Œuvres de Lagrange/Pièces diverses/Sur la diminution de l’obliquité de l’écliptique

La bibliothèque libre.


SUR LA DIMINUTION
DE
L’OBLIQUITÉ DE L’ÉCLIPTIQUE[1]


(Astronomisches Jarhrbuch oder Ephemeriden für das Jahr 1782 ; Berlin, 1779.)


Séparateur


I.

Les observations sont d’accord avec la théorie pour prouver que l’obliquité de l’écliptique va en diminuant ; mais elles ne le sont ni entre elles ni avec celle-ci sur la quantité de cette diminution.

Si l’on compare les plus anciennes observations que Ptolémée nous ait transmises avec celles qu’on a faites dans ce siècle, on trouve une diminution d’environ dans l’espace de dix-neuf siècles et demi ; les observations d’Albatenius, du IXe siècle, ne donnent qu’une diminution de dans huit siècles et demi ; celles de Tycho Brahé, de l’année 1587, donnent environ dans un espace de cent soixante ans ; enfin les observations faites vers la fin du dernier siècle ou au commencement de celui-ci, et comparées avec les plus récentes, ne donnent qu’environ seconde par an de diminution ; mais, si l’on compare à ces dernières celles qu’on n’a faites que depuis trente ans, on ne trouve pour cet intervalle de temps qu’une diminution de à ce qui ne donnerait qu’environ pour la diminution séculaire.

II.

On voit par là que la diminution séculaire est toujours moindre à mesure qu’on la déduit d’observations moins distantes entre elles ; et, si l’on pouvait compter entièrement sur l’exactitude de ces résultats, il s’ensuivrait-que la diminution est variable, et l’on pourrait même en déterminer la loi jusqu’à un certain point ; mais, d’un côté, les observations anciennes, surtout celles qui ont été conservées par Ptolémée, sont reconnues pour trop peu exactes ; de l’autre, l’intervalle de temps écoulé entre les observations modernes est trop peu considérable, et l’erreur inévitable des observations influe trop pour qu’on puisse rien conclure de certain ni des unes ni des autres sur la vraie quantité de la diminution séculaire, et moins encore sur la variation de cette diminution ainsi la théorie paraît le seul moyen sûr que l’on ait jusqu’à présent de fixer cet élément important.

III.

M. Euler est le premier qui ait démontré la diminution de l’obliquité de l’écliptique, en faisant voir que la rétrogradation des nœuds de l’orbite de la Terre sur l’orbite de chacune des planètes principales, causée par l’action de ces planètes, doit nécessairement diminuer l’angle de l’écliptique et de l’équateur, du moins dans la disposition actuelle de ces orbites, disposition qui doit aussi changer à la longue par l’action mutuelle de toutes les planètes.

IV.

M. Euler trouve les quantités suivantes

pour les rétrogradations séculaires des nœuds de l’orbite de la Terre sur les orbites de Saturne, Jupiter, Mars, Vénus et Mercure ; de là, en multipliant respectivement ces quantités par les sinus des inclinaisons et par ceux des longitudes des nœuds descendants des orbites des mêmes planètes par rapport à l’écliptiqùe, il conclut la diminution séculaire de l’obliquité de l’écliptique due à l’action de chaque planète, et ne tenant compte que des actions de Jupiter et de Vénus, vis-à-vis desquelles les autres sont presque nulles, il trouve cette diminution de (Voyez les Mémoires de cette Académie pour l’année 1754.)

M. Euler donne les résultats précédents sans démonstration ; il avertit seulement, à l’égard des masses des planètes, que, pour celles de Saturne, Jupiter et la Terre, il a adopté les déterminations de Newton, fondées sur une valeùr de la parallaxe du Soleil égale à et que, pour celles des autres planètes, savoir Mars, Vénus et Mercure, il les a déduites de l’hypothèse que les densités des planètes soient en raison inverse des racines carrées de leurs temps de révolutions périodiques, hypothèse qui se vérifie à peu près à l’égard des densités connues de Saturne, Jupiter et la Terre.

V.

La démonstration que M. Euler a supprimée a été restituée par M. de Lalande, qui, en partant des mêmes données, est parvenu à très-peu près aux mêmes résultats, dans les Mémoires de l’Académie des Sciences de Paris pour l’année 1758.

Les masses adoptées par M. de Lalande sont (en prenant celle de la Terre pour l’unité) pour Saturne, pour Jupiter, pour Mars, pour Vénus, pour Mercure et pour le Soleil, et les mouvements séculaires des nœuds de l’orbite de la Terre sur celle de chacune de ces planètes trouvés d’après ces masses sont respectivement

d’où M. de Lalande conclut la diminution séculaire de l’obliquité de

l’écliptique due à ces planètes de

ce qui donne, pour la diminution totale en vertu de leur action réunie,

VI.

M. de Lalande, dans un autre endroit de ces Mémoires, remarque ensuite que la détermination de la masse de Vénus dépend de la supposition que le volume de cette planète ne soit qu’un tiers de celui de la Terre, supposition démentie par le passage de 1761 ; il fait voir que les observations de ce passage donnent (en faisant la parallaxe du Soleil de ) pour le diamètre de Vénus exprimé en parties de celui de la Terre, et de là pour son volume, celui de la Terre étant or l’hypothèse de M. Euler sur les densités donne, pour celle de Vénus, en faisant celle de la Terre de sorte que, en multipliant le volume par la densité il vient, à très-peu près, pour la masse de Vénus. Ainsi, comme les mouvements des nœuds et la diminution de l’obliquité de l’écliptique qui en résulte sont proportionnels aux masses qui les produisent, il faut augmenter dans le rapport de à la diminution séculaire trouvée ci-dessus en vertu de l’action de Vénus, ce qui la réduira à ainsi il faudra ajouter à la diminution totale de l’excès de sur c’est-à-dire moyennant quoi on aura pour la diminution séculaire de l’obliquité de l’écliptique, dans l’hypothèse que la masse de Vénus soit égale à celle de la Terre, la quantité M. de Lalande, dans son Astronomie, donne pour la diminution de l’obliquité de l’écliptique due à Vénus, ce qui supposerait la masse de cette planète De là il conclut la diminution totale de et c’est le résultat qu’il a adopté ensuite dans la Connaissance des Temps.

VII.

Tel était l’état de ce Problème important d’Astronomie physique, lorsque j’ai entrepris, il y a cinq ans, de le résoudre avec toute la rigueur et la généralité dont il est susceptible, ne me bornant pas, ainsi qu’on l’avait fait avant moi, à donner les formules différentielles qui n’expriment que les variations instantanées, mais en intégrant ces formules pour avoir des résultats applicables à tous les temps, intégration qui avait jusqu’alors échappé aux efforts des géomètres. Mes Recherches sur ce sujet sont imprimées parmi les Mémoires de l’Académie des Sciences de Paris pour l’année 1774[2], et l’on en trouve les résultats, avec plusieurs Tables qui en dépendent, dans notre Recueil des Tables astronomiques imprimé en 1776. C’est à servir d’éclaircissement et de supplément au même Recueil qu’est destiné le présent Mémoire.

Dans les Recherches dont je viens de parler, j’ai adopté les déterminations des masses des planètes que M. de Lalande a trouvées d’après le dernier passage de Vénus, en supposant la parallaxe du Soleil de et qu’il a publiées dans la Connaissance des Temps de 1774 et des années suivantes. Ces masses sont (en prenant toujours celle de la Terre pour l’unité) pour Saturne, pour Jupiter, pour Mars, pour Vénus, pour Mercure, pour le Soleil, et j’ai trouvé que la diminution séculaire de l’obliquité de l’écliptique dans ce siècle, due à l’action de ces masses, doit être de Comme les planètes qui ont le plus d’influence dans cette diminution sont Jupiter et Vénus, et que les masses précédentes de ces planètes sont plus grandes que celles qui ont servi de données dans les calculs de M. de Lalande, on doit être surpris de voir que mes résultats, au lieu d’être plus forts que les siens, le sont au contraire beaucoup moins c’est pourquoi je crois devoir rendre raison de cette contradiction apparente pour lever les doutes qu’on pourrait peut-être se former sur l’exactitude de mes calculs.

VIII.

Pour cet effet, je remarque que le mouvement des nœuds d’une planète pendant une de ses révolutions, causé par l’action d’une autre planète, est exprimé en général par une fonction du rapport des distances moyennes de ces planètes au Soleil, multiplié par le rapport de la masse de la planète qui produit ce mouvement à la masse du Soleil ; de sorte que, le rapport des distances au Soleil demeurant le même, si celui des masses change, le mouvement séculaire des nœuds variera dans la raison directe de ce dernier rapport. Or le rapport des distances, ne dépendant que de celui des temps périodiques, doit être encore à très-peu près le même que celui que Newton a déterminé ; mais il n’en est pas ainsi du rapport de la masse d’une planète à celle du Soleil ce dernier rapport est, comme l’on sait, en raison directe triplée de celui de la distance moyenne du satellite de la planète à la distance moyenne de la planète au Soleil, et en raison inverse doublée de celui du temps périodique du satellite au temps périodique de la planète. Les rapports des temps périodiques des satellites et des planètes principales n’ont guère subi de correction depuis Newton ; mais ceux des distances ont été beaucoup changés, du moins pour la Lune et la Terre. En effet, le rapport entre la distance de la Lune à la Terre et la distance de la Terre au Soleil étant le même que celui de la parallaxe du Soleil à celle de la Lune, il s’ensuit que ce rapport a dû diminuer par la diminution de la parallaxe du Soleil, que Newton avait supposée de et que les dernières observations du passage de Vénus ont réduite à à l’égard de la parallaxe de la Lune, les dernières déterminations diffèrent peu de celle de Newton ; ainsi la diminution de la parallaxe du Soleil a dû influer principalement sur le rapport de la masse de la Terre à celle du Soleil, en le diminuant dans la raison triplée c’est pourquoi, la masse de la Terre étant prise pour l’unité, celle du Soleil est devenue plus du double plus grande. Quant aux rapports entre les distances des satellites de Jupiter et de Saturne à leurs planètes principales et les distances de ces planètes au Soleil, ces rapports sont mesurés par les plus grandes élongations des satellites à leurs planètes principales dans le temps des quadratures de ces planètes, et les observations les plus récentes les ont diminuées un peu, ce qui a dû diminuer aussi, dans la raison triplée, les rapports entre les masses de Jupiter et de Saturne et celle du Soleil ; mais la différence entre les dernières déterminations et celle de Newton n’est pas, à beaucoup près, aussi considérable pour ces masses que pour celles de la Terre et du Soleil.

IX.

Puis donc que le mouvement des nœuds de l’orbite de la Terre et la diminution séculaire de l’obliquité de l’écliptique qui en résulte ne sont pas simplement proportionnel à la masse absolue de la planète qui les produit, mais au rapport de cette masse à celle du Soleil, il faut, pour réduire les résultats de M. de Lalande du no V à ce qu’ils doivent être, en employant les masses qu’il a données dans la Connaissance des Temps de 1774, les multiplier respectivement par les rapports entre les dernières masses et les premières, mais en prenant dans l’évaluation de ces masses celle du Soleil pour l’unité, et non pas celle de la Terre, comme on le pratique ordinairement.

Or (la masse du Soleil étant ) je trouve, pour les masses de Saturne, Jupiter, Mars, Vénus et Mercure, telles que M. de Lalande les a employées dans ses premiers calculs, les nombres

et pour les mêmes masses, telles qu’elles résultent des dimensions données dans la Connaissance des Temps de 1774, ceux-ci

Ainsi il faudra multiplier respectivement les nombres (no V)

par les suivants

ce qui donnera ceux-ci

qui exprimerontdonc la diminution séculaire de l’obliquité de l’écliptique due à chacune de ces planètes ; en sorte que la diminution totale sera de à très-peu près comme nous l’avons trouvé, et, si l’on remarque encore que nous avons négligé dans notre calcul l’action de Mercure comme trop petite et trop incertaine, il faudra, pour faire une comparaison exacte des résultats précédents avec les nôtres, retrancher de la quantité la diminution due à Mercure, savoir le reste sera ce qui s’accorde parfaitement avec le résultat de notre calcul.

X.

Après avoir montré l’accord de nos résultats avec ceux que M. de Lalande aurait dû trouver s’il avait employé, ainsi que nous l’avons fait, ses propres déterminations des masses des planètes, il est à propos d’examiner aussi les changements que ces résultats devraient éprouver si l’on changeait les valeurs des masses de Vénus et de Mars, sur lesquelles il y a encore beaucoup d’incertitude.

Supposons, en général, que la masse de Vénus doive être augmentée dans la raison de et celle de Mars dans la raison de il faudra, dans les calculs de notre Mémoire[3], multiplier par les nombres et par les nombres et refaire en conséquence toute la suite des calculs d’après les valeurs qu’on voudra donner à et mais si, au lieu de formules générales telles que celles que nous avons trouvées, on veut se contenter de formules approchées qui n’aient lieu, à la vérité, que pendant un temps limité, mais qui soient cependant suffisantes pour tout le temps durant lequel l’Astronomie a été cultivée, on cherchera les valeurs des quantités et exprimées par des séries qui procèdent suivant les puissances du temps et, pour cela, on emploiera les formules générales connues

les quantités exprimant les valeurs de qui répondent à Orles valeursde et de sont données par les Tables pour toutes les planètes, et l’on trouvera celles de de au moyen des équations différentielles du no 16 de notre Mémoire[4], en substituant successivement, dans ces équations et dans les différences des mêmes équations, les valeurs données par les Tables.

De cette manière, j’ai trouvé les valeurs suivantes, en prenant, comme dans le Mémoire cité, l’année 1760 pour époque, et réduisant tout en secondes :

Pour Jupiter.
Pour Saturne.
Pour la Terre.
Pour Vénus.
Pour Mars.

Et de là j’ai trouvé pour la Terre

Ainsi l’on aura les valeurs suivantes approchées de et savoir :

d’où l’on tirera celles de et de par les formules de la page 279 du tome II des Tables astronomiques, et l’on aura, par ces mêmes formules, les variations qui en résultent dans l’obliquité de l’écliptique, dans la précession des équinoxes et dans les positions des étoiles fixes, étant le nombre des années tropiques comptées depuis le commencement de 1760.
XI.

Pour avoir les variations pour le premier siècle, on fera et dans ce cas on pourra négliger les termes affectés de comme ne donnant que des décimales de seconde.

On aura donc pour lors

et, comme dont le sinus est et le cosinus est on aura, sans erreur sensible,

de sorte que la diminution séculaire de l’obliquité de l’écliptique sera exprimée par la valeur précédente de savoir

Si l’on fait et on a

ce qui s’accorde avec ce que donne la Table VI, page 288, en prenant le milieu entre les deux valeurs de qui répondent au premier siècle avant et après 1760.

On voit par la formule précédente que, si l’on devait réduire à la diminution de l’obliquité de l’écliptique pour le siècle courant, ainsi que le prétendent de très-grands astronomes d’après leurs observations, il faudrait que l’on eût cette équation

savoir

donc

d’où il s’ensuit que la masse de Vénus devrait être moindre de la moitié que celle que nous avons adoptée d’après la Connaissance des Temps.

Or, comme la masse d’une planète est en raison directe composée de son volume et de sa densité, et que le volume de Vénus est assez bien connu d’après les observations des derniers passages (ce volume ayant été déterminé par M. de Lalande de en prenant celui de la Terre pour l’unité), il faudrait diminuer la densité de cette planète dans la raison de Mais la densité adoptée par M. de Lalande, d’après l’hypothèse de M. Euler, est de en prenant celle de la Terre pour l’unité ; donc, cette densité deviendrait c’est-à-dire de celle de la Terre, ce qui serait hors de toute vraisemblance, puisque Vénus, étant plus près du Soleil que la Terre, semble au contraire devoir être plus dense que la Terre, ou du moins d’une densité peu différente.

XII.

Quoi qu’il en soit, si la diminution de l’obliquité de l’écliptique était bien connue par les observations, on en pourrait conclure la masse de Vénus au moyen de la formule générale du numéro précédent ; car, pour ce qui est de la masse de Mars d’où dépend le nombre il est clair qu’elle n’a que très-peu d’influence sur la diminution dont il s’agit, en sorte qu’on peut en faire abstraction sans erreur sensible ; et ce moyen de déterminer la masse de Vénus d’après la diminution de l’obliquité de l’écliptique est, au défaut d’un moyen direct, tel que serait celui d’un satellite qui tournerait autour de cette planète, peut-être le plus exact que l’Astronomie puisse fournir ; mais, en attendant que des observations sûres et continuées au moins pendant un ou deux siècles nous mettent en état de profiter du moyen que nous venons de proposer pour connaître un élément si important du système du monde, nous allons examiner ce qui résulte de quelques autres phénomènes qui peuvent conduire aussi à la même connaissance, parce qu’ils dépendent en grande partie de l’action de Vénus.

XIII.

Le premier et le plus important de ces phénomènes est le mouvement d’apogée du Soleil, qui paraît assez bien déterminé et que les dernières Tables de Mayer font de par an. Il n’est pas douteux que ce mouvement ne soit dû à l’action des planètes sur la Terre, parmi lesquelles Jupiter et Vénus sont celles qui doivent produire le plus grand effet, la première à raison de sa grosseur, et la seconde à raison de sa proximité. M. de Laplace, qui a calculé cet effet dans un Mémoire imprimé parmi ceux des Savants étrangers de l’année 1773, trouve, pour le mouvement annuel de l’apogée du Soleil par rapport aux étoiles fixes, en vertu des actions réunies de Jupiter et de Saturne, la quantité

en représentant par le rapport de la masse de Vénus à celle du Soleil. Faisant donc cette quantité la précession annuelle des équinoxes qui, suivant Mayer, est de on a l’équation

d’où l’on tire

quantité qui n’est que tant soit peu plus petite que celle que nous avons employée dans notre théorie des mouvements des nœuds, celle-ci étant de (no IX).

De là on trouvera

de sorte que la diminution séculaire de l’obliquité de l’écliptique en deviendra moindre de quantité insensible.

Au reste, nous nous proposons d’examiner cet objet plus à fond dans une autre occasion.

XIV.

L’autre phénomène qui peut servir à connaître la masse de Vénus est une petite inégalité de la longitude du Soleil dépendante de la distance de Vénus au Soleil, que M. l’abbé de la Caille a le premier introduite dans ses Tables solaires d’après le calcul de M. Clairaut, et que M. Mayer a conservée dans les siennes, mais en la réduisant aux deux cinquièmes. Cette inégalité est celle qui est contenue dans la Table IX, page 258 du premier volume de nos Tables, sous le titre de : Équation produite par Vénus, et dont l’argument n’est autre chose que la longitude moyenne de Vénus, moins celle de la Terre (qui est plus grande de six signes que la longitude du Soleil), en supposant la circonférence du cercle divisée en partiels.

En nommant cet argument, et désignant par le rapport de la masse de Vénus à celle du Soleil, on a, d’après les calculs de M. Clairaut (Mémoires de 1754, p. 555), pour l’inégalité dont il s’agit, la formule

Pour déterminer la valeur de d’après la Table de Mayer, il ne s’agit que de comparer deux valeùrs répondant à un même argument quelconque faisons donc, dans la formule précédente, elle donnera ce qui, étant réduit en secondes (en multipliant par valeur du rayon en secondes), donne pour la valeur de l’équation qui répond au quart de cercle ; or dans la Table citée, la valeur qui répond à l’argument est de on aura donc l’équation

d’où l’on tire

Cette valeur de est presque la moitié moindre que celle que nous avons trouvée plus haut d’après le mouvement de l’apogée du Soleil ; il y a donc lieu de croire qu’elle est beaucoup trop petite et que, par conséquent, l’équation de Vénus dans les Tables de Mayer l’est aussi. Si, au contraire, on s’en tient aux Tables de l’abbé de la Caille, lesquelles donnent pour la valeur de cette équation lorsque l’argument est de on trouve

valeur d’un tiers plus grande que celle que donne le mouvement de l’apogée du Soleil, et qui doit, par conséquent, être regardée comme trop forte.

Si maintenant on prend le milieu entre les deux Tables de la Caille et de Mayer, il en résultera pour une valeur qui sera moyenne arithmétique entre les deux précédentes, et qui sera par conséquent cette dernière valeur de est, comme l’on voit, un peu plus petite que celle qui résulte du mouvement de l’apogée du Soleil ; mais la différence est moindre qu’un dixième, en sorte qu’on peut la négliger et regarder ces deux valeurs comme à peu près égales.

XV.

Je crois donc pouvoir conclure de tout ce que je viens de dire que la détermination de la masse de Vénus, qui a servi de base à ma Théorie de la diminution de l’obliquité de l’écliptique, et qui a donné cette diminution de pour le siècle courant, est aussi plausible qu’on peut le désirer : 1o parce que cette détermination est fondée sur l’hypothèse très-naturelle que la densité de Vénus soit tant soit peu plus grande que celle de la Terre ; 2o parce qu’elle s’accorde très-bien avec celle qui résulte du mouvement très-connu de l’apogée du Soleil ; 3o parce qu’elle s’accorde aussi à très-peu près avec le milieu pris entre les deux équations de Vénus dans les Tables du Soleil de l’abbé de la Caille et de Mayer.


Séparateur

  1. Ce Mémoire a été lu par l’Auteur à l’Académie des Sciences de Berlin, le 26 février 1778. Il a été traduit en allemand par Schulze, et inséré dans les Éphémérides de Berlin pour l’année 1782. Nous reproduisons ici le Mémoire original en français, retrouvé dans les papiers de Lagrange qui sont déposés à la Bibliothèque de l’Institut de France.
    (Note de l’Éditeur.)
  2. Œuvres de Lagrange, t. VI, p. 635.
  3. Œuvres de Lagrange, t. VI, p. 647.
  4. Œuvres de Lagrange, t. VI, p. 647.