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À la brunante

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À la « brunante »
Les Fleurs de GivreÉditions de la Revue des Poètes (p. 119-120).

 




Le tiède soir de mai descend sur le lac bleu,
D’où monte une vapeur diaphane et rosée.
L’étoile dans l’azur clair rallume son feu,
Et sur le dais du bois pensif choit la rosée.

Les arbres, inclinés, ont l’air de prier Dieu,
Et les petits oiseaux, sur la branche bercée,
Avant que de fermer leur paupière lassée,
Tout bas, de nid en nid, se sont fait leur adieu.


Sous les rameaux touffus des pins, qu’en sa colère
Échevelait, hier encor, le vent polaire,
S’étend le demi-jour de la grotte d’Endor.

Et sur les flots d’argent et la grève d’opale
Le grand dôme éthéré, scintillant de points d’or,
Verse comme un reflet de lune orientale.