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De la Présence et de l’Action du Saint-Esprit dans l’Église/Chapitre 15

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J. Marc Aurel, Imprimeur-libraire (p. 124-126).

CHAPITRE XV.

DU CHAPITRE XVe DE M. WOLFF, OÙ IL MONTRE QUE LE MINISTÈRE N’EST PAS L’EXERCICE D’UN DON.

J’ai déjà répondu à ce chapitre. Il n’y a besoin que de rappeler le passage de saint Pierre : « Selon que chacun a reçu le don (χαρισμα), qu’il l’exerce dans son ministère (αντο διαϰονουντες) comme bon dispensateur de la différente grâce de Dieu. »

M. Wolff dit, « le ministère n’est pas l’exercice d’un don. » La Parole dit, en autant de termes, 1 Pier. IV, 10, que le ministère est l’exercice d’un don. M. Wolff cite ce passage comme parlant des dons proprement dits, afin de démontrer qu’un tel don ne peut exister maintenant ; mais il faut une singulière préoccupation pour ne pas voir que ministère et don sont absolument identifiés dans ce passage.

De plus, tous les passages cités par M. Wolff, comme fournissant des classifications des ministères, sont, dans la Parole, des listes de dons (δοματα, Éph. IV ; χαρισματα, 1 Cor. XII). L’idée d’un ministère maximum des dons est pour moi toute nouvelle. C’était peut-être, en effet, le principe des dissidents que de choisir la personne qui avait à leurs yeux le plus de dons. Que des dons inférieurs ne s’exercent pas quand il y a des dons supérieurs, cela peut arriver, et arriver en bien ou en mal. Les esprits des prophètes étaient assujettis aux prophètes, tout miraculeux même que fût le don. Supprimer un don inférieur est un mal ; mais si, dans un cas donné, il y a, selon l’Esprit, dans telle ou telle occasion, plus d’édification dans un don supérieur, la règle de la Parole est que tout se fasse pour l’édification. Le fait que saint Paul a parlé toute la nuit ne démontre nullement qu’il n’y eût pas de dons à Troas ; pas plus que son discours à Milet ne démontre que les évêques d’Éphèse n’en eussent point. Dans le cas des évêques, il ne s’agissait pas de dons, sauf partiellement de celui de paître ; mais cela ne touche pas tout le reste du ministère. Que l’on reviendrait d’un endroit évêque, parce que l’on a exercé son don où cela pourrait être profitable aux frères, ce n’est là qu’un rêve de l’auteur [1]. L’évêque est une charge, et, selon l’auteur lui-même, charge et don sont deux choses distinctes. Une église ne peut pas limiter le nombre de ses ministres, parce que les ministres ne sont pas ses ministres, mais ceux de Jésus-Christ, exerçant leur don comme service dans le corps. La Parole de Dieu donne des règles pour l’édification des assemblées, afin que tous parlent, et que tous soient édifiés ; pour cela pasteur ou prophète ne fait rien, il s’agit d’un raisonnement abstrait des inconvénients qui résulteraient de plusieurs dons.

Dire que 1 Cor. XII, 4, 5, 28, distingue les dons et le ministère, c’est là un triste spécimen d’interprétation. Nous en parlerons en discutant la cessation des dons.

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  1. C’est un rêve qu’il veut que l’on réalise, p. 44.