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Dictionnaire de théologie catholique/ZIGLIARA Thomas-Marie

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Dictionnaire de théologie catholique
Texte établi par Alfred Vacant, Eugène Mangenot, Émile AmannLetouzey et Ané (Tome 15.2 : TRINITÉ - ZWINGLIANISMEp. 1081-1082).

ZIGLIARA Thomas-Marie, des frères-prêcheurs et cardinal (1833-1893). — Né à Bonifacio, en Corse, le 29 octobre 1833, il fit ses premières études chez les frères des Écoles chrétiennes. Admis au noviciat des dominicains de la Minerve, à Rome, il reçut l’habit au couvent d’Anagni, le 12 octobre 1851, puis passa au couvent de Pérouse, où il étudia la théologie. L’évêque de Pérouse était alors le cardinal Joachim Pecci, devenu pape sous le nom de Léon XIII. Il conféra au jeune dominicain l’ordination sacerdotale, le 7 mai 1856. Entré au couvent de Viterbe, le P. Zigliara y enseigna la philosophie, en même temps qu’il y remplit les fonctions de maître des novices et des scolastiques. Il prêcha beaucoup et se dévoua auprès des zouaves pontificaux français. Revenu à Rome, il reçut le titre de maître en théologie et se vit nommer recteur du collège de la Minerve. Professeur éminent, enseignant la doctrine de saint Thomas dans toute sa pureté, il la défendait aussi contre les objections et les préjugés de l’époque. Son intransigeance scolastique s’alliait avec une largeur de vues qui lui attirait les plus prévenus. De nombreux prélats assistaient à son cours. Théologiens, philosophes et hommes politiques sollicitaient son avis sur des questions importantes. Léon XIII, qui ne l’avait point perdu de vue, voulut consacrer cette renommée en élevant le P. Thomas-Marie à la pourpre romaine. Le 16 mai 1879, il le nomma cardinal-diacre du titre des Saints-Côme-et-Damien. Plus tard, il eut le titre presbytéral de Sainte— Praxède, puis fut enfin nommé évêque de Frascati, le 16 janvier 1893. Le pape lui confia en outre la préfecture de la Congrégation des Études. Membre de diverses Congrégations, particulièrement de celles des Évêques et Réguliers, de l’Index, de la Propagande, des Rites et des Indulgences, il y tint une place remarquée, par sa science et par son zèle.

La vie religieuse et cléricale du cardinal Zigliara s’est écoulée dans l’étude exclusive et approfondie de saint Thomas. Aussi bien, quand Léon XIII résolut de remettre en honneur la doctrine du Docteur angélique, il trouva dans l’éminent théologien le « spécialiste » qu’il lui fallait. La grande édition léonine des œuvres de saint Thomas fut commencée sous sa savante direction. D’autres ouvrages théologiques, philosophiques et historiques sont sortis de sa plume. Il fut assailli par la maladie et bientôt par la mort, en pleine activité. Il expira au couvent de la Minerve, le 10 mai 1893, à peine âgé de 59 ans, dont 40 de vie religieuse et 14 de cardinalat. Sur son lit de mourant, il se réjouissait de ce que, dans ses nombreuses publications, rien n’eût jamais été réprouvé ni condamné par l’Église.

Outre l’édition des œuvres de saint Thomas (1880), on doit au cardinal Zigliara les travaux suivants : Saggio sui principii del tradizionalismo, Viterbe, 1865 ; Osservazioni sopra alcune interprelazioni délia dottrina ideologica di S. Tommaso d’Aquino del prof. Ubaghs, Viterbe, 1870 ; Délia luce intellellualee dell’ontologismo, secondo le dotlrine dei SS. Agostino, Bonaoenlurae Tommaso, Rome, 1871, ouvrage très souvent cité ; Discorso dello il 27 ottobre 1872 nella basilica délia Madonna délia Quercia presso Vilerbo, dal P. Tommaso Zigliara, Viterbe ; Orazione panegirica di S. Bonavenlura recilala nel primo giorno del solenne Iriduo nel tempio di Aracœli in Roma, Rome, Monaldi, 1874. La Conlessa Laura Saoelli nata Roccaserra, Memoria, Rome, 1874 ; De mente concilii Vlennensis in definiendo dogmale unionis animæ cum corpore, Rome, 1878, opuscule de 256 pages très apprécié, sur la question de l’âme forme du corps et du composé liumain ; // t Dimittatur » e la spiegazione dalane dalla Sacra Congregazione dell’Indice, Rome, 1881 ; Commentaria S. Thomæ in Aristotelis libros Perihermeneias et Posleriorum Analylicorum cum synopsibus et annotationibus, Rome, 1882 ; Proptedeutica ad sacram theologiam in usum scholarnm, Rome, 1890 ; Summa philosophica in usum scholarum, Parla et Lyon, 1891 ; revue et augmentée, en 3 vol. — 19 éditions. Cette somme, qui a été pendant longtemps le manuel de philosophie de nombreux séminaires et maisons d’étude catholiques, a beaucoup contribué à la diffusion de la pensée thomiste et à la célébrité de son auteur. Mentionnons aussi des Thèses philosophiez, publiées en 1881-1883. Les œuvres philosophiques de Zigliara ont été traduites en français par l’abbé Murgue, et éditées par Vitte, Paris et Lyon, 1883. Quelques travaux intéressants sont restés inachevés ou sont encore inédits ; De sacramentis (achevés : le baptême et la confirmation) ; Tractatus asceticus de Virgine beatissima ; Utrum episcopalus sit ordo ; Beata Maria Virgo via est ad Christum : opuscule qu’il dicta, durant les nuits d’insomnie de sa dernière maladie, aux frères de la Minerve. Il faut joindre à ces écrits les rapports importants qu’il présenta dans les Congrégations romaines dont il était préfet ou membre.

Léon XIII l’avait nommé président de l’Académie romaine de saint Thomas. Le cardinal était, en outre, protecteur de la Compagnie de Saint-Antoine, à Florence, et de la Société bibliographique de Paris ; enfin, il appartenait à la Commission des Études historiques.

Année dominicaine, juin 1893 ; Moniteur de Rome, Il mai 1893, cité dans Les questions actuelles, t. xix, 1893, p. 13 ; Le Cardinal Zigliara, article dans La Corse catholique, par dom J.-B. Gaï, O. S. B., n. 94, janvier 1935 ; Oraison funèbre du Card. Zigliara, par le R. P. Roland, O. P., Bastia, 1893.

J.-B. Gai.