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Carnot (Arago)/08

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Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences1 (p. 545-556).
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CARNOT, MEMBRE DU COMITÉ DE SALUT PUBLIC.


La concession qu’on a exigée de moi, si toutefois je m’y suis bien exactement conformé, m’autorise à me montrer moins docile au sujet d’une autre période de la vie de Carnot, plus orageuse, plus difficile encore. Évitons, j’y consens de grand cœur, évitons de reporter nos regards sur certaines phases irritantes de nos discordes civiles ; pour moi, je n’y mettrai jamais qu’une condition : c’est que la mémoire d’aucun de nos confrères n’en souffrira. Eh bien, Messieurs, supposez un moment que je me taise ici sur le membre du comité de salut public ; ne conclura-t-on pas de mon silence, je dis plus, n’aura-t-on pas le droit d’en conclure que j’ai reconnu l’impossibilité de repousser les attaques vives, nombreuses, poignantes, dont il a été l’objet ? Ces attaques, Carnot, de son vivant, a pu les dédaigner ; il m’était, au contraire, imposé d’en chercher l’origine, d’en peser consciencieusement la valeur. Je le dis sans forfanterie, aucune puissance humaine ne m’eût décidé à faire retentir ici le nom de Carnot, si je n’avais découvert les causes honorables, patriotiques, de certains actes que la plus atroce des calomnies, que la calomnie politique, avait souillés de sa bave infecte. Mon travail, au reste, n’a pas été sans quelques difficultés. Personne dans l’avenir n’aurait peut-être plus l’occasion d’en réunir les éléments. Encore quelques années, en effet, et les collègues et les collaborateurs de Carnot, dont j’ai pu recueillir les lumières et les témoignages, auront payé leur tribut à la nature.

En 1793, la Convention était dans l’État le seul pouvoir organisé capable d’opposer une digue efficace au débordement d’ennemis qui de toutes les parties de l’Europe venaient se ruer sur la France et menacer sa nationalité. La nationalité d’un peuple est comme l’honneur : la plus légère blessure lui devient mortelle. Tels étaient, Messieurs, les sentiments de tant de conventionnels dont la France révère la mémoire ; tels étaient les liens qui les attachaient au poste périlleux ou l’élection les avait appelés.

En créant le comité du salut public (le 6 avril 1793), la Convention s’était réservé le choix de ses membres. Jusqu’au fameux 31 mai, on n’y comptait que des conventionnels neutres ou tout au moins étrangers aux deux fractions de l’assemblée qui se faisaient une guerre à mort. À la suite de plusieurs renouvellements partiels, il se composait, le 11 septembre 1793, de Robespierre, Saint-Just, Couthon, Collot d’Herbois, Billaud-Varennes, Prieur (de la Marne), Prieur (de la Côte-d’Or), Carnot, Jean-Bon Saint-André, Barère, Hérault de Séchelles, Robert Lindet.

La Convention, lorsqu’elle déféra de si grands pouvoirs au comité de salut public, voulait que chaque affaire fût dans ce comité le sujet d’une discussion, d’une délibération approfondie ; que la majorité des voix prononçât. Les décisions, pour acquérir force de loi, devaient, à peine de nullité, être revêtues d’un certain nombre de signatures. Ces prescriptions avaient le plus grand de tous les défauts, celui d’être complétement inexécutables. L’homme a trouvé de nos jours le secret de décupler sa vitesse quand il se déplace, de modifier sa force quand il doit agir, de porter ses regards scrutateurs dans les régions de l’infini ; il n’a pas découvert encore les moyens de lire une page d’écriture en moins de temps qu’on n’en employait jadis. Il faut même reconnaître qu’à cet égard le plus humble commis expéditionnaire marcherait l’égal de César, de Cicéron, de Descartes, de Bossuet. Les innombrables dépêches que le comité de salut public recevait journellement de tous les points de nos frontières menacées ou envahies, de toutes les villes, de tous les villages de l’intérieur où les promoteurs d’une nouvelle organisation politique luttaient violemment contre les préjugés et les intérêts des castes privilégiées, ne pouvaient être examinées avec maturité. Le zèle, l’activité, le dévouement, ne suffisaient pas à l’expédition de tant de graves affaires ; une réforme était indispensable : il y allait du salut de la France. Deux voies différentes se présentaient : on pouvait provoquer la réorganisation du comité, ou partager le travail entre ses divers membres. La réorganisation du comité, en présence d’un ennemi puissant, au milieu de difficultés inouïes (dont aucune époque de l’histoire des peuples n’avait offert l’exemple), eût jeté dans la Convention de nouveaux ferments de discorde, énervé son pouvoir magique, et compromis la défense du territoire. La division du travail devait prévaloir, et elle prévalut en effet. Carnot fut chargé de l’organisation des armées et de leurs opérations ; Prieur (de la Côte-d’Or), de l’armement ; Robert Lindet, des approvisionnements ; Robespierre, Saint-Just, Couthon, Billaud-Varennes, Collot d’Herbois, se réservèrent la politique, la police générale et les mesures de sûreté. Dans chaque nature de questions, une seule signature était sérieuse et emportait responsabilité ; les autres, quoique exigées par la loi, devaient être regardées comme l’accomplissement d’une simple formalité : il était évident, en effet, qu’on serait obligé de les donner sans discussion et même sans examen.

Telles furent, Messieurs, les bases de la convention que Robert Lindet, pour sa sûreté personnelle, fit consigner dans une déclaration écrite, et à l’aide de laquelle les membres du comité de salut public crurent pouvoir, sans outre-passer les termes de leur mandat, conjurer les orages qui, de toutes parts, menaçaient le pays. Cet arrangement confidentiel sera sans doute blâmé : les uns crieront à l’illégalité, les autres à l’imprudence. Je rappellerai aux premiers qu’enlacés dans une organisation vicieuse, les membres du comité étaient chaque jour aux prises avec une impossibilité, et que le mot impossible est français, quoi qu’en ait pu dire l’amour-propre national à une époque où les admirables triomphes de nos armées semblaient légitimer toutes les hyperboles. Le reproche d’imprudence, je l’admets sans réserve. J’ajoute que, de la part de Carnot, cette imprudence était volontaire ; qu’en se résignant à signer sans examen les décisions de tous ses collègues, il faisait sciemment à la France le plus grand de tous les sacrifices ; qu’il plaçait son honneur aux mains de plusieurs de ses ennemis déclarés ; que, comptant enfin sur la justice tardive de la postérité, il arborait cette devise, presque surhumaine, d’une des plus puissantes organisations que la Révolution ait fait surgir du flot populaire, cette devise que tout patriote sincère et doué de quelque chaleur d’âme pourrait au reste avouer : Périsse ma réputation plutôt que mon pays.

Vous l’avez déjà compris, Messieurs, mon but est de partager en deux catégories distinctes et les membres du comité de salut public et la longue série de ses actes.

Le terrible comité contribua puissamment à la défense du territoire ; grâces lui soient rendues ! On ne pouvait résister à mille passions déchaînées que par la vigueur des déterminations ; que par l’énergie de la volonté ; qu’en allant avec une main de fer saisir en tout lieu les barbares qui, auxiliaires de l’étranger, voulaient déchirer les entrailles de la patrie : le comité se montra énergique et vigoureux ; il eut souvent une main de fer : gloire au comité !

Mais bientôt, Messieurs, la fermeté dégénère en frénésie ; mais bientôt on immole les riches par l’unique raison qu’ils sont riches ; mais bientôt la terreur règne d’une extrémité de la France à l’autre ; elle porte indistinctement le deuil et le désespoir dans la famille du simple soldat et dans celle du général ; elle saisit ses victimes dans l’humble demeure de l’artisan, comme dans le palais doré de l’ancien duc et pair ; elle n’épargne ni l’âge ni le sexe ; elle frappe en aveugle toutes les opinions ; ajoutant enfin la dissimulation à la cruauté, elle parodie les formes de la justice ! Ah ! Messieurs, à ce spectacle, le cœur se serre, l’espérance se dessèche ; les plus vives, les plus ardentes sympathies font place à une douleur profonde.

Je sais qu’on a expliqué, qu’on a voulu excuser ces sanglantes saturnales, en invoquant la volonté populaire. Si je juge du peuple de 93, que je n’ai point connu, par celui que nous avons vu à l’œuvre en 1830, l’explication est menteuse, je n’hésite point à le dire. Le peuple, dans un moment d’effervescence et d’entraînement se porte quelquefois à des actes coupables ; jamais il ne s’est associé à des barbaries quotidiennes. On le dégrade en disant que la terreur pouvait seule le faire marcher à la rencontre des hordes ennemies ; on ne méconnaît pas moins ses sentiments, lorsqu’on insinue qu’il a voulu la mort d’un des membres de cette Académie, qui honorait la France par son génie ; la mort d’un autre de nos confrères qui honorait l’espèce humaine par sa vertu. Non, Messieurs ; non ! dans le noble pays de France, la mort de Lavoisier, la mort de Malesherbes, n’ont pas pu être commandées par des considérations de salut public. Point de ménagements pour de pareils crimes : il faut les flétrir aujourd’hui ; il faudra les flétrir demain ; il faudra les flétrir toujours. Voués par sentiment, par conviction, par la puissance irrésistible de la logique, au culte de la liberté, repoussons loin de nous l’exécrable pensée que l’échafaud soit l’inévitable auxiliaire de la démocratie.

Les crimes que je viens de qualifier sans ménagement, la France, l’Europe, le monde tout entier, les ont, en quelque sorte, personnifiés : ces crimes, c’est Robespierre !

De jeunes, d’estimables écrivains, qui dépouillent aujourd’hui nos annales révolutionnaires avec l’infatigable patience des anciens Bénédictins, croient avoir trouvé que l’opinion publique s’est égarée. D’après eux, Robespierre et ses séides auraient beaucoup moins contribué aux actes sanguinaires de la terreur que les Billaud-Varennes, les Collot d’Herbois, les Hébert. Il y a du courage, Messieurs, à se porter ainsi les défenseurs d’un personnage qui depuis près d’un demi-siècle est devenu le type, le symbole de la cruauté politique. À ce seul titre, les nouveaux historiens pourraient espérer d’être écoutés sans préventions : un honorable caractère uni à un incontestable talent ne leur donne pas moins de droits à la sérieuse attention du public. Pour moi, je n’aurais que faire d’essayer ici de percer ces épais nuages ; mon sujet ne l’exige pas : je veux absoudre Carnot de toute participation à de grands crimes, sans examiner s’il faut les imputer à Collot d’Herbois, à Billaud-Varennes, plutôt qu’à Robespierre, Saint-Just et Couthon.

Dans aucune circonstance de sa longue carrière politique, Carnot ne fut un homme de parti. Jamais on ne le vit essayer de faire prévaloir ses opinions, ses systèmes, ses principes, par des voies tortueuses que l’honneur, que la justice, que la probité, n’eussent point avouées.

Rapporteur, le 9 juin 1792, de la commission chargée de proposer des réparations en faveur des familles de Théobald Dillon et de Berthois, massacrés devant Lille par leurs propres troupes, Carnot ne transige pas avec un rigoureux devoir. Tout autre, en des temps aussi difficiles, eût cru peut-être nécessaire de ménager la susceptibilité de l’armée ; lui, ne trouve dans son âme que des paroles brûlantes pour flétrir un acte d’égarement odieux : « Je ne vous rappellerai point, s’écrie-t-il, les circonstances de cette atrocité. La postérité, en lisant notre histoire, y croira voir le crime d’une horde de cannibales, plutôt que celui d’un peuple libre. »

En 1792, des gardes nationaux, sous le nom de fédérés, se réunissaient en grand nombre à Soissons, et y formaient déjà le noyau d’une armée de réserve. Tout à coup le bruit se répand à Paris que le pain de ces volontaires a été empoisonné, que des monstres ont mêlé du verre pilé à tous les approvisionnements de farines, que deux cents soldats sont déjà morts, que les hôpitaux regorgent de malades. L’exaspération de la population parisienne est à son comble ; le rassemblement de Soissons s’est formé contre la volonté royale ; c’est donc au Roi, à la Reine, à tous leurs adhérents, que le crime doit être imputé. On n’attend plus pour agir que le rapport du commissaire envoyé au camp. Ce commissaire était Carnot. Son examen véridique réduisit à néant toute cette fantasmagorie : il n’y avait point de morts ; il n’y avait point de malades ; les farines n’étaient pas empoisonnées ; des vitraux, détachés par le vent ou par la balle de quelque écolier des fenêtres d’une vieille église, étaient tombés par hasard, non en poudre, mais en gros morceaux, sur un sac, sur un seul sac de farine. Le témoignage loyal de l’honnête homme calma la tempête populaire.

Celui-là n’était pas un homme de parti, bien entendu dans la mauvaise acception de ce terme, qui, chargé fréquemment de missions importantes aux armées et à l’intérieur, y remplit ses devoirs avec une telle modération, qu’il put, lorsque les circonstances l’exigèrent, sans crainte d’être démenti, se rendre à lui-même publiquement le témoignage de n’avoir jamais fait arrêter personne, En pénétrant dans les bureaux du comité de salut public, nous y trouverions des preuves non moins claires de la bienveillante indulgence de Carnot envers ceux qui professaient des opinions politiques différentes des siennes, dès que toutefois elles s’alliaient à de l’honnêteté et à une vive antipathie pour l’intervention de l’étranger dans les affaires intérieures de la France. Ainsi nous verrions, sous le nom de Michaux, parmi les collaborateurs de notre confrère, le célèbre Darçon, qui était un émigré rentré. Mais à quoi bon se traîner sur des faits particuliers, lorsqu’une réflexion générale peut également conduire au but ? La Convention était l’arène où allaient se combattre les chefs des factions qui divisaient le pays : mais c’est dans les clubs qu’ils se créaient des adhérents et la force matérielle dont l’action, dont la seule présence annulait souvent les effets des plus éloquents discours. Si la Convention voyait éclater la foudre, c’est hors de son enceinte que l’orage commençait à poindre, qu’il grossissait, qu’il acquérait une puissance irrésistible. On n’était alors un homme influent en politique qu’à la condition de paraître tous les jours aux Jacobins ou aux Cordeliers, qu’à la condition de s’y mêler à tous les débats : eh bien, Messieurs, Carnot n’appartenait à aucune de ces associations ; jamais un mot de lui ne retentit dans les clubs. En ces temps de troubles, Carnot se fit exclusivement l’homme de la nationalité.

Le rôle était beau, mais non pas sans danger. Robespierre surtout s’en montrait jaloux. « S’être emparé, s’écriait-il dans une de ses harangues, de toutes les opérations militaires, c’est un acte d’égoïsme ; refuser obstinément de se mêler des affaires de police intérieure, c’est se ménager des moyens d’accommodement avec les ennemis du pays. – Je suis désolé, disait-il à Cambon dans une autre circonstance, je suis désolé de ne rien comprendre à l’entrelacement de lignes et de teintes que je vois sur ces cartes. Ah ! si j’avais étudié l’art militaire dans ma jeunesse, je ne serais pas forcé, toutes les fois qu’il s’agit de nos armées, de subir la suprématie de l’odieux Carnot. » Cette animosité datait de l’époque où notre confrère blâma le coup d’État (en tant que coup d’État) sous lequel succomba la Gironde. Vers le même temps, Saint-Just l’accusa de modérantisme, et demanda qu’il fût mis en jugement pour avoir, à l’armée du Nord, refusé d’apposer sa signature sur l’ordre d’arrestation du général O’Moran. Carnot sortait toujours sain et sauf de ces terribles épreuves, non par un sentiment de justice ou d’affection, mais parce que chacun, ami comme ennemi, reconnaissait l’impossibilité de le remplacer utilement, dans sa spécialité militaire, par tout autre conventionnel !

De pareilles relations, entre les membres d’un même conseil, sembleront aujourd’hui fabuleuses ! Est-ce ma faute à moi si notre patriotisme débile ne peut pas concevoir toute l’étendue des sacrifices que s’imposèrent nos pères pour sauver le pays ?

Au premier rang de ces sacrifices, je n’ai pas hésité, vous vous le rappellerez, Messieurs, à placer l’obligation où se trouvait notre confrère de signer aveuglément une foule d’actes de ses collègues. J’ai expliqué comment cette nécessité s’était manifestée ; eh bien, on en abusa jusqu’à faire signer à Carnot, une fois, l’arrestation de son propre secrétaire ; une autre fois, celle du restaurateur chez lequel il prenait ses repas. Le mot infernal me paraît encore trop faible quand il faut caractériser de tels actes ; et cependant, pour l’honneur de notre confrère, nous devons presque nous féliciter qu’ils aient eu lieu, car ils sont la preuve irrécusable, parlante, de l’arrangement écrit qui, dans le comité, fut convenu au nom du salut du pays.

J’avais lu, même dans des ouvrages royalistes, j’avais lu dans des écrits publiés par des républicains que Carnot avait sauvé, au comité de salut public, plus de personnes que ses collègues n’en ont immolé. Carnot ne s’absentait donc des séances qu’aux époques où les affaires militaires absorbaient tous ses moments ; Carnot assistait donc quelquefois aux délibérations du comité, et alors l’innocence y comptait un avocat plein d’âme et de fermeté. Le hasard, il y a peu de jours, m’a fait découvrir que le rôle de défenseur officieux n’était pas le seul que Carnot s’y fût donné.

Il y a parmi vous, Messieurs, un vénérable académicien également versé dans les théories mathématiques et dans leurs applications ; il a glorieusement attaché son nom à d’utiles travaux et à de vastes projets que l’avenir réalisera peut-être. Il a parcouru une longue carrière sans se faire, certainement, sans mériter un ennemi ! et cependant sa tête fut un jour menacée, et des misérables voulaient la faire tomber lorsqu’elle créait un des monuments scientifiques qui ont jeté le plus d’honneur sur l’ère révolutionnaire. Une lettre anonyme apprend à notre confrère quel danger il vient de courir. L’orage est dissipé, mais il peut se reformer d’un instant à l’autre ; la main amie trace un plan de conduite, des règles de prudence, signale la nécessité de se ménager une retraite. Elle ne laissera pas son œuvre inachevée ; elle reprendra la plume si le danger reparaît.

L’écrivain anonyme, Messieurs, était Carnot ; le géomètre qu’il conservait ainsi à la science et à notre affection était M. de Prony. À cette époque, M. de Prony et Carnot ne s’étaient jamais vus.

Les années 1793 et 1794 ont été caractérisées par deux genres de terreur : la terreur de l’intérieur, je viens de le prouver, Messieurs, notre confrère y resta toujours étranger dans ce qu’elle avait de criminel ; la terreur que les soldats français inspirèrent à d’innombrables ennemis venus de tous les points de l’Europe assaillir nos frontières : celle-ci fut bien l’œuvre de Carnot ; celle-ci a été glorieuse ; le souvenir en sera immortel ; je la revendique pour la mémoire de notre confrère ; je la revendique aussi pour l’honneur de l’Académie. Vous ne refuserez pas, Messieurs, de suivre de nouveau Carnot dans cette phase si belle, si brillante de sa carrière publique. J’en ai pour garant votre dévouement au pays.