Correspondance - Lettre du 7 septembre 1918 (Asselin)

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Samedi 7 septembre ⁁1918, au ma_
tin-

Tu le vois, Ma chère Alice, je suis de retour à Bramshott. Car je ne reviens pas de Buxton, mais de Matlock-Bath, qui est une autre ville d’eaux du même pays et où se trouve un hôpital de convalescence pour les officiers canadiens. Officiellement j’avais été malade ; officiellement je devais faire une convalescence. J’aurais bien pu faire durer longtemps la plaisanterie longtemps, car, contrairement à une opinion trop répandue, il n’est probablement pas une armée au monde où les blessés aient plus de temps pour se rétablir que dans l’armée canadienne ; il en est qui passent des mois à l’hôpital ou en congé avec une égratignure ; les médecins sont parfois d’une extrême complaisance (té- (témoin : Plante, qui serait bien en peine aujourd’hui de montrer l’endroit de sa ⁁prétendue blessure). Mais, parti de Buxton le 31 août, dès le lendemain matin je me faisais présenter au Conseil médical et celui-ci me jugeait, sur la foi de mes propres déclarations, propre au service actif ; je n’eus plus ensuite qu’à attendre illisible la décision de Londres, qui arriva le 4. Dans l’intervalle j’avais visité à pied une partie des environs et assisté illisible deux jours de suite au grand Congrès travailliste de Derby, ville située à 16 milles de Matlock-Bath. Il y avait ⁁à ce moment plusieurs Canadiens-Français à l’hôpital, entre autres Calder, Coulin, Saint-Victor (de Québec), le jeune Duckett (de Montréal). Blessé le 8 août d’une balle de qui, l’atteignant au sein droit, lui avait glissé sous les côtes, Calder était depuis plusieurs jours parfaitement rétabli ; il est venu avec notre nous sommes allés à Derby ensemble ; ⁁très instruit, plein de verve, – [illisibles] d’une verve qui ne doit fatiguer qu’à la longue, – c’est un ⁁agréable compagnon. charmant. En même temps que je revenais à Bramshott il partait pour un congé de trois semaines en Écosse, d’où son ancêtre paternel partitvint au Canada en 1759. Dans notrele même compartiment de train que nous voyageait, avec sa femme, un vieux monsieur qui avait été attaché à l’ambassade anglaise à Pékin, et dont l’ambassadeur français d’alors, Pichon, aujourd’hui ministre des Affaires étrangères de France, avait dû, durant pendant l’insurrection des Boxeurs, manger le cheval. La vieille dame, [dont (sinon ?) ?] Américaine du [?] moins née à Baltimore (de la ⁁célèbre famille Carroll), avait beaucoup voyagé, [illisible] parlait le français ; Calder, par sa faconde, réussit à la tenir éveillée tout le long du voyage, qui dura près de quatre heures ; le mari, lui, sommeille une partie du temps. Ils s’appellent Hipeley et habitent les environs de Bramshott ; si je restais ici quelque temps encore, j’aurais probablement l’occasion de les revoir. [Pour en revenir à Matlock, je suis sorti deux ou trois fois avec Coulin ; il arrivait d’un congé de deux mois passé chez lui à Neufchatel (en Suisse) ; c’est un garçon peu loquace, mais sympathique. Le cas de St-Victor est vraiment extraordinaire. Le 8 ou 9 d’août cet officier avait la figure traversée de part en part par une balle qui entra à travers au travers de la mâchoire inférieure. Je l’ai vu le 2 septembre ; on ne voyait pluson ne pouvait plus dire par où la balle était sortie, et presque plus par où elle était entrée ; depuis plusieurs jours il mangeait sans ressentir la moindre incommodité ; on n’aurait pas deviné qu’il avait été blessé. N’est-ce pas merveilleux ? Chose curieuse, les officiers de Matlock m’ont paru en général paru plus intéressants que ceux de Buxton. À Buxton est sur la route du Canada ; c’est de là qu’on part pour retourner au pays : de là qu’un certain nombre sont tentés de jouer la comédie, de tirer au flanc. Matlock est au contraire [illisible] la dernière station de retour [mots illisibles] de retour vers le service actif ; en règle générale, les tire-au-flanc ne s’y rendent pas. Une autre différence est qu’à Buxton les services secondaires sont faits par des hommes et pas par des civiles, ⁁et à Matlock ils le sont par les aides-infirmières volontaires du Voluntary Aid department. Ce corps est anglais ; l’uniforme en est [brun (?)] [clair (?)] [et] (?) [et] (?) [si] (?) [mots illisibles] [semble (?)] [illisibles] et [illisible]couleur tabac havane, non sans ressemblance avec celui des Sœurs Grises. Les V. A. D.s (prononcer Vi - ai - dîze), par rapport aux infirmières, sont comme les soldats par rapport aux officiers. Ce sont elles qui font tout le travail manuel, même le plus fatigant et le plus répugnant. C’est-à-dire aussi qu’elles sont officiellement d’un autre monde, d’un monde inférieur, et que même lors [illisible] du service, ces deux mondes ne se voient point. (Les infirmières seules ont droit au titre de sister.) Et ce Or, pendant que les infirmières de la guerre étaient dans le civil de simples infirmières, beaucoup les V. A. D.s sont pour la plupart des dames du monde qui se sont enrôlées par patriotisme, malgré la modicité de la solde et la nature extrêmement pénible du service. Les infirmières et les officiers se fréquentent ; les V. A. D.s, quand elles veulent de la compagnie, n’ont que celle des soldats. C’est une singularité qui m’a vivement choqué. Mais du haut en bas la tenue du personnel féminin est bien meilleure qu’on ne serait porté à le croire, [illisible]vu la promiscuité qui règne partout générale : le sentiment du devoir, la réserve, sont tels qu’on les [illisible] aussi prononcés [illisible] qu’à l’Hôtel-Dieu ou à l’hôpital Notre-Dame, par exemple. Quant à moi, je n’ai connu de relâchement que dans la pétaudière de Saint-Cloud, et encore était-ce par ouï-dire_ Les infirmières aiment à danser la danse, le théâtre (J’ai illisible moi-même, la veille de mon départ de Buxton, conduit à une pièce de Barrie, dear Brutus, la matrone et la home sister, deux vieilles filles charmantes) ; elles entendent aussi à rire ; mais on ne les voit jamais rien faire de déplacé. C’est comme le Y. M. C. A.. que le devoir, après lesquelques voyous de la Great War Veterans’ Association, a illisible discrètement essayé de salir, mais dont les services du front et de l’arrière sont au-dessus de tout éloge.

Il s’était passé beaucoup de choses ⁁au 10e en mon absence. du 10e. Vers le 1er septembre le 22e perdait dans une attaque tous ses officiers, à l’exception, ⁁parait_il, de quatre ou cinq qui étaient restés en réserve ; le chirurgien-major, un jeune capitaine et héroïque capitaine du nom de Marin, dont le nom devrait rester immortel, ramena lui-même de la ligne de feu illisible ce qu’il restait de l’effectif du bataillon : une trentaine d’hommes. Le 3, DeSerres me télégraphiait qu’il était appelé au front avec desRosiers. [illisible]Le 5 au soir, j’ j [?] arrivai au 10e juste comme DeSerres [illisible] venait d’en partir. Je passai la soirée chez DesRosiers, qui me dit qu’il partait dans deux ou trois jours pour aller remplacer Dubuc, tué ou mortellement blessé, ⁁Tremblay lui-même étant provisoirement au commandement de la brigade. (Mais pour Madame D. il ne s’agissait que d’un voyage de quelques semaines, car elle est grosse, et il ne faut pas l’alarmer.) Le colonelIl partira ce soir ou demain matin. Nous ne connaissons pas encore tous les détails de la bataille, mais j’ai vu moi-même dans les mains de Saint-Victor, à Matlock, une lettre de Tremblay où celui-ci disait que les pertes en officiers [?] avaient été terribles et qu’il avait le cœur bien gros. On dit le major Dubuc ⁁tué, mort, Vanier très gravement blessé. Le fils unique de Rodolphe Lemieux est parmi les morts. Le major Archambault a un bras fracassé au coude. Le major Roy, un de mes bons amis, a une balle au ventre (mais vivra, semble-t-il). Le bataillon [illisible]10e passe à Filiatrault, major depuis la mobilisat formation du 22e ; je pourrais j’aurais probablement pu [illisible] avoirl’avoir avec la recommandation de DesRosiers, mais je veux surtout retourner au front, et d’ailleurs, DesR. et DeS. [illisible] semblent ⁁n’avoir pensé qu’à eux. Je suis surpris du manque de franchise que je crois avoir remarqué en ces derniers temps chez ces deux amis. Au reçu du télégramme de DeSerres, je télégraphiai de Matlock au colonel : « Veuillez me proposer pour le 24e avant votre départ pour le 22e. » ⁁Car il faut te dire que le 24e est dans la même situation [illisible] que le 22e. À mon retour je constatai qu’il n’avait rien fait. Je lui ai dit hier : « Vous pouvez régler cette affaire avant votre départ ; il ne tient qu’à vous que je retourne au front avec mon grade, et dans des conditions avantageuses. Si vous partez sans avoir vu à cela, je resterai au 10e, mais en subalterne. » Il répondit que l’affaire était en voie de règlement [illisible] avec le quartier-général de Bramshott, et mais qu’en tout cas je pourrais toujours faire valoir mes droits au sous-commandement du 10e. Or, à ce moment, et – c’est le major Filiatrault lui-même qui l’avait déclaré à un [illisible] autre prétendant, le capitaine Languedoc, – il avait désigné pour ce poste le capitaine Roy. En outre, je serais parfaitement compétent pour le premier poste, (illisible) où les connaissances générales suffisent ( à preuve, DesRosiers lui-même, qui n’a jamais passé par l’école depuis son capitainat ses quelques mois de service au front ), mais font [?] au second il faut travailler douze heures par jour, et posséder des connaissances techniques que DesRosiers, avec sa méfiance, et DeSerres, avec son habitude de vouloir tout faire lui-même, ne m’ont jamais donné l’occasion d’acquérir. D’ailleurs, il serait si simple de me recommander pour le sous-commandement au [?]au cas où le 24e n’aurait pas besoin de moi. Remarque bien qu’au 10e j’ai toujours fait mon service irréprochablement, enfin au front j’ai, (illisible) au témoignage de tous, fait fort convenablement rempli mon devoir. À mon tour, cher Alice, je goûte de la trahison. Ce n’est pas bon. Heureusement que j’ai appris à dire : « Que votre volonté soit faite. » J’aurais des heures de découragement.

Marion, capitaine au 10e, blessé deux fois au 14e, a renoncé au capitainat pour suivre DeSerres. C’est un typographe, sans ressources personnelles [?] moyens personnels ; il a une famille.

2h. 30 de l’après-midi

Le colonel m’avait dit de le voir ce matin. Il n’est pas venu au bureau ; mais après le [?] déjeuner il esta passé venu [?] au mess faire ses adieux aux officiers. Je lui Il m’a dit en me tendant la main : « J’ai téléphoné [illisible] au quartier-général ; on m’a ditassuré que notre affaire s’arrangerait bientôt. » Il a ajouté : « Nous nous reverrons ⁁donc en France. » Il n’a pas fait allusion au fait qu’il devait me mander au bureau ce matin pour me tenir au courant de ses démarches. « Trahison » est peut-être trop dur ; mais je crois qu’« égoïsme » ne l’est pas. Si j’ai le bonheur de retourner en France, je ne prodiguerai les marques d’amitié ni à DesRosiers ni à DeSerres, et je ne m’en porterai pas plus mal. Après Le colonel [illisible] parti, j’ai dit à Filiatrault que je comptais sur son concours, et qu’à défaut de [illisible]pouvoir passer au 24e je ferais valoir mes droits au sous-commandement du 10e. Il a paru ⁁me comprendre. [illisible]

Mgr Gauthier, de Montréal, est arrivé hier avec son secrétaire, un sympathique jeune [mal lisible] abbé du nom d’Archambault. Il est en mission officielle. Il me témoigne de l’attention, ce qui me fait plaisir et qui étonne joliment quelques-uns de mes [illisible] camarades. La plupart de ceux-ci ne sont pas en état de remarquer une évolution spirituelle (et, dans mon cas, d’autant moins que mon régime de vie ⁁extérieur n’a pas extérieurement changé) : mais dans le clergé, les nouvelles de ce genre vont vite. Un qui est bien intrigué, c’est notre aumônier, de ce que je me sois présenté à la communion le 16 août sans avoir été à m’être confessé à personne qu’il connaisse. à aucun des prêtres qu’il connaît≤ (J’étais allé à un abbé Perrault, ou Perreau, de Notre-Dame-de-France, à Londres.) Il voudrait bien savoir, et cependant il n’ose de me demander. Je le laisserai chercher.

J’ai eu [illisible] par Raymond Garneau des nouvelles de Georges. On aEn France maintenant, [illisible] on a des mitrailleuses et des canons anti-aériens à l’arrière comme en première ligne, pour se défendre contre les avions. Une machine allemande étant venue survoler le train du 27e (où se [tient (?)] tient le payeur), voici ⁁que mon Georges qui se met en train de la [illisible] (?)entreprend de la mitrailler, comme il eût fait s’il eût [illisible] été lui ⁁aussi en l’air. Une bombe a éclaté près de lui qui lui a crevé un tympan et endommagé l’autre. Le sang lui sortait par les [illisible] narines et par la bouche. Il va mieux ; Raymond l’attend demain dimanche. On croit qu’il restera sourd d’une oreille. Ce spectacle d’un « paie-maître » maniant la mitrailleuse ne s’était pas vu depuis longtemps ; mais avec Georges il faut s’attendre à tout. Quel brave cœur, et quel brave tout court ! Il était Parti pour la guerre avec une job de tout repos, il aura failli deux ou trois fois y laisser la vie. Et chaque fois c’est lui qui a cherché il a, [lettres illisibles] délibérément, cherché le danger_

Je t’ai dit, [illisible] Un autre brave entre mille, mais que tu ne connais pas, c’est un vieux capitaine Bown, du 24e, que j’ai rencontré à Matlock-Bath. Il a 50 ans, et les cheveux tout blancs. Il a [illisible] deux ans et demi de front, et, là-dessus, dix mois de tranchées. Il [illisible] a la Croix. Avant la guerre il était employé chez Henderson le fourreur. [illisible] À l’hôpital il était entouré d’officiers plus jeunes que lui et s’ennuyait à mourir. Je le pris en amitié, sortis avec lui, causai en toute occasion avec lui. Quand je partis, il était ému, et je ne l’étais pas moins. Il sera àbientôt à Bramshott, [mots illisibles], car et il y restera probablement, car on l’a, à sa grande joie, jugé désormais impropre au service actif. Il fera ici partie du 23e de réserve.

Avez-vous eu l’occasion de rencontrer, ou tout au moins de lire ⁁depuis leur retour, les journalistes de la Presse, du Canada et de la Patrie ? Depuis leur retour au Canada En voilà trois qui pourront se vanter d’en avoir vu, des choses, au front et à l’arrière ! Ils ont passé les uns dix et [illisible] les autres vingt minutes au 10e. Quant au front, l’un d’eux, Robillard, a refusé de s’y aventurer de nouveau après avoir, vu [?] à Verdun, vu éclater un obus et s’[illisible] avoir déchiré son pantalon dans un réseau de fil barbelé où il s’était précipité tête baissée. Ils ont passéété presque tout le temps entre les pattes du Beaverbrook, qui les a gavés. Rinfret [illisible]et Mayrand m’ont admis qu’ils ne se faisaients’illusionnaient pas d’illusions sur la valeur des constatations qu’on leur faisait faire. Robillard, qui a très vive la reconnaissance de l’estomac, ne tarit pas d’éloges, paraît-il, sur le compte de notre ancien Max Aitken.

En parlant de ce dernier, j’ai eu dernièrement plusieurs occasions de constater ce qu’on pense de lui dans la presse qui n’est pas la chose de ⁁Lord Northcliffe ; on ne se gêne nullement pour dire que ce qu’il est en train de pourrirtout à fait la politique anglaise. et Il est heureux que la guerre au moins tourne bien, car l’alliance des Lords et dedu démocrate Lloydd-George, ⁁conclue avec le concours de Beaverbrook, aura ravalé la politique anglaise à un niveau dont on n’a pas ⁁d’idée chez nous : Northcliffe et Beaverbrook sont deux bandits, et ce sont eux qui mènent. Il y aura de sérieux règlements de comptes après la guerre. Le Chronicle a révélé dernièrement que dans une affaire d’enduit de cellulose (pour enduire les ailes d’aéroplanes), Sam Hughes avait fait, sans débourser un sou, trois quarts de million de dollars. Beaverbrook est apparemment au fond du sac, mais son nom n’est pas encore sorti. Le fils de Hughes, Garnet de son prénom, ci-devant [?] major-général s’il vous plaît, ci-devant commandant des troupes canadiennes à Witley, vient d’entrer au service de cette société fabrique de cellulose au traitement connu de $10,000 ou $12,000 par année (je ne me rappelle plus exactement).

Je continue mes envois de cartes. À Lemieux j’écrirai un mot de sympathie. Je dois aussi, et depuis longtemps, une lettre à Ferdinand Paradis et tout au moins un mot à Perrault. Je m’acquitterai avant de partir mon départ.

Je n’ai pas besoin de te recommander la discrétion sur tout ce que je te marque touchant DesR. et DeSerres ; souffrons en silence, ma chère femme, car moi seul je sais que je ne mérite pas cet affront. Tu voudras bien aussi garder pour toi les renseignements d’ordre militaire que je suis obligé de te donner pour l’intelligence du reste.

J’écris [illisible] à Pierre une lettre qui le fera rire – du moins je l’espère. Embrasse-le bien fort pour moi, ainsi que Paul et Jean. Je suppose que tu l’habitueras cet hiver à coucher dans son lit, et seul. Il grandit. Il aura d’ailleurs, pour le garder du froid, mes ⁁chaudes couvertures de laine.

En attendant que je puisse encore m’entretenir longtemps avec toi, je t’envoie toutes les affections de ton mari qui t’aime,

Olivar [?]

P.S._ Téléphone donc à Jos. Ainey, aux bureaux [?] bureaux du gouvt prove, pour savoir s’il a reçu un petit souvenir que je lui ai envoyé de du Congrès de Derby.

Le [illisible] Je n’ai pu retrouver le nommé Proulx, à qui je voulais confier ta soie. J’enverrai le paquet par Normandin à son prochain voyage ; rature si je partais avant son retour, je chargerai un de nos aumôniers d’arranger l’affaire.

J’aurai cette fois tout ce qu’il faut. Autrefois, le dépouillement des rature morts – de nos morts – par notre propre armée était une pratique tolérée, hélas ! par les chefs ; le capitaine Mignault, aujourd’hui payeur au 10e, m’a raconté que le cadavre de DeVarennes rature avait été trouvé nu jusqu’à la ceinture : on avait volé lesjusqu’aux bottes et laà la culotte, que sans doute d’autres officiers achetèrent sans s’occuper de leur provenance. J’ai vu moi-même, de mes yeux vu, le commerce qui se fit entre desentre soldats et officiers, après Vimy, d’effets pris tels qu’imperméables, lunettes, etc., pris sur des cadavres d’officiers anglais ⁁ou canadiens. Il paraît que l’autorité est plus sévère maintenant ; mais pour me [?] m’assurer que les quelques objets de valeur que j’emporte avec moi ne serviront pas à payer une saoulade à quelque boche canadien, je les ai j’ai fait graver sur chacun : Major Olivar Asselin, Montréal, Canada. Il y a [des gens avec (?)] des jumelles qui valent $75 à $100, un revolver qui vaut $20, une boussole qui vaut de $10 à $12, des bottes que j’ai payées $35. Si par [hasard et (?)] extraordinaire [illisible, en deux ou trois mots (?)] En cas de mort, ces objets le revolver ira à Jean, parce que, étant l’aîné, c’est à lui qu’incombe la défense de la famille ; les jumelles à Paul, parce qu’il me paraît aimer l’observation ; la boussole à Pierre, parce que tu dis qu’il tient de moi. Es-tu contente ? Embrasse-moi, là, et sans rancune, [illisible, en deux mots ?]. Si par extraordinaire ces objets ne t’étaient pas retournés, tu les retrouveras après probablement après la guerre au moyen d’une petite annonce dans un journal anglais et un journal français de Montréal, avec offre de récompense. J’ai en horreur les détrousseurs de cadavres. Je crois avoir en ce moment sous la main un sous-officier qui a volé sa montre à ce pauvre Bastien, sur son cadavre. S’il n’en tient qu’à moi, il le paiera cher ! /

Ton mari,
Ol./