Architecture rurale, premier cahier, 1793/Texte entier

La bibliothèque libre.
Maison de terre ou de pisé décorée
Maison de terre ou de pisé décorée
Même maison de terre sortant de la main de l’ouvrier
Même maison de terre sortant de la main de l’ouvrier
ÉCOLE
D’ARCHITECTURE RURALE,
PREMIER CAHIER,

Dans lequel on apprendra soi-même à bâtir solidement les Maisons de plusieurs étages avec la terre seule ;

Ouvrage dédié aux Français en 1790, revu et corrigé par l’Auteur, l’an 2me de la République Française, une et indivisible, dans le mois de Floréal.

SECONDE ÉDITION.
À PARIS,
Chez le Citoyen Cointeraux, Professeur d’Architecture rurale, rue du faubourg Honoré, no. 108, en face de la grande rue Verte.
OU
Chez le Citoyen Fuchs, Libraire, quai des Augustins, no. 28.

INTRODUCTION.


La possibilité d’élever les Maisons de deux, même de trois étages, avec la terre seule, d’entreposer sur leurs planchers les plus lourds fardeaux et d’y établir les plus grosses fabriques, étonne tout le monde, ou plutôt tous ceux qui n’ont pas été à la portée de voir ces constructions originales ; c’est pour les en convaincre que je vais commencer par l’art du pisé, le cours d’étude qu’il est urgent de faire pour accélérer la multiplication des petites propriétés dans la campagne, si désirée par la Convention Nationale, et répétée par mille et mille auteurs.

Si je suis assez heureux de satisfaire mes compatriotes, je dois espérer de leur zèle un concours suffisant, sans lequel je ne saurois compléter cette entreprise essentielle ; ils ne verront, sans doute, dans l’achat de ce petit Traité, qu’une contribution patriotique, pour m’aider à répandre dans toutes les parties de la République, un nouvel art qui seul peut garantir les campagnes du fléau des incendies, puisqu’il pourra s’exécuter par les propriétaires les plus indigens.

Avant de traiter des maisons faites avec la terre qu’on nomme pisé, je crois nécessaire de donner un apperçu sur l’origine de cet art.

ORIGINE DU PISÉ.

Le pisé est une opération manuelle, fort simple ; c’est en comprimant la terre dans un moule ou dans un encaissement, qu’on parvient à faire de petites, de grandes et de hautes maisons : le pisé seroit plus significatif par celui de massiver ou massivation, car cet ouvrage est véritablement un massif, puisqu’il n’y reste aucun joint, tandis que le mortier en fournit d’innombrables pour la liaison des pierres ; mais il faut bien se soumettre aux termes d’ouvriers, à toutes ces dénominations vulgaires que l’on a été forcé d’adopter dans la langue française : cependant je préviens que je me servirai indifféremment, dans le cours de cet ouvrage, des mots piser, massiver, presser, comprimer ou battre la terre.

L’origine du pisé, quoique peu connu dans la France, oublié dans les autres états, remonte aux premiers siècles : à entendre Pline, il paroît que Noé en fut le premier inventeur, ayant appris cela, dit-il, en voyant faire le nid aux hirondelles[1] : quoi qu’il en soit, il est certain que les anciens ont connu et pratiqué cet art. Le même auteur ajoute : Que dirons-nous des murailles de pisé qu’on voit en Barbarie et en Espagne, où elles sont appellées murailles de forme, puisqu’on enforme la terre entre deux ais : cette terre, ainsi pressée, résiste à la pluie, aux vents et au feu ; il n’y a ciment ni mortier qui soit plus dur que cette terre ; ce qui est si vrai, que les guettes et lanternes qu’Annibal fit construire en Espagne, et les tours qu’il fit bâtir sur les cimes des montagnes, sont encore existantes ; néantmoins elles sont de pisé.[2]

M. Goiffon prétend que les Romains faisoient usage du pisé ; on ne sera point fâché si je rapporte ici les remarques de cet académicien : On conçoit aisément pourquoi une coutume qui n’a pas pour principe une utilité réelle, peut être circonscrite dans une province ; mais on ne rend pas si facilement raison de cette localité, si nous pouvons nous exprimer ainsi, quand elle tend au bien général, soit relativement à l’économie sur les matières premières, soit à la diminution et à la promptitude du travail. L’art du maçon piseur, que nous publions[3], renferme ces avantages. Cet art de construire en pisé se transmet de génération en génération dans le Lyonnois, par une succession non interrompue, à remonter jusqu’aux anciens Romains, qui l’habitèrent, et vraisemblablement l’y apportèrent, ainsi que la culture de la vigne et nombre d’autres arts, dans la pratique desquels on retrouve encore et leurs termes et leur génie.

M. l’abbé Rozier[4] a découvert qu’on employe le pisé en Catalogne. L’Espagne, comme la France, a donc une seule province où l’on ait conservé cet antique genre de bâtir : sans doute qu’il ne s’est pas plus répandu dans ce royaume que dans ce pays ; à peine chez nous le fait-on exécuter dans les provinces circonvoisines au Lyonnois, ce n’est que dans une partie du Dauphiné, de la Bourgogne, du Vivarais, où on l’entreprend. La Bresse, qui a d’excellentes terres à piser, construit encore en bois : le pisé gagne peu de pays, il faut nécessairement le propager, particulièrement dans les pays au nord de Paris, où les matériaux sont si rares, même manquent. Il faut aussi le faire exécuter sur les montagnes, dans les vallées, où les transports sont difficiles, bien souvent impossibles : il faut s’en servir en tous lieux, puisque le pisé ne coûte que la main d’œuvre, exclut toutes espèces de matériaux, toutes leurs voitures et toutes sortes de préparations ; enfin il faut bâtir par cette méthode dans toutes les campagnes, puisque les bâtimens des fermes, que l’on est obligé de faire de grande étendue pour l’exploitation et pour y fermer les récoltes volumineuses, coûtent immensément et ne rendent rien.

Outils nécessaires au pisé.

La dépense de ces outils est modique, la plupart étant d’un usage commun ; il ne s’agit que de les indiquer, pour passer de suite à la description de ceux que l’on aura à faire construire.

Liste des outils pour le pisé.

Planche I.

Fig.
1. Un des côtés du moule vu extérieurement.
2. L’autre côté du moule vu intérieurement.
3. Tête du moule vue par-dehors.
4. L’autre face vue en dedans.
5. Bouts de planches taillés en coins.
6. Petit bâton appellé gros de mur.

Planche II.

7. Poteau vu à plat, ainsi que son tenon.
8. Le même poteau vu sur le dos, ainsi que son tenon.
9. Clef vue à plat, où sont pratiqués ses mortaises.
10. La même clef vue par-dessus et par côté, ou vue en perspective.
11. Moule monté, où l’on voit l’ensemble de tous les outils marqués ci-dessus ; plus, une petite corde F et un petit bâton ou bille G.
12. Pioche tranchante, vue par côté avec son manche.
13. La même pioche vue couchée.

Planche III.

Fig.
14. Pisoir avec lequel on comprime la terre, vu en face.
15. Le même pisoir sur une grande échelle, vu par côté.
16. Plan de cet outil, vu par dessus.

Les autres outils dont on a besoin, sont ; des pioches ou bêches ; des pelles ; des paniers ; corbeilles ou hottes ; un arrosoir de jardinier ; des truelles ; un plomb de maçon une hache ; un marteau ; des sergens de menuisier ; un maillet, une scie, et des clous.

Construction du moule.

On prendra des planches de 10 pieds de longueur chacune, bois blanc, afin que le moule, en étant plus léger, puisse se manier et se transporter plus facilement par les ouvriers. Le bois le plus convenable est sans doute le sapin, parce qu’il est moins sujet à se déjetter ; c’est aussi par cette raison qu’on choisit les planches les plus sèches, les plus droites, les plus saines, enfin où il y ait moins de nœuds.

La hauteur la plus ordinaire du moule est d’environ 2 pieds 9 à 10 pouces : si l’on met trois planches pour chaque côté de l’encaissement, il faut donc que chacune d’elles portent un pied de large, attendu qu’étant feuillées et languettées, il puisse rester cette hauteur ; mais si les planches avoient moins de large, comme 9 à 10 pouces, alors on fera scier en longueur une planche, pour y prendre la partie nécessaire pour completter la hauteur du moule.

Les six ou sept planches choisies, doivent être blanchies des deux côtés au rabot ; on pourroit ce pendant se passer de le faire en dehors, puisque ce n’est que leur face intérieure qui doit former les paremens lisses des murs : mais mon expérience m’a appris que cette négligence nuit de plusieurs manières ; la terre s’attache sur les côtés extérieurs qui n’ont point été blanchis, ce qui rend le moule plus lourd, sur-tout lors des pluies, tandis qu’étant lisse ou uni par quelques coups de rabot, on peut le tenir toujours propre en le nettoyant d’un tour de bras avec un torchon de paille.

Pour lier solidement les trois planches ou trois planches et demie emboîtées à languettes et rainures, on pose, on cloue et on rive dessus quatre petites planches, appelées barres ; celles qui sont aux extrémités ont 10 pouces de large, et les deux autres, qu’on espace également, en ont 8. Voy. planch. I, fig. 1, où l’on remarquera encore que l’on cloue deux poignées à chaque partie du moule, pour les supporter. Ces poignées se font en fer ; mais, pour plus d’économie, on peut se servir de nerfs de bœuf.

La tête du moule qui sert à former les angles des bâtimens en terre, doit se faire de deux petites planches rainées, languettées et blanchies des deux côtés ; on pourroit n’y employer qu’une seule planche, puisqu’elle n’auroit que 18 pouces de large sur trois pieds de hauteur ; mais on sent qu’elle se déjetteroit : ainsi on placera, clouera et rivera deux petites barres de 4 pouces de largeur. Voy. planche I, fig. 3, où l’on remarquera encore que la largeur de cette partie du moule diminue insensiblement sur sa hauteur, pour donner le talus ou le fruit au mur.

Toutes les planches et barres mentionnées ci-dessus, doivent avoir chacune, après qu’elles ont été blanchies au rabot, au moins 13 lignes d’épaisseur.

Les coins, planche I, fig. 5, ne sont autre chose que les débris de planches d’un pouce d’épaisseur, et de 8 à 12 pouces de hauteur ; et à l’égard des gros de mur, fig. 6, ce sont des petits bâtons que l’on coupe sur l’épaisseur du mur que l’on a à faire.

On vient de voir qu’il y a huit barres pour arrêter l’assemblage de deux grandes parties de l’encaissement ; ces barres servent également pour recevoir huit poteaux et quatre clefs.

Les poteaux, planche II, fig. 7 et 8, peuvent se faire avec des bois de sciage équarris, ou avec des bois de brins ronds, n’importe leur qualité ; ainsi on se servira indifféremment des bouts de soliveaux, de chevrons, de petits arbres ou de leurs branches.

Ces poteaux doivent surmonter la hauteur du moule d’environ 18 pouces ; il les faut donc à peu près de 5 pieds de hauteur, y compris leur tenon de 6 pouces et de 3 pouces sur 4 de grosseur. La partie qui doit appuyer contre les barres de l’encaissement, sera applatie et tirée à la varlope en ligne droite, n’importe que le surplus soit brut ou rond.

On peut aussi se servir indifféremment de toute espèce de bois pour faire les clefs ; cependant, pour la durée, on doit préférer les bois durs, tels que le chêne, le frêne, le hêtre, et autres. Comme la solidité du pisé exige que les murs aient le plus souvent 18 pouces d’épaisseur, il faut donc 3 pieds et demi de longueur à chaque clef ; ainsi on équarrira les bois sur cette dimension, ou on se servira de quelques bouts de soliveaux que l’on a toujours de reste dans les bâtimens ou dans les fermes. On les réduira à 3 pouces et demi de largeur, sur 3 pouces d’épaisseur ; sur la largeur, on tracera les deux mortaises, ainsi qu’il est marqué planche II, fig. 9 et 10 ; ensuite on percera avec une tarière plusieurs trous, pour dégager le ciseau qui percera à jour la mortaise : ces dernières doivent avoir chacune 10 pouces et demi de longueur sur un fort pouce de largeur, et à chaque extrémité on laissera 3 pouces et demi, de manière qu’il restera d’intervalle entre les deux mortaises 14 pouces ; dimension restreinte et nécessaire pour laisser rapprocher les deux parties du moule, qui faciliteront à donner le talus aux murs à fur et mesure que l’on élévera la maison, de manière qu’on puisse réduire les murs de terre près le toit à cette épaisseur de 14 pouces.

Reprise des mesures d’une clef.

pieds. pouces.
Les deux bouts ou extrémités à 3 pouces et demi chacun, ci 
0 7
Les deux mortaises à 10 pouces et demi chacune ci 
1 9
L’intervalle restant entre lesdites deux mortaises, qui laisse la liberté de pouvoir diminuer insensiblement l’épaisseur des murs jusqu’à cette mesure, ci 
1 2
Longueur totale de la clef 
3 pied. 6 pouc.

Les choses les plus simples sont difficiles à comprendre, lorsqu’on ne les a jamais vues ; c’est pourquoi j’ai tracé, pl. II, fig. 11, l’encaissement monté, dont je vais faire la description, pièce par pièce, en commençant par la première jusqu’à la dernière, tout de même que les maçons doivent les poser pour établir complettement le moule.

Établissement du Moule sur un mur.

A. Mur en maçonnerie de 18 pouces d’épaisseur, sur lequel on veut élever le mur de terre ou pisé.

B. Clef posée dans une tranchée à travers le mur.

CC. Les deux côtés du moule qui embrassent par en-bas le mur de 3 pouces de hauteur.

DD. Les deux poteaux dont les tenons entrent dans les mortaises de la clef.

E. Gros de mur qui fixe le moule par en-haut, et qui est moins long de 6 lignes que le mur d’en-bas n’est épais, pour laisser le fruit ou talus au mur.

F. Petite corde de 4 à 5 lignes de diamètre, faisant plusieurs tours aux poteaux.

G. Petit bâton ou bille, qui bride la corde autant que l’on veut, en faisant plusieurs tours, et qui vient s’arrêter contre un des poteaux.

HH. Coins qui entrent dans les mortaises de la clef, et qui serrent singulièrement par le bas les poteaux et le moule contre le mur.

Tel est ce petit équipage et l’opération pour monter le moule : on renverse l’ordre qu’on a suivi, pour le démonter, en commençant à délier la corde, repousser les coins, enlever les poteaux, retirer le moule et les clefs pour replacer le tout de nouveau.

Outil avec lequel on Bat la terre.

L’outil le plus conséquent au pisé, d’où dépend la solidité de cet ouvrage, sa durée de plusieurs siècles, en un mot, sa perfection, ou, au contraire, sa mauvaise qualité, est celui avec lequel on travaille ou massive la terre ; il ne faut pas s’y méprendre, ce genre de bâtir renferme les deux extrêmes, ou parfaitement bon, ou excessivement mauvais : cet outil important, dis-je, se nomme pisoir. Voyez les figures de la planche III.

Quoique cet instrument paroisse fort aisé à faire, l’on rencontrera plus de difficultés qu’on ne le pense, lorsqu’on l’entreprendra ; c’est pourquoi je vais entrer dans la voie méthodique que l’on pourra suivre pour le bien faire exécuter.

On commencera par prendre un morceau de bois dur, soit chêne, soit frêne, soit hêtre ; et toutes les fois que l’on pourra se procurer des pieds ou racines de ces arbres, même d’ormes, de noyers et autres, il faut les préférer, à cause de l’étroite union de leurs pores ou parties ligneuses : lorsqu’on aura réduit et équarri un morceau de bois brut, rond, ou le plus uniforme possible, à 10 pouces de longueur, 6 pouces de largeur et 5 pouces d’épaisseur, tel que le représente la fig. 16, pl. III, on tracera une ligne dans son pourtour à 6 pouces de sa hauteur, ainsi qu’elle est marquée aux fig. 14 et 15 ; ensuite on divisera en deux toutes les autres faces de ce morceau de bois où l’on tirera par-tout des lignes qui les partageront également.

C’est d’après ces lignes de division qu’il sera aisé de perfectionner cet outil ; d’abord on tracera dessous deux lignes à côté de celle du milieu, qui laisseront entre elles un pouce et demi d’épaisseur, ensuite on délardera de la ligne du pourtour le bois superflu, ce qui formera d’abord une espèce de coin : cela fait, on circonscrira par-dessus, avec un compas, un cercle de 4 pouces de diamètre, et on ôtera à l’entour tout le bois, en venant terminer insensiblement à la ligne du pourtour ; après quoi on abbattra les arêtes, en les arrondissant, sur-tout par-dessous, ou on polira le bois autant qu’on pourra. C’est en prenant la patience, je le répète, de bien équarrir un morceau de bois et de tracer la ligne du pourtour et les lignes centrales, que l’on ne se trompera pas, et qu’on expédiera la construction de cet outil.

Pour y placer un manche, on serrera cet outil dans un étau ; c’est le plus sûr moyen d’y percer bien droit, avec les tarières, le trou qui doit avoir 2 pouces de profondeur. Voyez planche III, fig. 15. Le manche est un bâton d’un pouce de diamètre par le bas, et de 15 lignes par en-haut, pour que l’ouvrier puisse fermement le tenir dans ses deux mains en le bien empoignant : toute la hauteur de cet outil emmanché doit avoir environ 4 pieds ; cependant un peu plus haut ou plus bas, suivant la grandeur des ouvriers, qui sauront bien le réduire à la hauteur qui leur sera la plus commode, après qu’ils auront travaillé quelques heures.

Pratique du pisé.

Qu’on ne s’y trompe pas ! le pisé est bien différent de ces misérables constructions faites en terre pêtrie ou en boue, mêlée avec de la paille ou du foin, que bien des personnes confondent avec cet art précieux. J’ai vu même d’habiles gens ne savoir ou ne vouloir pas distinguer cette noble science d’avec la routine que l’on a dans la campagne d’élever quelques murs avec la terre pêtrie ; construction on ne peut pas plus vicieuse, puisqu’elle ne se soutient qu’autant qu’on lui donne un talus rapide ou une forme bien pyramidale.

L’art que je présente, non-seulement renferme tous les principes de la meilleure maçonnerie, mais d’autres règles que j’indiquerai. La planche IV représente le plan d’une petite maison que nous allons bâtir avec le lecteur, en pisé.

Nous commencerons par faire la fondation de cette maison en maçonnerie ordinaire, que nous éleverons, en premier lieu, à deux pieds au dessus du terrein. Cette dépense est absolument nécessaire pour garantir le pisé de l’humidité du sol ; d’ailleurs elle sert à préserver les murs de terre du rejaillissement des eaux pluviales qui tombent des égoûts du toit. Lorsque nous aurons rendu de niveau tous les murs et de 18 pouces d’épaisseur, nous tracerons dessus, avec de la pierre noire ou rouge, les tranchées nécessaires pour recevoir les clefs du moule : leur distance doit être de 3 pieds de milieu en milieu ; en voici la preuve : chaque côté de l’encaissement ayant 10 pieds de longueur, il donne par conséquent trois parties de 3 pieds, qui en font 9 ; reste 6 pouces de plus à chaque extrémité, qui servent pour alonger le moule sur les angles de la maison, et dans beaucoup d’autres cas.

Après que nous aurons marqué ces tranchées, nous ferons maçonner entre elles de 6 pouces de hauteur, ce qui laissera la place des clefs, et en même temps ce qui donnera 6 pouces de plus de maçonnerie ; de manière qu’on aura deux pieds et demi de soubassement en pierres et mortier, hauteur bien suffisante pour empêcher, aux pluies et à la neige, de gâter les murs de terre. Sur cette maçonnerie fraîche, nous pouvons établir tout de suite le moule, en le plaçant dans un des angles de la maison : lorsque nous l’aurons fait monter de la manière que je l’ai indiqué, nous ferons poser la tête contre l’angle : cette tête doit avoir 18 pouces de largeur par le bas, et 6 lignes de moins par le haut ; par conséquent les petits bâtons ou gros de mur, marqués dans la planche I, fig. 6, et dans la planche II, fig. 11, à la lettre E, doivent avoir la même longueur de 17 pouces et demi. On en sent la raison : la tête du moule ayant 3 pieds de hauteur, doit diminuer en montant, de chaque côté, d’une ligne par pied, pour laisser cette ligne au fruit ou talus que l’on donne ordinairement aux constructions de tous les murs ; ainsi chaque côté du moule incline en dedans de 3 lignes.

Les coins bien serrés, les poteaux bien entretenus par les liages des cordes, il ne s’agit plus que de bien arrêter la tête du moule : à cet effet, on pose deux sergens de fer de menuisier, qui embrassent l’encaissement, et on cale de quelques morceaux de bois les petits intervalles qui restent entre la tête et les sergens. Voilà l’équipage prêt, il faut mettre la main à l’œuvre.

Chaque maçon entre dans sa case ; on voit qu’il faut trois hommes, puisque les quatre rangs de poteaux forment trois espaces : on place le meilleur ouvrier dans l’angle ; c’est lui qui gouverne, qui, de temps à autre, en travaillant, plombe, pour reconnoître si le moule ne s’est pas dérangé : cependant chaque maçon doit avoir à ses côtés son plomb, pour le vérifier aussi. À cet effet, ils l’entreposent sur les cordes ou aux poteaux.

Avant de mettre de la terre, nous ferons étendre un glacis de mortier, seulement dans le pourtour de l’encaissement, et couvrir de quelques pierres minces les tranchées où sont les clefs. Ce glacis ne sert qu’à empêcher que la première terre qu’on va jetter ne coule dans les joints, et sert encore à pouvoir bien presser cette terre dans les angles du pourtour.

Les autres ouvriers manœuvres qui piochent la terre, la préparent et la portent dans le moule, commencent à en donner un peu aux trois piseurs : ceux-ci, après l’avoir étendue avec leurs pieds, se mettent à la comprimer avec le pisoir ; mais nous serons soigneux à ce qu’ils n’en reçoivent, chaque fois, que 3 à 4 pouces d’épais : les premiers coups qu’ils donnent suivent le pourtour du moule ; après quoi, ils battent pareillement dans l’épaisseur du mur ; ensuite ils croisent leurs coups, de manière que la terre se trouve pressée en tout sens. Lorsque deux maçons se rencontrent dans le voisinage de leurs cases à piser, ils accordent les coups de leurs pisoirs, pour battre en même temps sous les liages des cordes, parce qu’ils ne peuvent presser la terre, dans cette place, que difficilement, ou par des efforts obliques ; par ce moyen, toute la longueur du moule se trouve également massivée : celui qui est à l’angle du bâtiment, bat avec soin contre la tête du moule, et, soit par vanité, soit pour raison de solidité, il pose, sur la terre battue, tous les six pouces de hauteur, un petit glacis de mortier contre cette tête, ce qui imite les joints des pierres.

Nous aurons attention que les piseurs n’admettent jamais de nouvelle terre, qu’après qu’ils auront bien battu la première couche ; ce qu’ils doivent reconnoître à leurs coups de pisoir, qui marquent à peine la place sur laquelle ils portent. Lorsqu’ils sont assurés de la perfection, ils appellent les manœuvres pour leur porter de nouvelles terres, qu’ils pressent de nouveau, ainsi de suite, couche par couche, jusqu’à ce que le moule soit entièrement plein.

Cela fait, nous ne craindrons pas de démonter sur le champ l’encaissement. Le pan de terre qui vient d’être fait, d’environ 9 pieds de longueur moyenne sur 2 pieds et demi de hauteur, restera sur son assiette, droit, sans danger d’éboulement : nous ferons donc, de suite, couler le moule sur l’étendue du mur, et nous le laisserons embrasser le pan de mur déjà construit, d’un pouce seulement, au haut de la pente, attendu que nous lui aurons laissé, du côté opposé à l’angle, cette pente ou ligne d’inclinaison telle qu’on le voit dans les élévations géométrales, pl. V et VI, et principalement pl. X, fig. 1, où la jonction des pans de mur se fait mieux sentir, étant dessinée sur une plus grande longueur. Cette pente est ordinairement d’environ un pied et demi de largeur, prise en ligne de niveau ou horizontale. On sent que par ce procédé on ne laisse aucun joint au pisé ; qu’on rend adhérens tous les pans de murs, puisqu’au second que nous allons faire, nous ferons presser, dans cette inclinaison, les terres l’une sur l’autre, c’est-à-dire que nous ferons battre la nouvelle terre sur l’ancienne, qui est déjà pisée ou massivée. C’est à ce second pan de mur et aux suivans, que la tête du moule devient inutile ; nous ne la reprendrons que lorsque nous aurons des angles à faire.

Nous ferons donc ainsi faire le tour du bâtiment, en démontant et remontant le moule toutes les fois qu’un pan de mur sera comprimé ; lorsque nous aurons parachevé le dernier pan B contre l’angle A par où nous avons commencé le pisé, voy. planche IV, nous ferons transporter l’encaissement sur le mur de refend, et nous le placerons à la porte de communication D. Qu’on remarque ici que les pieds droits de cette porte, étant quarrés ou d’équerre, absolument semblables aux angles, obligent à reprendre la tête du moule pour les former, même qu’il faudroit avoir deux têtes, si on les faisoit tous deux à la fois ! ce qui est possible. Comme on ne peut piser le pied droit, qui est appuyé contre le mur de face, à cause de son peu de largeur, et qu’on a la facilité de le faire en bois ou en pierres, nous établirons donc l’encaissement sur l’autre pied droit D ; et lorsque nous aurons fait cette partie, nous ferons couler le moule, pour terminer contre l’autre mur de face C.

Ce premier cours parachevé, il faut procéder au second : à cet effet, nous allons nous trouver dans la nécessité de nous procurer des tranchées dans le pisé qui vient d’être fait, pour y pouvoir placer de nouveau les clefs du moule.

Pour accélérer l’ouvrage, j’ai trouvé un moyen, en faisant faire un nouvel outil tracé planche II, fig. 12, et que je nomme pioche tranchante : elle a, d’un côté, une espèce de hache ou de taillant ; l’autre est en forme de langue de bœuf, c’est-à-dire qu’elle ne vient pas en pointe comme une aiguille, mais qu’elle s’alonge de la même largeur, et qu’elle est un peu courbée et aiguisée, ainsi qu’on le voit en plan par la fig. 13. Je ne saurois trop recommander de faire forger un pareil outil, qui est si commode et expédie tant le travail.

Reprenons la suite de nos opérations. Si nous avons commencé le pisé de la maison, planche IV, par l’angle A, en alignant le moule à E, il faut, pour la seconde assise, recommencer de A, en alignant à F : ainsi, lorsque le premier cours d’assise aura parti à droite, il faut, pour le second, partir à gauche ; le troisième cours recroisera à droite, le quatrième à gauche, ainsi alternativement tous les autres jusqu’à la cime du bâtiment ; ce qui se fait bien sentir en voyant les façades, planches V et VI.

On conçoit aisément qu’avec cette précaution, on met toutes les jonctions inclinées des pans de mur en sens contraire ou opposé, ce qui ne contribue pas peu à la solidité des maisons faites en terre : qu’on y ajoute les liaisons que se font réciproquement les pans de mur qui se croisent dans les angles et sur les murs de refend, marqués A, B : G et H. Sur les élévations, planches V et VI, on trouvera que cette construction simple est aussi bonne que la maçonnerie la mieux faite.

Nous ne craindrons point de surcharger le second rang de pisé sur le premier, quoique fraîchement fait, puisqu’on peut, sans interruption, dans un seul jour, monter trois cours d’assise en terre les uns sur les autres ; c’est ce qu’on exécute lorsqu’on n’a qu’un pavillon ou bout de clôture à faire : ainsi nous nous empresserons de tracer sur le premier cours les tranchées, en les espaçant toujours de 3 en 3 pieds, non pas perpendiculairement aux inférieures que nous venons de pratiquer dans la maçonnerie, mais de milieu en milieu. Voyez pl. V, VI et X, fig. 1, les trous de ces tranchées, qui sont en ligne couchée ou oblique. Ces traces faites, nous ferons couper, avec la pioche tranchante, la terre comprimée, de 6 pouces de profondeur ; nous y placerons les clefs à l’angle A, pl. IV, ensuite l’encaissement, que nous alignerons à F : par conséquent il portera sur le premier et le dernier pan de mur A et B de l’assise inférieure.

Il n’y a aucun changement dans la main d’œuvre pour le second cours de pisé, si ce n’est qu’il faut soigneusement diminuer de demi-pouce la tête du moule tout le long de sa hauteur, et rogner également de 6 lignes tous les petits bâtons, parce qu’ils doivent servir de gros de mur au haut du moule, en même temps l’entretenir et laisser à cette seconde assise le talus qui lui est nécessaire.

Une autre remarque essentielle, c’est qu’on ne peut piser de suite les murs de face dans leur pourtour, comme on l’a fait pour la première assise ; en voici la raison : le mur de refend devant anticiper sur les murs de face, ou plutôt tous murs quelconques d’un bâtiment, soit de face, soit de refend, qui se rencontrent en retour d’équerre, même de biais, ou par deux angles inégaux, doivent se croiser alternativement à chaque cours d’assise. D’après ce principe, le mur de refend de cette maison doit donc être lié, lors de la confection de ce second rang, aux murs de face ; c’est pourquoi, lorsque nous aurons fait piser depuis A à C, même un peu moins, pl. IV, nous quitterons le mur de face, et nous tournerons le moule sur le mur de refend, où nous lui ferons embrasser l’épaisseur du mur de face C, et où nous placerons la tête du moule, ce qui paroît plus sensible en regardant la pl. VI à la lettre G.

Lorsque nous aurons pisé la longueur du mur de refend jusqu’à la porte, nous ferons reporter le moule dans la partie qui avoit resté à faire sur le mur de face marqué I, pl. VI. Après avoir fait boucher cette partie, nous repasserons le moule au delà de la tête du mur de refend marqué en K, et nous continuerons le second cours d’assise, sans nous arrêter, jusqu’à l’angle A, pl. IV. Si en passant, nous n’avons point lié le mur de refend avec le mur de face du côté opposé à C, c’est par la cause rapportée ci-devant, que le pied droit si mince qui y est adossé, doit se faire en bois ou en maçonnerie : mais à la troisième assise, nous aurons soin de faire cette anticipation, qui traversera le dessus de la porte et le mur de face.

On use du même procédé pour tous les autres cours de pisé : la description des deux premiers suffit pour que chacun puisse faire élever sa maison, avec la terre seule, aussi haute et aussi vaste qu’il lui plaira.

À l’égard des pignons, on ne peut les croiser, puisqu’ils sont isolés ; mais ayant si peu de hauteur et étant entretenus par la construction du toit, cela devient indifférent. Pour faire ces pignons, rien n’est plus aisé ; il ne s’agit que de tracer dans le moule leurs lignes de pente, et de ne piser de la terre que suivant l’inclinaison.

J’ai dit, et je le répète, que chaque cours de pisé restera de deux pieds et demi de hauteur, si le moule a 2 pieds 9 pouces, parce qu’il doit embrasser le mur inférieur de 3 pouces ; c’est pourquoi les tranchées ont 6 pouces de profondeur, puisque les clefs en prennent la moitié, ayant 3 pouces d’épaisseur.

Cela bien entendu, on trouvera que l’épaisseur des murs de la maisonnette dont je donne le dessin, sera réduite à 15 pouces au faîte, si on a eu soin de couper les petits bâtons et la tête de 6 lignes à chaque cours d’assise. La preuve s’en tire sur la hauteur des six cours de pisé, qui doivent avoir gagné, en montant la maison, plus d’une ligne par pied de talus de chaque côté des murs : nous aurions pu même réduire les murs du pignon à 14 pouces d’épaisseur, puisque nous avons eu soin de ne laisser que ces 14 pouces d’intervalle entre les mortaises de chaque clef, ce qui fait connoître qu’on peut diminuer les murs tant qu’on veut, en agrandissant les mortaises, ou en laissant entre elles moins de distance, comme de 10, 11, 12, 13 pouces, pour pouvoir faire des murs de cette épaisseur.

Telle est la méthode du pisé, que l’on employe depuis beaucoup de siècles, dans le Lyonnois. Les maisons ainsi bâties sont solides, salubres, et des plus économiques ; elles durent très-long-tems : j’en ai démoli dont les titres des propriétaires constatoient 165 ans d’existence, quoiqu’ayant été mal entretenues. Les riches négocians de la ville de Lyon ne font point faire différemment leurs maisons de campagne. L’enduit avec la peinture, qui sont encore très-économiques, dérobent à tous les yeux la nature de ces maisons, et en couvrant la terre ils les décorent superbement. Cette peinture à fresque est plus riante, plus fraîche, plus brillante que toutes les autres peintures, parce que l’eau n’en altère point les couleurs ; ainsi on épargne colle, huile ou essence, et il n’en coûte presque que la main d’œuvre, soit aux riches, soit aux pauvres. Avec quelques sous d’ocre rouge, jaune, ou autres couleurs, l’habitant peut faire briller sa maison.

Tous les étrangers qui voyagent sur la Saone, dans les diligences qui y sont si commodes et si agréables, ne se sont jamais doutés, en voyant ces belles, ces charmantes maisons de campagne, élevées sur les côteaux, qu’elles ne soient construites qu’avec la terre : combien y a-t-il de personnes qui ont fréquenté, même séjourné dans ces espèces de châteaux, sans s’être apperçues de leur singulière construction ? On peut se figurer leur magnificence, par le dessin que nous avons mis au commencement de ce livre : la semblable maison, non décorée dans le même dessin, fait appercevoir la nature originale de ces bâtisses ; les agriculteurs aisés les font blanchir ; quelques uns, plus glorieux, y ajoutent des pilastres, des chambranles, des panneaux, des ornemens de différentes couleurs. La pl. V, fig. 2, représente la demeure du plus pauvre habitant du Lyonnois.

Qu’il me soit permis d’observer qu’on doit employer ce genre de bâtir dans toute la République, soit pour la décence des villages et l’honneur de la nation, soit pour épargner les bois qu’on employe en si grande abondance aux constructions, soit pour éviter les incendies, soit pour garantir les laboureurs du froid et des excessives chaleurs, en même temps conserver et affermir leur santé, soit pour tant d’autres objets, trop longs à rapporter, si utiles à l’état et aux propriétés particulières ; par exemple, comme celui qui procure la diminution et la promptitude du travail ; comme celui qui donne l’avantage d’habiter ces maisons presque aussi-tôt qu’elles sont parachevées : c’est pourquoi, lorsque le toit est posé, on ne bouche pas tout de suite les trous des tranchées que l’on voit dans le plan et sur les élévations, pl. IV, V, VI, VII, VIII, et X, à cause de la circulation de l’air qui traverse les murs et sert à les sécher promptement, ce qui rend ces maisons encore plutôt habitables.

Les ouvertures des portes et des fenêtres se laissent lors de l’exécution du pisé ; si nous n’en avons point parlé ci-devant, c’étoit pour ne point surcharger l’esprit du lecteur : toutes les fois que le moule se rencontre sur un mur où doit être pratiquée une porte ou une fenêtre, on pose dedans deux têtes de moule, ou une, pour en former le pied droit ; on les biaise un peu en dedans, pour donner l’évasement nécessaire au jeu des fermetures et des croisées.

Les encadremens de ces portes et fenêtres se font de plusieurs manières : les riches y emploient la pierre de taille ou les briques ; les indigens des cadres en bois : mais ces derniers sont nuisibles à la décoration, le bois ne pouvant jamais se lier avec le pisé. Voyez-en le mauvais effet dans la pl. VIII, fig. 1, où l’on reconnoîtra que, malgré les plus grandes précautions, les enduits se détachent et tombent de dessus ces cadres de bois, tandis que la pierre et les briques, pl. VII, fig. 1 et 2, se lient très-bien avec le pisé, et retiennent parfaitement les enduits, par conséquent la peinture qui y dure fort long-temps.

Les cheminées en pierres ou en bois se posent et se maçonnent dans le pisé tout de même que dans les murs de maçonnerie ; les tuyaux s’y appliquent aussi très-solidement. Voy. pl. VIII, fig. 2. Mais ce qu’il y a de bien particulier et de fort avantageux, c’est qu’on peut décorer les appartemens avec noblesse, sans être assujetti de placer aucun pied droit aux portes de communication, soit pierres, soit briques, soit en gros bois. Voyez, même pl., fig. 2, cette porte marquée A, à côté de la cheminée où ces pieds droits sont simplement faits avec la terre.

Eh ! pourquoi feroit-on la dépense d’aucun pied droit aux portes de l’intérieur d’une maison, lorsqu’on peut suspendre leurs fermetures sur les boisages des appartemens ?

On apperçoit jusqu’à quel point on peut porter l’économie dans ce genre admirable de bâtir : par quelle fatalité cet art a-t-il donc resté circonscrit dans une province ? Pourquoi même aujourd’hui est-il oublié ou ignoré presque de tout l’univers ? Encore une fois, ce ne peut être qu’en le propageant dans toutes les parties de la République, ainsi que plusieurs autres procédés économiques que je donnerai successivement, que la France peut conserver la priorité qu’elle a ou doit avoir sur les autres nations, pour faire fleurir son agriculture, son commerce et son industrie.

Il n’est que trop vrai que les plus simples procédés, par conséquent les meilleurs, restent ou séjournent éternellement dans les villages où quelque heureux génie les a inventés. Celui que je vais rapporter frappera le lecteur, qui ne pourra concevoir pourquoi et comment les Lyonnois, au fait de l’art du pisé, n’en font pas usage, eux encore qui sont voisins du pays où on pratique cette méthode différente et expéditive.

Autre méthode.

De faire le pisé ou les maisons avec la terre.

C’est sur les confins de la Savoye, encore ce n’est que dans une partie du Bugey, dépendant de la Bourgogne, que l’imagination de quelque habile ouvrier, quoiqu’illitéré, a découvert assurément ce nouveau procédé : sa grande simplicité l’a fait adopter par tous les habitans de ce canton ; d’ailleurs ils n’en connoissent point d’autre.

On est agréablement surpris d’y voir des maisons qui paroissent être d’une seule pièce : en les examinant de près, on n’y découvre aucun joint ; il n’y a non plus aucun de ces trous désagréables à l’œil, qu’on est forcé de faire pour les clefs, parce qu’ici elles deviennent inutiles.

Si la question, publiée il y a six années, pour prévenir les incendies dans la campagne, ne m’eut pas obligé en conscience d’y travailler sérieusement, par cette raison, de voyager, à l’effet de reconnoître dans les villages les divers usages de bâtir, et les matériaux particuliers qu’on y employe, sur-tout ceux dont on peut se servir avec plus de succès et d’économie contre ce fléau désastreux, je n’aurois su de ma vie cette nouvelle manière de faire le pisé. J’étois cependant alors fort près du Bugey, à Grenoble, où j’avois imaginé toutes sortes de moyens pour bâtir contre les incendies à peu de frais : mes expériences m’en avoient fait trouver plusieurs, jusqu’à faire des voûtes avec la terre seule ; mais je n’avois pas pensé à abréger le travail de l’ancien pisé des Romains.

Quelle fut ma surprise, et quelle joie n’eus-je pas, lorsqu’en arrivant dans le Bugey, je reconnus que l’on pouvoit faire des maisons avec la terre, autrement que celles que j’avois vu faire à Lyon, dans ma jeunesse, par mon grand-père, maître maçon, et que j’ai pratiquées moi-même toute ma vie ? Ce sont donc ces maisons massives ou d’une seule pièce, que j’ai voulu représenter dans la 1re planche de ce livre : on n’y apperçoit dans la façade brute, sortant de la main de l’ouvrier, ni trous pour les clefs, ni joints pour les pans de murs ; tout y est entier, depuis le rez-de-chaussée jusques au toit.

Pratique.

Cette méthode consiste, 1o. à maçonner à l’ordinaire le soubassement de la maison, de 2 pieds et demi de hauteur au dessus du sol ; 2o. à planter parallèlement, de 3 en 3 pieds de distance, des perches de bois, soliveaux, ou chevrons, dans le terrein de chaque côté des murs en maçonnerie ; 3o. à écarter de ces murs les grands poteaux que je viens de désigner, de 2 pouces au moins ; 4o. et enfin, à combler les trous qu’on aura fait d’un ou de trois pieds de profondeur, suivant la tenacité du terrein ; mais ce comblement doit se faire en pressant avec le pisoir la terre autour des pieds des poteaux ou perches, et les rechaussant un peu au dessus du sol, toujours en pisant.

Pour bien saisir l’ensemble de ce travail, il faut jetter les yeux sur les planches IX et X. La première planche, fig. 1, fait appercevoir le plan d’un mur au long duquel sont plantés, à distances égales, les perches ou poteaux, et la fig. 2, représente en coupe, ou le front de ce mur et celui de l’encaissement monté. La seconde planche X, fig. 2, fait paroître par côté le mur et le moule.

Description des parties de l’encaissement établi sur un mur.

A. Mur en maçonnerie.

B. Premier cours d’assise en pisé, que l’on suppose être déjà fait.

C. Second cours de pisé que l’on va faire.

D. Gros de mur qui entretient le haut du moule.

E. Corde qui serre les perches à 18 pouces au dessus de l’encaissement.

FF. Pieds des perches qui entrent dans le sol et qui sont rechaussées.

GG. Étais buttant le bas du moule lorsque les perches plient.

Les bois une fois plantés droits tout le tour du bâtiment et tout le long des murs de l’intérieur, l’on n’a plus le souci que de s’occuper au travail du pisé. L’on évite donc toutes les manœuvres multipliées par l’ancienne méthode, comme celles de faire les tranchées à chaque cours d’assise, de déplacer et replacer continuellement les clefs, les poteaux à tenon, et les coins.

Commençant la maison par un angle, on fait couler entre 4 rangs de perches, les grands côtés du moule, et on le fait serrer de même que ci-devant avec quatre cordes : on place en même temps la tête, pour former cet angle ; et pour l’arrêter, on pose les sergens, que l’on frappe avec un maillet de bois : c’est une remarque que je n’ai pas encore faite, mais qui n’est pas à négliger, parce que les coups de marteau de fer ont bientôt gâté les sergens, si on n’y prend garde.

Si on s’apperçoit que le moule ne joigne point par le bas le mur, on cale entre lui et les perches, des bouts de planches refendues ou aiguisées ; mais lorsque les perches sont de moyenne grosseur, ces coins les font plier ; c’est alors qu’on se trouve dans la nécessité de les étayer. Voyez ces étais GG, pl. IX, fig. 2.

Après qu’on a pisé le premier pan de mur, on délie les cordes ; mais avant, les piseurs font soutenir de chaque côté le moule, et, tous ensemble, s’aident à le faire glisser entre les poteaux suivans, où on le resserre de nouveau pour faire le second pan de mur : on continue ainsi tout le tour du bâtiment, après quoi on transporte l’encaissement dans l’intérieur, pour faire la même opération sur les murs de refend.

Pour le second cours, on recommence sur le même angle à gauche, si on est parti à droite pour faire le premier, ce qui les croise et les lie ensemble ; ensuite on pise tout le tour de la maison, en s’arrêtant néanmoins à l’encontre des murs de refend, pour les faire anticiper sur les murs de face et respectivement entre eux, lorsqu’il y a plusieurs murs de refend dans une bâtisse : opération bien facile à comprendre, étant d’ailleurs la même que celle que nous avons désignée ci-devant.

On use du même procédé pour le troisième cours, et pour tous les autres, jusqu’au haut de la maison ; et il est inutile de rappeller qu’il faut laisser descendre d’environ 3 pouces les côtés du moule sur les faces du mur inférieur ; que les gros de mur doivent être rognés de 6 lignes à chaque assise de pisé ; que les ouvriers doivent reconnoître souvent avec leur plomb, si l’encaissement ne s’est point dérangé par les coups de leurs pisoirs ; enfin que le centre du mur qu’ils bâtissent doit être monté droit ou perpendiculaire, et que ce n’est que l’inclinaison d’une ligne par pied montant, qui fait rétrécir le mur à chaque assise.

L’unique cause pour laquelle les pans de pisé ainsi faits ne laissent aucuns joints, ne consiste qu’à la suppression des glacis de mortier dans le pourtour du moule : les ouvriers du Bugey ont poussé l’économie jusqu’à ce point, mais on sent qu’avec très-peu de chaux et de sable on pourra garnir de mortier tous les pans d’une maison.

Les habitans du Bugey, non-seulement sont de grands économes, mais ils sont encore très-adroits : ils ne sont point embarassés de poser, d’aligner et d’étayer en très-peu de temps ces grands poteaux, qui paroissent, aux yeux du théoricien, fort difficiles à fixer : tant il est vrai que la pratique surmonte tous obstacles ! et je ne doute pas que, lorsque les ouvriers se seront habitués à cette manière de bâtir, ils l’exécutent avec une facilité et une dextérité surprenantes dans tous les départemens de la République.

Je dois avertir que dans le Bugey on ne fait pas les bâtimens si élevés que dans le Lyonnois ; car on sent la difficulté qu’il y auroit de faire tenir dans le terrein des bois droits, presque aussi longs que l’arbre de la liberté que l’on plante dans les villages, puisqu’il est possible d’élever, avec la terre seule, des maisons de plus de 36 pieds de hauteur : j’en ai bâti une à Lyon, qui m’appartient, qui en a plus, et qui est très-solide.

Le plus souvent on ne se trouvera pas des perches, chevrons ou soliveaux, ni assez longs, ni en assez grande quantité : quel parti prendre ? Le voici : on se servira des bois qu’on aura ; s’ils sont en très-petit nombre, comme d’une ou deux douzaines, on déposera les premiers poteaux lorsqu’on aura fait quelques pans de mur, pour les replanter au long de ce mur qu’on voudra continuer à piser : ainsi de suite, on les enlevera, et on les reposera de nouveau, pour faire le tour du bâtiment et les murs de son intérieur : donc ainsi il en coûtera plus de main-d’œuvre et moins de bois ; l’un compense l’autre. À l’égard de la longueur de ces poteaux, je ne vois d’autre ressource, si elle étoit moindre que la hauteur de la maison qu’on voudra bâtir, que de recourir aux clefs dont on se sert par la vieille méthode. On peut donc piser les murs d’un bâtiment aussi haut que la longueur des perches le permettra ; ensuite placer les clefs pour finir la maison, particulièrement pour faire les pignons de son toit.

Sur le tout, j’observerai que l’une et l’autre méthode sont très utiles ; qu’elles doivent être également adoptées et répandues dans la France, puisqu’elles peuvent servir séparément dans plusieurs cas, et être employées dans d’autres toutes deux à la fois. Voyez les figures 1 et 2, planche X.

Ces deux procédés ont leurs avantages particuliers : celui du Bugey consiste en un moule, des poteaux bruts, des cordes et gros de mur, voilà tout l’équipage, il est toujours prêt ; ainsi on peut faire du pisé à toute heure, dans le moment. L’autre est plus facile à transporter, parce que les outils étant fort courts, se chargent aisément sur une voiture : aussi doivent-ils former l’équipage de chaque maître maçon de la campagne, pour qu’il puisse faire travailler loin des villages, particulièrement dans les endroits montueux où les perches seroient difficiles à être transportées et à être posées solidement dans les collines ! La méthode du Bugey est excellente pour bâtir les granges, les écuries, les fermes, et toutes autres bâtisses nécessaires aux travaux de l’agriculture : celle du Lyonnois est bien avantageuse et bien importante pour construire les maisons en terre fort élevées et de conséquence, soit pour l’habitation des maîtres, soit pour les manufactures, fabriques, hôpitaux, presbytères, écoles publiques, et autres : enfin ces deux genres de bâtir sont nécessaires aux exhaussemens des maisons, et pour la construction des murs de clôture dont je vais traiter.

Des murs de clôture en terre ou pisé.

Les murs de clôture de cet espèce sont de la plus grande utilité à l’état, pour les travaux de la campagne et pour la conservation des récoltes : les cours et les jardins des fermes, les terres chenevières, les enclos des maisons de campagnes et des maisons de plaisance, les parcs des grandes terres ou fermes, les bois, les garennes, en un mot, les champs quelconques, peuvent s’enclore avec la plus grande économie et la plus grande célérité.

Si, en Angleterre, les inspecteurs des forêts royales avoient eu connoissance de ce genre de bâtir, ils auroient assurément proposé ces clôtures, puisqu’ils s’expliquent ainsi dans leur rapport : Si l’on ne prend pas le parti d’enclore les bois et d’encourager leur plantation, en moins d’un siècle, ils ne seront pas en état de fournir un arbre propre à la marine.

Remarques essentielles sur les clôtures.

Les épaisseurs des murs de clôture doivent varier, suivant la hauteur qu’on veut les faire. Par l’article 209 de la coutume de Paris, tout propriétaire est tenu de les élever, entre cour et jardin, de 10 pieds : sur cette hauteur, on donnera au pisé 18 pouces d’épaisseur par le bas, pour qu’il lui en reste plus de 14 sous la couverture, attendu qu’il faut mettre aux clôtures de terre plus d’une ligne par pied de fruit ou de talus : on en sentira la raison, lorsqu’on considérera que les murs de clôture n’ont aucune liaison dans les lignes droites ou courbes qu’ils décrivent, tandis que les murs de tout bâtiment quelconque se croisent et se soutiennent en se contre-buttant. Qu’on y ajoute les liaisons des planchers et des toits, on trouvera que les murs de clôture qui n’en ont point, et qui sont isolés, doivent avoir par pied une ligne et demie de talus ou environ.

Lorsqu’on veut enclore un jardin, il faut bien se garder de suivre les lois des bâtimens, qui ne peuvent ni ne doivent s’étendre dans la campagne. L’économie veut qu’on donne moins de dix pieds de hauteur aux murs de clôture, par conséquent moins d’épaisseur, et la durée moins de talus.

Voici une table que l’on suivra, pour ne pas se jetter dans une dépense superflue, seulement suffisante à la solidité des murs de clôture en pisé, à raison de la hauteur qu’on voudra leur donner.

TABLE

Pour les murs de clôture.

Sur la hauteur de On donnera d’épaisseur au mur par le bas. Et ayant mis par chaque pied montant du mur, Il restera d’épaisseur au mur, sous sa couverture, environ
10 pieds. 18 pouc. 1 lig. ½ de talus. 15 pouc. 6 lig.
9 17 1 lig. ½ 14 pouc. 9
8 16 1 lig. ½ 14
7 15 1 lig. ¼ 13 pouc. 6 ½
6 14 1 13

La précision de cette table est plus importante qu’elle ne le paroît d’abord, non pas à raison de la dépense du pisé, car il n’en coûteroit, pour faire les murs de clôture plus épais, que plus de terre ; mais la terre est absolument sans valeur : c’est donc leur fondation et leur soubassement en maçonnerie, qui consomment une plus grande quantité de chaux, de pierres, de voitures, et de main-d’œuvre ; qu’on y ajoute l’embaras et les frais coûteux pour se procurer l’eau nécessaire pour éteindre la chaux et pour faire le mortier ; encore est-on obligé, la plupart du temps, de l’aller chercher fort loin, ou de la tirer des puits très-profonds : ainsi, en négligeant la juste proportion que l’on doit donner strictement aux murs de clôture, on se jette involontairement dans des frais immenses, tandis qu’en ménageant, on dépense la moitié moins. Eh ! ne convient-il pas mieux employer l’excédant des frais d’une construction mal combinée, à tant d’autres objets d’amélioration, qui sont, comme l’on sait, si nécessaires et si multipliés dans les travaux de la campagne ? Il est donc bien essentiel, même aux personnes opulentes, de ne pas abandonner aux maîtres maçons de la campagne l’entière direction des ouvrages de l’art de bâtir.

Pour faire sentir la conséquence de ce que je viens de dire, je supposerai qu’on veut enclore seize arpens de terrein ; on aura donc à faire construire 480 toises de longueur en mur de clôture. Si on leur donne 2 pieds de fondation et 2 pieds au dessus du sol, on trouvera qu’à raison de 6 livres la toise courante, cette maçonnerie en chaux, sable, pierres, voitures et main-d’œuvre, coûtera la somme de 2880 livres ; mais si on réduit à 15 pouces l’épaisseur de 18 qu’on auroit imprudemment donnée à ce mur d’enceinte, on épargnera le sixième de la dépense, c’est-à-dire, 480 livres. Si ensuite la nature du sol, la situation du local, ou les secrets de l’art, permettent de faire la fondation seulement d’un pied et demi de profond et autant d’élévation au dessus, on aura encore gagné 720 livres ; de manière que la totalité des frais sera restreinte à près de la moitié ; ou si on avoit résolu de dépenser 2880 livres, on auroit certainement fait enclore beaucoup plus de seize arpens de terrein. Qu’on juge maintenant de toutes les autres économies qu’on peut faire, et que je démontrerai plus amplement par la suite, dans le cours de cet ouvrage !

On se servira également des deux méthodes rapportées ci-devant, pour faire le pisé des murs de clôture ; toutes deux représentées sur la planche X. Cependant je dois prévenir que, pour ce genre de construction, le procédé du Bugey est beaucoup plus avantageux : en effet, la facilité que l’on a de pouvoir se servir des bois d’une moyenne longueur, puisque les clôtures ne sont jamais si hautes que les maisons, doit faire préférer les perches que l’on plante dans la terre, et que l’on trouve assez communément dans les habitations de la campagne ; d’ailleurs je pense que l’on fera le double d’ouvrage par la méthode du Bugey, puisqu’il est si aisé de faire couler l’encaissement le long du mur, derrière les poteaux, et de remuer alternativement ces derniers dans les longues lignes qui ne présentent aucun embarras, comme dans les angles et retours multipliés des murs de bâtimens.

Une autre observation à faire en faveur des plus pauvres propriétaires, consiste dans la facilité qu’ils auront d’enclore leurs petites possessions avec une seule douzaine de perches, quelques planches, et des cordes. L’assemblée nationale, en donnant le plus d’authenticité à ce genre grossier de travail, sera la cause que les habitans apprendront eux-mêmes à faire ces clôtures, qui sont très-solides, puisque le voleur le plus adroit feroit plutôt un trou à un mur de bonne maçonnerie, qu’à un mur bien fait de pisé : ainsi les députés de la nation peuvent rendre plus précieux les immeubles de la République, puisque tout fonds enclos produit plus et augmente de valeur.

Je dois aussi dire que pour l’expédition et pour plus d’économie dans les grands enclos qu’on aura à faire, il faut le moule un peu plus haut et plus long : au lieu de quatre barres ou traverses, pl. I, fig. 1, et pl. X, fig. 1, on peut en ajouter une cinquième : voyez même pl. fig. 2 ; ce qui donnera 13 pieds de longueur à l’encaissement, au lieu de 10. À l’égard de sa hauteur, on peut la porter à 3 pieds ; par ce moyen, on parviendra à faire chaque pan de mur plus long et plus haut ; d’ailleurs l’ouvrage sera d’autant plus expéditif, que quatre hommes piseront à la fois, puisqu’alors il y aura quatre cases au lieu de trois.

Dans le second cahier, j’indiquerai les qualités des terres qu’on peut employer au pisé, les détails de la main-d’œuvre, les ressources pour rendre les bâtimens en terre aussi solides que ceux faits avec la meilleure maçonnerie, les diverses méthodes pour faire les enduits, la manière de peindre et de décorer ces maisons dans un beau genre et à peu de frais. Je traiterai ensuite de l’art de faire les voûtes avec la terre seule, et de tout ce qui aura rapport à l’art économique et incombustible de bâtir.
Maison de terre ou de pisé décorée
Maison de terre ou de pisé décorée
Même maison de terre sortant de la main de l’ouvrier
Même maison de terre sortant de la main de l’ouvrier
  1. Histoire du Monde de C. Pline II, imprimée à Genève en 1625, tome I, livre 7, chapitre 56.
  2. Même Histoire, tome 2, livre 35, chap. 14.
  3. Ce citoyen zélé, en 1772, avoit fait un petit ouvrage dont l’édition est épuisée ; si M. Goiffon eût pratiqué le pisé, son traité auroit été complet, et seroit cause que cet art se seroit répandu, ce qui auroit épargné les plus grandes pertes aux habitans des villages qui bâtissent tout en bois.
  4. Journal de Physique de cet auteur.