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En voyage, tome II (Hugo, éd. 1910)/Alpes et Pyrénées/D

La bibliothèque libre.
Texte établi par G. SimonLibrairie Ollendorff (p. 438).
NOTES


de l’édition hetzel-quantin.


Le 8 septembre, Victor Hugo écrivait :

« J’avais la mort dans l’âme. » — « Ce soir-là, tout était pour moi funèbre. » — « Il me semblait que cette petite île était un grand cercueil couché dans la mer. »

Le lendemain, Victor Hugo, fuyant l’île malsaine où il avait vécu sous cette oppression, était à Rochefort. En attendant le départ de la diligence, il entra dans un café, où il demanda de la bière. Ses yeux tombèrent sur un journal.

Tout à coup, un témoin le vit pâlir, porter la main à son cœur comme pour l’empêcher d’éclater, se lever, sortir de la ville et marcher comme un fou le long des remparts.

Le journal qu’il avait lu racontait la catastrophe de Villequier.

Cinq jours auparavant — le 4 septembre 1843 — sa fille Léopoldine avait péri dans une promenade sur la Seine.

Elle était mariée, depuis six mois à peine, à Charles Vacquerie, qui, ne pouvant la sauver, avait voulu mourir avec elle.

Ils sont enterrés à Villequier, dans le même cercueil.

C’est ainsi que fut interrompu le voyage des Pyrénées. Le malheureux père revint précipitamment à Paris.

On a lu, et on lira éternellement, dans les Contemplations, les admirables et douloureux poèmes intitulés : Pauca meæ.