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Correspondance 1812-1876, 4/1855/CCCXCII

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CCCXCII

À SON ALTESSE LE PRINCE NAPOLÉON (JÉRÔME),
À PARIS


Nohant, 12 juillet 1855.


Chère Altesse impériale,

On vient de destituer brutalement le maire de ma commune, M. Félix Aulard, aux bons vouloirs de qui vous avez bien voulu déjà vous intéresser. C’est le plus honnête homme de la terre et qui n’a qu’un défaut, celui d’écrire des lettres trop longues. Ajoutez-y celui d’être dévoué avec enthousiasme à un gouvernement qui, à l’exemple de tant d’autres, ne récompense que les gens qu’il croit douteux, laissant de côté ceux dont il est sûr. Passe pour l’ingratitude, c’est la reine du monde sous tous les régimes ; mais la persécution envers les siens, c’est du luxe.

Tâchez de faire réparer cette injustice et de dédommager ce digne et excellent homme, qui a dépensé tout son petit avoir pour les pauvres de sa commune. Il est capable, archicapable d’être un excellent préfet, et personne n’entend mieux l’administration ; faites-en au moins un sous-préfet. Ce sera une bonne action, au point de vue du pouvoir. Il me dit qu’il vous a même écrit. Cette fois, de mon propre mouvement, et sans partialité pour lui, je le recommande à votre attention, à votre équité, et à cette bonté que je connais si bien.

À vous de cœur, vous le permettez toujours.

GEORGE SAND.

Je suis bien triste de la mort de madame de Girardin. C’est une grande perte pour tous, et pour ceux qui l’ont particulièrement connue.