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Analyse du Kandjour/Le Dulva/11

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Csoma de Körös
Traduction par Léon Feer.
Texte établi par Musée Guimet, Paris (Tome 2p. 195-199).
VOLUME XI — (Da)

Ce volume contient 708 feuilles et 33 livres du 18me au 60me inclusivement.

Sujet : Le titre de ce volume et du précédent (Menus détails sur la discipline) indique clairement la nature des matières qui s’y trouvent. Elles sont de peu d’importance, si l’on excepte un petit nombre d’allusions à des événements, des personnes, des coutumes, des mœurs, des villes ou pays. Ces volumes sont remplis principalement d’instructions religieuses, de règles pour la conduite des prêtres et leurs diverses transgressions. Ñe-var-hkhor (Sk. Upâli, le prétendu compilateur de la collection Dulva, pose des questions à Çâkya sur la manière d’agir dans tel ou tel cas et de recevoir ses instructions à ce sujet[1].

Feuilles 22. — Dgah-vo (Sk. Nanda), prêtre qui se trouve avec Çâkya à Çrâvasti, reçoit de son ancienne épouse Bzang-mo, de Ser-skya (Sk. Kapila) plusieurs étoffes calendrées ou glacées à l’ivoire.

Feuille 53. — Quand on ne peut pas se procurer du bois pour brûler un corps mort et qu’il n’y a pas de rivière pour l’y jeter, on peut l’enterrer.

Feuille 61. — Mort de Çarihi-bu. Réflexions qu’il inspire à Çâkya. Un riche propriétaire de Çrâvasti élève un Mchod-rten (sk. Caitya) sur ses restes, et institue une fête annuelle en souvenir de lui. Le roi de Koçala décide que les marchands qui viendront des pays étrangers pour assister à la célébration de fêtes de ce genre seront exempts de droits ou de taxes (folio 68).

Feuilles 126-127. — Katyahi-Bu (sk. Katyâyana) devient disciple de Çâkya qui lui explique comment d’autres philosophes sont dans deux extrêmes, tandis que lui (Çâkya) tient la voie moyenne ; il l’instruit de quelques-uns de ses principes, spécialement des quatre grandes vérités et de l’enchaînement des douze causes[2].

Feuille 130. — Katyâyana, avec cinq cents autres prêtres, est envoyé par Çâkya pour convertir à sa doctrine le roi de Hphags-rgyal[3] Gtum-po-rab-snang[4] avec ses épouses, son fils et ses officiers. Dans le trajet, il passe par Kanya-kubja où il avait une connaissance, un Brahmane, alors décédé. Histoire de la fille de ce Brahmane, qui avait une magnifique chevelure. — Arrivée de Katyâyana ; — réception qui lui est faite par le roi. — Succès qu’il obtient. — Comment le roi épousa la donzelle. — Anecdotes à ce sujet. (Feuille 194.) Le roi élève des Vihars et fait plusieurs donations aux compagnons de Katyâyana. (Folio 197 à 207) Divers dictons ingénieux en vers. (Folio 207 à 209) Les dix forces d’un Buddha.

Feuille 227. — Énumération versifiée de plusieurs défectuosités du corps humain. Défense de recevoir dans l’ordre religieux de Çâkya ceux qui les ont.

Feuilles 230 à 253. — Récit des grands prodiges faits par Çâkya à Çrâvasti en Koçala. Les six docteurs Mu-stegs-can (sk. Tirthika), mécontents de la façon dont ils sont traités par le roi, les officiers, les Brahmanes et le peuple en général, qui se montrent tous très favorables à Gautama et à ses sectateurs, tellement qu’il réussissent à peine à gagner leur vie, s’efforcent de rivaliser avec Gautama en faisant des prodiges qui témoignent de leur habileté et de leur force. Ils sont défaits : de honte, quelques-uns mettent fin à leur existence, d’autres se retirent dans les montagnes au nord de l’Inde. — (Feuille 248.) Grand et universel étonnement causé par les miracles de Gautama : applaudissements qu’ils excitent.

Feuilles 253 à 307. — Histoire de Bskyed-pa, roi dans le Lus-Hphags (sk. Videha) et autres contes rapportés par Çâkya : — intrigues politiques. — Histoire ultérieure des six docteurs sus-mentionnés.

Feuille 276. — Histoire de Sman-Chen, fils de Gang-po, de la ville de Purnakacha, dans une contrée montagneuse.

Feuilles 321 à 325. — Ço-Çum-Pa, femme rusée. Histoires ingénieuses d’adresse féminine. (Feuille 326.) Mention de la rivière Hbal-gumata sur les bords de laquelle les prêtres de Çâkya faisaient habituellement leurs exercices.

Feuille 326. — Çâkya dans le parc du Nyagrodha (près Ser-skya. sk. Kapila). Gautamî avec cinq cents autres femmes de race Çâkya, se rend près de Çâkya et lui demande de les recevoir dans l’ordre religieux. Il refuse et les engage à rester dans l’état séculier en portant des habits bien propres. Elles ne renoncent pourtant pas ; elles le suivent dans son voyage à travers le pays de Brija jusqu’à Nadika. Elles renouvellent leur demande à plusieurs reprises. À la fin, à la prière de Kun-dgah-vo (sk. Ananda), il leur permet d’adopter la vie religieuse. — Plusieurs règles et instructions relatives à l’ordre des nonnes. — Plusieurs histoires de ces femmes, arrivées pour la plupart à Mñan-yod (sk. Çrâvasti).

Feuilles 488 à 524. — Histoire de Padma-Sñing-po, célèbre Brahmane, à Hdod-pa-hthun-pa en Koçala ; répétition de ce qui se trouve dans le deuxième volume (Kha) du Dulva (feuille 155 à 192) et dont on a donné ci-dessus le résumé[5].

Feuille 581. — Çâkya, étant en voyage, se rend à Gyad-yul « le pays des champions » et à Rtsa-can (« l’herbeuse », nom qui vient de l’herbe kuça) la moderne Kâmru ou Kâmarupa, en Assam[6], jadis résidence du grand roi Kuça-can ; il s’arrête quelque temps sous deux arbres Çala.

Feuille 591. — Circonstances qui précédèrent la mort de Çâkya.

Feuilles 635-636. — Mort de Çâkya. Les principaux actes de sa vie énumérés par Hod-Srung à Vyar-Byed, officier du roi de Magadha : il lui enseigne le moyen d’informer le roi de son décès (ce moyen consiste à représenter, par la peinture, les différentes scènes de sa vie). — Réflexions sur la vie par plusieurs dieux. — Les funérailles font naître des contestations entre huit tribus ou cités à propos des reliques (Sku-Gdung) de Çâkya. On les apaise en donnant une part à chacune. Caityas construits pour ces reliques.

Feuille 667. — Après la mort de Çâkya[7], Hod-Srung (sk. Kâçyapa) devient le chef de la secte ; sous sa direction cinq cents prêtres accomplis (sk. Arhat, tib. Dgra-bcom-pa) se réunissent en un lieu appelé la grotte de l’arbre Nyagrodha, près de Râjagṛha et font la première compilation de la doctrine enseignée par Çâkya. Le Mdo-sde ou classe du Sûtra est compilé par Kun Dgah-vo (sk. Ananda). Le Dulva (sk. Vinaya) l’est par Ñe-var-Hkhor (sk. Upâli), le Ma-mo ou Chos-mngon-par Mdzod (sk. Abhidharma) l’est par Hod-srung (sk. Kâçyapa). Il préside la secte pendant plusieurs années, nomme Kun-Dgah-vo son successeur, et meurt sur la colline de Bya-gag-rkang près de Râjagṛha (folio 679).

Feuille 684. — Kun-dgah-vo (sk. Ananda), après avoir été pendant plusieurs années le chef de la secte bouddhiste, confie la doctrine de Çâkya à Çanahi-gos-can, le désigne comme son successeur et meurt au milieu du Gange (dans une île imaginaire) entre Yangs-pa-can et Magadha. Son corps est divisé en deux parties ; l’une est prise par les Licabyi de Yangs-pa-can qui élèvent un Caitya pour l’y déposer ; l’autre par le roi de Magadha qui bâtit, lui aussi, un Caitya à Skya-snar-bu (sk. Pâtaliputra) sur sa part de reliques.

Folio 687. — Ñi-mahi-Gung est reçu dans l’ordre religieux par Kun-dgah-vo qui lui ordonne d’introduire la foi dans le Kâçmir et lui enseigne les moyens de le faire, selon la prédiction de Çâkya (folio 688) — Comment il civilisa la race des serpents et leur chef Huluta ; — comment il y planta et bénit le safran et comment il posa les fondements de la religion bouddhique dans le pays de Kâçmir, cent ans après la mort de Çâkya qui avait cité ce pays comme un lieu convenable pour y habiter et s’y livrer à la contemplation.

Feuille 690. — Çanahi-gos-can confie la doctrine bouddhique à Ñe-Sbas ; celui-ci à Dhitika ; celui-ci à Nag-po ; celui-ci à Legs-mthong.

Cent dix ans après la mort de Çâkya, les prêtres de Yangs-pa-can violent ses préceptes de maintes manières. — Discussions diverses sur des bagatelles. — À la fin, sept cents prêtres accomplis (sk. Arhat, tib. Dgra-bcom-pa) font une nouvelle compilation des ouvrages bouddhiques à laquelle on a donné le nom (quelque peu analogue à celui de nos Septante) de Bdun-brgyas-yang-dag-par-brjod-pa (« ce qui a été clairement exprimé par les sept cents » prêtres accomplis).

Ainsi finit le onzième volume traduit (au ixe siècle) par Vidya-kara-prabha et Dharma-Çri-prabha, pandits de l’Inde et par le Lotsava (interprète) tibétain Bande-Dpal-Hbyor. Les trois dernières feuilles (de 706 à 708) renferment quelques remarques d’un Lama, Nam-Mkhah-grags du monastère de Snar-thang, non loin de Teçi-lhun po, sur les imperfections de ces deux volumes, telles que termes vieillis, inexactitudes de traduction, incorrections du texte, répétition d’histoires racontées précédemment, etc. Il met en avant plusieurs raisons pour expliquer comment les anciens réviseurs ont laissé les volumes sacrés dans cet état.

  1. Le texte no 20 du volume V du Kon-tsegs (section III) est intitulé : Questions d’Upâli. (L. F.)
  2. Voir ci-dessous la IIe division du Çer-phyin. (L. F.)
  3. Ujjayani ou Oujein en Mâlava. — (Note de Csoma.)
  4. Raja Pradyota (appelé « le passionné » ou « cruel »). — (Note de Csoma.)
  5. Voir ci-dessus pp. 36-37. (L. F.)
  6. Identification géographique inexacte. Cette localité n’était pas du tout dans l’Assam.
    (L. F.)
  7. Csoma renvoie ici à la traduction de la mort de Çâkya qui se trouve dans le même volume des Asiatic Researches, (II, p. 285-317). — M. Foucaux a reproduit ces détails à la suite de son Histoire du Bouddha Sakya-Mouni, traduit du tibétain, Paris. 1860, in-4o ». (L. F.)