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De la Présence et de l’Action du Saint-Esprit dans l’Église/Introduction

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INTRODUCTION.

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Je ne m’attends pas à voir ceux qui n’ont pas de la foi pour les suivre, adopter des principes qui sont de la foi. Je ne crois pas non plus que, dans ce moment, ce soit la controverse qui pousse les âmes à entrer dans le chemin de la foi. C’est le moment d’y marcher par la grâce de Dieu et non pas d’en parler. Les circonstances qui nous entourent et les progrès du mal demandent ce que Dieu seul peut donner, une marche ferme et active dans le chemin où la foi seule trouvera le moyen de subsister ; car les événements nous serrent tous les jours de plus près.

Si je réponds aux thèses de M. Wolff sur le Ministère, c’est que le sujet est des plus importants et qu’il fournira l’occasion de développer les vérités actuellement les plus précieuses à l’Église.

Si la brochure de M. Wolff sur le ministère n’était que la production de l’étudiant dont le nom y est attaché, je n’en aurais probablement rien dit. Rendons justice à l’auteur ; c’est un travail qui démontre assez de diligence et fait voir une application dont les fruits, à un tel âge, font, selon l’homme, honneur à l’auteur, et sont dignes d’une période plus avancée de la vie. Si quelque chose çà et là trahit la jeunesse, ce ne sera pas un sujet de reproche de ma part. Que l’activité d’un jeune esprit ait produit, comme il le dit, un système nouveau, cela ne m’étonne pas ; qu’aux yeux de son auteur, ce soit un système devant lequel tout ce qui a été dit sur le ministère, dans tous les siècles de l’Église, passe comme une ombre ; que l’auteur manifeste une certaine confiance en lui-même, cela peut être naturel à l’ardeur de la jeunesse : je ne m’y arrêterai pas ; qu’il dispose en douze lignes de tout ce qui a été écrit sur le Ministère depuis Chrysostôme jusqu’à M. Rochat, avouant que « les moyens de s’éclairer lui manquaient, n’ayant rien pu baser sur les travaux de ses prédécesseurs, » et qu’il en use ainsi pour introduire un système dont « l’ensemble systématique est tout de lui, » je ne lui en veux pas pour cela. Je ne le rappelle qu’à cause de l’importance que prend ce fait, lorsqu’on réfléchit qu’un tel jugement a l’approbation du parti dont l’auteur est pour ainsi dire ressortissant. Du moins est-il clair, d’après cela, que tout système de Ministère reconnu jusqu’ici, tous les principes sur lesquels on a voulu baser le Ministère, ont dû tomber devant la lumière qui est entrée par le moyen de la discussion qui a eu lieu sur ce sujet. Pour s’attaquer à ce qui a été mis en avant, il a fallu se débarrasser de tout ce qui a été dit sur le Ministère par tous les théologiens, tant par ceux des temps primitifs que par ceux de la réforme et des temps modernes.

Toutefois, je reconnais que le traité de M. Wolff est le plus habile et le plus sérieux qui ait paru dans la controverse engagée sur ce sujet.

Cet écrit, paraissant au moment d’une telle controverse, est évidemment plus qu’une thèse d’étudiant. Fruit de ses travaux, il est l’expression de beaucoup plus que cela. Vanté dans les journaux de son parti, imprimé avec l’encouragement et le concours de personnes de ce parti qui cherchent à profiter de sa publication et répandu par leurs amis et leurs agents, cet opuscule doit être considéré, pour le fond, comme l’expression de ceux qui le propagent ; car on ne doit pas leur attribuer la tactique déshonnête d’un christianisme corrompu qui voudrait profiter autant que possible d’un écrit, sauf à le renier ensuite, si l’on se voyait en danger d’être compromis par son moyen.

Mon intention est de tirer au clair, pour les âmes droites, le principe de cette brochure et de signaler la force de certains raisonnements qui ont prise sur la chair et peuvent agir sur elle et qui sont propres à troubler les cœurs simples.

Le but évident et avoué même de cet écrit, c’est d’attaquer ce que je me permettrai d’appeler, la lumière nouvelle que Dieu a envoyée, et de soutenir tel quel tout ce qui existe. Pour cela, il emprunte tout ce qu’il peut de cette lumière, de sorte qu’à plusieurs égards je me trouve d’accord avec l’auteur. C’est, du reste, le chemin que plusieurs suivent maintenant. Ils empruntent toute la lumière qu’ils peuvent sans s’inquiéter de marcher dans le sentier de la foi que cette lumière a révélé.

Pour soutenir coûte que coûte les choses qui existent, on a dû sacrifier tous les principes du ministère établis par la réforme. Il ne faut pas s’y méprendre ; quand l’auteur dit, du système de Calvin sur le Ministère : « bon comme théorie basée sur l’expérience de l’Église, » cela dit tacitement que ce système n’est pas basé sur l’Écriture, car il renverse, sans en avertir ses lecteurs, tout le système de Calvin dans le corps de son ouvrage.

Assez jeune seulement pour être énamouré de ses propres idées, il n’a pu se taire là-dessus, comme on peut le voir dans son avant-propos. Tout son système est de lui. Il n’a pas pu baser essentiellement son travail sur les travaux de ses prédécesseurs. Les pensées de Calvin étaient en effet basées en grande partie sur la Bible ; mais, comme le dit M. Wolff, sa théorie ou plutôt sa pratique était basée sur l’expérience de l’Église. Homme assez intègre de cœur par la grâce pour honorer profondément la Parole, assez énergique pour créer un système, Calvin reconnaissait, à bien des égards en théorie, la vérité sur le Ministère. En pratique, il se formait un système adapté aux circonstances et à son propre caractère. Il est entré plus de lumière, la Parole a été sondée. L’énergie du Saint-Esprit agit, et ce qu’il a créé comme système ne répond plus ni à l’énergie créatrice de son auteur, ni aux besoins que produit le Saint-Esprit. Ceux qui, poussés par le Saint-Esprit, ont sondé la Parole, se sont trouvés, en suivant la Parole et les principes et les vérités que Calvin lui-même y a trouvés, en dehors de son système sur plusieurs points. Ils ont suivi la Parole et non le système.

Dès-lors, force guerre leur a été faite. C’était des innovateurs, etc.

En attendant, il s’est formé une classe de personnes ; le parti auquel M. Wolff est lié, parti qui veut s’attacher au système ecclésiastique de Calvin et en profiter autant que possible, parce que cela n’exige pas la foi (car un socinien le fait aussi bien qu’eux), et en même temps introduire une activité spirituelle subordonnée à ce système.

M. Wolff est partisan de ce système nouveau ; mais il a été conséquent. Il a senti qu’en adoptant les principes que Calvin a tirés de la Parole, il serait impossible de maintenir son système. Il nie donc ces principes ; son but est de justifier à tout prix ce qui se fait. J’en donnerai de tristes preuves tout à l’heure.

Constatons premièrement ce fait important, que, pour combattre ceux qui suivent la Parole, il s’est senti forcé de mettre de côté tous les principes des réformateurs sur le Ministère. Il a senti, qu’une fois admis ce qu’ils avaient tiré de la Parole, il faudrait aller plus loin et abandonner leur système pratique ; mais cela demande de la foi.

Différence fondamentale entre le système de Calvin et celui de M. Wolff.

La théorie de Calvin est basée sur l’existence des dons ; la théorie approuvée par le parti représenté par M. Wolff, est basée sur ce que les dons ont absolument cessé. Il est évident qu’un système qui se base sur les dons et un autre qui se fonde sur leur absence et qui fait de cette absence son principe fondamental, sont deux systèmes complètement opposés l’un à l’autre. On peut, pour épargner la chair, suivre en pratique les mêmes formes, mais les principes sont complètement opposés.

Calvin distingue les dons en ordinaires et extraordinaires, comme base de la différence entre l’état actuel et l’état apostolique du ministère. M. Wolff affirme que tous les dons étaient extraordinaires, et que tout le système de Calvin est faux à cet égard et que le Ministère n’a subi aucune modification. Le système de Calvin est fondé sur la différence des charges et des dons ; il distingue par conséquent l’évêque et le pasteur. Tout le système de M. Wolff est basé sur l’identité de l’évêque et du pasteur. Si évêque et pasteur ne sont pas une même chose, tout son système s’écroule à la fois, parce que, dans ce cas, le pasteur est un don donné de Dieu, et qu’il n’a besoin ni de l’imposition des mains ni d’être établi de la part des hommes. Si l’auteur peut au contraire les identifier, dans ce cas il appliquera tout ce qui est dit de l’évêque dans l’épître à Timothée, au pasteur aussi bien qu’à l’évêque.

Je n’entre pas dans le détail des différences, car le système Wolff change tout le système Calvin ; je ne fais remarquer que les grands principes, ou plutôt le grand principe par lequel ils divergent. Calvin admet que pour le Ministère il faut des dons ; M. Wolff nie absolument toute relation entre ces deux choses. Le Ministère, dit-il, s’exerce sans don. Il est conséquent ; il a senti qu’il est impossible de concilier l’existence des dons avec le système de son parti et le système ecclésiastique de Calvin. Calvin admettait les choses qu’il trouvait dans la Parole, puis ajoutait des traditions et des habitudes. Il créait un système que la lumière d’alors supportait. Le parti qui s’oppose maintenant à la lumière est plus hardi ; sentant qu’il ne peut les concilier, et déterminé à s’attacher aux choses qui existent, il avoue sur ce point son incrédulité, et met de côté tout à la fois, les dons, le Saint-Esprit et la Parole qui en parle.

Le Ministère, selon eux, n’a aucun rapport avec les dons du Saint-Esprit. Il est bon du moins d’être au clair sur les véritables bases du système qui s’oppose aux frères. Il ne s’agit que de dons purement naturels, le Saint-Esprit n’y entre pour rien, absolument pour rien. Ce n’est pas (faites-y bien attention) une conclusion que je tire, c’est la base avouée de tout le système. Un homme doit être régénéré du Saint-Esprit pour être ministre comme il faut l’être pour être chrétien ; mais, pour son ministère même, le Saint-Esprit n’y entre pour rien. Voici les propres paroles de M. Wolff, page 68 : Ce n’est que parce que leur ministère n’est pas un don du Saint-Esprit, que les ministres sont ambassadeurs de Christ.

J’admets pleinement qu’il est parfaitement conséquent. À la fin de l’économie juive, les formes (telles que la sacrificature, etc.) et la puissance (Christ qui était sans forme) sont trouvées en opposition. Il en est de même maintenant ; la foi choisit la puissance et les choses éternelles ; l’incrédulité s’attache toujours aux formes. La réforme, précieuse sous tant de rapports, mêlait ensemble des choses qui étaient de Dieu et d’autres qui étaient de l’homme ; la manifestation de l’énergie du Saint-Esprit les démêle. Ceux qui n’ont pas la foi pour s’appuyer sur Dieu tout seul, se jettent maintenant hardiment du côté des formes, et applaudissent à l’aveu que produit la franchise de la jeunesse, ou une certaine complaisance envers soi-même ; et, cet aveu, c’est que la puissance n’entre pas dans leur plan ; ils sont ministres, ou plutôt leurs ministres sont ambassadeurs de Christ, parce que leur Ministère n’est pas un don du Saint-Esprit !

Est-il besoin d’en écrire davantage pour les âmes simples qui marchent dans la foi ? Non ; mais il ne manque malheureusement pas de gens qui cherchent à embrouiller les autres, ni de personnes qui s’attachant un peu à la lumière, un peu à leurs aises selon la chair, sont prêtes à tomber dans les pièges que des raisonnements d’homme peuvent leur tendre.

Je désire seulement que l’on fasse bien attention à ce qui en est. Dieu a permis que la chose soit dite hautement ; on ne peut plus s’y tromper. M. Wolff a parfaitement raison ; il faut nier l’existence et l’opération du Saint-Esprit dans le Ministère, ou abandonner tout le système. Les choses se dessinent tous les jours davantage. Un aveu tel que celui dont il vient d’être question a été plus que je n’aurais osé espérer pour mettre les âmes au clair, et faire comprendre que, pour chacune d’elles, la vraie question est celle-ci : Est-ce que je crois que le Saint-Esprit agit dans le Ministère, ou non ? Telle est la question qui s’élève entre nos frères et leurs adversaires, telle est la question qui agite la chrétienté. Nous verrons quelles sont les conséquences graves de cette question ; mais il est très-évident que la position prise par ceux qui embrassent le système Wolff, c’est de nier l’opération du Saint-Esprit dans le Ministère et de résister à son énergie là où il agit, et c’est ce que j’ai vu se dessiner toujours plus nettement.

Jugement de M. Wolff sur le système Rochat.

J’ai dit que la brochure Wolff a pour but de maintenir ce qui existe et de s’opposer à nos frères. Il dit de M. Rochat : « Système scripturaire. » Cela est bon, parce que M. Rochat s’oppose aux frères et maintient plus ou moins un clergé nommé par les hommes. Peu importe qui le nomme, comme le dit ailleurs M. Wolff, pourvu que ce soit les hommes et qu’il n’y ait pas de don.

Mais en même temps, quoiqu’il soit commode d’établir une unité d’opposition à nos frères pour maintenir un clergé nommé par les hommes, de quelque manière que ce soit, il faut, en un autre endroit de la brochure, détruire tout cela pour maintenir exactement le système du parti. Voici en quels termes M. Wolff, après avoir appelé le système de M. Rochat scripturaire (page 9), s’exprime au sujet de ce même système, page 37 de son ouvrage : « Il faut que j’ajoute ici qu’une élection d’Église telle que l’entend M. Rochat, ne peut s’accorder avec une vocation divine de l’évêque. » Et plus bas : « Si une Église, lorsqu’elle a besoin d’un pasteur, fait une votation ensuite de laquelle celui de ses membres qui a le plus de suffrages se trouve être évêque, cet évêque n’a reçu aucune vocation de Dieu ; il est établi au nom des hommes et par les hommes seuls. Ce résultat est inévitable. » Je dois donc, d’après M. Wolff, supposer très-scripturaire, que celui qui est évêque sur le troupeau de Dieu, soit établi sans aucune vocation de Dieu. Peu importe. Il y a 37 pages entre ces deux phrases, et à chaque endroit ces sentiments contradictoires soutiennent ce qui existe dans son parti.

Exemple du même esprit au sujet des Évangélistes.

Après avoir, pour soutenir le principe du clergé, assuré la distinction d’un évangéliste officiel, M. Wolff loue beaucoup (page 43) l’emploi de ceux qui n’ont pas cette charge par l’imposition des mains ; mais pourquoi ? C’est que « on les emploie aujourd’hui. » On ne devrait pas les appeler évangélistes, parce que « il faut distinguer soigneusement entre ce qui est une charge du Ministère et ce qui n’est qu’un témoignage rendu à l’Évangile prêché volontairement par un chrétien zélé et capable. » (Page 43.) Mais, hélas ! on les appelle ainsi. On peut donc toujours conserver ce titre, pourvu qu’on l’explique et que l’on évite une « confusion dangereuse pour l’Église, » entre ceux qui font l’œuvre et ceux qui sont chargés par les hommes de la faire. Je dis : ceux qui font l’œuvre ; car il faut supposer que ces évangéliseurs ainsi approuvés sont envoyés de Dieu ! Aussi, de nos jours, en voyons-nous plusieurs envoyés par les hommes, mais « ils n’ont pas reçu d’imposition. » Toute l’affaire est donc de distinguer le clergé.

Autre exemple au sujet des Docteurs.

De la page 45e à la 48e, M. Wolff nie absolument l’existence de la charge de docteur dans l’Église. Mais il se réforme fort à propos (p. 49) en ajoutant ces mots : « Ce qui vient d’être dit sur le docteur, doit être considéré comme ne touchant en rien au grade de docteur en théologie que confèrent les universités. » On aurait de la peine à comprendre comment cela n’y touche pas. Si j’ai bien compris, ce docteur est une espèce de pasteur qui, par le moyen des étudiants, étend ses fonctions à une plus large portion du troupeau de Christ. — Mais c’en est assez de cette adulation de tout ce qui soutient les intérêts d’une classe, d’un parti, aux dépens de la foi, de l’action de l’Esprit, de la Parole et de la vérité.

Sur la liaison prétendue des idées politiques et religieuses.

La pensée de l’influence des idées politiques sur les idées religieuses est banale, quoique très-propre à exercer une influence sur ceux qui sont, au fond, gouvernés par des motifs politiques d’une classe spéciale ; mais elle n’aura aucune prise sur ceux qui sont dirigés par le Saint-Esprit et qui cherchent son enseignement dans la Parole.

L’idée, du reste, est très-superficielle ; j’en prends note, parce que l’esprit de soumission et d’obéissance caractérise tellement le vrai chrétien, que des âmes sincères pourraient en être troublées ; et voici comment Satan cherche à profiter de l’esprit d’obéissance, afin de porter le chrétien à obéir à l’homme. Il n’y a personne qui ait un peu lu l’histoire, qui ne sache qu’il n’existe aucune accusation portée contre le mouvement religieux de nos jours qui n’ait été portée contre la réforme, et que tout mouvement de l’Esprit de Dieu, agissant, comme il le fait, sur la masse inerte qui le rend nécessaire, est traité par ceux qui aiment à dormir, ou du moins à rester sur leur lit, d’esprit d’innovation et de radicalisme. Tout homme qui affirme les droits de Dieu en présence de ceux qui sont en possession d’une autorité qui méprise ces droits, sera nécessairement à leurs yeux un despote et un radical.

C’est une vieille accusation et qui part toujours du mauvais côté. Quand Ponce-Pilate ne pouvait trouver aucune faute en Jésus, les sacrificateurs et les principaux insistaient d’autant plus, en disant : Il émeut le peuple, enseignant par toute la Judée, ayant commencé depuis la Galilée jusqu’ici. Que dit-on, à Philippes, contre Paul et Silas ? « Ces hommes, qui sont Juifs, troublent notre ville. » (Act. XVI, 20.) Et à Thessaloniques ? « Ces gens, qui ont bouleversé toute la terre, sont aussi venus ici. » (Act. XVII, 6).

J’engage les simples à ne s’inquiéter ni d’un principe politique ni d’aucun autre, mais à suivre en paix et avec fermeté le chemin où le Saint-Esprit les conduit, marchant par la foi, se souvenant que ces accusations (de quelle manière précieuse la Parole pourvoit à tous les besoins des enfants de Dieu !) que ces accusations, dis-je, se trouvent toujours dans la Bible du côté des adversaires de la vérité.

D’ailleurs cette apparence de discernement et de profondeur philosophique n’est que l’esprit superficiel de l’incrédulité. Dieu a préparé dans tous les temps les circonstances convenables pour l’impulsion que donnerait son Esprit. Les circonstances étaient toutes préparées pour la réforme. Elles étaient également toutes préparées pour le christianisme. L’aveuglement de la philosophie ne voit que ces circonstances et ne discerne pas la puissance de Dieu qui agit en elles.

L’incrédulité est toujours la même ; mais ceux qui agissent par la foi savent très-bien qu’ils sont conduits par toute autre chose que par les circonstances, et souvent, dans leur simplicité, ils ne savent pas que les circonstances les favorisent sauf par la promesse que toutes choses contribueront au bien de ceux qui aiment Dieu et qui sont appelés selon son propos arrêté, et ce ne sont pas là les plus faibles. S’il faut parler selon l’homme, je dis que, l’homme d’une idée fait ordinairement plus que celui qui sait philosopher sur tout. L’énergie de l’un et l’abstraction de l’autre qui juge de tout se rencontrent rarement.

Du reste l’application du principe assez ordinaire et assez vrai, que les chrétiens subissent en général plus ou moins hélas ! l’influence de ce qui les entoure, est assez mal faite. Quant aux frères que l’auteur attaque, il se trompe singulièrement ; car, en Angleterre, on les accuse au contraire d’être tous des aristocrates, et l’on accuse le système d’être fait pour des aristocrates mécontents du nationalisme. Ils sont considérés, par des philosophes, comme une réaction contre l’extrême démocratie des dissidents Anglais [1].

Peu importe, pourvu que l’Esprit agisse, Dieu produit des effets de sa grâce et le monde les juge, passe outre et périt dans sa sagesse. Quelques chrétiens peut-être subissent aussi l’influence philosophique et systématisante du siècle. J’espère que nos frères l’éviteront comme ils évitent la politique. Les raisonnements scientifiques sur ce qui se passe ne sauvent pas les âmes et ne relèvent pas les chrétiens tombés. Nous sommes les serviteurs de Dieu, Dieu préparera et Dieu dirigera toutes les circonstances ; nous n’avons même pas besoin de nous en occuper, sauf pour y admirer la bonne main de notre Dieu. Notre part est de suivre l’impulsion du Saint-Esprit et de nous guider par la Parole.

Le fait est que le principe démocratique et radical, c’est-à-dire la volonté de l’homme se trouvent dans le presbytérianisme et la dissidence [2]. Le Saint-Esprit, quand il agit, sait toucher à toutes les cordes de l’esprit humain et s’adapter à elles en grâce, en réservant à Dieu tous ses droits et toute sa souveraineté ; mais c’est Dieu seul qui sait faire cela. Il faut de la puissance.

La puissance et la grâce du Saint-Esprit, voilà ce qu’il faut chercher, et n’être ni démocrate ni aristocrate, ni despote ; mais il faut être divin, et marcher selon le principe de la grâce de Christ en qui la souveraineté de Dieu et le cœur de l’homme s’unissent et sont en paix. Dieu ne veut pas que les choses marchent sans cela ; car elles marcheraient sans lui.

Examinons le contenu de la brochure.

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  1. En voici un spécimen :
    « Ce système a de grandes attractions naturelles ; il s’y trouve une atmosphère aristocratique, une espèce de climat de Madère qui convient aux poumons délicats de la bonne société, des Messieurs, des Dames, etc. »
  2. La chose est évidente ; le principe de la démocratie, c’est que l’homme a le droit de choisir ses magistrats, le peuple étant la source du pouvoir, quoiqu’il les choisisse selon certaines qualités dont il est le juge. C’est le principe du Ministère parmi les presbytériens et les dissidents. Ils ajoutent, d’une manière ou d’une autre, une certaine investiture pour l’exercice des fonctions. Celui qui insiste sur les dons de Dieu, est évidemment sur un tout autre terrain ; il n’est pas question de politique dans les dons qui viennent du ciel.