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Annales de pomologie belge et étrangère/Prune Jefferson

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Prune Jefferson.


(Spécimen récolté sur haut-vent.)

L’introduction en Belgique de cette variété américaine date de quelques années, et on la voit figurer sur les catalogues de nos principaux pépiniéristes dès 1848. Il est néanmoins probable que peu de personnes ont pu déjà la déguster, sa culture dans nos jardins étant encore trop récente.

Ce fruit, des plus estimés dans son pays natal, nous paraît mériter également en Belgique les éloges que lui donne l’auteur américain Downing, dans l’article qu’il lui a consacré. Voici un extrait de cet article :

« Il existe une prune très-demandée, belle, et des plus désirables comme fruit de dessert : vous avez déjà sans doute trouvé le nom de cette nouvelle variété. Quand elle est tout à fait mûre, elle égale en saveur le Green-Gage, qui ne peut être surpassé sous ce rapport ; mais quand nous comparons la petitesse et l’apparence insignifiante de ce dernier fruit, avec la beauté de la Jefferson, nous devons admettre que celle-ci tient le premier rang ; sa grosseur égale celle de la Washington, mais son coloris est plus vif, plus splendide, et l’époque de sa maturité est de dix à quinze jours plus avancée.

» Elle reste longtemps sur l’arbre, s’améliore graduellement en saveur et n’est pas, comme beaucoup d’autres, sujette à être attaquée des guêpes.

» Nous avons reçu la Prune Jefferson, il y a peu d’années, de feu M. le juge Buel, par qui elle a été gagnée et nommée. L’arbre mère existe encore dans ses jardins près d’Albany. Il est très-fertile, et lorsqu’il est chargé de ses fruits, il présente le plus beau coup d’œil. »

Cette variété, transplantée sous le climat de la Belgique, nous paraît différer en quelques points des indications données par Downing ; au lieu de précéder la Washington, elle lui succède, car nous n’avons pas encore vu la Jefferson mûrir avant le 15 septembre. Son volume est moindre que ne l’indique l’auteur américain, mais c’est réellement une excellente prune, très-sucrée et bien parfumée.

Le fruit est gros, ovale-arrondi, légèrement rétréci vers sa base. La peau, jaune d’or, plus ou moins ponctuée de pourpre violacé et maculée de pourpre rouge sur les joues, est couverte d’une légère fleur blanche et se détache de la chair. Le pédoncule, long d’un pouce, assez gros, brun, est placé dans une petite cavité arrondie. La couture est superficielle et sépare le fruit en deux parties égales. Le point pistillaire est petit, roux, placé à fleur du fruit. La chair, jaune d’abricot, se détache partiellement et parfois complétement du noyau ; elle est succulente, remplie d’un jus sucré, abondant et de haute saveur. Le noyau est assez gros, ovale allongé pointu.

L’arbre est de vigueur moyenne ; son bois est rouge brun violacé, lisse.

Ses rameaux sont droits, grêles, un peu cotonneux.

Les feuilles sont ovales-lancéolées, planes, longues de 8 à 10 centimètres, sur 6 à 7 de largeur.

Le pétiole est gros, canaliculé.

A. Royer.