Aller au contenu

Correspondance du calendrier hindou et du calendrier grégorien

La bibliothèque libre.

CORRESPONDANCE

DU CALENDRIER HINDOU ET DU CALENDRIER GRÉGORIEN


J’ai trouvé, annexé à un Dictionnaire français-tamoul manuscrit, qui est la propriété de MM. Maisonneuve frères et Ch. Leclerc, un traité sur le comput astronomique indien qu’il me paraît intéressant de publier. Il existe une autre copie de ce petit traité, à la Bibliothèque nationale, à la suite d’un Dictionnaire manuscrit français-tamoul, provenant du legs fait par M. Ariel à la Société Asiatique, et qui porte comme nom d’auteur le nom, célèbre dans la littérature tamoule, du père Beschi. Il ne me paraît nullement prouvé que ce soit là pourtant une œuvre du savant Jésuite.

Dans leur édition de la Grammaire du tamoul vulgaire de Beschi (Pondichéry, 1843), MM. les abbés Dupuis et Mousset s’étaient préoccupés de faciliter la conversion des dates européennes en dates indiennes et réciproquement, et avaient donné dans ce but un tableau et des indications très précises. M. Dupuis a repris et développé ce travail, tout à fait empirique d’ailleurs, dans sa Grammaire française-tamoule (Pondichéry, 1863, 554 p. in-12). Je résume le procédé ci-après.

MM. Dupuis et Mousset font remarquer tout d’abord que les Tamouls divisent le jour en 60 nâjigei ou heures, puis l’heure en 60 vinâḍi (minutes), et le vinâḍi en 60 noḍi. Ceci posé, ils rappellent que, dans le pays tamoul, l’année a une durée de 365 jours 15 heures 31 minutes et 15 secondes, savoir :

sittirei a 30 j. 55 h. 32 m.
vâigâçi 31 24 12
âni 31 36 38
âḍi 31 28 12
âvaṇi 31 02 10
purattâci 30 27 22
âippaçi 29 54 07
kârttigei 29 30 24
mârgaji 29 20 53
tâi 29 27 16
mâçi 29 48 24
panguni 30 20 21 15 s.

L’excès de 15 heures 31 minutes 15 secondes sur l’année commune grégorienne fait, au bout de 4 ans, 1 jour et 2 heures 5 minutes, mais en quatre ans[1], nous avons une année bissextile qui réduit la différence à 2 heures 5 minutes indiennes. Ce reste peut déranger la concordance des calendriers, s’il s’agit de périodes un peu longues. D’ailleurs, cette concordance est déjà rendue difficile par les durées inégales des mois et par ce fait que les mois indiens commencent à des heures différentes par rapport au mois européen correspondant. M. Dupuis a calculé qu’en l’année 1800-1801 les mois tamouls ont commencé :


1800 panguni le 11 mars à 18 h. 24 m.
çittirei 10 avril 38 45
vâigâçi 11 mai 34 17
âni 11 juin 58 29
âḍi 13 juillet 35 07
âvaṇi 14 août 03 19
puraṭṭâçi 14 septembre 05 29
aippâçi 14 octobre 32 51
kârttigei 13 novembre 26 58
mârgajî 12 décembre 57 22
1801 tâi 11 janvier 18 15
maçi 9 février 45 31

Par conséquent, pour trouver la date exacte du commencement d’un mois tamoul, il faut ajouter aux derniers chiffres ci-dessus 2 heures et 5 minutes (indiennes) par chaque période de quatre années, et 15 heures 31 minutes 15 secondes pour chaque année excédant la dernière période, ou bien ajouter par année 15 heures 31 minutes 15 secondes et retrancher ensuite 1 jour par quatre années. Par exemple, quand commencera âvaṇi en 1887 ?

En 1800, le 1er âvaṇi était le 14 août 3 h. 19. m.

J’ajoute 87 ✕ 15 h. 31 m. 15 s. — 21 j. ou 21 ✕ 2 h. 5 = 43 h. 45 + 3 ✕ 15.31.15 (c’est-à-dire 46.33.45), soit en tout 1 j. 30 h. 18 m. 45 s.

En 1887, le 15 âvaṇi tombera donc le 15 août 33 h. 37 m. 45 s.

Quant aux années, M. Dupuis s’en préoccupe fort peu ; c’est en effet la moindre des choses. L’année 1800 (avril) à 1801 (mars), pour garder le même point de départ, était la 4901e année du kaliyuga, la 1722e de l’ère de çalivâhana et la 54e du cycle de 60 ans.

Tous les mois donnés ci-dessus et ceux du mémoire qui va suivre sont sous la forme transcrite tamoule. Il conviendrait d’en restituer ainsi qu’il suit la forme originale sanscrite :

âḍi âṣâdha purattâçi pûrvabhâdrapada
âvaṇi crâvaṇa mâçi mâgha
âippaçi âçvana mârgaji mrgaçîrṣa
kalei kalâ libitam lipta
kârttigei karttika vâkiam vâkya
sitandam siddhânta vigalei vikalâ
sittirei tchâitra vilibitam vilipta
nâjigei nâḍikâ vâigâçi vâiçâkha
panguni phalguna

Paris, 24 février 1887.

J. V.

  1. Il faut excepter trois années séculaires sur quatre (1700, 1800, 1900, 2100, etc.).