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Droit public de l’Église. L’Église et l’éducation à la lumière de l'histoire et des principes chrétiens

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j’EGLISE ET L’EDUCATION 1

LA LUMIÈRE

DE L’HISTOIRE ET DES PRINCIPES CHRÉTIENS PAR

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M* LOUIS-ADOLPHE

PAQUET

PROTONOTAIRE APOSTOLIQUE PROFESSEUR DE THÉOLOGIE À L’UNIVERSITÉ LAVAL

QUÉBEC IMPRIMÉ PAR LA COMPAGNIE DE 30, rue de la Fabrique 1909

L’ÉVÉNEMENT IMPRIMATUR

f L.-N.,

ARCHIBP. QUEBECEN.

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Quebeci die 15 Aug. 1909.

Cum ex Seminarii Quebecensis prœscripto recognitum fuerit opus oui titulus est Droit public de l’Eglise, l’Eglise et l’Education, par M* LouisAD. PAQUET, nib.il obstat quin typis mandetur. r

J . - G . E.-LAFLAMMB, P . A.,

Quebeci die 16" Aug. 1909.

S. S. Q.

Enregistré conformément à l’Acte du Parlement du Canada, concernant la propriété littéraire et artistique, en l’année mil neuf cent neuf, par Î I " Louis-ADOWHE PAQUET, au Ministère de l’Agriculture, à Ottawa.

AYANT - PROPOS

Les pages que nous offrons aujourd’hui au public sont déjà connues des lecteurs de notre revue québecquoise L a Nouvelle-France où elles ont successivement paru sous forme d’articles. Cédant à d’amicales sollicitations, nous avons cru devoir les réunir en volume, et les rendre, par cette publicité plus ample, d’un accès plus facile et d’un caractère plus durable. D’autant plus que, traitant du pouvoir d’enseignement de l’Eglise et du rôle joué par cette divine société dans l’éducation, ces études font naturellement suite aux leçons que nous publiâmes l’an dernier sous ce titre : Droit public de l’Eglise, Principes généraux.

Ce premier volume sur le droit social chrétien était à peine paru que de nombreuses lettres, provenant d’hommes de la plus haute compétence et d’un rang très distingué dans l’Eglise et dans l’Etat, nous étaient adressées pour nous féliciter d’avoir entrepris ce travail et pour nous engager à le continuer et à le compléter. En même temps des revues sérieuses et nos plus importants journaux nous faisaient l’honneur d’en signaler l’apparition dans les termes les plus flatteurs et les plus bienveillants.

Sans nous dissimuler les défauts de notre œuvre, nous nous persuadons de plus en plus qu’elle répond à un besoin véritable de notre monde lettré, et nous nous sentons par là même en droit d’espérer que l’accueil si favorable fait à notre premier volume de Droit public ne sera pas refusé au second.

Avant de clore cette série d’études sur l’éducation en général, il nous a semblé utile de jeter un coup d’oeil sur Vœuvre educatrice accomplie par l’Eglise au cours de notre existence nationale, et de nous demander dans quelle mesure notre situation scolaire canadienne répond aux principes du droit et aux enseignements de la foi catholique.

C’est pour nous un devoir d’offrir nos remerciements aux amis charitables qui ont bien voulu nous aider dans ce travail, soit en contrôlant quelques-uns de nos avancés, soit surtout en nous fournissant les informations les plus précieuses.

L’ÉGLISE ET L’ÉDUCATION

INTRODUCTION

Les questions soulevées par l’étude du Droit public de l’Eglise sont de deux sortes : les unes générales, les autres spéciales. Les premières se rattachent aux principes ou aux données fondamentales sur lesquelles repose l’ordre établi par Dieu entre la société religieuse et la société civile. Les secondes ont pour objet les matières particulières soumises d’après le droit divin, en tout ou en partie, au pouvoir de l’Eglise, et au sujet desquelles il arrive trop fréquemment, tantôt par d’injustes empiétements, tantôt par de fâcheux malentendus, que l’autorité religieuse, bien à regret, vienne en conflit avec la puissance civile,De ce genre sont, dans leur actualité de plus en plus grave, les questions d’éducation et d’enseignement. • L’éducation : ce mot peut paraître vague. Il importe, au début de l’étude que nous commençons dans ces pages, d’en bien préciser le sens. L’étymologie nous ouvre ici la voie. Par l’analyse même du mot, il appert que l’éducation consiste à tirer l’homme de son état d’imperfection native, à développer ses facultés par l’exercice et par le travail, à les dilater, à les fortifier, à les élever* Cette signification a reçu la consécration de l’usage. On peut donc, en termes génériques, définir l’éducation : la formation de l’homme jusqu’au plein épanouissement des forces dont le Créateur a déposé en lui le germe. Or, l’homme possède des forces et des facultés diverses : une intelligence avide de connaître ; une volonté faite pour le bien, mais eu proie, depuis la chute d’Adam, aux mille séductions du mal ; un cœur capable de toutes les grandeurs et encliD à toutes les bassesses ; un corps doué d’organes et destiné par ses énergies à servir d’instrument aux fonctions supérieures de l’âme. L’éducation, pour être complète, pour établir l’homme dans la plénitude de ses facultés et de sa puissance, doit en quelque sorte embrasser l’être humain tout entier : elle doit par l’instruction développer et orner l’esprit, par la piété et la religion orienter la volonté vers Dieu, par une forte discipline créer des habitudes de règle et de devoir, par les exercices physiques donner au corps cette santé, cette vigueur, cette souplesse qui le mettent en état de répondre aux vues providentielles du Créateur. Ce n’est doue pas l’instruction seule, ni la religion seule, ni la discipline seule, ni la gymnastique seule qui constitue l’action éducatrice ; c’est l’ensemble de tous ces moyens hiérarchiquement disposés et sagement proportionnés au but qu’il faut poursuivre : l’éducation, c’est-à-dire la formation intégrale de l’homme

Cette formation, du reste, n’est et ne saurait être uniformément la même pour tous. Et, si au point de départ elle se ressemble à peu près dans toutes les familles et dans tous les milieux, elle ne tarde pas à prendre, selon les besoins multiples, les aptitudes variées, les vocations particulières des hommes, des développements inégaux e | des formes dissemblables. Cela doit être.

Aussi, à part l’éducation initiale et maternelle que l’enfant, dès 1 —Ces idées sont supérieurement exposées, quoique en un style un p e u diffus, par M« Dupanloup dans son beau et classique traité De l’éducation, vol. I.

r

l’âge le plus tendre, reçoit au foyer de la famille, distingue-t-on, comme on le faisait dès l’antiquité, trois sortes d’éducation bien caractérisées : l’éducation primaire, l’éducation secondaire, l’éducation supérieure. L’éducation primaire pourrait encore s’appeler populaire : c’est celle qui convient à tout homme dans tous les états, et sans laquelle, de nos jours surtout, on ne saurait sans difficulté trouver le chemin de la fortune et remplir efficacement tous ses devoirs de citoyen. L’éducation secondaire ajoute à la précédente un degré de culture intellectuelle que l’on remarque dans la classe moyenne et bourgeoise ; culture qui s’acquiert dans les collèges, les académies, et qui tient le milieu entre l’instruction populaire et l’instruction supérieure. Avec celle-ci l’homme s’élève, dans l’échelle des connaissances, jusqu’à ce degré de savoir, de généralisation et de compréhension, qui est le propre des classes dirigeantes de la société. C’est cette instruction que dispensent les instituts de haute éducation, les établissements littéraires et scientifiques qui, dans tous les pays, sont à la tête du mouvement intellectuel, et, par les hommes qu’ils forment, par l’influence doctrinale qu’ils exercent, président aux destinées des nations.

L’éducation à triple degré, que nous venons de décrire, présente un caractère général ; elle répond confusément au rôle respectif des trois classes sociales qui forment comme l’organisme et la hiérarchie de chaque peuple. Sur ces bases communes vient s’ajouter et se superposer l’éducation spéciale, l’éducation technique et professionnelle, qui dans les différentes carrières ouvertes par les sciences, les arts, l’industrie, les métiers, met l’homme en mesure de mener une existence honorable, de pourvoir à sa subsistance et de servir noblement, quoique diversement, son pays. L’avenir des nations dépend donc à peu près entièrement des forces éducatrices dont elles disposent et de l’orientation qu’elles savent leur donner. « C’est l’éducation qui fait la grandeur des peuplef et maintient leur splendeur, qui prévient leur décadence et au besoin les relève de leur chute *. » On voit par là tout ce qu’il y a de beau, tout ce qu’il y a de grand, tout ce qu’il y a de vital et d’essentiel dans l’œuvre de l’éducation des enfants. Certes, ceux-là le savent bien qui, pour façonner des sociétés athées et des générations libres penseuses, dirigent tous leurs assauts contre l’école et s’efforcent d’opérer une mainmise générale sur. l’enfance et sur la jeunesse. L’école est devenue le théâtre, le champ clos où se concentre dans un duel passionnant la lutte séculaire entre le bien et le mal, entre Dieu et Bélial, entre le christianisme et l’infidélité.

Déjà, il y a vingt-cinq ans, l’orateur d’une assemblée maçonnique pouvait s’écrier : « Partout où il y a un enfant, partout où il y a une école, on trouvera la main du franc-maçon, afin que la parole célèbre devienne une vérité : La maçonnerie et l’éducation sont une seule et même chose . » Les événements depuis cette date, particulièrement en France, ont prouvé avec quelle diabolique ténacité les Loges savent tenir parole. Il n’y a que quelques mois, un des chefs de l’armée anti catholique, parlant devant un auditoire de Vendéens et faisant allusion à la guerre des Chouans, disait à son tour : « La bataille, en France comme ailleurs, continue, non plus nécessairement à coups de fusil, mais plus efficacement à coups de pensées, par le livre, par la parole, par la leçon. Le combat n’est plus aux chemins creux, il est à l’école . »

Ces paroles sont tout un programme, programme de menaces, programme de haine, programme de persécution, dont les catholiques de France souffrent aujourd’hui plus que lès autres, mais en face duquel nous ne saurions nous-mêmes demeurer indifférents ; car ce programme, il est universel comme le mal, international comme la franc-maçonnerie. Selon qu’il échouera ou qu’il 2

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1 — Dupanloup, ouv. cité, Introduction.

2 — Georges Goyau, L’Ecole d’aujourd’hui, l « série, 3 édition, page 53. 3 — Discours de M. Clemenceau à la Roche-sur-Yon (23 septembre 1906— Voir Questions actuelles, 6 octobre 1906).

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— 5 —

triomphera ; Belon que l’école subira l’influence religieuse et moralisatrice de l’Eglise, ou que, échappant à cette influence, elle puisera ses doctrines et ses directions dans les conseils d’un pouvoir hostile à la foi chrétienne, à la morale évangélique et aux traditions nationales, les sociétés se raffermiront sur leurs bases, ou se précipiteront vers leur ruine.

Il faut donc à tout prix sauver l’école catholique, et, pour la sauver, faire comprendre aux esprits sincères ce qu’elle est, ce qu’elle doit être, ce qu’elle a fait dans le passé, les bienfaits inappréciables qu’on en peut attendre. De par le droit naturel et divin, trois grands facteurs sont appelés à promouvoir d’un commun accord, quoique de façon différente et dans une mesure inégale, l’œuvre sacrée de l’éducation : les parents, l’Eglise et l’Etat. Et,-on en conviendra sans peine, rien ne peut davantage contribuer à une solution heureuse du problème scolaire que la conception nette et la délimitation équitable des droits et des devoirs propres à chacune de ces trois puissances.

Nous voulons, à la double lumière de l’histoire et du droit chrétien, essayer de faire cette délimitation et d’en dégager le rôle salutaire et indispensable de l’Eglise.

PREMIÈRE PARTIE


L’ÉGLISE ET L’ÉDUCATION

À LA

LUMIÈRE DE L’HISTOIRE

CHAPITRE PREMIER


L’ÉDUCATION CHEZ LES PAÏENS.

L’homme, éclairé des seules lumières de la raison, n’arrive que très difficilement à résoudre d’une manière sûre les grands problèmes du spiritualisme, de la philosophie religieuse et morale, du droit naturel, individuel et social. C’est là uue vérité depuis longtemps reconnue, basée sur l’affaiblissement originel de nos facultés mentales, et l’histoire du paganisme, toute remplie des erreurs les plus grossières touchant Dieu, l’âme, la société, la confirme douloureusement. Il ne faut donc pas s’étonner de voir, sous le régime de l’école païenne, l’éducation de l’enfance et de la jeunesse, viciée dans ses principes, soumise à l’arbitraire de pouvoirs aveugles et tyranniques, contraster si singulièrement avec l’idée que dix-neuf siècles chrétiens nous en ont faite. Pour bien comprendre l’œuvre de la formation de l’enfance, il faut d’abord croire aux destinées immortelles de l’âme humaine ; il faut reconnaître à la conscience ses responsabilités personnelles et ses droits imprescriptibles, et se rendre par là même compte de la haute et inviolable dignité de l’enfant. En dehors de ces principes, et sous l’influence des doctrines qui leur sont contraires, l’éducation, faussée dans son but, le sera conséquemment et inévitablement dans ses facteurs, dans ses méthodes, dans ses résultats.

Qu’était l’enfant aux yeux du paganisme ? — D’ordinaire, les païens, législateurs et philosophes, ne voyaient dans l’enfant qu’un être matériel, une progéniture plus animale qu’humaine, dont on calculait d’avance, avec une âpreté cruelle, les chances de vie, de santé et d’utilisation. Pour eux ce n’était pas une âme destinée à s’élever sur les ailes de la conscience jusqu’à son Créateur ; c’était un corps plus ou moins bien formé, plus ou moins bien organisé, appelé à servir plus ou moins utilement les intérêts de son maître. Ce n’était pas une personne apportant avec elle, en naissant, une somme proportionnelle de droits et de devoirs ; c’était une chose asservie dès le principe aux besoins et aux exigences de la puissance sociale.

Chez la plupart des nations anciennes, l’Etat tenait en mains et dirigeait lui-même immédiatement toute l’œuvre de l’éducation. Voici ce que Rollin dit des Perses : « L’éducation des enfants était regardée comme le devoir le plus important et la partie la plus essentielle du gouvernement. On ne s’en reposait pas sur l’attention des pères et des mères, qu’une aveugle et noble tendresse rend souvent incapables de ce soin : l’Etat s’en chargeait. Ils étaient élevés en commun d’une manière uniforme. Tout y était réglé : le lieu et la durée des exercices, le temps des repas, la qualité du boire et du manger, le nombre des maîtres, les différentes formes de châtiments ». En Grèce, chez les Spartiates surtout, ce système de l’éducation par l’Etat fonctionnait avec plus de rigueur encore. Les lois de Lycurgue, brisant brutalement les liens les plus sacrés de la famille, avaient fait du foyer domestique un département de l’Etat, et celui-ci y régnait en despote. « Sitôt qu’un enfant était né, les anciens de chaque tribu le visitaient, et s’ils le trouvaient bien formé, fort et vigoureux, ils ordonnaient qu’il fût nourri et lui assignaient une des neuf mille portions pour son héritage. Si, au contraire, ils le trouvaient mal fait, délicat et faible, et s’ils jugeaient qu’il n’aurait ni force, ni santé, ils le condamnaient à périr et le faisaient exposer. . . A l’âge de sept ans, on distribuait les enfants dans les classes, où ils étaient élevés tous ensemble sous la même discipline. Leur éducation n’était, à proprement 1

1 — Histoire ancienne (nouv. éd.), t. II, 1. IV, oh. ] , art. 1. parler, qu’un apprentissage d’obéissance... Pour ce qui est des lettres, ils n’en apprenaient que pour le besoin. Toutes les sciences étaient bannies de leur pays. Leur étude ne tendait qu’à savoir obéir, à supporter les travaux et à vaincre dans les combats . »

Ces lois draconiennes purent bien enfanter des soldats, des héros même, mais non des citoyens.

Heureusement pour la civilisation grecque qu’Athènes et les autres cités helléniques respectèrent davantage la vie de famille, les droits de l’autorité paternelle et le libre essor de la pensée humaine. Sans doute, de même qu’à Sparte, on y considérait l’enfant comme appartenant à la république avant d’appartenir à ses parents, et c’est cette thèse étatiste et toute païenne que les chefs du jacobinisme français, Robespierre et Danton, devaient après plus de deux mille ans invoquer comme un axiome. Mais, sans abandonner le principe d’une éducation commune et nationale, on y apportait dans la pratique de sages tempéraments.

Les lois de Solon, supérieures en cela à celles de Lycurgue,laissaient l’enfant libre de puiser, soit au sein de sa famille, soit dans les écoles de lecture et d’écriture, l’instruction élémentaire. Vers l’âge de l’adolescence il passait au gymnase, puis à la classe des éphèbes (c’était l’enseignement secondaire et supérieur), pour y recevoir, en même temps que des entraînements physiques et militaires, des leçons de musique, d’histoire, de poésie, d’éloquence et de philosophie ; mais dans ces établissements publics, ni les doctrines ni les maîtres n’étaient imposés par les magistrats.

Il semble donc que, sous l’empire de ces lois et grâce à une coutume de plus e/i plus large, l’intervention de l’Etat, dans bon nombre de cités grecques, n’ait pas heurté trop violemment les droits des pères de famille et de l’enseignement libre.

Aristote, dont le génie pourtant si élevé et si puissant ne put jamais se dégager entièrement des liens du paganisme, le constate avec regret. « Comme l’Etat tout entier, écrit-il, n’a qu’un seul

1 — Ouv. et tom. cit., 1. V, art. 7, n. 4. et même but, l’éducation doit être nécessairement une et identique pour tous ses membres ; d’où il suit qu’elle doit être un objet de surveillance publique et non particulière, bien que ce dernier système ait généralement prévalu, et qu’aujourd’hui chacun instruise ses enfants chez soi par les méthodes et sur les objets qu’il lui plaît. Cependant ce qui est commun doit s’apprendre en commun ; et c’est une grave erreur de croire que chaque citoyen est maître de lui-même ; ils appartiennent tous à l’Etat, puisqu’ils en sont tous des éléments, et que les soins donnés aux parties doivent concorder avec les soins donné» à l’ensemble. A cet égard, on ne saurait trop louer les Lacédémoniens .» 1

L e Stagirite, qui a écrit des choses si admirables sur la manière de bien élever les enfants, se prononce ici, — et c’est son grand tort, — en faveur de l’éducation d’Etat organisée par L y c u r g u e ; quoique, ailleurs , il blâme ce dernier d’avoir orienté l’éducation t o u t entière vers la conquête et vers la guerre. 2

Interrogeons maintenant le maître et l’émule du philosophe de Stagire, le divin Platon.

D a n s son traité qui a pour titre L’Etat ou la ^République, Platon se livre aux plus hautes c o m m e aux plus justes considérations sur le gouvernement des peuples et les qualités de science et de vertu requises pour y être préposé. Il v e u t que la justice soit l’âme des sociétés. Mais cet esprit si sublime n’est pas égal à lui-même : des hauteurs de la morale sociale la plus pure, il s’abaisse tout à coup a u x théories les plus monstrueuses qu’il n’hésite pas à proposer et à défendre. C’est ainsi que, subordonnant l’union matrimoniale, non au bien des, individus et des familles, mais uniquement a u x intérêts de l’Etat, il introduit au foyer domestique une réglementation policière, et va jusqu’à préconiser la communauté des femmes. Comme Lycurgue, il con-

1 — Politique d’Aristote,

ïïilaire, 2" édition).

2 — Ibid., 1. IV, e. 13.

1. V, chap. 1 (traduction de Barthélémy Saintd a m n e à m o r t tous les enfants m a l constitués (1. I I I ) , et il d e m a n d e p o u r les a u t r e s u n s y s t è m e d ’ é d u c a t i o n c o m m u n e , organisé e x c l u s i v e m e n t au profit d e la r é p u b l i q u e (1. V ) . Sous la p l u m e des p h i l o s o p h e s d e la G r è c e plus encore que d a n s les d é c r e t s d e ses l é g i s l a t e u r s , c’est d o n c toujours, sauf c e r t a i n e s v a r i a t i o n s secondaires, le m ê m e principe p a ï e n q u e n o u s r e t r o u v o n s avec ses d e u x t r a i t s distinctifs : méconnaissance ou i n s o u c i a n c e profonde d e s droits personnels d e l ’ e n f a n t ; préoccupation exclusive d ’ e n faire u n i n s t r u m e n t d e la prospérité nationale.

A R o m e , ce n ’ é t a i t pas l ’ E t a t , i m m é d i a t e m e n t du moins, mais l e p è r e d e famille qui e x e r ç a i t sur l’enfant u n e sorte d’omnipotence. L e paterfamilias r o m a i n , d e p a r la loi elle-même, jouissait d a n s sa famille d ’ u n e s o u v e r a i n e t é absolue : il a v a i t sur t o u t le g r o u p e familial, f e m m e , enfants, esclaves, d r o i t d e vie et de m o r t . C ’ é t a i t u n p r o p r i é t a i r e d ’ h o m m e s , et ceux-ci é t a i e n t sa chose. On c o m p r e n d q u e cette puissance paternelle, maîtresse d e la l i b e r t é e t d e l’existence des enfants, le fût, à plus forte raison, d e l e u r é d u c a t i o n . L ’ e n s e i g n e m e n t se d o n n a i t donc l i b r e m e n t , soit au sein d e la famille, soit d a n s les écoles littéraires et p h i l o s o p h i q u e s . C’est ce q u ’ a t t e s t e Cicéron, lorsqu’il d i t : « L e s R o m a i n s ont voulu que l ’ é d u c a t i o n n e fût ni fixée et r é g l é e p a r les lois, ni d o n n é e p u b l i q u e m e n t , ni uniforme p o u r tous. »

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2

Toutefois, d a n s c e t t e R o m e c o m p o s é e d e patriciens et d e plébéiens, n ’ a l l o n s p a s croire que les enfants issus des couches inférieures p a r t i c i p a s s e n t a u x bienfaits d e l’instruction. Cette

faveur n ’ é t a i t réservée q u ’ a u x enfants des familles riches, lesquels r e c e v a i e n t d ’ a b o r d sous le t o i t p a t e r n e l , d e la b o u c h e d e p r é c e p t e u r s p r i v é s , le p r e m i e r e n s e i g n e m e n t des l e t t r e s , puis fréq u e n t a i e n t les écoles d e s r h é t e u r s et d e s sophistes fondées et 1

Voir Troplong, De l’influence

Romains, P. I, ch. 3.

2 — De Republica, IV, 2.

du christianisme

sur le droit civil des entretenues soit par des particuliers, soit par les autorités locales, soit, sous les Césars, par le pouvoir impérial lui-même.

Au reste, chez les Romains comme chez les Grecs et dans tout le monde païen, l’éducation à tous les degrés était plus intellectuelle que morale ; elle portait un cachet essentiellement utilitaire. Ou visait à la perfection du corps et de l’esprit, sans se soucier de former et de moraliser le cœur, et il faudra toute l’influence du christianisme et de sa doctrine pour arracher l’enfance et la jeunesse aux étreintes d’une corruption devenue presque universelle.



CHAPITRE DEUXIÈME

L’ÉDUCATION D’APRÈS LES LIVRES SAINTS.

C’est de Dieu que l’éducation a reçu, avec les principes qui la régissent, son orientation véritable. Le paganisme ne considérait l’homme qu’à un point de vue tout naturel et en rapport avec sa tin terrestre souvent ravalée au niveau des plus vils intérêts et des plus abjectes jouissances : c’était la mesure de sa vertu éducative. Par ses pures et divines clartés, la révélation a jeté sur le front de l’enfant un rayonnement inconnu. L’âme des tout petits est apparue grande, comme tout ce qui est immortel. E t dès lors on a compris que, pour atteindre son but et accomplir sa mission, l’éducation devait s’adresser aux plus nobles facultés de l’âme ; qu’elle devait les élever vers la fin surnaturelle qui est le terme de cette vie ; qu’elle devait déposer en elle non seulement la semence des connaissances profanes, mais encore et surtout, avec la notion de Dieu et des vérités de la foi, le germe des plus solides vertus. L’éducation ainsi entendue relève tout à la fois, directement et principalement, des parents et de l’autorité religieuse, et c’est à ces deux agents, travaillant d’un commun accord, qu’elle est attribuée par les Livres Saints.

Dans l’Ancien Testament, le père de famille jouissait sur ses enfants de droits très étendus : son autorité, fermement assise, reposait en même temps sur la loi naturelle et sur la loi positive. Celle-ci, comme de juste, corrigeant les législations païennes, lui enlevait le droit de vie et de mort pour le remettre aux mains du pouvoir judiciaire. « Si un homme, est-il écrit , a un fils rebelle et insolent, qui ne se rende pas au commandement de son père ni


l—Deut. XXI, 18-21. de sa mère, et qui, en ayant été réprimandé, refuse avec mépris de leur obéir, ils le prendront et le mèneront aux anciens de sa ville, et à la porte où se rendent les jugements, et ils leur diront : Voici notre fils qui est un rebelle et un insolent ; il méprise et refuse d’écouter nos remontrances, et il passe sa vie dans les débauches, dans la dissolution et dans la bonne chère. Alors le peuple de cette ville le lapidera, et il sera puni de mort, afin que vous ôtiez le mal du milieu de vous, et que tout Israël, entendant cet exemple, soit saisi de crainte. »

L’autorité des parents sur leurs enfants entraînait chez ces derniers le devoir, clairement défini et fréquemment rappelé, du respect et de l’obéissance envers les auteurs de leurs jours. Dieu, dans le Décalogue, en avait fait l’objet d’un commandement spécial : « Honorez votre père et votre mère, afin que vous viviez longtemps sur la terre . » Toutes les pages de la Bible, notamment des Livres Sapientiaux, redisent sous diverses formes ce précepte de la piété filiale, les obligations qu’il impose, les avantages qu’il procure, les châtiments que sa transgression provoque.

L’éducation donnée par les parents juifs, tout en embrassant les arts les plus utiles, les métiers, les travaux agricoles, devait être avant tout religieuse et morale : elle comportait l’enseignement fidèle de la Loi, de cet admirable code politico-religieux sur lequel la théocratie hébraïque était fondée. Moïse, de la part du Seigneur, avait fait de cet enseignement une obligation rigoureuse. « Ces commandements, dit-il , que je vous donne aujourd’hui, seront gravés dans votre cœur. Vous en instruirez vos enfants ; vous les méditerez quand vous serez assis dans votre maison, et que vous marcherez dans le chemin, la nuit dans les intervalles du sommeil, le matin à votre réveil. Vous les lirez comme un signe dans votre main ; vous les porterez sur le front entre vos yeux ; vous les écrirez sur le seuil et sur les poteaux de la porte de votre maison. »

1 — Ex. XX, 12.

2—Veut. VI, 6-9. Divers exemples, rapportés par les Livres Saints, démontrent que, dans la pratique, on observait fidèlement ces ordonnances du grand législateur hébreu. Dans toute famille juive, l’enfant, dès qu’il savait parler, apprenait quelques passages de la Loi. La mère, ou, parfois chez les riches, quelque gouvernante ou quelque précepteur lui en répétait les versets, pour les imprimer dans sa mémoire. Plus tard on mettait aux mains des enfants le texte écrit : ils s’initiaient ainsi à la lecture, et, quand ils avaient grandi, ils pouvaient eux-mêmes compléter leur instruction religieuse en lisant et en méditant la loi du Seigneur[1].

L’éducation morale allait de pair avec la formation intellectuelle. En recueillant tous les textes épars çà et là dans la Bible concernant ce grave sujet, on formerait un véritable traité de pédagogie rempli des plus précieux conseils sur l’importance de l’éducation, la nécessité de former de bonne heure les enfants à la vertu, d« corriger leurs défauts, de ne pas flatter leurs caprices, de les courber sous le joug d’une, forte et sévère discipline. Les parents de nos jours sont trop portés à méconnaître la sagesse de ces paroles inspirées : « Instruis ton fils, et travaille à le former, de peur qu’il ne te déshonore par sa vie honteuse » (Eccli. XXX, 13). « Un cheval indompté devient intraitable, et l’enfant abandonné à sa volonté devient insolent» (ibid. v. 8). « Celui qui épargne la verge, hait son fils ; mais celui qui l’aime le corrige sans cesse » (Prov. XIII, 24). - « Fais plier sa tête pendant qu’il est jeune, et ne lui ménage pas les coups tandis qu’il est enfant, de peur qu’il ne devienne opiniâtre, ne t’obéisse pas et fasse la douleur de ton âme » (Eccli. XXX, 12).

A côté de l’enseignement de tous les jours et de tous les instants qui se donnait par les parents dans l’intérieur des familles, Moïse, au nom de Dieu dont il était le représentant, avait organisé un vaste système d’instruction publique et périodique. Tous les jours de sabbat, les Hébreux se réunissaient dans leurs synagogues pour y entendre, de la bouche d’un prêtre ou d’un vieillard, l’explication de la Loi. De plus, tous les sept ans, alors que le peuple se trouvait rassemblé pour la fête des Tabernacles, le grand sacrificateur, montant sur un lieu élevé, devait lire et commenter, d’une voix assez haute pour être entendu de tous, les diverses ordonnances du Code divin

Ce système d’éducation juive basée sur la loi, et tendant à faire pénétrer dans tous les esprits une connaissance exacte de la législation religieuse et civile, des traditions historiques et nationales, était bien fait pour former des citoyens attachés au culte de Dieu et de leur pays.

Ce n’était cependant, au moins sous certains rapports, qu’une œuvre imparfaite, et il était réservé au Testament Nouveau, complément et perfectionnement de l’Ancien, de donner à l’éducation toute son ampleur et de lui assurer toute son efficacité. Nôtre-Seigneur lui imprime l’essor initial, lorsque, au cours de sa vie publique, il laisse déborder sur l’enfance les trésors de charité et de bienveillance dont son cœur est rempli. Beaucoup


1 — Deut. X X X I , 10-13—A c e t t e coutume se r a t t a c h e l’intéressant épisode d e la vie de l’Enfant-Dieu, p e r d u par ses p a r e n t s lors d ’ u n pèlerinage à J é r u s a l e m e t retrouvé au bout de trois jours sous les galeries du t e m p l e où l e s rabbins se t e n a i e n t pour enseigner. Assis au milieu des docteurs, dit l’Evangile (Luc. 11, 46-47), il les écoutait et il les interrogeait ; et tous ceux qui l’entendaient étaient étonnés de sa prudence et de ses réponses. M« Baun a r d , considérant d a n s Jésus-disciple le divin p r o t o t y p e de l’écolier de l’avenir, écrit fort à p r o p o s : « De m ê m e que t o u t e parole de Jésus nous e s t u n e leçon, de m ê m e t o u t e action de Jésus nous est u n e x e m p l e ; e t de plus elle p r é p a r e u n e institution. L’institution qu’il fait ici est celle de l’école chrétienne» (L’Évangile du pauvre, ch. IV, 6 éd.). P u i s l’auteur, a n a l y s a n t ce fait, en tire d e u x corollaires (ibid.) : . Premier corollaire : l’école d e Dieu a u r a pour maîtres des hommes de Dieu. C’étaient, parmi les Juifs, les doct e u r s de la loi. Ce seront chez nous les maîtres chrétiens, e t à l e u r t ê t e c e u x qui, p a r v œ u e t p a r état, se sont consacrés à l’instruction d u p a u v r e p a r la même religion et les mêmes serments qui les consacrent à Dieu. Second corollaire : ce qu’on enseignait d a n s le t e m p l e , c’était la Thora, la loi, la doctrine d e foi. C’est la doctrine d e l’Evangile qu’enseignera semblab l e m e n t l’école c h r é t i e n n e ; et, en même t e m p s , c’est p a r là q u ’ e l l e sera s u p e r l a t i v e m e n t l’école du p e u p l e , l’école du pauvre.» r

e d e p e t i t s e n f a n t s se pressent a u t o u r d e sa personne a d o r a b l e , et il o r d o n n e q u ’ o n leur laisse l’accès libre a u p r è s d e lui. I l p r o m e t à l e u r c a n d e u r , à leur p u r e t é , à leur simplicité, le r o y a u m e des cieux

I l p r o p o s e c e t t e p u r e t é et cette innocence en e x e m p l e à t o u s les h o m m e s , et il p r o n o n c e c o n t r e quiconque scandalisera u n seul d e ces petits ce f o r m i d a b l e a n a t h è m e : « M i e u x v a u d r a i t p o u r cet h o m m e q u ’ o n lui s u s p e n d î t u n e m e u l e au cou, e t qu’on le p l o n g e â t a u fond d e la m e r . »

2

L a d i g n i t é d e l’enfant, le p r i x et la g r a n d e u r d e son â m e , le respect d û à sa personne, n e p o u v a i e n t ê t r e plus h a u t e m e n t ni p l u s s o l e n n e l l e m e n t affirmés.

P é n é t r é d e l’esprit d e son M a î t r e , l ’ a p ô t r e saint P a u l consacre p a r ses e n s e i g n e m e n t s l ’ u n i t é e t la stabilité d u foyer d q m e s t i q u e ; il affermit ainsi sur sesvbases la vie d e famille, et, en t r a ç a n t a u x p a r e n t s l e u r s p r i n c i p a u x devoirs, il n ’ o u b l i e pas d e faire u n e place à l ’ é d u c a t i o n des enfants. « V o u s , p è r e s , s’écrie-t-il, n’excit e z pas vos enfants à la colère (par u n e sévérité o u t r é e ) , mais élevez-les d a n s la discipline et d a n s l ’ i n s t r u c t i o n d u S e i g n e u r . » C’est donc, d ’ a p r è s saint P a u l , l’esprit d e J é s u s - C h r i s t qui doit se t r o u v e r a u fond d e t o u t e vraie, d e t o u t e saine é d u c a t i o n , p o u r en ê t r e l ’ â m e , p o u r la p é n é t r e r , p o u r la vivifier et la féconder. 3

Cet esprit s’est i n c a r n é d a n s u n e p u i s s a n t e i n s t i t u t i o n sociale, l ’ E g l i s e ; e t voici q u e cette société, fondée p a r ÎTotre Seigneur p o u r g a r d e r e t p r o p a g e r sa d o c t r i n e , e n t r e en scène, qu’elle j o i n t son action à celle des chefs d e famille, e t q u e de ces d e u x pouvoirs, u n i s e t s u b o r d o n n é s l ’ u n à l ’ a u t r e , v a s u r g i r l ’ œ u v r e a d m i r a b l e q u i n ’ a cessé d e f o n c t i o n n e r d e p u i s dix-neuf siècles : la formation chrétienne d e l’enfauce et d e la j e u n e s s e .

E n d é l é g u a n t à son E g l i s e ses p r o p r e s pouvoirs, le d i v i n F o n d a t e u r lui a v a i t , a v a n t t o u t , confié la mission d’enseigner. Euntes, docete.

l _ M a t t h . X I X , 13-15.

2 — J6iU X V I I I , 6.

3 — B p h . V I , 4.

L’Eglise enseignera.

Société spirituelle, elle revendiquera comme son droit propre celui de communiquer à la jeunesse les connaissances de la foi, et, plaçant très justement l’instruction religieuse au-dessus de toute autre, elle fera de cet enseignement l’une de ses fonctions les plus essentielles et les plus sacrées.

Là néanmoins ne s’arrêtera pas son apostolat. Voyant dans les sciences humaines, même les plus modestes, comme autant de rayons émanés du Soleil de toute vérité, pour honorer cette vérité divine, elle les encouragera, les favorisera, les propagera de tout son pouvoir. Elle y verra, de plus, des auxiliaires utiles, parfois même presque nécessaires, dans l’œuvre religieuse dont elle est chargée, et ce sera pour elle un nouveau motif de se faire partout l’initiatrice des meilleurs progrès, la protectrice des lettres, la promotrice des sciences et des arts. Elle s’appliquera surtout avec un soin particulier à relever le niveau intellectuel et moral des petits et des pauvres, et elle méritera le titre, qu’on ne saurait lui refuser, de bienfaitrice du peuple.



CHAPITRE TROISIÈME

L’ÉDUCATION AUX PREMIERS SIÈCLES DE L’ÉGLISE.

Tant que l’Eglise demeura confinée dans les catacombes et avant qu’elle eût conquis, par la conversion de Constantin, cette reconnaissance légale et cette haute situation sociale que lui assura l’édit de 313, elle ne put, on le comprend, déployer librement tout son zèle en faveur de l’instruction publique et populaire. Faudrait-il en conclure que, pendant cette première période, les chrétiens, désireux de faire instruire leurs enfants conformément à leurs croyances religieuses, n’aient eu d’autre ressource que l’éducation domestique ou encore celle dont les prêtres et de fervents néophytes pouvaient se faire les apôtres dans les salles souterraines fréquentées régulièrement par les fidèles ? Nous ne le croyons pas. Sans doute les catacombes servaient à la fois d’hypogées, de temples et d’écoles, et souvent la liberté, celle des pères de famille comme celle des pasteurs de l’Eglise, dut y chercher un abri contre les persécutions du dehors.

Toutefois n’oublions pas qu’à Rome, sous la République d’abord, puis sous l’Empire, l’éducation à tous ses degrés se donnait sans entraves. Il y eut bien, à partir du second siècle ou même des dernières années du premier, un haut enseignement officiel. Quelques empereurs établirent, aux frais du trésor public, des chaires de rhétorique et de philosophie, et plusieurs villes de province les imitèrent, fondant et dotant à leur tour des écoles de toute sorte. Mais cela ne pouvait arrêter les mouvements de l’enseignement libre. En face des écoles fondées par l’Etat ou par les villes, ouvrait qui voulait une école de philosophie, de rhétorique ou de grammaire. La concurrence était parfois très vive, et ne tournait pas toujours à l’avantage des professeurs officiels *.

D’autre part, le vent de persécution qui s’éleva contre le christianisme naissant ne fut ni continu, ni toujours et partout d’une égale violence. C’est ainsi qu’au premier siècle, après la mort de Néron, «les chrétiens jouirent pendant plus de trente ans d’une paix profonde . » Puis éclata l’orage déchaîné par Domitien ; après quoi le célèbre rescrit de Trajan, prescrivant de ne pas rechercher les chrétiens, mais de punir ceux qui seraient dénoncés et convaincus, sans cependant tenir compte des libelles anonymes d’accusation, fixa pour tout le second siècle la jurisprudence relative au christianisme. Le troisième siècle, on le sait, s’écoula en alternatives contrastantes de guerre et de paix, de persécution ouverte et de tolérance plus ou moins favorable à la vie extérieure de l’Eglise.

C’est ce qui a fait dire à l’éminent écrivain français, si renseigné sur les origines chrétiennes, M. Paul Allard : « On se tromperait fort si l’on croyait que, pendant les trois siècles qui précédèrent le triomphe du christianisme dans l’Empire, les fidèles furent privés du droit ou des moyens d’enseigner. Quand un édit de persécution était promulgué, les professeurs chrétiens étaient sans doute exposés aux poursuites, comme la masse des adorateurs du Christ ; mais jamais une des lois dirigées contre la foi chrétienne ne contint, à l’adresse de ses adhérents, l’interdiction de tenir école. Pendant les années (fort nombreuses) où les chrétiens jouirent d’une paix au moins relative, la carrière de l’enseignement, soit public, soit libre, leur resta ouverte. »

Aussi l’histoire témoigne-t-elle qu’il y eut parmi eux des représentants des trois degrés d’enseignement, de l’enseignement primaire, de l’enseignement secondaire et de l’enseignement supérieur.


1 — Paul Allard, Julien l’Apostat, t. II, pp. 346-48 (2e éd.). 2 — De Eossi, Bollettino di archeologla cristiana, 1865, p. 95. 3 _ Ouv. cité, p. 349.

On a trouvé dans le cimetière de Saint-Calixte une épitaphe du troisième siècle consacrée à un instituteur primaire, magister primus . En outre, le poète espagnol Prudence, dans un de ses recueils d’hymnes , raconte qu’en traversant la ville d’Imola, il aperçut dans la basilique, au-dessus d’un tombeau, une peinture représentant un homme couvert de plaies, les membres déchirés, entouré d’enfants qui piquaient son corps avec des styles à écrire. Le gardien du temple lui apprit que cet homme était Oassien, maître d’école martyrisé par ses élèves à la suite d’un édit de persécution, mais qui jusque là avait professé en toute liberté et même avec une sévérité dont les jeunes auditeurs tirèrent une cruelle vengeance .

Les écoles de grammaire correspondaient chez les anciens à ce que sont chez nous les établissements d’enseignement secondaire. Or, certains textes historiques démontrent que les chrétiens des premiers siècles comptaient parmi eux des grammairiens. Un procès-verbal officiel rédigé à Cirta, en Afrique, et dans lequel sont relatées les perquisitions des objets sacrés arrachés, par suite d’un édit de Dioclétien, aux églises chrétiennes, fait mention de Victor, grammairien et lecteur, lequel, comme plusieurs autres, eut la faiblesse de livrer aux agents de l’Etat quelques exemplaires des Livres Saints .

Le rhéteur converti Arnobe écrivait au troisième siècle : « On trouve chez nous beaucoup d’hommes de talent, des orateurs, des grammairiens, des professeurs d’éloquence, des jurisconsultes, des philosophes. »

1 — De Rossi, Borna sotterranea, t. II, pl. XLV-XLVI, n. 43. 2 — Peristephanûn, IX. — Prudence vécut au I V siècle. 3 — Allard, endroit cité. — Saint Casaien apprenait même à ses élèves la sténographie : < Il savait, dit Prudence, exprimer par un petit nombre de caractères un long discours, et, d’une plume rapide et avec des abréviations précipitées, il suivait au vol les paroles d’un orateur. « 4 — Allard, La persécution de Dioclétien, 1.1, pp. 200-01 (2« éd.). 5 — Adv. Gentes, II, 5.

Remontons plus haut. Dès le second siècle se dessinent dans l’histoire et rayonnent déjà d’un vif éclat deux centres d’enseignement supérieur chrétien : l’école de Rome et l’école d’Alexandrie.

L’école de Rome eut pour fondateur et pour chef Justin le Philosophe, disciple de Platon devenu, par la grâce d’en haut et l’effort sincère de sa pensée, disciple de Jésus-Christ. Justin, né en Palestine, vint après sa conversion s’établir dans la capitale du monde romain et y ouvrit une école de philosophie. C’est de cette chaire qu’il adressa à l’Empereur et au Sénat les deux mémoires apologétiques, dans lesquels, métaphysicien profond et habile avocat tout à la fois, il fait servir la philosophie païenne, dégagée de ses erreurs, à la démonstration du christianisme et à la réfutation des préjugés amoncelés contre lui.

Pendant que, sous son influence et celle de ses disciples, Rome préludait ainsi au grand rôle qu’elle devait jouer dans toute la suite des siècles chrétiens, une autre école, récemment fondée dans la métropole intellectuelle de l’Afrique, commençait à attirer les regards des philosophes et des lettrés. Depuis longtemps la ville d’Alexandrie s’était rendue fameuse dans le monde païen par les brillantes institutions littéraires et scientifiques que la protection des Ptolémées et, après eux, des Césars, y avait fait surgir et y entretenait. L’école alexandrine, rendez-vous des grammairiens, des rhéteurs, des historiens, des mathématiciens, des philosophes les plus illustres, jouissait d’un prestige incontesté Mais du jour où, en face de cet institut et du Musée qui en était comme le foyer, se dressa en établissement rival le didascalée chrétien, d’abord simple école catéchistique, puis centre de hautes études philosophiques et religieuses, ce prestige fut sérieusement entamé. Les chefs de la nouvelle école, Pantène et Athénagore, Clément et Origène, voyaient tour à tour affluer aux pieds de leurs chaires non seulement des étu-

1 —Voir Matter, Histoire de l’école d’Alexandrie, t. I. diants chrétiens, mais l’élite de la société païenne, des philosophes en renom, de grandes dames, les plus hauts représentants de l’aristocratie On sentait qu’une force inconnue jusque là s’emparait de la société, qu’elle en pénétrait toutes les parties, toutes les classes, tous les organismes ; que le monde intellectuel subissait une vaste crise dont il était impossible de prévoir l’issue.

Ces progrès étonnants du christianisme et cotte influence croissante des idées chrétiennes eurent pour effet d’émouvoir Rome païenne et ne contribuèrent pas peu à provoquer les violents édits promulgués, au cours du troisième siècle, contre les chrétiens, et qui furent comme les derniers spasmes d’une religion expirante. Justin avait été martyrisé ; Clément et Origène durent à leur tour prendre le chemin de l’exil ou de la prison. Mais le haut enseignement catholique était fondé, il florissait et portait ses fruits. Le jour n’était pas loin où, par la reconnaissance officielle du catholicisme, cet enseignement allait prendre un nouvel essor. L’édit de Constantin, en donnant à l’Eglise l’existence légale et en lui reconnaissant tous les droits corporatifs nécessaires à sa vie, lui conférait par là même la faculté de posséder au grand jour, de construire en toute sécurité, et d’administrer à sa guise des maisons d’éducation. Cette liberté fut largement mise à profit dans toutes les parties de l’Empire. Quelques années après, au

1 — « Il serait, écrit M. Paul Allard, intéressant de savoir si les maîtres chrétiens professaient dans des écoles subventionnées par l’Eglise et destinées exclusivement aux fidèles, ou s’ils donnaient des leçons aux étudiants de tous les cultes. Ce dernier cas se présenta certainement. Oassien, à Imola, est mis à mort, comme chrétien, par ses écoliers païens. A l’école supérieure d’Alexandrie, les cours de Clément, puis d’Origène, étaient suivis par toute l’aristocratie de la ville ; ceux d’Ammonius avaient pour auditeur le néoplatonicien Porphyre. Mais aucun texte n e nous apprend si, tout en permettant à des chrétiens de distribuer l’enseignement à tous sans distinction de religion, ce qui était un excellent moyen de propagande, l’Eglise entretenait aussi des écoles et des professeurs pour l’usage des seuls enfants des fidèles." (La persécution de Dioclétien, t. I, p. 201). Chose certaine : les écoles tenues par les chrétiens, et ouvertes même aux païens, n’étaient pas des écoles neutres, mais des foyers de prosélytisme catholique. temps où saint Basile fit ses classes de rhétorique et de philosophie, l’enseignement public donné dans la ville de Césarée en Cappadoce était déjà tout imprégné d’esprit chrétien Cet exemple, pris entre plusieurs autres, montre quelle action puissante la religion chrétienne, au lendemain de sa victoire politique sur le paganisme, exerçait déjà dans le domaine de l’éducation et de la pensée.


1 —Paul Allard, Saint Basile, p . 8 (4 éd.).

CHAPITRE QUATRIÈME

L’ÉDUCATION ET JULIEN L’APOSTAT.

La conversion de Constantin et l’édit libérateur auquel elle donna lieu, en couvrant de l’égide des lois la liberté de l’enseignement, favorisèrent singulièrement parmi les chrétiens la culture des lettres et l’éclosion des grands génies qui illustrèrent cette belle période de la vie de l’Eglise. Sans doute les écoles libres étaient encore rares ; l’organisation qu’elles requièrent ne pouvait surgir instantanément de terre : ce devait être l’œuvre du temps. Mais déjà le christianisme prenait place dans l’enseignement public et officiel : il était maître de plusieurs établissements municipaux ; il comptait des représentants dans les institutions soutenues par le trésor impérial ; et là même où les chaires étaient encore occupées par des professeurs païens, les élèves chrétiens, de plus en plus nombreux, de plus en plus influents, créaient autour d’eux et jusque parmi la jeunesse infidèle une atmosphère de foi, de piété, d’honnêteté, qui constituait la meilleure apologie de la religion du Christ et de sa doctrine.

Cependant cette promiscuité d’étudiants païens et d’étudiants chrétiens, le contact dp ces derniers avec des maîtres célèbres, tout chargés d’érudition mythologique et fermement attachés aux vieilles traditions littéraires du paganisme, n’était pas sans danger. Athènes était alors une sorte de Paris moderne. Ses écoles rivalisaient avec celles d’Alexandrie, et attiraient vers elles une jeunesse disparate, accourue de tous les pays, issue de toutes les classes, professant toutes les croyances. Pendant que Basile de Césarée et Grégoire de Nazianze s’y distinguaient entre tous, et que, unis par les liens de l’amitié la plus pure, ils puisaient dans cette union même, toute d’études et de prière, la force de résister aux entraînements d’un milieu rempli de séductions, d’autres jeunes chrétiens, moins fermes et moins aguerris contre le mal, voyaient leur foi sombrer.

De ce nombre se trouvait un membre de la famille impériale, Julien, cousin de Constance, et frère du César Gallus. Il était venu à Athènes avec une foi déjà chancelante : l’histoire dit qu’il en repartit foncièrement païen Et c’est ce lettré épris de paganisme, cet admirateur des mystères d’Eleusis, traître à ses bienfaiteurs , à sa foi et à son Dieu, qui devait bientôt, justifiant le stigmate d’apostasie attaché à son nom, entreprendre d’asservir à sa volonté sectaire l’enseignement public, surtout l’enseignement secondaire et supérieur, pour en faire une machine de guerre politico-religieuse, un instrument de haine, de domination et de tyrannie.

Dans cet acte de Julien l’Apostat, devançant de quinze siècles nos centralisateurs modernes, apparaît la première tentative, depuis l’ère chrétienne, d’un monopole d’Etat en matière d’éducation. Constance venait de mourir : Julien lui succédait. A peine monté sur le trône impérial, le nouvel Auguste n’eut rien de plus pressé que de travailler à réaliser un rêve chèrement caressé dès ses premières années de défection religieuse : rouvrir partout les temples païens et faire remonter les dieux d’Homère sur le piédestal d’où Constantin et ses fils les avaient contraints à descendre. Et pour que ces divinités reprissent dans le monde le prestige dont elles avaient joui pendant si longtemps, ce n’était pas assez de leur ouvrir toutes grandes les portes de la liberté : il fallait encore fermer ces mêmes portes au Dieu des chrétiens ; il fallait ruiner le christianisme dans ses moyens d’influence, dans son action, dans sa vie sociale ; il fallait tarir pour lui les sources

1 — Paul Allard, Julien l’Apostat, t. I, pp. 329-332 (2e éd.). 2 — Lorsqu’il n’était qu’enfant, des prêtres chrétiens lui sauvèrent la vie. (Ibid., pp. 263-64). du vrai et du beau, faire peser sur ses adeptes la honte de l’ignorance et le poids du mépris public.

C’est ce qui inspira à Julien sa législation scolaire, promulguée en 362, et conçue dans le dessein avéré d’interdire aux chrétiens le sanctuaire des lettres.

Jusque là les villes avaient été maîtresses de la nomination aux chaires fondées par elles, et peut-être aussi aux chaires rétribuées par l’E t a t . Julien, dans une première loi, se réserva à lui-même le contrôle et l’approbation définitive de ces nominations .

Faisant un pas de plus, et afin d’atteindre et de blesser à mort l’enseignement libre, il édicta, peu de temps après, une seconde loi portant défense, pour tous les maîtres non païens, de tenir école. Ce document ressemble plus à une dissertation qu’à un édit. On y lit les paroles suivantes, dissimulant mal le sophisme qu’elles recèlent : « Homère, Démosthène, Hérodote, Thucydide, Isoerate ne reconnaissent-ils pas tous que les Dieux sont les pères et les guides de toutes sciences ? N’est-il donc pas absurde de voir que ceux-là même qui interprètent les livres de ces grands hommes insultent les Dieux qu’ils ont honorés ? J e trouve cette conduite insensée, non cependant que je veuille contraindre ceux qui la tiennent à changer de sentiment ; mais je leur donne le choix, ou de ne plus enseigner ce qu’ils réprouvent, ou, s’ils persistent à enseigner, de convenir alors eux-mêmes et de redire à leurs disciples que ni Homère, ni Hésiode, ni les autres écrivains qu’ils interprètent, ne sont coupables d’impiété, de démence ou d’erreur, comme on les en accuse . »

A cette loi prohibant l’enseignement, par des maîtres chrétiens, de la littérature classique, Julien en ajouta-t-il une autre visant directement les élèves de mêmes croyances et leur interdisant pareillement l’étude des lettres gréco-latines ? Bien que plusieurs

1 — Allard, ouv. cit., t. II, p. 354. 2 — Ibid., p . 355. 3 Alb. de Broglie, L’Eglise et l’Empire romain au IV siècle, II" P., t. I I , p. 211 ( 4 éd.). historiens anciens l’aient affirme’, M. de Broglie ne le croit pas ; M. Paul Allard tient cette opinion pour simplement probable . Quoi qu’il en soit, l’édit publié contre les maîtres faisant profession de christianisme tendait en pratique soit à éloigner des écoles ceux qui n’y eussent trouvé que des leçons d’un paganisme victorieux et arrogant, soit à corrompre par ces leçons mêmes les élèves assez imprudents pour y prêter] une oreille complaisante.

C’était d’une habile perfidie.

« La législation sur l’enseignement est un des faits révélateurs de la persécution de Julien. Elle en montre le caractère. Ce n’est pas, comme aux siècles précédents, la persécution violente et sanglante, bien que, en des circonstances exceptionnelles, et sous des prétextes divers, le sang chrétien y ait aussi coulé. C’est la persécution bénigne, insidieuse, qui n’attaque pas de front, mais emploie les moyens obliques. Elle travaille à semer les divisions, fait marché avec les consciences, les place entre l’intérêt et le devoir... Elle cherche à mettre peu à peu les chrétiens à l’écart de toutes les fonctions publiques, à les pousser doucement hors la cité, hors la loi... Son plus grand succès sera de faire des résignés, c’est-à-dire, si elle y parvient, des vaincus . »

On reconnaît bien à ces traits l’odieuse et astucieuse tactique employée de nos jours contre la liberté religieuse et reçue en ligne directe de Julien l’Apostat. C’est chose remarquable comme, de part et d’autre, ce machiavélisme se colore des mêmes spécieux prétextes, se présente sous une même phraséologie sonore, s’enveloppe des mêmes élastiques formules. Julien, pour motiver son injuste législation, disait : « Tous ceux, qui font profession d’enseigner, devront désormais avoir l’âme imbue des seules doctrines qui sont conformes à l’esprit public *. » Et qu’était-ce, aux yeux de Julien, que « l’esprit public », sinon

1 — Ibid., p. 216.

2 — Ouv. cit., p. 362.

3— Allard, ibid., pp. 367-68.

4 — Ibid., p. 357. son esprit propre, l’esprit d’un empereur païen, l’esprit d’un gouvernement païen, que cet apostat cherchait à faire pénétrer et à faire triompher dans tout l’empire ? Aujourd’hui, pour chasser Dieu de l’école, pour ostraciser les congrégations religieuses, pour étouffer d’une main sournoise la liberté d’enseignement, on en appelle aussi à l’esprit public, on invoque la raison « d’ordre public», lequel, assure-t-on, réclame ces énergiques mesures. En réalité, ce sont les idées d’un groupe de sectaires qu’on impose fallacieusement à toute une nation.

Les ordonnances de Julien, accueillies par plusieurs païens équitables non sans un étonnement mêlé de honte, provoquèrent chez les chrétiens une légitime indignation. Quelques-uns d’entre eux voulurent lui représenter l’injustice de sa conduite et l’engager à révoquer des lois si contraires à la conscience d’au moins la moitié de ses sujets. « Non, répondit-il, l’éloquence, c’est notre affaire ; gardez votre ignorance et votre rusticité ; votre philosophie n’a qu’un mot : Croyez ! Contentez-vous de croire, et cessez de vouloir connaître1. »

Julien battait la marche à ceux qui, de nos jours, s’épuisent en vains efforts pour établir, à l’encontre du sentiment catholique, qu’il existe une opposition réelle entre la religion d’autorité fondée par Jésus-Christ et les méthodes scientifiques.

Saint Grégoire de Nazianze se fit, en termes éloquents, l’interprète indigné des sentiments et de l’émotion vive de ses coreligionnaires, en affirmant son amour, sa passion même pour les sciences et les lettres :

« Pour moi, dit-il2, je souhaite que tous ceux qui aiment et cultivent les sciences, prennent part à mon indignation. J e confesse ouvertement les tendances de mon âme et mes goûts de prédilection. J’ai laissé à d’autres la fortune, l’illustration de la naissance, la gloire, les dignités, et tous ces biens imaginaires qui flattent la vanité et l’ambition des hommes. Je n’ai d’ardeur

1 — A. de Broglie, ouv. cit., p. 218.

2 —Disc. IV. que pour les sciences et les lettres ; je ne me plains ni des peines ni des fatigues que j’ai endurées sur terre et sur mer pour les acquérir. Puissé-je obtenir pour moi et pour mes amis la couronne de l’instruction ! J’ai préféré et je préfère encore la science à toutes les richesses de ce monde : je n’ai rien de plus cher après les biens du ciel et les espérances de l’éternité. »

Devant l’intervention brutale du pouvoir impérial dans la question de l’enseignement, l’attitude des victimes, à peu d’exceptions près, fut noble et courageuse. Des maîtres illustres, tels que Proserèse à Athènes, Apollinaire à Laodicée, Victorin à Borne, n’hésitèrent pas à sacrifier à leurs croyances une situation lucrative et une renommée qui les plaçait au premier rang dans la classe intellectuelle.

On avait pu, par la force, chasser les chrétiens de l’école ; on ne pouvait, à coups de décrets, bannir la foi de leur cœur.

CHAPITRE CINQUIÈME

À L’ÉPOQUE ET AU LENDEMAIN DE L’INVASION DES BARBARES.

L ’ œ u v r e d e J u l i e n l ’ A p o s t a t é t a i t t r o p contraire à la j u s t i c e , s u r t o u t elle h e u r t a i t t r o p d i r e c t e m e n t le christianisme déjà puissant pour sur v i v r e à son a u t e u r . G r â c e a u x e m p e r e u r s chrétiens qui lui s u c c é d è r e n t , g r â c e en p a r t i c u l i e r à T h é o d o s e , la vérité et l a liberté r e c o u v r è r e n t l e u r s droits ; elles r e p r i r e n t en m ê m e t e m p s le m o u v e m e n t de p r o g r è s , d ’ i n s t r u c t i o n et d e civilisation i n a u g u r é a v a n t J u l i e n , et qui coïncide a v e c l’âge si r e m a r q u a b l e des P è r e s d e l’Eglise.

Saint J é r ô m e é c r i v a n t à la noble d a m e Lseta, concernant l ’ é d u c a t i o n d e sa fille, lui adresse ce sage conseil : « Donnez-lui p o u r m a î t r e u n h o m m e d ’ u n â g e m û r , d ’ u n e vie i r r é p r o c h a b l e , d ’ u n e v é r i t a b l e i n s t r u c t i o n ; car j e ne p e n s e p a s q u ’ u n h o m m e i n s t r u i t puisse r o u g i r de faire p o u r u n e p a r e n t e , ou p o u r u n e v i e r g e d u C h r i s t , issue d ’ u n e noble famille, ce q u ’ A r i s t o t e ne d é d a i g n a p a s d e faire p o u r le fils d e P h i l i p p e : n e se fiant pas a u x m a î t r e s v u l g a i r e s , il lui a p p r i t l u i - m ê m e à lire. Il ne faut pas en matière d’éducation regarder comme petit ce sans quoi les grandes choses sont impossibles1. »

Ces d e r n i è r e s paroles d u saint d o c t e u r e x p r i m e n t a d m i r a b l e m e n t , sur cet i m p o r t a n t sujet, la v r a i e p e n s é e d e l’Eglise et l’idée si h a u t e q u ’ e l l e s’est toujours faite d e l’éducation d e l’enfance. Elles s’accordent a v e c ces a u t r e s paroles d’un Père de l’Eglise


1 — Lettres choisies de saint Jérôme, trad. Lagrange (3e édition) : Lettre XXVII.—Cette lettre, par la sagesse de ses recommandations, par la suggestion des moyens les plus pratiques de bien former intellectuellement et moralement la jeune fille chrétienne, constitue un véritable traité pédagogique, dont les principes n’ont pas vieilli. non moins illustre. « Quoi de plus grand, s’écrie saint Jean Chrysostome1, que le gouvernement des âmes et la formation de la jeunesse ! L’art d’instruire les jeunes gens, de façonner selon les règles du vrai et du bien leur intelligence et leur cœur, l’emporte de beaucoup sur l’œuvre des peintres, des sculpteurs, des artistes les plus renommés. »

M. Guizot,—dont, du reste, la docte impartialité a rendu les plus beaux hommages à l’Eglise et à son action sociale,—prétend que du jour où les écoles civiles, éléments de l’ancienne organisation scolaire, tombèrent sous les coups des barbares, le clergé, dans son attachement à l’enseignement religieux, négligea et alla parfois jusqu’à condamner « les sciences profanes en elles-mêmes2. » Cette assertion nous paraît dénuée de tout fondement. Elle a été inspirée à l’éminent écrivain par quelques mots mal compris d’une lettre de saint Grégoire le Grand à l’évêque Didier, lequel, au lieu de prêcher l’Evangile, commentait dans son église les fables païennes3. Le Pape l’en reprend, et à bon droit ; mais ni lui, ni aucun de ses prédécesseurs ou de ses successeurs, ni l’Eglise en général n’ont jamais interdit l’enseignement et l’étude des lettres et des sciences profanes.

Parmi les homélies ou instructions morales de saint Basile, il s’en trouve une adressée « aux jeunes gens sur la manière d’étudier avec fruit les écrits des païens4.» Le saint, avec une grande prudence, signale les précautions à prendre dans ces sortes d’études, puis il montre les avantages de forme et de fond qu’on en peut retirer : « La destinée d’un arbre, dit-il, est de donner son fruit en temps opportun : cependant les feuilles qui s’agitent autour des branches lui forment une parure. Ainsi le fruit essentiel de l’âme est la vérité, mais le vêtement extérieur de la sagesse ne doit pas être méprisé : il ressemble à ces feuilles qui


1—Hom. 59 al. 60, in c. 18. Matth., n° 7 (Migne). 2 — Histoire de la civilisation en France, t. II, p. 5 (7e éd.). 3 — Voir l’abbé Landriot, Recherches historiques sur les écoles littéraires du christianisme, pp. 255-57.

4 - Hom. XXII. prêtent au fruit une ombre utile et un gracieux ornement . » Et plus loin : « Puisque c’est par la vertu que nous devons parvenir à la vie future, on s’attachera utilement aux poètes, aux historiens, surtout aux philosophes qui l’ont célébrée .»

On le voit, saint Basile demande,—et c’est là ce qui caractérise l’éducation vraiment chrétienne,—que toutes les études soient, en quelque manière, subordonnées à la vérité qui vient de Dieu et à la vertu qui y conduit. Mais cela ne comporte pas défense d’étudier et d’apprécier en elles-mêmes, dans leur beauté propre et dans leur caractère objectif, les lettres et les sciences profanes.

Aussi lit-on dans la vie des personnages les plus considérables, qui, pendant la première période du moyen âge, honorèrent l’Eglise et la foi, qu’à la science ecclésiastique ils joignaient des connaissances littéraires plus ou moins étendues, puisées dès leur jeunesse aux anciennes sources classiques . Les écoles tenues par le clergé, loin d’exclure ce genre d’études, leur faisaient au contraire une part convenable .

Quelle fut, pendant l’époque dont nous parlons, l’organisation de l’enseignement à ses divers degrés, et dans quels cadres scolaires se déployait alors l’activité de la jeunesse ?

Le triomphe religieux et politique du christianisme, sans amener une transformation immédiate des institutions existantes, permit cependant à l’esprit chrétien de s’infiltrer, peu à peu, dans les vieux organismes et d’y introduire une vie nouvelle. Au lieu de démolir la société païenne, il était plus sage de s’en emparer et de la refaire lentement, sans secousse. Les écoles fondées et restaurées, dans les diverses provinces de l’empire romain, aux frais des communes, des villes ou de l’Etat, subirent cette influence, et des maîtres chrétiens, en grande partie laïques, professant librement sous la protection, non sous l’autorité des empe-

1 - Ibid., n. 2.

2 — Ibid., n. 3.

3 — Landriot, ouv. cité, çà et là.

4 - Histoire littéraire de la France par des religieux Bénédictins, t. II (éd. Palmé), p.35 et ailleurs. reurs, purent pendant quelque temps y enseigner avec éclat la littérature grecque ou latine. Mais bientôt allait se déchaîner l’orage qui devait jeter à bas, avec l’empire romain lui-même, le brillant édifice de ses écoles. L’invasion des barbares ruina presque partout, sinon toutes les écoles populaires, du moins les établissements de plus haut ton que la munificence des Césars entretenait et même ceux que les provinces ou les municipalités avaient créés1.

Ces institutions une fois disparues, il ne semble pas que les monarchies nouvelles (sauf de rares exceptions) en aient elles-mêmes, dès lors, organisé aux frais du trésor public. On a dit, il est vrai, qu’aux temps mérovingiens il existait dans le palais des rois francs une école littéraire. Mais de récents critiques nient ce fait ou plutôt n’y veulent reconnaître que l’existence d’une école spéciale et préparatoire aux fonctions militaires ou administratives3.

C’est donc l’Eglise seule qui prit en main la cause de l’éducation, et, pendant cette longue période d’obscurités intellectuelles et de bouleversements sociaux, tint allumé le flambeau des lettres. Trois sortes d’écoles naquirent de son impulsion généreuse : les écoles presbytérales ou paroissiales, les écoles épiscopales ou cathédrales, les écoles monacales ou claustrales.

On cite un texte du IIe Concile de Vaison, tenu en 529, et demandant que, conformément à ce qui se pratiquait avec fruit dans toute l’Italie, tous les prêtres de la campagne reçoivent chez eux de jeunes lecteurs pour leur apprendre à lire l’Ecriture, à réciter les psaumes, et pour les instruire dans la loi de Dieu4. L’Eglise, dans ces prescriptions, avait sans doute en vue tout

1 — Lavollée, L’Etat, le père et l’enfant, p. 18.

2 — L’Histoire littéraire (t. III, p. 447) mentionne le fait de Sigebert, roi des Anglais orientaux qui, de concert avec l’évêque Félix, aurait, vers le commencement du VIIe siècle, établi dans ses Etats des écoles publiques pour l’instruction de la jeunesse.

3 — E. Vacandard, Revue des questions historiques, t. 76, pp. 549-53.

4—Hist. litt., t. III, pp. 149-50. d’abord le recrutement du clergé, mais il en découlait des conséquences plus générales, puisque beaucoup de ces jeunes lecteurs restaient dans le monde. Ces écoles, au dire de M. Guizot se multiplièrent fort irrégulièrement, assez nombreuses dans certains diocèses, presque nulles dans d’autres.

Les écoles épiscopales occupèrent une place plus large et jouèrent un rôle plus important dans l’histoire de l’éducation.

Créées par les évêques, placées sous leur surveillance immédiate, et situées dans l’intérieur même des palais épiscopaux, ou près des églises, elles étaient ouvertes non seulement aux clercs, mais encore à la jeunesse séculière3. Les évêques y enseignaient d’abord eux-mêmes, et souvent par leurs talents ils leur assuraient un haut prestige ; c’est ainsi que les écoles de Paris, de Tours, de Reims, d’Arles, de Poitiers, pour ne mentionner que les plus célèbres de l’Eglise de France, acquirent, sous saint Germain, saint Grégoire, saint Rémi, saint Césaire et Fortunat, une grande et juste renommée. Mais les devoirs du sacerdoce et le grand nombre des écoliers obligèrent bientôt les prélats instituteurs à se décharger de ces travaux sur des prêtres ou des diacres, dont le chef, chargé de présider à la direction des études, porta tour à tour le nom de primicier, d’écolâtre ou de scolastique, de chefecier ou de chancelier3.

A ce propos le P. Ventura fait la judicieuse remarque suivante4 : « L’Eglise, dit-il, ne s’est pas contentée de faire, de l’instruction de l’ignorant et du petit, l’une des œuvres de la miséricorde chrétienne, elle en a fait une espèce de religion et une dignité ecclésiastique ; elle a établi ses écoles près des églises, et le scholasticus, chargé d’apprendre aux enfants les éléments des lettres avec ceux de la foi, était, au moyen âge, un dignitaire du chapitre qui partageait la même rétribution et les mêmes honneurs

1 — Ouv. cit., p. 3.

2 — E. Dubarle, Histoire de l’Université de Paris, t. I, p. 18 (nouv. éd.).

3 — Hist. litt., t. III, p. 24.

4 — Conférences, p. 289. que les autres chanoines s’occupant du culte et de la louange de Dieu. Dans la pensée de l’Eglise, c’était une fonction également honorable, également méritoire, que d’adresser à Dieu la prière de l’homme, et de faire descendre par l’instruction, sur l’homme, sa petite créature, la lumière de Dieu.»

Dans les écoles épiscopales on donnait des leçons de grammaire, de dialectique, de rhétorique, de géométrie, d’arithmétique, d’astronomie, de musique parfois aussi de poétique ; après quoi, selon la capacité ou la vocation des élèves, on lisait et expliquait l’Ecriture sainte, les écrits des Pères et des autres écrivains ecclésiastiques2. Il est donc permis d’affirmer que les trois degrés d’enseignement s’y trouvaient, imparfaitement du moins, représentés. Et si, à cette époque (le sixième et le septième siècle) justement appelée époque d’ignorance et de barbarie, ces modestes institutions ne purent dissiper toutes les ténèbres, elles eurent, jusqu’à l’heure de leur trop prompte décadence, l’incontestable honneur d’offrir aux lettres et aux sciences un noble et utile refuge.

Cet honneur, du reste, elles le partagèrent avec les écoles claustrales contemporaines des premiers établissements monastiques en Occident.

Quand l’empire romain, en proie à une dissolution lente, croula enfin sous les coups répétés des barbares, Dieu, pour opérer l’œuvre immense de reconstruction d’où devait sortir la société chrétienne, se servit de deux grandes forces : les évêques et les moines.

C’est surtout au sixième siècle que les monastères, grâce à saint Benoît et à saint Colomban, commencèrent à se multiplier,

1 — Ce sont là les sept arts libéraux qui formèrent le p r o g r a m m e à peu près invariable des é t u d e s c l a s s i q u e s p e n d a n t u n e b o n n e partie du moyen âge. Ils étaient divisés en deux séries : la première, nommée le trivium, c o m p r e n a i t la g r a m m a i r e, la d i a l e c t i q u e , la r h é t o r i q u e ; la seconde, appelée le quadrivium, e m b r a s s a i t la g é o m é t r i e, l’ a r i t h m é t i q u e, l’ a s t r o n o m i e et la musique.

2— Hist. litt., t. III, p. 22 . pour couvrir bientôt, comme de riches essaims, presque toute la surface des Gaules et des autres pays chrétiens. Le seul diocèse de Vienne, sans y comprendre la ville elle-même, en comptait plus de soixante . Or, d’après la règle bénédictine devenue en cela la règle commune, les moines devaient consacrer leur temps, partie à la prière, partie au travail des mains, partie à la lecture et à l’étude. Chaque couvent possédait une bibliothèque, dont les rayons, par les soins de laborieux copistes, s’enrichissaient peu à peu de nouveaux manuscrits et des livres les plus anciens et les plus précieux. C’est ainsi que, malgré le malheur des temps, la plupart des chefs-d’œuvre de l’antiquité païenne et chrétienne purent échapper au fléau de l’insouciance publique et aux déprédations de la barbarie.

Il y a plus. Aux divers couvents étaient attachées des écoles plus ou moins savantes, plus ou moins importantes, selon le degré de culture des religieux qui les dirigeaient et selon le caractère du milieu où elles florissaient. « Destinées d’abord uniquement aux religieux, ces écoles ne tardèrent pas à être ouvertes à la jeunesse séculière ; car il n’y avait que là qu’elle pût recevoir quelque instruction, et on n’aurait peut-être pas trouvé alors, dans la France entière, un seul laïque, qui fût dans le cas d’enseigner ; les moines seuls possédaient quelques connaissances. Aussi voyons-nous que tous les écrits qui nous sont parvenus de ces siècles barbares, toutes les chroniques qui nous sont restées, sont sortis des couvents . »

Les écoles monastiques de la Gaule , et celles des îles de Bre-

1 - Ibid., p . 432.

2 - Dubarle, ouv. cité, p. 22.

3 — Voici en quels termes Montalembert parle de l’école de Luxueil, fondée par saint Colomban : « Luxueil fut pendant tout le VIIe siècle la plus célèbre école de la chrétienté et la plus fréquentée. On y voit affluer les clercs et les moines des autres monastères, et, bien plus nombreux encore, les enfants des plus nobles races franques et bourguignonnes. Lyon, Autun, Langres, Strasbourg, les cités les plus fameuses de la Gaule, y envoient leur jeunesse laïque. Les pères y viennent en foule étudier avec leurs enfants : les uns tagne et d’Irlande furent particulièrement célèbres. Dans le même monastère, il y en avait de deux sortes, les unes intérieures réservées aux moines eux-mêmes, les autres extérieures fréquentées par les jeunes gens du dehors. Les premières constituaient comme des scolasticats, où, depuis les éléments de la grammaire jusqu’à la doctrine des Pères de l’Eglise, la jeunesse appelée à la vie monacale recevait tout ce qui concourt à la formation requise par cet état. Les secondes ressemblaient plutôt à des collèges, collèges, il est vrai, assez rudimentaires, mais dans lesquels les principes de la foi chrétienne, pénétrant et dominant tout l’enseignement littéraire, tenaient la première place.

A l’exemple des moines, les vierges consacrées à Dieu se piquaient d’une noble émulation pour les lettres et faisaient de leurs monastères à la fois des foyers de piété et des centres d’étude pour les enfants de leur sexe .

Quelle qu’ait été, du reste, la valeur absolue de ces institutions, on ne saurait nier les services considérables, essentiels même, qu’elles rendirent à la cause de l’instruction publique et de la civilisation . M. Guizot, avec une probité historique qui l’honore, l’a hautement et éloquemment proclamé : « On peut, écrit-il4, le


pour aspirer à l’honneur de compter un jour parmi les fils de saint Colomban, les autres pour rentrer dans la vie séculière avec la renommée d’avoir puisé la connaissance des lettres divines et humaines dans un centre d’études si fameux.» (Les Moines d’Occident, t. II, p. 566, 4e éd.).

1 — Voir Most Rev. John Healy, Ireland’s ancrent schools and scholars, ouvrage de haut intérêt où l’auteur décrit l’état florissant des écoles monastiques de la celtique Erin — l’île des saints et des docteurs — depuis le temps de saint Patrice jusqu’à l’époque de l’invasion anglo-normande.

2 — Hist. litt., t. III, pp. 444-45.

3 — Là se formaient les missionnaires qui allaient ensuite porter aux nations barbares, avec les lumières de l’Evangile, la connaissance des lettres. Les peuples les plus farouches s’adoucirent, les esprits les plus grossiers s’humanisèrent. « Heureuse transformation, dont la principale gloire remonte originairement jusqu’à nos écoles ; puisque ce fut de là que vint à ces peuples la première lumière qui les éclaira, et que sortirent les grands hommes qui prirent soin de les instruire. » (Hist. litt., t. III, p. 449).

4 — Hist. de la civil. en France, t. I, p. 137. dire sans exagération : l’esprit humain proscrit, battu de la tourmente, se réfugia dans l’asile des églises et des monastères ; il embrassa en suppliant les autels, pour vivre sous leur abri et à leur service, jusqu’à ce que des temps meilleurs lui permissent de reparaître dans le monde et de respirer en plein air. »

Le huitième siècle commençait. Les guerres, les désordres, la faiblesse de certains princes et leur action néfaste sur les églises et les monastères, amenèrent dans les études une lamentable décadence et un notable dépérissement des lettres. Ce régime de barbarie affecta particulièrement les Gaules ; mais dans les Gaules aussi une ère de relèvement et de rénovation intellectuelle allait, heureusement, s’ouvrir.



CHAPITRE SIXIÈME

LE MOUVEMENT SCOLAIRE SOUS CHARLEMAGNE.

L’illustre roi des Francs, qui le premier ceignit la couronne du nouvel empire d’Occident, eut le double mérite d’être un homme de génie et un monarque d’une foi profonde.

Son esprit élevé, quoique sans culture, lui fit comprendre quel rôle joue l’éducation dans la vraie civilisation des peuples, et cette vue intuitive des besoins sociaux lui inspira une série de mesures législatives et administratives qui en firent le bienfaiteur et le Mécène de son époque. D’un autre côté, sa foi admirable lui montra dans l’Eglise du Christ la première éducatrice du genre humain, et c’est aux doctrines et à l’influence de cette grande société spirituelle qu’il voulut subordonner tout enseignement, supérieur et populaire.

Dans une lettre circulaire, adressée vers 788 aux évêques et aux abbés, pour les exhorter à entourer de toutes les sollicitudes de leur zèle l’œuvre de l’éducation et l’étude par trop négligée des sciences sacrées et profanes, Charlemagne pose ce principe d’une haute et féconde philosophie : « Quoique les bonnes actions l’emportent sur le savoir, c’est cependant le savoir qui détermine à bien agir. »

Conformément à cette maxime et pour en assurer l’application efficace dans toute l’étendue de ses Etats, il commença par appeler près de lui les hommes les plus capables de le seconder dans ses desseins. La France d’alors n’était riche ni en pédagogues ni en hommes de lettres. Il n’hésita pas à en faire venir des pays étrangers , de l’Italie où l’action civilisatrice de la Papauté lut-

1— Capitulaires des rois Francs, éd. Baluze et De Chiniac, t. I, p. 201.

2 — Hist. litt., t. IV, pp. 7-8. tait avec Buccès contre les ténèbres de la barbarie puis des Iles Britanniques qui, par les célèbres écoles monastiques dont elles étaient couvertes, jetaient depuis trois siècles dans le monde intellectuel une si bienfaisante lumière.

De ces écoles sortait le moine Alcuin, le principal collaborateur de Charlemagne dans la restauration, entreprise par ce prince, des lettres et des sciences. « C’était, dit l’histoire , un homme habile dans le grec comme dans le latin, et versé dans toutes les sciences divines et humaines. » Il prouva par sa conduite et par ses écrits ce que tant d’autres, prêtres et moines, ont démontré comme lui, avant et après lui, savoir, que l’Eglise est un phare, non une borne, et que la foi est un flambeau, non un éteignoir.

Avec une intelligence et une méthode dignes de la haute mission qui lui était confiée, Alcuin commença d’abord par purifier la langue des fautes grammaticales qui en déparaient la beauté. Charlemagne, pour qui rien ne semblait petit dans le grand œuvre de l’éducation, l’aidait de toute son autorité ; et ce fut par leurs soins réunis que s’opéra un travail éminemment utile et qui

1 — Ozanam (Dante et la philosophie cath. au XIIIe siècle, Disc, prél., 5e éd.) fait de la Rome papale de jadis l’éloge suivant : La papauté ne rendait point aux barbares les clefs de la ville. Les religieux lettrés d’Angleterre et d’Asie s’y rencontraient. En 690, on y voit venir un moine de Tarse, nommé Théodore, élevé aux écoles d’Athènes, et qui alla plus tard porteries lettres antiques sur le siège archiépiscopal de Cantorbéry. L’enseignement de la grammaire, c’est-à-dire de la littérature, s’y continuait : la bibliothèque du Vatican, si pauvre qu’elle fût, envoyait des manuscrits grecs d’Aristote à Pépin le Bref. Les basiliques s’enrichissaient de mosaïques et de peintures. L’infatigable activité de l’esprit humain se montrait dans les belles controverses soutenues par les théologiens d’Italie contre les Monothélites et les Iconoclastes. Mais la civilisation se perpétuait surtout par ce qui en est le plus fidèle dépôt, c’est-à-dire par les langues. L’Eglise romaine portait aux peuples du Nord le vieil idiome des proconsuls, disputait avec Constantinople dans le langage de saint Jean Chrysostome, recueillait religieusement les textes primitifs des Ecritures. En consacrant par une adoption solennelle le latin, le grec et l’hébreu, elle sauvait ce qu’il y avait de plus éminent dans le passé, le génie du Latium, celui de la Grèce et celui de l’Orient. »

2 - Hist. litt., t. IV, p. 8. a fourni à la renaissance intellectuelle de cette époque ses éléments primordiaux : la revision et la restitution des manuscrits, tant religieux que profanes, ainsi que leur transcription attentive et leur diffusion.

Alcuin écrivit des livres sur les matières les plus variées, et il enseigna. A la cour royale elle-même, une école, connue sous le nom d’école palatine, fut fondée. Elle était fréquentée par les princes et les princesses du sang, par les enfants des grands et des nobles, et leur puissant maître, le fier monarque dont l’épée victorieuse commandait à toute l’Europe, ne croyait pas déshonorer sa couronne en descendant des hauteurs du trône pour s’asseoir, lui aussi, aux pieds d’une chaire de grammairien et pour prendre, à la place du sceptre royal, la plume de l’écolier. Il savait toute la force de l’exemple, et il n’ignorait pas, non plus, combien les hommes élevés en dignité, par leurs actes même les plus ordinaires, exercent d’influence sur l’orientation, bonne ou mauvaise, de la pensée populaire.

Avec un respect pour la Bible qui honore singulièrement sa foi, Charlemagne allait jusqu’à corriger de sa main les exemplaires défectueux des livres sacrés, et il mettait tout son orgueil à approfondir la science et à bien comprendre les rites de sa religion. Il se plaisait particulièrement à la lecture des écrits de saint Augustin, et l’on assure que le volume de la Cité de Dieu ne quittait jamais le chevet de son lit .

Rien donc d’étonnant que l’œuvre scolaire et la restauration littéraire, dues à ce prince, aient revêtu un caractère profondément religieux. Ce caractère se révèle et dans les écoles supérieures, où l’enseignement biblique et patristique tenait le haut rang, et dans les écoles plus modestes destinées aux enfants du peuple.

1— Mabillon a découvert une lettre écrite par le prince sur les dons du Saint-Esprit (Hist. litt., t. IV, p. 400). C’est de tout autres dons que se préoccupent, aujourd’hui, tant d’hommes publics en qui l’esprit de lucre, d’indifférence ou d’irréligion a remplacé l’esprit de force, de piété et de conseil.

2— Hist. litt., t. cit., p. 371.

Par un des capitulaires qui lui sont attribués l’empereur décrète « que des écolos seront ouvertes pour les enfants sachant lire et que, à l’aide de livres catholiques exempts de fautes, ils y apprendront dans tous les monastères et évêchés les psaumes, le chant, le comput et la grammaire. » Ailleurs, Charlemagne insiste spécialement sur l’enseignement religieux : « Que les prêtres, disent encore les Capitulaires , enseignent toujours au peuple chrétien le symbole, qui est le signe de la foi, et l’oraison dominicale. Et nous voulons que ceux qui négligent d’apprendre ces choses, subissent une pénitence appropriée, soit par le jeûne, soit par un autre châtiment. En outre, il est juste que les fidèles envoient leurs fils aux écoles ou aux monastères, pour qu’ils y apprennent exactement la foi catholique et l’oraison dominicale, et qu’ils puissent à leur tour instruire les autres. »

Dans ce souci religieux du grand monarque pour l’éducation chrétienne, les enfants de condition servile ou d’origine infidèle ne sont pas oubliés. Des ordonnances spéciales pourvoient à leur instruction , et cela par tout le royaume. Car l’activité intellectuelle et le mouvement civilisateur, dont la pensée impériale est le foyer, semblent ne pas connaître de limites : la société européenne tout entière en subit l’influence. Partout où le prince promène ses armes triomphantes, depuis l’Ebre jusqu’à l’Elbe, depuis l’Adriatique jusqu’à l’océan germanique, ses conquêtes sont marquées par une éclosion soudaine d’œuvres catholiques, par l’établissement étonnamment fécond des deux institutions sœurs qui ont créé l’Europe chrétienne : l’Eglise et l’école *.

Au reste, ce fut l’une des gloires de ce remarquable homme d’Etat d’avoir su, pour accomplir de si grandes choses, s’entourer des conseillers les plus fidèles et les plus éclairés. La plupart étaient des hommes d’Eglise ; et si Alcuin se distingua entre

1—Capit. des rois Francs, t. 1,1. I, n. 63.

2— Ouv. cit., 1. V, n. 161.

i—Ibid., 1. VI, n. 377.

4—Hist. litt, t. IV, p p . 11-12. tous par les services qu’il rendit à la cause de l’enseignement secondaire et supérieur, Théodulfe, évêque d’Orléans, fut un de ceux qui propagèrent avec le plus de zèle l’instruction populaire. Non seulement il s’efforça d’inspirer à ses clercs l’amour de l’étude, mais « il ordonna que les curés et les autres prêtres tiendraient des écoles dans les bourgs et les villages où les fidèles enverraient leurs enfants, à qui l’on enseignerait les lettres avec toute sorte de charité . » D’autres évêques s’approprièrent les prescriptions de Théodulfe et les communiquèrent à leur clergé .

On peut donc distinguer, sous le règne de Charlemagne, quatre sortes d’écoles créées ou sauvées de la ruine et rendues florissantes par l’impulsion et les encouragements que l’Eglise et l’Etat surent leur donner : les écoles impériales dues à l’initiative et aux libéralités du souverain ; les écoles épiscopales attachées (comme nous l’avons vu précédemment) aux évêchés ou aux cathédrales ; les écoles monacales nées à l’ombre des cloîtres et soutenues et dirigées, avec tout le dévouement que donne la vertu, par les moines et les vierges consacrées à Dieu ; enfin les écoles presbytérales et paroissiales fondées çà et là dans les localités même les moins riches et les plus éloignées des agglomérations urbaines.

Ces divers centres d’étude destinés, les uns aux enfants, les autres aux adolescents, clercs ou laïques, dispensaient un enseignement assez borné, nous l’avouons , si on le compare aux progrès des âges postérieurs, suffisant néanmoins pour former des hommes de foi, des ministres dévoués de l’Eglise, des moines versés dans la science des saints, des citoyens de toutes classes attachés à leur religion et à leur patrie.

1—Ibid,

2—L’abbé Allain, L’instruction primaire en France avant la révolution, p. 24.

3 — L’amour de l’ancienne littérature classique n’avait pas péri. Mais « quoiqu’on lût Virgile, et sans doute plusieurs des autres auteurs de l’antiquité, l'on n'en tira pas tout le fruit qu'on devait naturellement en tirer » (Hist. litt., t. 17, p. 20).

Parmi les maisons d’études supérieures, plusieurs, sans compter l’école du Palais, acquirent un grand renom, notamment celles de Saint-Martin-de-Tours, de Fulde, de Corbie et de Reims. A ces écoles, et au mouvement d’efflorescence intellectuelle qu’elles déterminèrent, se rattachent les noms célèbres, dans la théologie et dans les lettres, qui illustrèrent le règne de Charlemagne. Guizot mentionne vingt-trois écrivains de cette période, tous prêtres ou moines, évêques ou abbés.

L’œuvre carlovingienne eut donc toute la portée que permettaient les ressources et les connaissances du temps ; et si, de plus, on la considère au point de vue juridique, on est heureux de constater que l’Etat, nonobstant toute sa puissance, et malgré la forte et transcendante personnalité de l’homme qui l’incarna, ne mit aucun obstacle à la liberté, sagement comprise, de l’enseignement.

Charlemagne, dans ses capitulaires, reconnaît aux parents le droit inné dont ils sont investis, et qui pour eux est en même temps un devoir, d’assurer à leurs enfants toute l’instruction convenable, sans que, pour cette raison, il songe à leur imposer des maîtres officiels. Ce qu’il requiert d’eux, d’accord eu cela avec l’Eglise, c’est qu’ils usent consciencieusement de leur droit et qu’ils remplissent fidèlement, par eux-mêmes ou par d’autres, tout leur devoir. « Que les parents, dit-il , s’appliquent avec un grand soin à bien instruire les enfants, à qui, par une bénédiction de Dieu, ils out donné la vie. Et, à leur défaut, que les parrains qui ont répondu pour ces enfants le jour de leur baptême, se chargent de leur instruction. »

Il est vrai que Charlemagne, dans une de ses ordonnances mentionnée plus haut, décrète des peines contre ceux qui négligent de fréquenter les écoles ecclésiastiques. Mais, d’un côté, le texte même du décret démontre qu’il s’agit d’instruction purement religieuse ; de l’autre, le roi très chrétien ne fait qu’entourer des sanctions de la loi civile les prescriptions imposées à la conscience

1—Histoire de la civilisation en France, t. II, 20e leçon (7e éd.).

2—Capitulaires, etc., t. 1, liv. II, n. 46. 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  1. Vigouroux, Dictionnaire de la Bible, au mot : Education.