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Dictionnaire universel d’histoire et de géographie Bouillet Chassang/Dante Alighieri

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DANTE ALIGHIERI, célèbre poëte italien, né à Florence en 1265, eut pour maître Brunetto Latini, et cultiva toutes les sciences connues de son temps. Dès sa première enfance il ressentit la passion de l'amour et fut épris de la jeune Béatrix, qu'il perdit à la fleur de l'âge et dont il immortalisa la mémoire dans ses poëmes. Dans les troubles qui agitaient alors l'Italie, Dante fut guelfe ardent : il se signala dans plusieurs expéditions contre les Gibelins d'Arezzo, de Bologne et de Pise, et contribua beaucoup par sa valeur à la victoire de Campaldino (1289), remportée sur ceux d'Arezzo, ainsi qu'à la prise de Caprona, enlevée aux Pisans (1290). Il remplit avec succès un grand nombre de missions politiques, et fut nommé en 1300 un des prieurs ou magistrats suprêmes de Florence. Mais la division s'étant mise entre les Guelfes, qui dominaient à Florence, et la ville s'étant partagée entre deux nouvelles factions, les Noirs, qui voulaient ouvrir leurs portes à Charles de Valois, et les Blancs, qui le repoussaient, Dante, qui avait pris parti pour les Blancs, et s'était avec eux rapproché des Gibelins, fut exilé de sa patrie, 1302. Il erra depuis de ville en ville, luttant contre la misère ; séjourna à Sienne, à Vérone ; vint passer quelque temps à Paris où il fréquenta l'université, et se fixa enfin à Ravenne, où il mourut en 1321, après avoir fait de vains efforts pour rentrer dans sa patrie. Il s'était marié après la mort de Béatrix ; il laissa plusieurs enfants. Dante s'est immortalisé par la composition du célèbre poëme connu sous le titre de la Divine Comédie : cette œuvre comprend trois poëmes ou parties distinctes, l'Enfer, le Purgatoire, le Paradis ; le poëte, racontant le sort des âmes après la vie terrestre, place dans l'enfer et le purgatoire tous ceux qui ne se sont signalés que par leurs crimes ou leurs vices, ceux surtout qui ont été les auteurs de ses maux, et dans le paradis ceux qui ont fait le bien. Il feint que Virgile, son poëte favori, l'accompagne dans l'enfer et le purgatoire, pour lui nommer les réprouvés et lui décrire leurs supplices, et que Béatrix est son guide dans le paradis. C'est une des productions les plus sublimes qu'ait enfantées le génie de l'homme, mais c'est aussi un des ouvrages les plus bizarres et les plus obscurs : les allusions dont il est rempli sont la principale cause de cette obscurité. La Divine Comédie est le premier poëme qui ait été écrit en langue italienne; jusque-là, on n'écrivait qu'en latin. Il est divisé en tercets ou rimes triplées. Ce poëme excita une admiration universelle. Dans plusieurs villes on créa des chaires où il devait être expliqué ; Boccace fut le premier qui remplit la chaire créée dans ce but à Florence. Outre la Divine Comédie, le Dante a aussi composé des Poésies lyriques qui ne sont pas indignes de lui ; la Vita nuova, qui renferme des détails sur ses premières années ; des traités De vulgari Eloquentia, De Monarchia universali (ouvrage où il se montre favorable à l'empereur et qui fut condamné à Rome). Ses œuvres, souvent imprimées, ont été réunies par Zapata de Cisneros, chez Zatta, Venise, 1758, 5 vol. in-4. La Divine Comédie a eu une foule d'éditeurs et de commentateurs : la 1re édition est de 1472 ; l'une des plus estimées est l'édition publiée à Rome par le P. Lombardi, 1791, et réimprimée en 1815 avec des notes. Parmi les trad., on estime celles de Rivarol (1783), d'Artaud (1811 et 1828, 9 vol. in-12, avec texte), de Fiorentino, 1841, de Brizeux, 1843, de Delécluze, 1854, de St-Mauris, 1853, de La Mennais, 1855, de Mesnard, 1857, en prose. Grangier (1596), Terrasson (1817), Antony Deschamps (1830), Gourbillon (1831), C. Calemard de Lafayette (1835), Aroux (1842), Mongis (1846), Ratisbonne (1852-57), l'ont mise en vers. S. Rhéal a trad. le De Monarchia, 1855. La Vie du Dante a été écrite par Boccace, Villani, Léonard Arétin, et par Artaud de Montor. V. Fauriel, Dante et les origines de la littérature italienne, 1854 ; Aroux, Dante hérétique, révolutionnaire et socialiste (1854); Clef de la Comédie anticatholique de Dante (1856) ; Delécluze, D. et la poésie amoureuse, 1854.