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Correspondance 1812-1876, 5/1870/DCCXXX

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DCCXXX

À MICHEL LÉVY, ÉDITEUR, À PARIS


Nohant, 20 avril 1870.


Cher ami,

C’est encore moi Je dis à tout le monde que nous sommes bons amis, et tout le monde veut que je m’adresse à vous. Je vous ai envoyé le roman de madame Blanc : je désire beaucoup qu’il vous convienne de le publier.

À présent, Flaubert m’écrit qu’il a quelques dettes à payer et qu’il ne peut se décider à demander de l’argent. Je ne sais pas pourquoi, puisqu’il vous a trouvé très excellent envers lui, et que vous ne refusez jamais un solde ou une avance à qui en a besoin. J’ignore où vous en êtes avec lui de votre règlement ; mais je vois que vous lui rendriez grand service en lui portant ou en lui envoyant de quoi se remettre à flot, puisqu’il ne sait pas demander lui-même. Il est atrabilaire pour le moment. Il a perdu, après Bouilhet, un autre ami, un second Bouilhet ; avec cela, il est en mauvaise santé, et ses lettres sont tristes. Je crois que sa position matérielle améliorée l’aiderait à reprendre le dessus.

À vous de cœur.
G. SAND.

Ne parlez pas à Flaubert de ma lettre. Faites comme de vous-même[1].

  1. Voici quelle fut la réponse de Michel Lévy à cette lettre de George Sand :
    Paris, 24 avril 1870.


    Chère madame Sand,

    Je ne demande pas mieux que de rendre service à Flaubert, pour qui j’ai beaucoup d’amitié ; mais, comme vous me priez de ne pas lui dire que vous m’avez écrit à son sujet, et que, pour sa part, il ne m’a fait aucune ouverture, je suis bien empêché sur la façon d’engager l’affaire. Il faudrait que j’eusse au moins une occasion, un prétexte. Tâchez de me fournir quelque moyen d’entrer en matière, et je serai très heureux de pouvoir, du même coup, être agréable à vous et à notre ami.

    À vous bien affectueusement.
    MICHEL LÉVY.