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Cantique nouveau en l’honneur de saint Nicolas

La bibliothèque libre.
Tolra et Haton, libraires-imprimeurs (p. 587-590).


CANTIQUE NOUVEAU

EN L’HONNEUR DE SAINT NICOLAS.



Une voix.

D’un saint prélat que vit naître l’Asie,
Chantons la gloire, implorons la bonté.
Pour bouclier celui qui l’a choisie,
Sur le Seigneur n’a pas en vain compté.

En chœur.

Grand Nicolas, ton crédit, d’âge en âge,
A fait pleuvoir des bienfaits souverains.
Viens, couvre encor de ton doux patronage
Tes vieux amis, les enfants des Lorrains.

Une voix.

Docile à Dieu dès sa première enfance,
Qu’il faisait honte à nos coupables cœurs !
Des lois du Christ il acceptait d’avance,
Il devinait les pieuses rigueurs[1].

En chœur.

Saint Nicolas, ton crédit, d’âge en âge,
A fait pleuvoir des bienfaits souverains.
Viens, couvre encor de ton doux patronage
Tes vieux amis, les enfants des Lorrains.


Une voix.

Prompt à sauver de trop faibles sagesses,
Lorsqu’allaient choir des vierges sans appui,
Sa chaste main versait d’amples largesses,
Et la pudeur triomphait, grâce à lui[2].

En chœur.

Saint Nicolas, ton crédit, d’âge en âge,
A fait pleuvoir des bienfaits souverains.
Viens, couvre encor de ton doux patronage
Tes vieux amis, les enfants des Lorrains.

Une voix.

De force immense investi par Dieu même,
Il dissipait les ombres de la mort,
Ou sur les mers, dans le péril suprême,
Par un seul mot poussait la nef au port[3].

En chœur.

Saint Nicolas, ton crédit, d’âge en âge,
A fait pleuvoir des bienfaits souverains.
Viens, couvre encor de ton doux patronage
Tes vieux amis, les enfants des Lorrains.

Une voix.

Sûrs qu’un tel père est demeuré, pour l’homme,
Propice et tendre, et sensible au malheur,
Nos bons aïeux ont érigé dans Rome
Un monument à son nom comme au leur[4].


En chœur.

Saint Nicolas, ton crédit, d’âge en âge,
A fait pleuvoir des bienfaits souverains.
Viens, couvre encor de ton doux patronage
Tes vieux amis, les enfants des Lorrains.

Une voix.

Chez nous aussi ; car, des bords de la Meuse,
Quand sortit Jeanne, effroi du Léopard[5],
Dans nos parvis la guerrière fameuse
Vint à genoux s’inspirer au départ[6].

En chœur.

Saint Nicolas, ton crédit, d’âge en âge,
A fait pleuvoir des bienfaits souverains.
Viens, couvre encor de ton doux patronage
Tes vieux amis, les enfants des Lorrains.

Une voix.

Plus tard, l’Europe, où la foi s’est tarie,
Cherche l’eau vive aux sources du Carmel,
Et c’est ici que pour l’humble Acarie
Descend Thérèse, en oracle du ciel[7].

En chœur.

Saint Nicolas, ton crédit, d’âge en âge,
A fait pleuvoir des bienfaits souverains.
Viens, couvre encor de ton doux patronage
Tes vieux amis, les enfants des Lorrains.


Une voix.

Oh ! puisses-tu, protecteur secourable,
Faisant l’aumône à notre aride orgueil,
Oindre nos cœurs de ce baume admirable
Qui dans Bari mouille encor ton cercueil[8] !

En chœur.

Grand Nicolas, révéré d’âge en âge,
Ton crédit parle en bienfaits souverains.
Couvre surtout de ton saint patronage
Tes vieux amis, les enfants des Lorrains.


  1. On sait que saint Nicolas pratiquait le jeûne avant l’âge ordinaire de raison.
  2. Il sauva, notamment, par ses charités, trois jeunes filles, que leur propre famille allait conduire à leur perte.
  3. Voir ses miracles, consignés dans la Vie des Saints du P. Giry.
  4. Allusion à Saint-Nicolas des Lorrains, église nationale toujours subsistante à Rome, de même que Saint-Louis des Français, et qui, dans la capitale de la Chrétienté, reste l’un des témoignages de l’ancienne existence de la Lorraine comme puissance et comme patrie. C’est dans cette église que furent célébrées, en 1730, à la gloire du peuple lorrain (encore indépendant alors), les fêtes de la béatification de Pierre Fourier ; et c’est là qu’en 1796, eut lieu le premier des miracles advenus de nos jours en Italie sur les portraits de la sainte Vierge.
  5. Du Léopard, c’est-à-dire, comme on sait, du drapeau anglais.
  6. On n’a pas coutume de rappeler assez, en parlant de Jeanne d’Arc, qu’avant de partir pour la France et d’aller délivrer Orléans, elle vint aux bords de la Meurthe consacrer sa grande mission : prendre ses armes matérielles au palais ducal de Nancy, et ses armes spirituelles au temple chrétien de Saint-Nicolas.
  7. Apparition de sainte Thérèse dans l’église de Saint-Nicolas-de-Port, à la bienheureuse Marie de l’Incarnation (Mme Acarie) ; à cette sainte âme qui introduisit en France l’Ordre des Carmélites réformées, où elle ne voulut jamais être que simple sœur converse.
  8. Personne n’ignore qu’il découle du corps de l’évêque de Myre, dont la châsse est à Bari dans la Pouille, une sorte d’huile miraculeuse, célèbre sous le nom de manne de saint Nicolas.