Annales de pomologie belge et étrangère/Coe’s Golden drop plum

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COE’S GOLDEN DROP.

Coe’s Golden drop plum.

(Prune Goutte d’or de Coe.)
Synonymies : Bury Seedling, Coe’s impérial, New Golden drop, Fair’s Golden drop, Golden Gage.

Cette prune est généralement connue, dans les collections du continent, sous le nom de Coe Golden drop ou Goutte d’or de Coe. Les synonymies ci-dessus mentionnées appartiennent toutes à l’Angleterre. On la dit provenir d’un semis de M. Coe, jardinier à Bury dans le Norfolk ; cette origine fort récente est cependant contestée, car on lui oppose le fait, qu’un arbre de cette variété, âgé d’au moins 50 ans, fut abattu, vers 1844, dans la propriété de M. Sholey à Putney.

Nous n’admettons qu’avec peine ces susceptibilités en pomologie ; le véritable auteur d’un fruit, à défaut de celui qui l’a semé, est pour nous celui qui le fait connaître. Il arrive souvent, en effet, que, soit par ignorance, soit pour la vaine gloriole de posséder seul telle ou telle variété, l’inventeur tient, si je puis m’exprimer ainsi, la lumière sous le boisseau, et empêche qu’on profite de son travail ou d’un heureux hasard. Si les Hardenpont, les Duquesne, les Deschamps, les Liard, les Van Mons, les Esperen, les Bouvier et tant d’autres, eussent agi de la sorte, la plupart des bons fruits qu’ils ont gagnés seraient encore ou inconnus ou peu répandus. Quoi qu’il en soit, et malgré les allégations de quelques pomologues anglais, la prune Goutte d’or, attribuée primitivement aux soins de M. Coe, doit lui rester acquise, et son nom durera autant que la variété elle-même.

Le fruit est gros, oblong, parfois en forme de cloche, c’est-à-dire fortement et courtement rétréci vers le pédoncule et renflé vers sa partie supérieure ; d’autres fois, il forme un ovale presque parfait. La couture ou sillon, fort peu accusée vers sa base, est plus tranchée vers son sommet, et divise le fruit en deux parties inégales dont une moitié dépasse l’autre. Le point pistillaire, petit et peu apparent, est placé dans un léger enfoncement à l’extrémité du sillon. La peau, mince, transparente, jaune-clair, est maculée de taches rouge-obscur ou violacé du côté du soleil et principalement vers le pédoncule, qui est assez raide, de grosseur moyenne, verdâtre, long de 20 à 25 millimètres et placé dans une cavité peu profonde et arrondie.

La chair, jaune d’or, transparaît à travers la peau à l’époque de la parfaite maturité, et donne à celle-ci une apparence splendide ; elle est presque ferme et remplie d’un jus abondant, doux et parfaitement arômatisé. Le noyau est très-aplati, allongé vers le sommet et ovalement arrondi à la base ; il adhère partiellement à la chair.

La maturité de la prune Coe a lieu en Belgique pendant le mois de septembre ; mais nous lisons à cet égard, dans les Transactions horticoles de M. Knight, la note suivante :

« Je saisirai cette occasion de signaler à l’attention de la Société les mérites d’une prune nouvelle, la Goutte d’or de Coe, comme un fruit de dessert et de garde, trop peu connu du public. Ayant suspendu par leurs queues, dans un appartement sec, quelques fruits de cette variété, cultivés en espalier au couchant en 1808, je les trouvai parfaitement sains au milieu de décembre, et ils furent jugés au moins égaux en saveur et en parfum à la Reine Claude. On me dit qu’ils réussissent fort bien en plein-vent ; il faut observer cependant que, cultivés de cette manière, le fruit se fend souvent et se durcit, à moins que la saison ne soit très-favorable. »

Cette variété, bien digne d’être admise dans nos jardins, n’égale pas cependant, en Belgique, l’excellente Reine Claude dorée. L’assertion de M. Knight provient-elle d’une certaine exagération en faveur d’un produit indigène, ou est-elle due à l’influence du sol ? Nous n’oserions nous prononcer à cet égard.

Comme il résulte de cette note que la Coe est ordinairement cultivée en espalier en Angleterre, et que cette culture seule assure à cette prune la beauté et les qualités qui la font rechercher, nous conseillons d’en agir de même, car l’arbre, cultivé en haut-vent, sous notre climat, est plutôt malingre que vigoureux, et ses fruits, dans les années humides, sont plus sujets au ver et à la gomme que bien d’autres prunes de premier ordre. Il y a cependant quelques localités en Belgique, telles que la vallée de la Meuse, ou d’autres placées dans des conditions identiques, où la culture de cette variété offre de bons résultats. On peut sécher les fruits qui n’ont pas été consommés frais et en faire d’excellents pruneaux.

Alexandre Bivort.