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Dictionnaire de théologie catholique/WIMPHELING ou WIMFELING Jacques

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Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant, Eugène Mangenot, Émile AmannLetouzey et Ané (Tome 15.2 : TRINITÉ - ZWINGLIANISMEp. 1007-1010).

WIMPHELING ou WIMFELING Jacques, humaniste alsacien (1450-1528). — I. Vie. II. Œuvres principales. III. Caractéristiques et appréciation.

I. Vie. —

Jacques Wimpheling naquit le 25 juillet 1450, à Sélestat. La charmante cité alsacienne possédait alors une école dirigée par le Wesphalien Louis Dringenberg. Le jeune Wimpheling fut son élève et profita bien de ses leçons. Le 31 octobre 1464, il passait à l’université de Fribourg, où il rencontrait un compatriote destiné à la gloire, le futur prédicateur strasbourgeois Geiler de Kaisersberg. Chassé de Fribourg par la peste, en 1468, Wimpheling, déjà bachelier depuis 1466, alla poursuivre ses études à Erfurt. Il en fut rappelé au bout de quelques mois par un oncle, Ulrich Wimpheling, curé de Soulz près de Molsheim, qui songeait à lui transmettre son bénéfice. Mais l’étudiant, jugé encore trop peu instruit, dut reprendre la route d’Erfurt. La maladie l’arrêta en route, à Spire. Mal soigné, il vint à Strasbourg, d’où il passa à Heidelberg, à la recherche de médecins plus habiles et, le 2 décembre 1469, il se faisait immatriculer à l’université de cette dernière ville. C’est là qu’il reçut, le 19 mars 1471, le titre de maître es philosophie. Il y donna aussi ses premières leçons et semble y avoir professé jusqu’en 1483. À cette date, il passe à Spire. Qu’il y ait été officiellement théologal, c’est-à-dire prédicateur attitré à la cathédrale, c’est douteux. Ce qui est sûr, c’est qu’il fit à Spire un séjour de quatorze ans, adonné au ministère ecclésiastique, car il était entré dans les ordres de bonne heure et il avait reçu la prêtrise à une date que nous ignorons. Il vécut en prêtre zélé et pieux, professant une grande dévotion à la Vierge et à son immaculée conception, combattue alors par les dominicains. Il jouissait de la confiance de son évêque, qui lui donna la mission de colliger un Officium compassionis B. Virginis pour le diocèse (1491). Il devait, en 1504, recueillir de même les éléments d’un office en l’honneur de saint Joseph, à Strasbourg. Il avait du sacerdoce catholique l’idée la plus haute. Et comme il était d’un tempérament combatif et enthousiaste, il exprima ses sentiments en deux œuvres apologétiques contre les adversaires du clergé : Oratio querulosa contra invasores sacerdotum et Immunitatis et libertatis ecclesiasticæ slatusque sacerdolalis defensio (vers 1493). Mais il est gagné aux études humanistes. Tout en restant souverainement attaché à ses convictions chrétiennes,

il a le goût du style, de la pureté du langage. Il connaît les ouvrages de Laurent Valla, le célèbre humaniste italien. Il en résume les préceptes dans un écrit qu’il intitule : Eleganliarum medulla (1493). L’historien Janssen assure qu’il doit à l’influence de Jean de Dalberg, curateur de l’université de Heidelberg, puis évêque de Worms, la première idée de son ouvrage Isidoneus germanicus, qui est de 1496. Depuis 1487, il avait hérité de la cure de son oncle, à Soulz, il en percevait les revenus, tout en se faisant remplacer, selon l’usage fâcheux du temps, par un vicaire. Il songeait alors à se retirer, avec quelques amis, en quelque solitude de la Forêt-Noire. Mais le projet n’eut pas de suite. À l’appel de l’électeur palatin Philippe, il accepta de revenir à Heidelberg, en 1498, en qualité de professeur de rhétorique à l’université. Ses premières leçons portèrent sur les lettres de saint Jérôme et les poèmes de Prudence. Plusieurs de ses plus importants ouvrages datent de cette période. En 1501, toujours désireux de solitude, avec son ami, le chanoine Christophe d’Utenheim, il quitta Heidelberg pour Strasbourg. Mais son ami venait d’être nommé coadjuteur de l’évêque de Bâle. Sur les conseils de Geiler de Kaisersberg, il resta à Strasbourg. Juste à ce moment, Sébastien Brant venait se fixer aussi dans cette ville. Autour des trois personnages, Geiler, Wimpheling et Brant, animés du plus pur zèle pour la réforme chrétienne, se groupèrent de jeunes disciples. On sait qu’à la même date des groupes réformistes étaient à l’œuvre à Paris, à Londres, en Espagne. Mais la tâche était partout immense et, sauf en Espagne, où un Ximénès de Cisneros pouvait user d’une puissante influence politique, les nobles efforts d’un Standonck, d’un Lefèvre d’Étaples, d’un Mombaër, d’un Colet, d’un Thomas More, parallèles à ceux des trois Strasbourgeois, devaient rester en grande partie inefficaces.

Nous ne suivrons pas plus loin les détails de la vie de Wimpheling. Les grands événements de son existence sont désormais ses ouvrages. Disons seulement qu’il vécut surtout à Strasbourg, à Bàle, Fribourgen-Brisgau, Heidelberg, jusqu’en 1515, date à laquelle il se fixa dans sa ville natale, où il demeura, sauf quelques voyages plus ou moins prolongés, jusqu’à sa mort, le 17 novembre 1528.

IL Œuvres. — 1° De la période du séjour à Spire.

— Laudes Ecclesiæ Spirensis (1486) et peut-être Epislola de miseriis curalorum et plebanorum ; vers le même temps : De nuntio angelico (1494) et De Iriplici candore Mariée (1492), deux écrits qui témoignent, avec l’office de la Compassion de Marie, cité plus haut, de sa grande dévotion à la Vierge. Mais c’est surtout l’œuvre pédagogique do Wimpheling qui est intéressante. On a vu qu’à Spire, déjà, il composait un abrégé des Élégances de Valla et rédigeait un Guide du jeune Allemand sous le titre un peu recherché de Isidoneus germanicus (EtuoSoç véoç, nouveau chemin ) (1496). L’auteur y expose pour la première fois son idéal pédagogique. Il est franchement hostile aux vaines subtilités de la scolastique décadente. Il préconise une et iule de la grammaire et des lettres latines, afin de mettre le jeune étudiant en mesure de lire les saints Pères et les meilleurs passages des auteurs païens. Toutefois, il met l’accent sur les valeurs suprêmes de la vie : la parole de Dieu, la doctrine du salut, la connaissance intime du Christ et de son Évangile.

2° De la période de Heidelberg (1498-1501). — Trois’* ii -.tes importante* : Philtppteæi Agatharchia (î 198), dédit a l’électeur Philippe t destiné* à l’éducation de son fils, le prince Louis, sont consacré* à l’idéal du prince chrétien, ami des lettres et de la justice : Adolescenlia (1500) est l’œuvre pédagogique mai tresse de Wimpheling. Il y reprend le thème de V Isidoneus, mais avec plus d’ampleur et plus de maturité. Il parle désormais en humaniste réformateur. Les maux de l’Église l’affligent comme les plus nobles de ses contemporains. Il en voit la cause dans les vices de l’éducation, toute consacrée à de vaines études de logique formelle et à d’obscures discussions dialectiques. La réforme de la société chrétienne doit commencer par la réforme de l’éducation, car l’avenir dépend de la jeunesse et de sa bonne formation. Il développe, un peu pêle-mêle, vingt préceptes indispensables à la bonne éducation. Il y a de tout dans cette énumération, de l’excellent et du trivial, du sérieux et du comique, du profond et du naïf, au travers d’innombrables citations des auteurs classiques, des Pères de l’Église, des humanistes contemporains et des pieux personnages du passé. Parmi ses recommandations, il glisse d’intéressants détails de mœurs, des conseils utiles sur l’étude de l’histoire, notamment de celle des saints conciles, et aussi de la géographie.

Il est curieux de noter que Wimpheling a porté son culte du beau latin jusque dans le domaine liturgique. Il publia, en 1499 : De hymnorum et sequentiarum auctoribus generibusque carminum, et, en 1500 : Casligaliones locorum in canlicis ecclesiaslicis et divinis officiis depravatorum.

3° De la période de Strasbourg jusqu’à la mort (15011528). — Il semble que les trois amis que nous avons nommés, Geiler, Brant et Wimpheling, aient fondé une partie de leurs espoirs de réformateurs sur l’étude de l’histoire nationale. Pour le dernier, cela ne peut surprendre. C’était l’une de ses idées principales. Il publia en 1501 un ouvrage consacré à la gloire de son pays et dédié aux conseillers de la ville de Strasbourg : Germania, ad Argenlinenses. L’auteur y dénonce les obscurs complots des Welches, qui voudraient introduire en Alsace l’influence politique française. À l’en croire, il serait faux que l’ancienne Gaule eût pour frontière le Rhin. Elle ne dépassait pas, assure-t-il, la ligne des Vosges. Puis, il développe un plan d’éducation, selon les idées qui lui étaient chères et que ses précédents ouvrages avaient mises en relief. Son plan d’études comporte l’histoire, l’économie domestique et politique, la morale, l’art militaire, l’architecture et l’agriculture. L’ouvrage fut vivement attaqué par Thomas Murner (voir l’art. Murner), un franciscain de beaucoup de verve, qui y vit peut-être une critique du programme éducatif monacal, en vigueur jusque-là. Bien entendu, Wimpheling répliqua vertement, soutenu par ses amis, aux attaques de Murner, dont l’ouvrage fut interdit par le conseil de ville. Peu après, il publiait son Epilome rerum germanicarum qui est considéré comme la première histoire nationale allemande. Il y déploie, il est vrai, plus de patriotisme allemand que de science et d’esprit critique. Sous ce rapport, il est bien inférieur à son compatriote, Beatus Rhenanus, dont l’Histoire d’Allemagne est de 1531 (Rerum germanicarum libri III, Bàle). 41 n’en mérita pas moins le titre de « père de l’histoire germanique », peu après que Robert Gaguin avait mérité celui de « père de l’histoire de France » (1495).

Eli 1505, Wimpheling publie, à Fribourg, un petit ouvrage qui soulève contre lui un redoutable orage. Il s’agit d’un opuscule sur la pureté : De integritate. L’auteur, qui avait peine à vivre et que des intrigues avaient privé de diverses expectatives de bénéfice*, à Strasbourg, avait dû se faire précepteur et accompagner des enfants de bonnes familles strasbourgeoise*

à l’université de Fribourg-en-Brlsgau. Parmi ces

enfants, se trouvait notamment le futur conseiller de ville, Jacques Sturm. ("est à leur intention que le précepteur avait compose son [ivre. Mais il était de 354 7

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caractère trop vif pour n’y point mêler d’allusions personnelles. Ayant recommandé à ses disciples d’être en philosophie des Aristotes, et en théologie, des Augustins, Wimpheling saisissait l’occasion pour dauber les moines dont il avait à se plaindre. Augustin, disait-il, n’a jamais appartenu à un ordre. Il n’a jamais porté le capuchon, dans lequel les moines mettent toute leur sainteté. Au surplus, ni les grands philosophes, ni Jésus-Christ, ni Moïse, ni les apôtres, ni les anciens Pères de l’Église, ni de très grands personnages plus récents, tels que Grégoire le Grand, Bède, Alcuin, ne furent moines. Ces truismes agressifs soulevèrent contre leur auteur une vraie tempête. Il dut quitter Fribourg, se réfugier dans une propriété des parents de son élève, Sturm. Il fut copieusement réfuté, en prose et en vers, et qui mieux est, dénoncé à Rome. Il trouva toutefois de zélés défenseurs, notamment les deux évêques de Strasbourg et de Bàle — ce dernier, son ami Christophe von Utenheim. Au plus fort de la tourmente, il publiait un autre écrit déjà rédigé antérieurement : Apologia pro republica christiana, où il prenait à partie les chasseurs de bénéfices, dont il avait eu lui-même à souffrir. Et comme si ces querelles ne suffisaient pas encore, Wimpheling qui, décidément, ne craignait pas la lutte, se jetait dans une vive discussion qui venait d’éclater entre son ami Jacques Locher, surnommé Philomusus, et le théologien réaliste Georges Zingel. Il s’agissait des relations réciproques de la poésie et de la théologie. Les adversaires, au fond, ne différaient pas de sentiment. Mais les esprits, à cette époque, étaient pleins de verdeur et d’irascibilité. Locher avait malmené son contradicteur et par contre-coup la théologie en général. Wimpheling prit la défense de cette dernière. Locher s’emporta contre son ami dans un pamphlet dirigé contre « la théologie des mulets », la scolastique. Wimpheling publia, en 1510, une rude riposte contre les « poètes des mulets » : Contra turpem libellum Philomusi. Bien qu’humaniste lui-même, il réduisait la poésie au rôle modeste d’annexé de la grammaire et lui déniait, non sans raison, tout caractère scientifique.

Dans l’intervalle, en 1507, à l’instigation de Geiler, Wimpheling avait publié une courte histoire des évêques de Strasbourg. La même année, il donnait encore un opuscule sur l’art de l’imprimerie : De arte impressoria, où l’on peut voir une sorte d’histoire littéraire allemande de son temps. Il y passe en revue en effet les plus illustres humanistes de son pays et fait brillamment leur éloge : Rodolphe Agricola (14421485), Alexandre Hegius (1433-1498), Jean de Dalberg (1445-1503). Il se vante, avec son grand ami Jean Trithemius (1462-1516), du retour en honneur de saint Thomas d’Aquin, en théologie, révélant du même coup ses propres opinions théologiques. De cet opuscule, l’historien Jean Janssen a tiré grand parti dans sa grande œuvre, L’Allemagne et la Réforme. C’est là que Wimpheling proclame carrément la supériorité de l’Allemagne, en matière de culture : « Nous autres, Allemands, dit-il, nous dominons presque tout le marché intellectuel de l’Europe civilisée. Mais aussi nous n’y offrons guère que de nobles productions qui ne tendent qu’à la gloire de Dieu, au salut des âmes et à l’instruction du peuple. » Cité par Janssen, traduction française, t. i", p. 15.

En 1510, mourait le grand prédicateur strasbourgeois Geiler de Kaisersberg. Wimpheling publia aussitôt une chaleureuse notice sur son ami : In Joh. Kaiserspergii mortem planctus. La même année, un de ses neveux, Jacques Spiegel, transmettait à Wimpheling une demande de l’empereur Maximilien, tendant à combattre les abus de la Curie romaine. L’écrivain s’exécuta, en prenant pour base de départ la

Pragmatique Sanction française, c’est-à-dire la supériorité du concile sur le pape et l’indépendance financière et politique des Églises nationales vis-à-vis du Saint-Siège. Il rééditait par ailleurs les fameux Gravamina ou Griefs de la nation allemande contre la Curie, déjà énumérés, dès 1457, par Martin Mayr, dans un écrit présenté à /Eneas Sylvius Piccolomini (futur pape Pie II). Mais quand l’œuvre de Wimpheling parvint à l’empereur, celui-ci était déjà en pourparlers diplomatiques avec Rome. L’écrit fut mis aux archives. Spiegel ne le publia qu’en 1520, un an après la mort de f’empereur Maximilien.

Dans les années suivantes, exactement en 1514, Wimpheling, sur le désir de son ami Christophe de Utenheim, évêque de Bàle, qui était alors à la tête d’un couvent de la Forêt-Noire, peut-être Sulzburg, publia une sorte de résumé de ses idées pédagogiques : Diatriba de proba institntione puerorum in triuialibus et adolescentium in universalibus gymnasiis, une sorte de manuel à l’usage des instituteurs des écoles primaires (in trivialibus) et des écoles préparatoires à l’université (gymnasia). Les oppositions devaient se poursuivre contre ses idées, car nous avons de lui, à la même date, une apologie personnelle, qui est la source principale de nos renseignements sur sa carrière : Expurgatio contra detrectatores.

III. Caractéristiques’et appréciation. — Il ressort de tout ce qui précède que Wimpheling fut un écrivain fécond, tumultueux, populaire. Janssen estime à 30 000 exemplaires, chiffre énorme, le tirage des diverses éditions de ses écrits pédagogiques. Rien de génial sans doute, en tout cela, mais de la bonne volonté, une érudition touffue et variée, à la mode du temps, des idées intéressantes, du bon sens, quelques principes sûrs. L’auteur a mérité, avant Mélanchthon, le titre glorieux de « précepteur de l’Allemagne, præceptor Germanise ». Janssen dit de son œuvre : « C’est une œuvre vraiment nationale et qui mérite d’être saluée par tous avec reconnaissance et respect. » Puis, il ajoute, parlant plus spécialement du livre intitulé Adolescentia (1500) : « II appartient au petit nombre de livres qui font époque dans l’histoire de l’humanité. » Édit. française, t. i er, p. 63. Wimpheling n’était cependant pas sans défauts. Il aimait la polémique. Il reconnaissait lui-même que la maladie et la fatigue due à l’excès de travail le rendaient parfois injuste et amer. Il manque de mesure et de pondération. Il est bien de son temps sous ce rapport. Rarement les discussions d’idées ont été plus mordantes et plus âpres qu’à cette époque de fermentation générale, aube de l’une des plus grandes révolutions spirituelles de l’histoire. Personnellement désintéressé et animé de nobles intentions, il est souvent exagéré et injurieux pour ses adversaires. Il reçoit des coups et il en donne. Visiblement, il y trouve plaisir. C’est pourquoi l’on n’est pas surpris de le trouver, jusqu’en 1520, favorable au mouvement luthérien. Il n’approuvait peut-être pas tout ce qui sortait de la plume de Luther, mais il pensait, comme beaucoup de catholiques sincères, que de tout ce bruit pouvait finalement sortir une poussée utile vers la réforme nécessaire de l’Église. Cependant, quand Luther eut publié, en octobre 1520, son De captivitate babylonica, qui attaquait ouvertement le système sacramentaire de l’Église, Wimpheling comprit qu’il allait trop loin. Il avait alors soixante-dix ans et vivait au ralenti, travaillé par les rhumatismes et la goutte, dans sa ville natale, Sélestat. Il n’en manifesta pas moins hautement son loyalisme catholique, en réprouvant les excès des novateurs. Pour comprendre toute la portée de son attitude, il faut se rappeler qu’il avait groupé autour de lui tout un groupe de jeunes admirateurs, en une sorte de société littéraire. Parmi les 3549

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membres de cette sodalilas, on remarquait le professeur Jean Sapidus, l’imprimeur Lazare Schiirer, de brillants étudiants tels que Beatus Rhenanus et Martin Bucer. Dans ce cercle, qui fait songer au « groupe de Meaux » en France, on discutait sur tous les événements littéraires du temps, sur les écrits d’Érasme, d’Ulrich Zasius, de Martin Luther, de Mélanchthon, d’Éoban Hessus, d’Urbain Rhegius, etc. Et, comme il devait arriver peu après au « groupe de Meaux », le cercle de Sélestat se trouva profondément troublé et divisé par « l’affaire luthérienne ». Les uns étaient pour, les autres contre. Le neveu de Wimpheling, Spiegel, semble avoir contribué à retenir son oncle dans les rangs catholiques traditionnels. Luther devait manifester son irritation à ce sujet. Wimpheling fut vivement attaqué par les luthériens. Il n’en resta pas moins fidèle aux convictions de son enfance. Son nom se range auprès de celui des vieux humanistes allemands catholiques, Agricola, Hegius, Dringenberg, Trithemius, Murmellius, Regiomontanus.

Sources.

L’Expurgatio, sorte d’autobiographie,

a été publiée, avec d’autres sources utiles pour sa Vie par J.-A. Biegger dans Amœnitates litterariæ Friburgenses (Ulm, 1775).

Littérature.

P. Wiskowatoff, Jacob Wimpheling, sein

Leben und seine Schriften. Ein Beitrag zur Geschichte des deutschen Humanismus, Berlin, 1867 ; Jean Janssen, L’Allemagne et la Béjorme, trad. française, qui malheureusement ne tient pas compte des améliorations apportées par Louis Pastor aux premières éditions de la grande œuvre de Janssen, Paris, Pion, 1902 sq. ; dans les Erlaùterung und Ergànzungen zu Janssens Geschiclite des deutschen Volkes, les fasc. 2-4 du cahier m sont consacrés à une monographie de Wimpheling, par Joseph Knepper (1902), on y trouve la liste des publications et des manuscrits de Wimpheling ; antérieurement, Ch. Schmidt avait longuement parlé de cet auteur dans son Histoire littéraire de l’Alsace à la fin du XV siècle et au commencement du XVI’siècle, Paris, 1879, et dans son Répertoire bibliographù/ue strasbourgeois jusque vers 1530, Strasbourg, 1893 sq. ; voir enfin Nicolas Paulus, Wimpjelingiana, dans Zeitschrijl fur Geschichte des Oberrheins, 1903, p. 46 sq. ; travaux de Knepper et de Kalkoft, ibid., 1906, p. 40 sq., 262 sq. ; de Buchner, ibid., p. 478 sq.

L. Cristiani.