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Correspondance 1812-1876, 6/1873/DCCCXCIV

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DCCCXCIV

À MADEMOISELLE BLANCHE BARRETTA, À PARIS


Nohant, 17 avril 1873.


Votre succès, ma bien chère enfant, me cause un vrai sentiment de bonheur[1].

Vous voilà vengée de toutes les déceptions que vous avez éprouvées. Mon regret avait été vif de ne pas vous voir emporter du Conservatoire ce premier prix que vous méritiez si bien, et de voir aussi se fermer devant vous les portes du Théâtre-Français, où est votre place. Aujourd’hui, je me réjouis de ce dernier coup du sort. On en serait encore à vous connaître, tandis que vous voilà classée et hors de page ! Bravo ! ma chère petite ; restez ce que vous êtes, toujours simple et vraie ; l’avenir s’ouvre beau devant vous ; ne compromettez votre talent éclos d’aucune manière. Je suis ravie de ne vous avoir donné aucun conseil sur votre rôle ; je vous ai appris à apprendre et à créer d’après vos propres inspirations ; j’ai bien rempli ma tâche, et je suis heureuse de voir le public vous récompenser de si bien remplir la vôtre.

Je vous embrasse de tout mon cœur.

G. SAND.
  1. Mademoiselle Barretta venait de débuter à l’Odéon.