Aller au contenu

Dissertation sur un temple octogone et plusieurs bas-reliefs trouvez à Cestas/Dédicace

La bibliothèque libre.


À MESSIEURS
LES MAIRE, SOUMAIRE
ET JURATS,


Gouverneurs de la Ville & Cité de Bordeaux, Comtes d’Ornon, Barons de Veyrines, Prévôts & Seigneurs d’Eysines, & de la petite Prévôté & Banlieuë d’entre deux Mers, Juges Criminels & de Police.


Étant en Charge,
Messire Destrades, Maire de Bordeaux.
Messire Joseph de Segur, Chevalier, Seigneur, Comte de Cabanac, Baron de Belfort, Arsac & autres Places, Soumaire.
Messire Joseph Despens de Lancre, Chevalier de l’Ordre Militaire & Hospitalier de St. Lazare, & de Notre-Dame de Montcarmel.
Mr. Me. Pierre-Charles Dumoulin, Avocat en la Cour.
Honorable Jean Roche, Citoyen.
Messire Gabriel Dalesme, Écuyer, Seigneur de St. Clement.
Messire Joseph Bacalan, Écuyer, Avocat en la Cour.
Honorable Arnaud Castaing, Citoyen.
Les tous Jurats de Bordeaux.
Messire Jean-Baptiste Maignol, Écuyer, Citoyen, Avocat en la Cour, & Procureur-Sindic de la Ville.
Messire Guillaume Dubosq, Écuyer, Conseiller du Roy, Clerc & Secretaire ordinaire de la Ville.


Messieurs,



Je viens Vous offrir un Ouvrage, dont la dédicace Vous est si justement dûë, que tout m’invite agréablement à Vous rendre cet hommage, Seigneurs du Lieu dans lequel j’ai trouvé les Bas-Reliefs dont j’ai l’honneur de Vous présenter l’explication, attentifs à conserver ce qu’il y avoit de plus précieux dans les Monumens antiques, qui ont jadis décoré l’illustre Ville dont Vous êtes les Gouverneurs ; on voit avec plaisir, que Vous leur donnez une place distinguée au milieu de votre Hôtel, & que Vous faites en quelque façon revivre ce que l’utilité publique, ou les fureurs de la guerre paroissoient devoir ensevelir dans un oubli éternel. Quelques louables, MESSIEURS, que Vous soyez par des traits aussi brillans, Vous les compteriez pour peu, si parfaits Imitateurs de ce qui a donné de l’éclat au mérite de vos Prédécesseurs, Vous ne vous signaliez comme eux, par votre intégrité, votre amour pour la justice, & les travaux immenses dont Vous embelissez la Capitale de la Province : Aussi n’est-il pas de jour, que le Peuple ne bénisse mille fois le Prince qui lui a donné de semblables Magistrats, & que vos Concitoyens ne publient par tout, que leur affection est dûë à vos soins, qu’ils sont obligez de leur sûreté à votre vigilance, & de leur goût pour les Belles-Lettres à l’émulation que de tout tems on a vû régner dans le fameux Collége dont Vous êtes les célébres Protecteurs. Quels grands Hommes n’ont pas formé vos Muses ! Et de quels Favoris encore ne se font-elles pas honneur ! À quelque dégré de science qu’ils parviennent cependant, soyez persuadé, MESSIEURS, que les devises les plus belles, les inscriptions les plus riches, le ciseau le plus délicat, toute la force & l’énergie de l’art, n’exprimeront jamais bien ni toute la majesté, ni toute la gloire du Monarque, à l’honneur duquel Vous faites élever un Monument superbe, qui sera dans la posterité la plus reculée, un mémorial de votre vénération & de notre amour. Heureux, MESSIEURS, si Vous pouviez l’enrichir ce Monument, & par des bronzes, & par des marbres assez durs, qui résistant aux vicissitudes des âges, fussent de pair avec les plumes les plus fines, & les plus legeres, annoncer à nos derniers Neveux, quel étoit le Roy sous l’autorité duquel, ses Sujets goûtoient les fruits de la Paix dans le sein de l’Abondance, tandis que ses Voisins étoient livrez aux furieux mouvemens de la plus affreuse discorde. Si on ne peut rien opposer à des revolutions que la suite des siécles rend nécessaires, quelque alteration que les injures de l’air fassent un jour subir à vos Édifices, la réputation de vos Vertus demeurera toûjours inalterable, malgré la voracité du tems, elle passera en entier à vos Successeurs, ils se mouleront sur vos exemples, auront même dévoüement pour leur Prince, même protection pour les Sçavans, & même zèle pour le bien public.

Je suis, avec tout le respect possible,


MESSIEURS,


Votre très-humble
& très-obéissant Serviteur,
Jaubert, C. D. C.