Grands Concerts/Concerts-Poulet-Siohan/19 mars 1937

La bibliothèque libre.

Concerts-Poulet-Siohan

Samedi 13 mars. — Cette séance de musique espagnole, en dépit de Nuits dans les Jardins d’Espagne, ne ressemblait pas à celles dont nos associations de concerts sont si prodigues. Il s’agissait de célébrer la Catalogne, et l’on avait fait, pour la circonstance, appel au chef d’orchestre de Barcelone, M. J. Lamothe de Grignon.

Au travers des œuvres, surtout vocales, qui furent exécutées, la musique catalane apparaît d’inspiration paysanne, essentiellement mélodique, à peine touchée par les tentatives de renouvellement formel, toute naïve et fraîche d’écriture, d’un parfum incontestablement singulier, que je rapprocherais volontiers, mise à part l’alacrité méditerranéenne, de la musique de Smetana. Quelques œuvres : Trois Chansons de R. Gerhard, Canciones Playeras de Espla, dans leurs thèmes gaillards ou douloureux, appartiennent à la chanson populaire ; les Goyescas du grand Enrique Granados sont d’une autre classe. Les deux poèmes symphoniques exécutés, Pastoral de Juli Garreta et Andalucia de Lamothe de Grignon, témoignent, à des degrés divers, d’une sensibilité généreuse.

Mme Conchita Badia, à qui incombait la lourde tâche de présenter les deux tiers du programme, est une cantatrice de premier ordre, qui chante d’une voix simple, chaude, sympathique, étayée sur une culture de vraie artiste.

M. Alexandre Vilalta, qui tenait le piano dans l’œuvre de Manuel de Falla, devrait sacrifier quelque chose de son étincelant mécanisme à la vérité d’un morceau qui n’a guère besoin, pour émouvoir, de prouesses musculaires.

Michel-Léon Hirsch.