’appellent Ebusus, avec une ville jouissant de l'alliance, sont séparées par un bras de mer étroit, ont une étendue de 46.000 pas, et sont à 700 stades (myr. 12,88) de Dianium, qui et, par terre, à la même distance de Carthagène. A 700 stades encore des Pityuses, dans la haute mer, sont les deux Baléares, et, du côté du Sucron Colubraria. Les Baléares, peuplées de frondeurs habiles ont été appelées par les Grecs Gymnasiennes: la grande a 100.000 pas de long et 375.00 pas de tour; elle renferme Palma et Pollentia, à droit romain; Cinium (40) et Tucim (41), à droit allié: Bocchorum, ville alliée, n'existe plus. La petite Baléare en éloignée de 30.000 pas; elle a 40.000 pas de long, 150.000 pas de tour; elle renferme les villes Jamnon, Sanisera, Magon.

[2] Dans la haute mer, à 12.000 pas de la plus grande, est Capraria, aux abords dangereux pour les vaisseaux. En face de la ville de Palma, les îles Ménariennes, l'île de Tiquadra, et la petite île d'Hannibal. La terre d'Ébusus chasse les serpents, celle de Colubraria les engendre; aussi est-elle redoutée de tous ceux qui ne portent pas avec eux de la terre d'Ébusus: les Grecs l'ont appelée Ophiuse. Ébusus n'a pas de lapins (42), tandis que ces animaux dévastent les moissons des Baléares. Il y a environ vingt autres petites îles dans cette mer peu profonde.

[3] Sur la côte des Gaules, à l'embouchure du Rhône, Métina; puis celle qui est appelée Blascon; trois Staechades dénommées par les Marseillais, qui en sont voisins, dans l'ordre de leur situation (43), Proté, Mésé, appelée aussi Pomponiana; et la troisième, Hypaea; plus loin Sturium, Phoenice, Phila, Lero; et, en face d'Antipolis, Larina, dans laquelle subsiste le souvenir de la ville de Vergoanum.

XII. (VI) [1] Dans la mer Ligurienne et près de la mer d'Étrurie, la Corse, appelée par les Grecs Cyrnos, dirigée du nord au midi, longue de 150.000 pas, large presque partout de 50.000, ayant 325.000 pas de tour: elle est éloignée des bas-fonds de Volaterra de 62.000 pas; elle renferme 33 villes et deux colonies, Mariana, fondée par C. Marius, Aléria, par le dictateur Sylla. En deçà est Oglasa; à une distance de moins de 60.000 pas de la Corse, Planaria, appelée ainsi à cause de l'aspect qu'elle présente, s'élevant à peine au-dessus du niveau de la mer, et par là trompeuse pour les navigateurs.

[2] Puis viennent Urgo, plus grande; Capraria, appelée par les Grecs Aegilon (44); puis Igilium (45), et Dianium, appelée par les Grecs Artémisia, toutes deux en face de la côte de Cosa; Barpana, Maenaria, Columbaria, Venaria; Elbe avec ses mines de fer, 100.000 pas de tour, distante de Populonium de 10.000 pas, appelée par les Grecs Aethalia; à 38.000 pas. Planasia; ensuite, et au delà des bouches du Tibre, sur la côte d'Antium, Astura, Palmaria, Sinonia, et en face de Formies les îles Pontia;

[3] dans le golfe de Putéoles, Pandatéria (46), Prochyta, appelée ainsi, non de la nourrice d'Énée, mais parce qu'elle a été détachée de l'île Aenaria; Aenaria elle-même, ainsi nommée du séjour des vaisseaux d'Énée, connue d'Homère sous le nom d'Inarime (Il., II, 783), des Grecs sous celui de Pithécuse, non, comme quelques-uns l'ont pensé, à cause de la multitude des singes, mais à cause des fabriques de poteries; entre Pausilype et Naples, Mégaris, puis au delà de Surrentum, à la distance de 8.000 pas, Caprée, célèbre pour avoir été le château fort de Tibère : elle a 11.000 pas de tour.

XIII. [1] Puis vient Leucothée, et, à perte de vue, sur les limites de la mer d'Afrique, la Sardaigne, éloignée de moins de 8.000 pas de l'extrémité de la Corse; intervalle rétréci encore, non seulement par de petites îles appelées Cuniculaires, mais aussi par les îles de Phinton et de Taphros ou Fossé : c'est de cette dernière que le détroit lui-même est appelé Taphros.

(VII) La Sardaigne a du côté de l'orient 188.000 pas; du côté de l'occident, 175.000; du côté du midi, 77.000; du côté du nord, 125.000; de tour, 565.000. Du promontoire Caralitanurn jusqu'en Afrique, il y a une distance de 200.00 pas; jusqu'à Cadix, de 1.400.000:

[2] elle a, du côté du promontoire Gorditanum , deux îles appelées îles d'Hercule; du côté du promontoire de Sulci, l'île d'Enosls; du côte du promontoire Caralitanum, l'île Ficaria: quelques-uns placent encore dans son voisinage les îles Bérélides, îles Collodes, et celle qu'on nomme Bains de Junon. La peuples les plus célèbres de cette îles sont les Iliens, les Balares, les Corses; on y compte 18 villes, dont: Sulci, Valentia, Néapolis, Bosa, Caralis, jouissant du droit romain, et Nora; une seulecolonie nommée A la Tour de Libyson.

[3] Timée a appelé la Sardaigne Sandaliotis, à cause de sa ressemblance avec semelle de soulier; Myrsilus, Ichnusa, par comparaison avec l'empreinte laissée par un pied, (ixnos). En face du golfe de Paestum est Leucasia, ainsi nommée d'une sirène qui y est ensevelie; en face de Vélie, Pontia et Iscia , toutes deux connues sous le nom commun d'Oenotrides, preuve que l'Italie a été possédée par les Oenotriens ; en face de Vibon, de petites îles appelées Ithacésiennes, à cause de la tour d'Ulysse en ces lieux.

XIV. (VIII.) [1] Mais la plus célèbre de toutes est la Sicile, appelée par Thucydide Sicanie; par plusieurs, Tinacrie ou Triquètre, à cause de sa forme triangulaire. D'après Agrippa, elle a 618.000 pas de tour. Primitivement réunie au Brutium, elle en fut arrachée par la mer, qui forma un détroit de 15.000 pas de long et de 1500 pas de large auprès de la colonne de Rhégium. A cause de ce déchirement, Ies Grecs ont donné le nom de Rhégium à la ville située sur la côte Italienne.

[2] Dans ce détruit sont l'écueil de Scylla, et le gouffre de Charybde, tous deux célèbres par les désastres qu'ils causent. Des trois angles de la Sicile, le promontoire, appele, comme nous l'avons dit (III, 10) Pélore, s'avance vers l'Italie, vis-a-vis Scylla; le promontoire Pachynum regarde la Grèce, et est éloigné du Péloponnèse de 440.000 pas; le promontoire Lilybée regarde l'Afrique, et est éloigné du promontoire de Mercure de 180.000 pas, et du promontoire Caralitanum, en Sardaigne, de 190.000 pas. Voici les distances de ces promontoires et les mesures des côtes : il y a par terre, du Pélore au Pachynum, 186.000 pas (48); de là au Lilybée, 200.000; de là au Pélore, 170.000. L'île renferme cinq colonies, 63 villes et cités; on trouve, à partir du promontoire Pélore le long de la mer Ionienne : Messine, jouissant du droit romain, dont les habitants sont appelés Mamertins;

[3] le promontoire Drepanum, Tauromenium, colonie, appelée auparavant Naxos; le fleuve Asinès; le mont Etna, merveilleux par ses flammes nocturnes; le cratère en a 20 stades de tour; (mètres 3680); les flammèches en sont arrivées jusqu'à Tauromenium et Catina, le bruit s'en est fait entendre jusqu'à Maron et aux collines Jumelles; puis viennent les Trois Écueils des Cyclopes, le port d'Ulysse; Catina, colonie: les fleuves Symaethum et Térias; dans l'intérieur les champs Lestrygoniens, les villes de Léontium et de Mégaris, le fleuve Pantagies; Syracuse, colonie, avec la fontaine Aréthuse ; (dans son territoire on boit aussi les sources Temenitis, Archidemia, Magea, Cyane et Milichie);

[4] le port Nausthamus, le fleuve Elorum, le promontoire Pachynum; sur le front méridional de la Sicile le fleuve Hirminium, la ville de Camarine, le fleuve Gelas, la ville d'Acragas, appelée par les latins Agrigente, Thermes colonie; les fleuves Achate (XXXVII, 54), Mazara, Hypsa ; la ville de Sélinonte; le promontoire Lilybée; Drepana, le mont Éryx; les villes Panhormum, Solus, Himera avec son fleuve, Cephaloedis, Aluntium, Agathyrnum, Tyndaris colonie; la ville Mylae, et Pylore, point d'où nous sommes partis.

[5] Dans l'intérieur, jouissant de la condition latine : Centuripa, Netinum, Segesta. Tributaires: Assocum, Aetna, Agyrium, Acesta, Acrus, Bidis, Cetaria, Cacyron, Drepanum, Ergetium, Echetla, les Eryciniens, Entella, Etinum, Enguium, Gela, Galate, Halesa, Henna, Hybla, les Herbitains, Herbessum, les Herbuliens, Halicyae, Hadranum, Imalcara, Ichana, Ietas, les Mutustratins, Magella, les Murgentins, Mutyca, les Menaniens, Naxos, Noae, Pétra, Paropus, Phthinthia, les Sémellitans, Schera, Sélinunte, les Symaethiens, Talarum, Tissa, Triocola, les Tyraciens, Zancle des Messséniens, sur le détroit de Sicile.

[6] Il y a des îles tournées du côté de l'Afrique: Gaulos, Malte, éloignées de Camérine de 84.000 pas, de Lilybée de 113.000; Cosyra, Hieronesos, Caene, Galata, Lopadusa, Aethusa, que d'autres écrivent Aegusa; Bucibba, Ostéodes, éloignée de Solunte de 80.000 pas, et Ustica en face des Paropins: en deçà de la Sicile, vis-à-vis le fleuve Métaure, à 25.000 pas environ de l'Italie, les sept îles Éoliennes, appelés aussi Liparéennes, Hephestiades par les Grecs, Vulcaniennes par les Latins. Elles doivent leur nom à Eole, qui y régnait au temps de la guerre de Troie.

(IX). La première est Lipari, avec une ville dont les habitants jouissent des droits de citoyens romains; elle a été ainsi nommée du nom du roi Liparus, qui succéda à Eole; auparavant elle s'appelait Melogonis ou Meligunis : elle est à 25.000 pas de l'Italie, le circuit n'en a pas tout à fait autant (49).

[7] Entre Lipari et la Sicile est une autre île appelée jadis Therasia, maintenant Hiéra, parce qu'elle est consacrée à Vulcain : elle a une colline qui vomit des flammes pendant la nuit. La troisième est Strongyle, à 1.000 pas de Lipari, au levant : c'est là que régna Eole; elle ne diffère de Lipari que par une éruption de flammes plus éclatantes : on assure que, par l'inspection de la fumée du volcan, les habitants prédisent trois jours à l'avance les vents qui vont souffler; de là l'opinion que les vents obéissaient à Éole. La quatrième, Didyme, est moindre que Lipari; la cinquième est Ericusa; la sixième, Phaenicusa, abandonnée au pâturage des bestiaux des îles les plus voisines; la dernière, et la plus petite, est Evonymos. Tel est le premier golfe de l'Europe.

XV. (X.) [1] A partir de Locres commence le front de l'Italie qu'on appelle Grande Grèce, échancré par trois golfes de la mer Ausonienne, laquelle doit son nom aux Ausoniens, premiers habitants du pays. Cette contrée a, d'après Varron, 86, 000 pas; la plupart en évaluent la longueur à 75.000. On y trouve l'embouchure d'une multitude de fleuves. Ne citons que ce qui est remarquable : à partir de Locres, la Sagra, les restes de la ville de Caulon, Mystia, Consilinum Castrum, Cocinthum, qui est, dans l'opinion de quelques-uns, le promontoire le plus long de Italie; puis le golfe de Scyllace, Scylacium appelée Scilletium par les Athéniens, qui en furent les fondateurs, localité dont le golfe de Térinée fait une péninsule. C'est la qu'est le port appelé Camp d'Annibal : nulle part l'Italie n'est plus étroite, la largeur en est de 20.000 pas:

[2] aussi Denys l'Ancien avait le dessein de couper en ce lieu l'Italie, et d'adjoindre la portion coupée à la Sicile. Rivières navigables: le Carcinès, le Crotalus, le Sémirus, l'Arocha, le Targinès; dans l'intérieur, la ville de Pétille, le mont Clibanus, le promontoire Lacinium, en face duquel sont, à la distance de 10.000 pas, deux îles, l'une appelée des Dioscures, l'autre de Calypso, que l'on pense avoir été désignée sous le nom d'Ogygie par Homère ;de plus, les îles Tiris, Enarusa, Meloessa; le promontoire Lacinium est, d'après Agrippa, éloigné de 70.000 pas de Caulon.

(XI.) [1] Au promontoire Lacinium commence le second golfe de l'Europe, dont le contour forme un vaste circuit et va se terminer au promontoire Acrocéraunien en Épire, à 75.000 pas [en ligne directe] du point d'origine. On trouve sur la côte la ville de Crotone, le fleuve Neaethus, la ville de Thurii, entre les deux fleuves Crathis et Sybaris, sur l'emplacement de l'ancienne Sybaris;

[2] de même, entre le Siris et l'Aciris, Héraclia, appelée quelquefois Siris; les fleuves Acalandrum et Casventum, la ville de Métaponte, où finit la troisième région de l'Italie. Dans l'intérieur, pour le Brutium on ne trouve que les Aprustans;

[4] mais pour la Lucanie on trouve les Aténates, les Bantins, les Éburins, les Grumentins, les Potentins, les Sontins, les Sirins, les Tergilans, les Ursentins, les Volcentans, auxquels sont joints les Numestrans : en outre, Caton cite, comme ayant péri, une Thèbes de Lucanie; et Théopompe dit qu'il y eut une ville Lucanienne appelée Pandosie, où mourut, Alexandre, roi d'Épire.

XVI. [1] Vient ensuite la seconde région, qui renferme les Hirpins, la Calabrie, l'Apulie, les Salentins, le long du golfe de Tarente, sur une étendue de 250.000 pas: ce golfe est ainsi appelé de la ville qui y fut fondée par les Lacédémoniens, dans l'endroit où il s'enfonce le plus dans les terres; une colonie maritime qui s'y trouvait déjà fut incorporée à la nouvelle ville. Ce point est à la distance de 136.000 pas de promontoire Lacinium, et projette en forme de péninsule la Calabrie (terre d'Otrante), vis-à-vis ce promontoire. Les Grecs ont appelé cette dernière contrée Messapie, du chef Messapus; auparavant elle portait le nom de Peucétie, de Peucétius, frère d'Oenotrus, comprise dans le territoire de Salente. Entre les promontoires qui terminent le golfe de Tarente, il y a un intervalle de 100.000 pas. La largeur de la péninsule, de Tarente à Brindes, est de 35.000 pas: elle est beaucoup moindre si l'on part du port Sasina. On trouve dans l'intérieur des terres, à partir de Tarente, les villes de Varia, surnommée Apulienne, de Messapia, d'Aletium;

[2] sur la côte, Senum, Callipolis, qui est maintenant Anxa, à 75.000 pas de Tarente; puis à 32.000 pas le promontoire appelé Acra Iapygia, point où l'Italie s'avance le plus loin dans la mer; ensuite les villes de Basta et d'Hydrunte, à 19.000 pas, au point de séparation des mers Ionienne et Adriatique: c'est là qu'est le plus court passage en Grèce; la ville des Apolloniates est en face, et le détroit n'a pas plus de 50,000 pas de large.

[3] Il y a eu des projets pour joindre les deux côtes à l'aide de ponts; Pyrrhus, roi d'Épire, y a songé le premier, et après lui M. Varron, quand il commandait les flottes de Pompée dans la guerre des pirates. Tous deux en furent détournés par d'autres soins. Après Hydrunte, on rencontre Soletum, abandonnée; puis Fratuertium, le port Tarentin, la station de Miltopae, Lupia, Balesium, Coelium, Brindes, à 50.000 pas d'Hydrunte, et port des plus célèbres de l'Italie. Le passage de là à la côte opposée paraît plus sûr, quoiqu'il plus long; on trouve pour débarquer Dyrrachium, ville d'Illyrie (50); le trajet est de 225.000 pas. A Brindes touche le territoire des Pédicules: neuf jeunes gens et autant de jeunes filles, venus de l'Illyrie, ont engendré treize peuples. Villes des Pédicules: Rudiae, Egnatia, Barium; rivières : le Iapyx, du nom du roi fils de Dédale, et d'où vient la dénomination d'Iapvgie; le Pactius, l'Aufide qui descend des montagnes des Hirpins, et qui coule au pied de Canusium.

[4] Là commence l'Apulie Daunienne, surnommée ainsi d'un chef beau-père de Diomède; elle renferme : la ville de Salapia, célèbre par l'amour qu'Hannibal y eut pour une courtisane; Siponte, Uria, le fleuve Cerbalus, limite des Dauniens; le port Agasus, le promontoire formé par le mont Gargan, dont la chaîne s'étend dans un espace de 234.000 pas, à partir du promontoire Salentin ou Iapygien ; le port de Garnae, le lac Pantan, le fleuve Frento, qui est riche en ports; Téanum des Apuliens; Cliterna des Larinates, le fleuve Tifernus; à partir de là, la région Frentane.

[5] Ainsi il y a trois peuples Apuliens : les Dauniens susdits, les Téaniens conduits par un chef grec, les Lucaniens subjugués par Calchas en des lieux maintenant occupés par les Atinates. Il y a chez les Dauniens, outre les points indiqués ci-dessus, les colonies Luceria et Venusia, les villes de Canusium, d'Arpi, nommée jadis Argos Hippium par Diomède son fondateur, puis Argyrippa. Ce héros détruisit là les nations des Monades et des Dardes, et deux villes, Apina et Trica, dont les noms figurent dans une plaisanterie proverbiale (51).

[6] Dans l'intérieur de la seconde région on trouve une colonie unique des Hirpins, qui changea son ancien nom de Maleventum en un nom de meilleur augure, Beneventum; les Auséculans (52), les Aquilonins, les Abellinates, surnommés Protropes: les Compsans, les Caudins, les Ligures surnommés Cornéliens et aussi Bébiens; les Vescellans, les Aeculans, les Alétrins, les Abellinates surnommés Marses, les Atrans, les Aecans, les Alfellans, les Attinates, les Arpans, les Borcans, les Collatins, les Coriniens, les habitants de Cannes, célèbres par la défaite des Romains; les Dirins, les Forentans, les Génusins, les Herdoniens, les Hyrins, les Larinates, surnommés Frentans; les Mérinates du Gargan, les Matéolans, les Nétins, les Rubustins, les Silvins, les Strabellins, lesTurmentins, les Vibinates, les Vénusins, les Ulurtins;

[7] dans l'intérieur de la Calabrie, les Aegétins, les Apamestins, les Argentins, les Butuntiens, les Décians, les Grumbestins, les Norbaniens, les Paltoniens, les Sturnins, les Tutins. Dans l'intérieur du territoire de Salente, les Alétins, les Basterbins, les Néretins, les Valentins (53), les Vérétins.

XVII. (XII.) [1] Suit la quatrième région, qui comprend les nations peut-être les plus braves de l'Italie. Sur la côte, à partir du Tiferne, chez les Frentans, le fleuve Trinium, riche en ports; les villes d'Histonium, de Buca, d'Ortona, le fleuve Aterne; dans l'intérieur des terres, les Anxans Frentans, les Carentins d'en haut et d'en bas, les Lanuenses; chez les Marrucins, les Téatins ; chez les Peligniens, les Corfiniens, les Superéquans, les Sulmoniens; chez les Marses, les Anxantins, les Atinates, les Fucentes, les Lucenses, les Maruviens; chez les Albiens, Albe, sur le lac Fucin; chez les Equiculans, les Cliternins, les Carséolans; chez les Vestiniens, les Angulans, les Pinnenses, les Peltuinates, auxquels sont joints les Aufinates Cismontans: chez les Samnites, qui ont été appelés Sabelles et que les Grecs ont nommés Saunites, Bovianum Vetus, colonie, et une autre Bovianum surnommée de la onzième légion;

[2] les Aufidénates, les Eserniens, les Fagifulans, les Ficoliens, les Saepinates, les Tréventinates; chez les Sabins, les Amiternins, les Cures, Forum Decii, Forum Novum, les Fidénates, les Interamnates, les Nursins, les Nomentans, les Réatins, les Trébulans Mutuscéens et les Trébulans-Suffénates, les Tiburtes, les Tarinates. Dans ces contrées, parmi Ies populations equicules, ont péri : les Comins, les Tadiates, les Caedices, les Alfaternes. Gelilanus rapporte que le lac Fucin engloutit la ville des Marses, Archippe, fondée par Marsias, chef des Lydiens; et Valérianus, que celle des Viticins, dans le Picentin, fut détruite par les Romains.

[3] Les Sabins, appelés ainsi d'après l'opinion de quelques auteurs, au lieu de Sevins (54), à cause de leur piété et du culte qu'ils rendaient aux dieux, habitent autour des lacs Vélins, sur des collines humides. Le Nar sert d'écoulement à ces lacs (55); de là il gagne le Tibre, qu'il remplit d'eaux sulfureuses, descendant du mont Fiscelle, et se jetant dans ces lacs près des bois de Vacuna et de Réate. D'un autre côté, l'Anio, né dans les montagnes des Trébans, amène au Tibre les eaux de trois lacs célèbres par leurs bords charmants, et d'où Sublaqueum (56) a pris son nom. Dans le territoire de Réate, le lac de Cutilie, où est une île flottante, est, d'après Varron, le point central de l'Italie. Au-dessous des Sabins est le Latium; sur le côté, le Picénum; en arrière, l'Ombrie; la chaîne des Apennins leur fait un rempart sur deux côtés.

XVIII (XIII) [1] La cinquième région est celle du Picénum, couvert jadis d'une immense population: 360,000 Picentins se soumirent au peuple romain. Ils sont issus des Sabins, qui avaient voué un printemps sacré (envoyer en colonie toute la jeunesse née en un certain printemps). Leur territoire fut depuis le fleuve Aterne, là où sont maintenant le territoire et la ville d'Adria, colonie, à 7.000 pas de la mer. Énumération géographique: le fleuve Vomanum, les territoires Praetutien et de Palma; Castrum Novum, le fleuve Batinum, Truentum avec son fleuve, seul reste des Liburnes en Italie; le fleuve Albula, Tervium , où finit le pays des Praetutiens, et où commence celui des Picentins;

[2] la ville de Cupra, le Château des Firmans, et au-dessus Asculum, en Ionie, et la plus célèbre du Picénum; dans l'intérieur des terres, Novana; sur la côte, Cluana, Potentia, Numana, fondée par les Sicules; Ancône, fondée aussi par eux, colonie romaine, et située sur le promontoire Cumère, dans le coude que fait la côte en s'incurvant, à la distance du Gargane de 183.000 pas; dans l'intérieur, les Auximates, les Bérégrans, les Cingulans, les Cupriens surnommés Montans, les Falariens, les Pausulans, les Pléniniens, les Riciniens, les Septempédans, les Tollentinates, les Treiens, et , avec Urbesalvia, les Pollentins.

XIX. [1] Ici se range la sixième région, comprenant l'Ombrie et le territoire gaulois autour d'Ariminum. A Ancône commence la côte dite côte de la Gaule Togata. Les Sicules et les Libumes ont habité une grande partie de cette contrée, particulièrement les districts de Palma, de Praetutia et d'Adria. Ils furent chassés par les Ombriens, ceux-ci par les Étrusques, les Étrusques par les Gaulois. Les Ombriens sont regardés comme la nation la plus ancienne de l'Italie, et l'on va jusqu'à croire qu'ils ont été appelés ainsi (57) par les Grecs, comme ayant survécu à des pluies qui inondèrent le globe terrestre.

[2] On lit dans les histoires que trois cents de leurs villes furent soumises par les Étrusques. Énumération géographique : sur la côte le fleuve Aesis, Senogallia, le fleuve Métaure, Fanum Fortunae, colonie, Pisaurum, colonie, avec le fleuve; dans l'intérieur, Hispellum, Tuder ; du reste, les Amériens, les Attidiates, les Asisinates, les Arnates, les Aesinates, les Camertes, les Casuentillans, les Carsulans, les Dolates surnommés Salentins, les Fulginates, les Foroflaminiens, les Forojuliens surnommés Concubiens, les Forobrentans (58), les Forosemproniens, les Iguvins, les Interamnates surnommés Nartes, les Mévanates, les Mévanioniens, les Matilicates, les Narniens, dont la ville s'appelait auparavant Nequinum; les Nucérins, surnommés Favoniens et Camelans ; les Ocriculans, les Ostrans, les Pitulans, surnommés les uns Pisuertes, et les autres Mergentins; les Pélestins, les Sentinates, les Sarsinates, les Spoletins, les Suasans, les Sestinates, les Suillates, les Tadinates, les Trébiates, les Tuficans, les Tifernates, surnommés les uns Tiberins, et les autres Metauriens ; les Vésionicates, les Urbanates, surnommés les uns Métauriens, et les autres Hortiens; les Vettons, les Vindinates, les Viventans. Dans cette contrée ont péri les Féliginates, et le peuple qui occupa Clusiolum au-dessus d'Interamna, et les Sarranates avec la ville d'Acerrae, qui était surnommée Vatriae, et la ville de Turocelum, appelée Netriolum; ont péri aussi les Solinates, les Curiates, les Falliénates, les Apiennates; ont péri encore les Ariénates avec la ville de Crinovolum, les Usidicans, les Plangiens, les Pisinates, les Caelestins. Caton a rapporté qu'Ameria, nommée ci-dessus, fut fondée 964 ans avant la guerre de Persée.

XX. (XV) [1] La huitième région est limitée par l'Ariminum, le Pô et l'Apennin. Sur la côte, le fleuve Crustumium, Ariminum, colonie, avec les fleuves Ariminum et Aprusa ; le Rubicon, jadis la limite de l'Italie; ensuite les fleuves Sapis, Vitis et Anemo; Ravenne, ville des Sabins, avec le fleuve Bédésis, à 105.000 pas d'Ancône. Non loin de la mer, Butrium des Ombriens; dans l'intérieur, colonies : Bologne, appelée Felsina quand elle était à la tête de l'Étrurie, Brixillum, Modène, Parme, Placentia;

[2] villes : Césène, Claterna, Forum Clodii, Forum Livii, Forum Popilii, Forum Truentinorum, Forum Cornelii, les Faventins, les Fidentins, les Otésins, les Padinates, Regium Lepidum, ainsi nommée de Lepidus; les Solonates, les Saltus Gallians (59) surnommés Aquinates, les Tanétans, les Véléiates surnommés anciennement (60) Régiates, les Urbanates (61). Dans cette contrée ont péri les Boïens, dont les tribus, d'après Caton, furent au nombre de cent douze, et les Sénons, qui avaient pris Rome.

(XVI) [3] Le Pô sort du sein du mont Vésule, un des sommets les plus élevés de la chaîne des Alpes, sur le territoire des Ligures Vagiennes; la source en est digne d'être visitée (II, 106); il s'enfonce dans un canal souterrain, puis reparaît dans le territoire des Forovibiens. II ne le cède en célébrité à aucun fleuve; les Grecs l'ont appelé Éridan, et le châtiment de Phaéthon l'a illustré. Grossi au lever de la Canicule par la fonte des neiges, il n'enlève rien, quoique son cours soit tortueux, aux campagnes qu'il inonde, et quand il les a quittées il les laisse plus fécondes. Il a 388.000 pas de sa source à son embouchure, y compris 88.000 pour les sinuosités. Non seulement il reçoit des rivières navigables descendant des Apennins et des Alpes, mais encore il sert d'écoulement à des lacs immenses. Le nombre des rivières qu'il mène à la mer Adriatique est de trente en tout;

[4] les plus célèbres sont, venant des Apennins, le Tanare, la Trébie, qui traverse le Placentin, le Tarus, l'Incia (62), le Gabellus, la Scultenna, le Rhénus; venant des Alpes, la Stura, l'Orgo, les deux Duria, le Sessitès, le Tésin, le Lambrus, l'Adda, l'Oglio, le Mincio. Il n'y a aucun fleuve qui s'accroisse plus que le Pô dans un court espace; aussi, accablé par la masse des eaux, creuse-t-il la terre sur laquelle il pèse; et, bien qu'épuisé par des saignées et des canaux entre Ravenne et Altinum, dans une étendue de 120.000 pas, cependant il s'élargit au point qu'on dit qu'il forme sept mers.

[5] Il se décharge à Ravenne par le canal d'Auguste, sous le nom de Padusa, qui a succédé à celui de Messanique. L'embouchure la plus voisine a la grandeur d'un port, et forme en effet celui de Vatrenus : c'est de là que l'empereur Claude, triomphant de la Bretagne (an de J. C. 44), entra dans l'Adriatique sur ce grand bâtiment qui était plutôt un palais qu'un vaisseau. Cette branche, appelée auparavant Bouche d'Éridan, a été appelée par d'autres Bouche Spinétique, de la ville de Spina, ville détruite, jadis importante dans ces parages, ainsi que le font croire les trésors déposés à Delphes par les Spinètes, et qui eut Diomède pour fondateur. Le Pô reçoit ici la rivière Vatrenus, qui vient du territoire de Forum Cornelii.

[6] Les bouches qui viennent après sont Caprasia, puis Sagis, enfin Volane, qui s'appelait auparavant Olane. Toutes ces dérivations et tous ces canaux, à partir de Sagis, ont pour auteurs les Étrusques : à l'aide d'une saignée ils amenèrent le gros du fleuve dans les marais d'Atria, qui sont appelés les Sept Mers. Là est un port célèbre, Atria, ville des Étrusques, d'où le nom de mer Atriatique, changé aujourd'hui en Adriatique.

[7] Puis viennent les bouches pleines, Carbonaria et les fossés Philistins, que d'autres nomment Tartare. Tout cela naît de l'excédant des eaux dans le canal Philistin, accru par l'Athésis, qui descend des Alpes Tridentines, et par le Togisonus, qui vient des campagnes du Padouan. Les ports de Brondolo et d'Edron se forment, l'un d'une partie de ces embouchures, l'autre des deux Médoacs et du canal Clodien; le Pô s'engage dans tous ces canaux, et débouche par eux dans la mer. La plupart des auteurs admettent que le fleuve a formé entre les Alpes et la côte, comme le Nil en Égypte , un espace triangulaire ou delta (63), lequel a 2.000 stades de circuit (kil. 368).

[8] J'ai honte d'emprunter aux Grecs des détails sur l'Italie; cependant Métrodore de Scepsis dit que le Pô a reçu ce nom parce qu'autour de sa source abondent les pins appelés en gaulois padi (64), et que dans la langue des Ligures il s'appelle Bodincus, ce qui signifie sans fond (65). A l'appui des dire on peut citer Industria, ville voisine, appelée jadis Bodincomagum, et où le fleuve prend le plus de profondeur.

XXI. (XVII.) [1] La onzième région, qui vient ensuite, prend du Pô le nom de Transpadane; elle est tout entière dans l'intérieur des terres, mais elle n'en reçoit pas moins toutes choses de la mer par l'utile canal de son fleuve. Villes : Vibi Forum, Segusio; colonies, à partir du pied des Alpes: Augusta des Taurins, de l'antique nation des Ligures, et où le Pô commence à être navigable; puis Augusta Praetoria des Salasses, auprès des deux passages des Alpes; les portes Graïques et les portes Poenines (on rapporte que les Carthaginois ont passé par celles-ci, et Hercule par celles-là);

[2] la ville d'Eporedia, fondée par le peuple romain sur l'ordre des livres sibyllins (les Gaulois appellent Eporédies les bons écuyers) (66); Vercelle, issue des Sallyens, appartient aux Libiques; Novare, issue des Vertacomacores, qui forment aujourd'hui même un canton des Vocontiens, non, comme le dit Caton, des Ligures: deux tribus de ces derniers, les Lèves et les Mariques, ont fondé Ticinum, non loin du Pô, comme les Boïens, venus des régions transalpines, ont bâti Laus Pompeia. et les Insubres, Milan.

[3] Caton rapporte que Come, Bergame, Licini Forum, et quelques peuples environnants, sont issus des Ombiens; mais il confesse ignorer l'origine de ceux-ci, qui viennent de la Grèce, d'après Cornélius Alexander : cet auteur s'appuie même sur l'étymologie, leur nom signifiant vivant dans les montagnes. Dans cette contrée a péri une ville des Orobiens, Barra, d'où proviennent les Bergomates, d'après Caton: et l'on peut s'assurer encore aujourd'hui que le site en a été plus élevé qu'heureux. Ont péri encore les Caturiges exilas de l'Insubrie, Spina, nommée ci-dessus (III, 20, 5), et Melpum, ville opulente qui, d'après Cornéliun Népos, fut détruite par les Insubriens, les Boïens et les Senons, le jour de la prise de Véies par Camille.

XXII. (XVIII.) [1] Suit la dixième région de l'Italie, placée sur la mer Adriatique. Énumération géographique : la Vénétie, le fleuve Silis, venant des montagnes de Tarvise; la ville d'Altinum; le fleuve Liquentia descendant des monts Opitergiens, et le port de même nom; Concordia, colonie; les fleuves et le port de Romatinum, les deux fleuves Tilaventum, le grand et le petit; celui d'Anassum, dans lequel le Varramus se jette, l'Alsa, le Natiso et le Turrus, qui coulent au pied d'Aquilée, colonie située a 15.000 pas de la mer.

[2] Cette région est celle des Carniens. Voici celle des Iapydes qui y touche : Le fleuve Timave, Pucinum, château célèbre par son vin (XIV, 8); le golfe de Tergeste, et Tergeste colonie, à 23.000 pas d'Aquilée, au delà de laquelle, à 6.000 pas, le fleuve Formio, éloigné de Ravenne de 189.000 pas, ancienne limite de l'Italie agrandie, maintenant limite de l'Istrie. Que cette dernière province ait été ainsi nommée d'un fleuve Ister qui, sorti du Danube, appelé lui-même Ister, se jetterait, en face des bouches du Pô, dans l'Adriatique, dont ces deux grands cours d'eaux adouciraient l'amertume par leur choc, c'est ce que la plupart ont dit, et Cornélius Népos lui-même, habitant des bords du Pô,

[3] mais à tort; car aucun fleuve ne sort du Danube pour se jeter dans l'Adriatique. Ils ont été trompés, je crois, par ce qu'on raconte de l'Argo descendu, sur un fleuve qu'on ne désigne pas, dans l'Adriatique, non loin de Tergeste. Des auteurs plus exacts rapportent que le vais. seau Argo fut porté à dos d'hommes par delà les Alpes, qu'ensuite il fut lancé dans l'Ister, d'où il passa dans la Save; et enfin qu'il arriva dans le fleuve Nauport (67), qui tire son nom de cette circonstance, et qui sort entre Aemona et les Alpes.

XXIII. (XIX.) [1] L'Istrie s'avance comme une péninsule. Quelques-uns en ont évalué la largeur à 40.000 pas, le circuit à 125.000: même évaluation pour la Liburnie, qui y touche, et le golfe Flanaticus. D'autres ont attribué à la Liburnie 180.000 pas: quelques-uns, après avoir étendu la Iapydie jusqu'au golfe Flanaticus, par derrière l'Istrie, à 130.000 pas, en ont assigné 150.000 à la Liburnie.

[2] Tuditanus, qui soumit les Istriens (av. J. C. 128), fit inscrire sur sa statue, dans ce pays, qu'il y a 1.000 stades (kil. 184) d'Aquilée au fleuve Titius. Villes de l'Istrie, jouissant du droit romain : Aegida, Parentium, Pola, colonie qui s'appelle aujourd'hui Pietas Julia, fondée jadis par les Colchiens; elle est éloignée de Tergeste de 100.000 pas: puis la ville Nesactium et le fleuve Arsia, qui est maintenant la limite de l'Italie. D'Ancône à Pola le trajet est de 130.000 pas.

[3] Dans l'intérieur de la dixième région, colonies, Crémone, Brixia, dans le territoire des Cenomans; chez les Vénètes, Ateste, et les villes d'Acelum, de Padoue, d'Opitergium, de Bellune, Vicence, et Mantoue, la seule ville transpadane qui reste des Étrusques. Caton pense que les Vénètes sont d'origine troyenne, et que les Céromans ont habité auprès de Marseille parmi les Volces. Puis viennent les gens de Feltre (68), les Tridentins, les Béruniens, dont les villes sont rhétiques; Vérone, qui appartient aux Rhères et aux Euganéens; Julia, qui appartient aux Carniens; puis des peuples qu'il n'importe pas d'énumérer scrupuleusement, les Alutriens, les Assériates, les Flamoniens Vaniens, et d'autres surnommés Culiques; les Forojuliens, surnommés Transpadans; les Forétans, les Nédinates, les Quarquènes, les Taurisans, les Togiens, les Varbares.

[4] Dans cette contrée ont péri : sur la côte, Iramine Pellaon, Palsatium; en Vénétie, Atina et Caelina; en Carnie, Ségeste et Ocra: chez les Taurisques Noreia : de plus, à douze milles d' Aquilée, une ville a été détruite, même malgré le sénat, par Claudius Marcellus, d'après l'historien L. Pison. Cette région et Ia onzième renferment des lacs célèbres et des rivières filles de ces lacs, ou, quand toutefois elles en sortent, leurs nourrissons, comme du Larius l'Adda, du Verbanus le Tésin, du Bénac le Mincio, du Sébinus l'Oglio, de l'Eupilis le Lambrus, tous affluents du Pô.

[5] Célius évalue la longueur des Alpes, depuis la mer Supérieure jusqu'à la mer Inférieure, à un million de pas; Timagène, à 978.000; Comélius Népos en estime la largeur à 100.000; Tite-Live, à 3000 stades (kil. 552), l'un et l'autre en des lieux différents car cette chaîne a quelquefois plus de 100.000 pas d'épaisseur, par exemple, là où elle sépare la Germanie de l'Italie; et dans le reste elle ne va pas à 70.000, rendue plus mince, comme par la prévision de la nature. La largeur de l'Italie au pied des Alpes, à partir du Var, monte à 745.000 pas, en passant par Vada Sabatia, Turin, Come, Brixia, Vérone, Vicence, Opitergium, Arsia.

XXIV. (XX.) [1] Les Alpes sont habitées par beaucoup de peuples; ceux qui ont du renom sont, de Pola à la région de Tergeste, les Sécusses, les Subocrins, les Catales, les Monocalènes; et, auprès des Carniens, le peuple appelé jadis Taurusque, maintenant Norique. A ces derniers touchent les Rhètes et les Vindéliciens, tous divisés en beaucoup de cités. On regarde les Rhètes comme issus des Étrusques, expulsés par les Gaulois et conduits par le chef Rhétus. Sur le versant des Alpes qui regarde l'Italie, sont les nations Euganéennes, jouissant du droit latin, et dont Caton énumère trente-quatre villes; parmi elles sont les Triumpilins, peuplade (69) vendue avec son territoire (II, 4, 98); puis les Camunes et plusieurs autres semblables, attribuées aux municipes voisins.

[2] Le même Caton pense que les Lépontiens et les Salasses appartiennent à la nation Taurisque; presque tous les autres, admettant une étymologie grecque pour le mot Lépontiens, pensent qu'ils proviennent d'hommes qui appartenaient au cortège d'Hercule, et dont les membres furent gelés par la neige au passage des Alpes; que les habitants des Alpes Graïques provenaient de Grecs (Graii) appartenant aussi à cette armée, et que les Euganéens, étant d'une race illustre, avaient tiré leur nom de cette circonstance (70). Leur capitale est Stonos. Les Vennonètes et les Sarunètes, peuplades rhétiques, habitent près des sources du Rhin, et ceux d'entre les Lépontiens qui sont appelés Vibères, près des sources du Rhône, dans la même région des Alpes.

[3] Il y a en outre des populations jouissant du droit latin, telles que les Octoduriens, les Centrons limitrophes, les cités Cottiennes, les Caturiges ; et, issus des Caturiges, Ies Vagiennes-Ligures (III, 7) et ceux qui sont appelés Montagnards, et plusieurs peuplades Chevelues sur les confins de la mer de Ligurie.

[4] Il ne paraît pas hors de propos de transcrire ici l'inscription du trophée des Alpes, qui est ainsi conçue: A L'IMPERATOR CÉSAR, FILS DU DIVIN CÉSAR, AUGUSTE, GRAND PONTIFE, IMPERATOR POUR LA XIVe FOIS, L'AN XVII (71) DE SA PUISSANCE TRIBUNITIENNE, LE SÉNAT ET LE PEUPLE ROMAIN, EN MÉMOIRE DE CE QUE, SOUS LES ORDRES ET SOUS SES AUSPICES, TOUS LES PEUPLES ALPINS, DEPUIS LA MER SUPÉRIEURE JUSQU'A L'INFÉRIEURE, ONT ÉTÉ SOUMIS A L'EMPIRE ROMAIN. PEUPLES ALPINS VAINCUS: LES TRIUMPILINS, LES CAMUNES, LES VENOSTES, LES VENNONETES, LES ISARCIENS, LES BREUNES, LES GENAUNES, LES FOCUNATES, QUATRE NATIONS VINDELICIENNES, LES CONSUANETES, LES RUCINATES, LES LICATES, LES CATENATES, LES AMBISUNTES, LES RUGUSCES, LES SUANETES, LES CALUCONS, LES BRIXENTES, LES LEPONTIENS, LES VIBERES, LES NANTUATES, LES SEDUNES, LES VERAGRES, LES SALASSES, LES ACITAVONS, LES MEDULLES, LES UCENES, LES CATURIGES, LES BRIGIANS, LES SOGIONTIENS, LES BRODIONTIENS, LES NEMALONES, LES EDENATES, LES ESUBIANS, LES VEAMINS, LES GALLITES, LES TRIULATTES, LES ECTINS, LES VERGUNNES, LES EGUITUBES, LES NEMENTURES, LES ORATELLES, LES NERUSES, LES VELAUNES, LES SUETRES.

[5] On n'y a pas joint les douze cités Cottiennes, qui ne furent pas hostiles, ni les cités attribuées aux municipes par la loi Pompeia. Telle est cette Italie que les dieux ont consacrée, telles sont les nations qui la peuplent, telles les cités de ses habitants; cette Italie qui, sous le consulat de L. Aemilius Paulus et de C. Attilius Régulus (av. J. C. 225), à l'annonce d'une invasion gauloise, seule, sans secours étrangers, et même alors sans les populations transpadanes, arma 80.000 hommes de cavalerie et 700.000 d'infanterie. Pour les richesses minérales, elle ne le cède à aucune contrée; mais l'exploitation en a été interdite par un ancien sénatus-consulte, qui voulut qu'on ménageât l'Italie.

XXV. (XXI.) [1] Au fleuve Arsia (III, 23) commence la nation des Liburnes, étendue jusqu'au fleuve Titius; on y comptait les Mentores, les Hymans, les Enchéléens, les Bunes, et ceux que Callimaque appelle Peucétiens: maintenant tout est compris sous le nom commun d'Illyrie, et peu de ces nations ont des noms qui soient dignes d'être cités ou faciles à transcrire. A la juridiction de Scardona ressortissent les Japydes, quatorze cités des Liburniens, parmi lesquelles on peut nommer les Laciniens, les Stlupins, les Burnistes, les Olbons. Dans ce ressort le droit latin a été concédé aux Alutes, aux Flanates, qui ont donné leur nom au golfe Flanatique, aux Lopses, aux Varvarins, aux Assésiates exempts de tribut; et, parmi les insulaires, aux Fertinates et aux Curictes. Au reste, sur la côte, à partir de Nescetium (III, 23), on trouve les villes Alvona, Flanona, Tarsatica, Senia, Lopsiea, Ortopula, Vegium, Argyruntum, Corinium, Aenona, la cité de Pasinium; le fleuve Tedanium, limite de l'Iaydie. Les îles de ce golfe avec leurs villes, outre celles qui ont déjà été citées, sont Absyrtium, Arba, Crexa, Gissa, Portunata. Sur le continent, la colonie Iadera, éloignée de 160.000 pas de Pola; puis, à 30.000, l'île Colentum; enfin, à 18.000, l'embouchure du fleuve Titius.

XXVI. (XXII.) [1] C'est sur ce fleuve, à 12.000 pas de la mer, qu'est située Scardona, fin de la Liburnie et commencement de la Dalmatie; puis l'antique région des Tariotes, le château de Tariona, le promontoire de Diomède, ou, d'après d'autres, la péninsule de Hyllis, ayant 100.000 pas de tour; Tragurium, connu par ses marbres, jouissant du droit de cité romaine; Sicum, où le dieu Claude a envoyé une colonie de vétérans: Salone, colonie, éloignée de Jadera de 112.000 pas. A la juridiction de cette ville appartiennent des populations partagées en 342 (72) décuries de Dalmates, 22 de Décunes, 230 de Ditions, 69 de Mazéens, 52 de Sardiates.

[2] Dans ce district sont Burnum, Andetrium, Tribulium, châteaux célèbres par les combats des armées romaines. De la même juridiction relèvent, parmi les insulaires, les Isséens, les Colentins, les Sépares, les Épétins. Puis viennent les châteaux de Peguntium (73) et de Rataneum, Narona, colonie, chef-lieu de la troisième juridiction, éloignée de Salone de 72.000 pas, et de la mer de 20.000, et située sur le fleuve Naron. M. Varron rapporte que 89 cités en relevaient; maintenant on ne connaît guère que les Céraunes, divisés en 24 décuries; les Daorizes, en 17; les Daesiates, en103, les Docléates, en 33; les Dérétins, en 14; les Dérémistes, en 30; les Dindares, en 33; les Glinditions, en 44; les Melcomans, en 24; les Narésiens, en 102; les Scitares, en 72; les Siculotes, en 24; et les Vardéens, anciens dévastateurs de l'Italie, en un nombre de décuries qui n'excède pas 20.

[3] Outre les peuples précédents, cette contrée a été occupées par les Ozuéens, les Parthènes, les Hémasins, les Arthites, les Armistes. Épidaure, colonie, est à la distance de 100.000 pas du Naron. Depuis Épidaure sont des villes jouissant du droit de cité romaine, Rhizinium, Ascrivium, Butua, Orchinium, nommé précédemment Colchinium, d'après les Colchiens qui l'avaient fondé; le fleuve Drilo, et sur ses bords une île jouissant du droit romain, Scodra, à 17.000 pas de la mer. Il faut y joindre le souvenir, qui s'éteint, de beaucoup de villes grecques et de cités puissantes. En effet, dans cette région furent les Labéates, les Endérodunes, les Sasséens, les Grabéens, les Illyriens proprement dits, les Taulantiens et les Pyréens. Sur la côte, le cap Nymphaeum qui garde son nom, la ville de Lissum de droit romain, à 100.000 pas Épidaure.

(XXIII.) [4] A Lissum commence la province macédonienne : les nations Parthènes, et en arrière les Dassarètes; les monts de la Candavie, à 78.000 pas de Dyrrachium; sur la côte, Denda, jouissant du droit romain; Epidamnum (74), colonie, nom de mauvais augure, que les Romains changèrent en Dyrrachium ; le fleuve Aoüs, appelé par quelques-uns Aeas; Apollonie, jadis colonie des Corinthiens, à 4.000 pas de la mer, cité aux limites de laquelle est (II, 110) le célèbre Nymphaeum et habitent des barbares, les Amantes et les Bulions: sur la côte, la ville d'Oricum, fondée par les Colchiens; de là le commencement de I'Epire, les monts Acrocérauniens, auxquels nous avons placé (III, 5, 12) la fin de ce golfe de l'Europe. Oricum est a 85.000 pas du promontoire de Salente, en Italie.

XXVII. (XXIV) [1] Derrière les Carniens et les Japydes, le long du grand Danube, aux Rhètes touchent les Noriques. Villes de ces derniers : Virunum, Celcia, Teurnia, Aguntum, Vianiomina (75), Claudia, Flavium Solvense. Le pays des Noriques est limitrophe du lac Peiso et des déserts des Boïens; cependant ces déserts ont déjà reçu Sabaria, colonie du dieu Claude, et la ville de Scarabantia Julia.

XXVIII. (XXV.) [1] Là commence la Pannonie, féconde en glands; les sommets décroissants des Alpes vont, par le milieu de l'Illyrie, du nord au midi, s'abaissant, par une douce pente, à droite et à gauche. La partie qui regarde la mer Adriatique forme la Dalmatie et l'Illyrie, de laquelle il a déjà été parlé. La Pannonie s'étend vers le nord, où elle a pour limite le Danube. Elle renferme les colonies Aemona et Siscia; des rivières renommées et navigables se jettent dans le Danube : la Drave, qui arrive de la Noricie avec impétuosité; la Save, qui descend plus tranquillement des Alpes Carniennes, à 120.000 pas l'une de l'autre: la Drave, traversant les Serrètes, les Serrapilles, les Iases, les Andizètes; la Save, traversant les Colapians et les Breuques.

[2] Ce sont là les peuples principaux; on y trouve en outre les Arivates, les Azales, les Amantes, las Belgites, les Catares, les Cornacates, les Eravisces, les Hercuniates, les Latoviques, les Osériates, les Varcians ; le mont Claudius, au-devant les Scordisques, en arrière les Taurisques, dans la Save l’île Métubarris, la plus grande des îles fluviales ; de plus, d’autres rivières dignes d’être citées : le Co ! apis, qui se jette dans la Save auprès de Siscia, et qui, par un double lit, y forme l’île appelée Segestica ; le Bacuntius, qui se jette aussi dans la Save à Sirmium, au territoire des Sirmiens et des Amantins ; de là, à 45.000 pas, Taurunum, où la Save se joint au Danube, au-dessus de ce confluent ceux du Valdasus et de l’Urpanus, rivières qui, elles-mêmes, ne sont pas sans quelque renom.

XXIX. (XXVI.) [1] A la Pannonie tient la province appelée Moesie, qui descend avec le Danube jusqu’au Pont-Euxin. Elle commence au confluent ci-dessus nommé (Save et Danube) ; renfermant les Dardanes, les Celégères, les Triballes, les Timaques, les Moesiens, les Thraces, et les Scythes limitrophes du Pont-Euxin ; des fleuves célèbres, le Margis, le Pingus, le Timachus, venant de la Dardanie : l’Œscus, venant du Rhodope ; l’Utus, l’Escamus, l’Iétérus, venant de l’Hémus.

[2] L’Illyrie, dans sa plus grande largeur, a 325.000 pas ; la longueur en est, depuis le fleuve Arsia jusqu’au fleuve Drinium, de 800.000 pas ; depuis le fleuve Drinium jusqu’au promontoire Acrocéraunien, de 172.000. M. Agrippa a évalué tout le tour de ce golfe Italique et Illyrique à 1.700.000 pas. Ce golfe, dans la limite que nous avons marquée, renferme deux mers : la mer Ionienne dans la première partie ; plus intérieurement l’Adriatique, qu’on appelle mer Supérieure.

XXX. [1] II n’y a dans la mer Ausonienne aucune île digne d’être nommée, outre celles qui ont été indiquées ; il y en a peu dans la mer Ionienne : sur la côte de la Calabrie, quelques îles qui, placées au-devant de Brindes, en constituent le port vis-à-vis la côte de l’Apulie, l’île Diomédée, remarquable par le monument de Diomède (X, 61), et une autre du même nom, appelée par quelques-uns Teutria.

[2] La côte d’Illyrie a plus de mille îles, la mer y étant peu profonde, et présentant des hauts fonds séparés par un étroit chenal. Les plus célèbres sont : en face de l’embouchure du Timave, les îles à sources chaudes, croissant avec le flux de la mer (II, 106, 9) : vers le district des Istriens, Cissa, Pullaria et les Absyrtides, ainsi nommées par les Grecs à cause d’Absyrte, frère de Médée, qui y fut tué. Dans le voisinage les Grecs ont placé des îles Electrides, supposées fournir de l’ambre, en grec électron ; preuve manifeste du peu de foi que les Grecs méritent, puisqu’on n’a jamais pu savoir quelles îles ils prétendaient désigner par cette dénomination (XXXVII, 11).

[3] En face de Iader, Lissa, et celles que j’ai citées plus haut (III, 25, 2) ; en face des Liburnes, quelques îles appelées Gratéennes ; d’autres en non moindre nombre, appelées Liburniques, et les Céladusses en face de Surium ; Bavo ; Brattia, célèbre par ses chèvres ; Issa, jouissant du droit romain, et Pharia avec une ville. Corcyra, surnommée Melaena, avec une ville fondée par les Cnidiens, en est éloignée de 25.000 pas : entre Corcyra et l’Illyrie, Mélita, d’où vient, d’après Callimaque, le nom de chiens de Mélita ; à 15.000 pas plus loin, les trois îles Élaphites. Dans la mer Ionienne, à 3.000 pas d’Oricum, Sasonis, célèbre pour avoir été une station de pirates.







NOTES DU TROISIÈME LIVRE.

(01) Le mille romain (1,000 pas ) est de métres 1472,5. Avec cette donnée, on trouvera, quand on voudra, l'expression en kilomètres des distances indiquées par Pline. Au reste, si on ne veut qu'une approximation, on n'a qu'à se rappeler que le mille romain vaut très près d'un kilomètre et demi. (02) Le cap Spartivento. (03) Urgi; Pla., II, 6, Οὔρκη; Martianus, VI, c. de Hisp. Urcitanus finis; Mela, 1I, 6, Virgi. On ne sait pas au juste l'emplacement de cette ville, qui était sur le Sinus Urgianus avec Carthage-la-Neuve. (04) Le Guadiana, de l'arabe wadi, fleuve, et de Ana: le fleuve Ana. (05) Alhambra suivant d'Anville, Montiel suivant Hardonin. Je ne ferai pas une note pour chacun des noms géographiques rapportés par Pline, et je renvoie le lecteur au Vocabulaire des noms géographiques, mythologiques et historiques de la langue latine, publié par M. Quicherat en 1846, et où l'on trouve la synonymie moderne quand elle est certaine. (06) Canal des Baléares. (07) Golfe de Gascogne. (08) Ecija. (09) Séville. (10) Les colonies vivaient d'après les lois romaines, et d'ordinaire avaient les privilèges du citoyen romain. Les municipes vivaient d'après leurs propres lois et avaient leurs propres magistrats, tout en jouissant, soit du droit latin, soit du droit de citoyens romains. Les villes jouissant du droit du Latium avaient le privilège de servir dans les légions romaines et d'y parvenir à tous les grades, privilège qu'on appelait aussi droit antique du Latium, droit italique, parce qu'il avait été accordé aux Latins avant que ceux-ci ne conquissent l'égalité avec les Romains. Les cités libres jouissaient de leurs lois, mais n'avaient ni le droit de citoyens romains ni celui du Latium. Les cités alliées étaient celles qui avaient des traités avec le peuple romain, telles que la cité des Arvernes, celle des Eduens, etc. Enfin, les cités stipendiaires payaient un tribut. (11) Aujourd'hui Odiel et Tinto. (12) Des mss. lisent Hareni montes, ou Ariani , ou Mariani. Il s'agit ici sans doute de dunes. (13) Le Guadalquivir. (14) Le cap Trafalgar. (15) Les ruines de cette ville se trouvent près de Saint-Roque, à l'embouchure de la rivière de Guadarranque. Mais, d'après la conjecture de Chr: Th. Reichard (Thesaurus topogr., Norimb., 1824, n° VII ), la célèbre Tartessus se trouvait sur l'emplacement occupé aujourd'hui par Cartaya, lieu qui a pu s'appeler jadis Carteia, et donner ainsi lieu à la fausse indication de Pline et d'autres écrivains anciens. (16) Des mss. lisent Astigi. Mais, même avec cette leçon, il ne faut pas prendre cette ville pour l'Astigi nommée plus haut, et qui est Ecija. (17) Au lieu de Ripa, Epora, donné par des mss. et par Brotier, Vulg. a Ripepora en un seul mot. (18) Saragosse, la Corogne, Astorga, Lugo et Braga. (19) Golfe d'Alicante. (20) Alicante, nom formé de l'article arabe al et de l'ancien nom Licentum. (21) La Sègre. (22) Les anciennes éditions ont Larnenses, lturienses, Ispalenses, Lumberitanos. Hardouin, trouvant dans ses mss. Larnenses, Lursenses, Lumberitanos, a supprimé Ispalenses, et a été suivi par les éditions subséquentes. Mais il faut le rétablir. En effet, on a des monnaies espagnoles portant le type celtibérien, et ayant une légende qui se lit Splaie ou Sblaie. Ce nom a fourni le nom latin Spala ou Ispala. " Le nom des Spalenses, dit M. d Saulcy, n'existe pas dans toutes les éditions de Pline. Les monuments numismatiques ne viendraient-ils pas prouver que c'était avec raison qu'une peuplade nommée les Spalenses était classée parmi celles qui dépendaient de la convention juridique de Caesar-Augusta? Je suis bien tenté de le croire, en voyant que le type du cavalier tenant une palme, type éminemment propre aux provinces celtihériennes du nord, type essentiel des Ilergètes, se retrouve sur les monnaies de Spahi. Les poissons placés sur les espèces de cette ville démontrent en outre qu'elle était située sur les côtes ou sur les rives d'un fleuve. » (Essai de classification des monnaies autonomes de l'Espagne, p. 49. ) (23) La Corogne. (24) Ainsi nommée des braies, braccae, que portaient les habitants. (25) Il faut écrire non Libyca, comme Vulg., mais Libica; ce n'est pas que ce mot vienne, ainsi que le dit d'Anville, de Libs, vent du sud-ouest; mais il vient de Libici, ctlé Gauloise, dont on a des médailles. (Voyez de la Saussaye, Numismatique de la Gaule narbonaise, p. 92.) (26) Oppio, près de Grasse. Voy. de la Saussaye, ib., p. 108. (27) Il vaut mieux écrire Caenicenses que Cenicenses, comme le prouve une médaille publiée par M. le marquis de Lagoy. Cette cité était dans le voisinage de la rivière du Caelius, que M. Toulouzan croit être la Touloubre. Voy. de la Saussaye, ib., p. 103. (28) Les médailles prouvent qu'il faut lire, non, comme Vulg., Sanagenses, mais Samnagenses. Ce peuple occupait Sénas, bourg situé sur la direction de la voie antique conduisant à Pellisane, au point d'intersection de cette voie avec celle qui menait à Aix. Voy. de la Saussaye, ib., p. 100. (29) Cocinthos, Capo di Stilo; Leucopetra, Capo dell' Arroi; Lacinium, Capo delle Colonne. (30) Ullo inde loco Vulg. — Les mss. ont in, et inde est une conjecture de Hardouiu. Les mss. varient aussi sur le chiffre, la plupart lisant cc, et quelques-uns ccc. (31) Solin évalue le tour de l'Italie à 2,049,000 pas; et Saunaise, Exerc. Plin., p. 58, b, E, a proposé de corriger le chiffre de Pline d'après celui de Solin. (32) Longe meabilis Ed. Princ., Brot., Sillig. — Longe meatibus Vulg. — Longis meatibus Dalech. Cod. (32b) Ficolenses. C'est la dernière mention qu'on trouve des habitants (nommés Ficulentes par Varron) de la très ancienne ville de Ficulea des Sabins, sur la via Nomentana, dite aussi via Ficulnensis dans Tite-Live, III, 52; elle était voisine de Fidène. La tribu d'Appius Claudius était entre Fidène et Ficulea, d'après Denys d'Halicarnasse, V, 40. — Après Ficolenses, l'éd. Elz. ajoute Fregellani. (33) M. Sichel pense que ce nom sacré était Augerona ; voy. son intéressant mémoire : Description d'une pierre gravée, avec des recherches sur les Divalia et les Angeronalia des Romains, comme culte secret de Vénus Genitrix, dans la Revue archéologique, 15 janvier 1846. Solin, cap. 2, dit que Valérius Soranus fut mis à mort. D'autres ont prétendu que le nom sacré de Rome était Valentla. (34) Les anciens écrivains ne donnent aucun renseignement sur ce qu'était cette coutume de recevoir de la chair. (35) Aesolani Vulg. — Aesulani Niebubr, Hist. Rom. 1, p. 223, 3e édit. (36) Pollustini Vulg. — Polluscini Niebuhr, ib. (37) Salerne est sur la côte, Pline ne met pas le génitif après oppidum; ces deux raisons me font adopter le sens de Hardouin, et non traduire, comme on traduit d'ordinaire : « Dans l'intérieur sont Salerne et Picentia. (38) Elea Ed. Princ., Brotier, Sillig. — Helia Vulg. (39) M. Sillig a écrit Crataeis d'après les mss. de Gelenius. (40) Des mss. donnent Civium, adopté par M. Sillig. (41) Tucim la plupart des mss. et Sillig. — Cunici Vulg. — Tummi n° 776, Suppl. latin, Bibl. roy. — Tunici Ed. Princ. (42) Nec Brot. ex Codd., Sillig. — Nec om. Vulg. (43) Ordinem quo sitae sunt; nomina singulis Prote, Mese Cod. Tol., Sillig. — Ordinem, quas item nominant singulis vocabulis, Proten et Mesen Vulg. — Prote, première, Mese, moyenne; Hypæa, celle qui est sous les autres. (44) Des mss. et Sillig ont Aegilium. (45) Des mss. et Sillig ont Igilium. — Ægilium Vulg. (46) Pandateria Cod. Chifll., Sillig. — Pandateria Vulg (47) On lit dans Homère, non lnarime, mais σῦν ᾿Αρίμοις. (48) Les mss. ont CLXXXVI M; Vulg. a CLXXXXI M. (49) Minor Ed. Pr., Brot., Sillig. — Minori Vulg. (50) Illyrici Cod. Tot., Sillig. — Illyrica Vulg. (51) Les Romains appelaient Apina et Trica ce que nous nommons châteaux en Espagne. (52) Auseculani Hard., Sillig. — Aeculani Vulg. (53) Hardouin a proposé de lire, au lieu de Valentini donné par les anciennes éditions, Uxentini, habitants de la ville d'Οὔξεντον. Cette conjecture a été adoptée par M. Sillig. Mais Mannert pense que les Valentins sont les habitants d'une ville nominée par Pomponius Méla Valetium. (54) Du grec σέβεσθαι, honorer pieusement les dieux. Cette étymologie ne vaut pas mieux que la plupart de celles que les anciens ont imaginées. (55) Exhaurit illos sulfureis aquis. Tiberim Vulg. — J'ai changé la ponctuation ancienne, qui ne donne pas un sens satisfaisant. Elle a forcé Hardouin à attribuer à exhaurire la signification de gâter, corrompre, que ce verbe n'a jamais eue. (56) Sublaqueo semblerait venir de laqueus; or, il vient de lacus. Il vaudrait mieux lire sublacueo ou sublaceo. Dans Tacite l'adjectif est sublacensis. (57) Il ne faut pas écrire ombrios par un grand o, et comme étant un nom propre; car alors ce serait un barbarisme, cet ethnique étant Umbri et non Umbrii. Ombrii est une forme adjective que l'on suppose entre le grec ὄμβρος, pluie, et l'ethnique Umbri. Cette étymologie est d'ailleurs tout à fait illusoire. (58) L'éd. d'Elz. a Forobremitiani, au lieu de Forobrentani. (59) Saltus Ed. Princ., Brot., Sillig — Saltes Vulg. — On ne sait ce qu'est cette localité. Cicéron cite un Saltus gallicanus, montagne de la Campanie. (60) Veleiates Rezzonicus ex inscriptione. — Veliates Vulg. — Cognomine veteri Regiates Cod. Snakenh., Hard. ex conjectura, Brotier, Sillig. — Cognomine Vectai; Regiates Vulg. (61) Des éditions et des mss. ont Umbranates, au lieu Urbanates. (62) Niciam Hardouin , Sillig. — Incia est donné par deux mss., par Brotier et par Vulg. (63) Delta, triquetra figura, inter Cod. Salmant. - Delta, triquetram figuram inter Vulg. (64) Padi; on ne connaît que le cymrique ffatvydt nom pluriel sans singulier, qui signifie des pins. Vo, Dieffenbach, Celtica, I, p. 169. (65) Bodincus; on croit y retrouver le mot français bout, but, extrémité, de sorte que inc, complétement inconnu d'ailleurs,signifierait sans. On en a rapproché aussi mot allemand Boden, fond, sol; comparez encore le bas latin podium, en vieux français pui, qui signifie montagne aussi chose sur laquelle on s'appuie. M. Dieffenbach , ib croit qu'à tort on cherche dans le mot padus un mot gaulois signifiant pin , et que dans padus et bodincus il a une racine commune pad ou bod. (66) Eporedia. Ce mot est certainement gaulois; comparez les noms propres Eporedorix, Eporedirix. On y n connait clairement la racine epe ou epo, cheval , qui se rattache au grec ἵππος ou ἵκκος, au latin equus, au zen açpa, au sanscrit açva. Quant à la fin du mot, qui doit signifier dompteur, je n'en connais pas la forme celtique. (67) Pline suppose que le nom de Nauport vient de ναῦς, navire, et πορθμός ou πόρος, passage. (68) Feletrini Cod. Dalech. — Fertini Vulg. — La leçon du mss. de Dalechamp est certainement la bonne. Des critiques ont cru que les variantes de Dalechamp étaien non des leçons de mss., mais des conjectures de ce savant J'ai eu plusieurs fois lieu de m'assurer que ces leçons son véritablement des variantes de mss., et qu'elles ont la valeu de toute variante. (69) Vendue au peuple romain, ainsi que, plus haut, II, 4, 9 , il est question d'un peuple vendu à César, Caesari venales. (70) Lepontii, de λείπω, laisser : gens laissés en arrière Euganéens, de a, bien, et genos race : de race illustre. Ces étymologies sont futiles. (71) XVII om. Vulg. — Je ne vois aucune raison pour ne pas admettre dans le texte le chiffre XVII ; il est donné par le mss. 6795 de la Bibi. roy., qui est du neuvième siècle et par Dalechamp. Les Codd. Toi. et Saluant. ont XVIII Il est bien plus facile d'admettre que ce chiffre a été oui par certains copistes, que d'admettre qu'il a été ajouté par d'autres; d'autant plus que cette date concorde ave celle de l'arc de triomphe de Suse en Piémont , qui porte l'an XV de la puissance tribunitienne, et qui, de fait est antérieur au trophée des Alpes. Consultez sur ce trophée des Alpes, élevé en l'honneur de l'empereur Auguste, Egger, Examen critique des historiens ancien de la vie et du règne d'Auguste, Paris, 1844, p. 299. (72) CCCXXII Ed. Princ. — CCCLXXXII Vulg. — CCCLXII Snackenb. — Il n'y a aucune raison de ne pa admettre le chiffre de l'édition Princeps. Celui de Vulg me paraît une correction malheureuse de quelqu'un qui cru que le premier chiffre était la somme des chiffres suivants, et qui, les additionnant, a trouvé 382; ce qu'il inséré dans le texte. Aussi est-ce dans ce sens que le éditions sont ponctuées : CCCLXXXII, Dalmatie XXII Decuni CCXXXIX, Ditiones LXIX, Mazaei Lll, Sardiates. Il faut changer cette ponctuation comme j'ai fait. (73) Piguntiae Vulg. — Petunt in Con Codd. quidam — Brolier, suivi par Sillig, a adopté le Πήγουτιον de Ptolémée. (74) Les Romains croyaient, dans Epidamnum, trouver le mot damnum, dommage. (75) Vienne en Autriche.