Anthologie de la littérature ukrainienne jusqu’au milieu du XIXe siècle/Pidlissie

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Pidlissie. (Son village natal.)

Le vent souffle, souffle en tempête
Sur les forêts et les montagnes,
Il emporte ma pensée triste
Vers la maisonnette de Pidlissie.

Là tu te reposeras, ma pensée,
Dans les vertes forêts de pins,
Tu oublieras ton chagrin, tu te consoleras
Des heures malheureuses.

Là, le vieux chêne te racontera,
Et celui-ci et celui-là,
Comment j’ai passé là ma jeunesse
Sans chagrins et sans soucis.

Là, tu apprendras de la sapinière
Et de tous les autres bois,
Comme mon cœur a joué là
Dans les heures claires.

Le rossignol dans le jardin
Gazouillait sa chanson,
Déroulant dans des chants
Les années de ma jeunesse.

Là, se trouve le puits frais
Où l’on puise l’eau à l’antique[1]
Et plus que le bonheur, c’est son eau
Qui attire mon âme.

Colline blanche de Pidlissie !
Lorsque je ne te vois plus,
Mon cœur est lourd, je suis triste,
Il s’en faut de peu que je ne pleure.

Aimable contrée !
Tu as pris mon cœur ;
Mon âme, comme un amoureux
Sa bien-aimée, te désire.

Là se trouve l’amour, la douceur,
La gaieté, le bonheur !
Comme dans les bras d’une femme aimée.
On voudrait y vivre toujours.

  1. Le seau est attaché au bout d’une poutre de chêne, à l’autre extrémité de laquelle est fixée une pierre pour faire contrepoids.