L’Égypte sous les Pharaons, Tome premier (Première édition 1811)/Introduction

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L’ÉGYPTE
sous
LES PHARAONS,

PREMIERE PARTIE.
description géographique.

INTRODUCTION.

Le nom de l’Égypte rappelle de grands souvenirs, et se rattache aux plus mémorables époques de l’histoire. Cette contrée célèbre fut le berceau des sciences et des arts de l’Europe. Plusieurs peuples de l’Orient et presque toutes les nations européennes étaient encore plongés dans les ténèbres de la barbarie, lorsque l’Égypte, parvenue à son plus haut point de splendeur et de gloire, voyait dans son sein des monarques puissans veiller à l’exécution de ses lois qu’avait dictées la sagesse la plus profonde, et des colléges nombreux de prêtres assurer de tous leurs efforts les progrès des lumières et le bonheur des peuples ; et lorsque, sous Psamménite, l’Empire égyptien qui, plusieurs siècles auparavant, avait été ébranlé par les incursions successives des Arabes et des Éthiopiens, fut entièrement renversé par les armes victorieuses des Perses, l’Europe ressentait à peine les effets bienfaisans de la civilisation naissante.

L’Égypte était habitée par un peuple sage, qui ne fut étranger à aucune espèce de gloire. Subjuguée par un conquérant qui lui fit perdre tous ses avantages, en détruisant ses institutions politiques et religieuses ; soumise ensuite par Alexandre, après la mort duquel elle reçut une nouvelle existence ; courbée sous le joug des Romains, conquise par les Arabes, et tombée enfin au pouvoir de la nation ignorante qui la possède encore, elle fut tour-à-tour le théâtre des lumières et du bonheur, de la barbarie et de l’infortune.

Rien n’est plus intéressant que de connaître à fond l’histoire ancienne de l’Empire égyptien. Les temps où il brilla d’un si vif éclat sont déjà bien loin de nous, et cette haute antiquité semble attacher à tout ce qui se rapporte à l’Égypte une espèce de merveilleux, qui affaiblit en quelque sorte l’admiration et l’intérêt qu’elle excite à un si haut degré. Cependant les monumens gigantesques dont son sol est couvert, ceux que des circonstances diverses ont fait transporter en Europe, attesteront encore aux siècles à venir que les auteurs grecs et latins qui se sont plus à vanter l’antiquité, la sagesse et les connaissances scientifiques des Égyptiens, ne nous ont point fait sur ce peuple des rapports exagérés ou dictés par l’enthousiasme, mais que ce qu’ils en ont écrit est même au-dessous de la réalité.

En nous livrant à des recherches sur les points les plus importans de l’histoire de l’ancienne Égypte, nous avons été soutenus et encouragés par la grandeur du sujet, et, d’après le plan que nous nous sommes tracé, nous avons dû nous occuper d’abord de sa description géographique. Nous avons eu pour but principal de faire connaître ce pays par lui-même : nous avons essayé de rédiger une géographie égyptienne de l’Égypte ; il n’en existait pas jusqu’à présent.

En effet, l’Égypte a toujours été couverte d’un voile mystérieux, et ce n’est qu’à travers ce voile épais que les anciens ont pu en prendre les notions qu’ils nous en ont transmises. Ignorant la langue du pays, et repoussés par les difficultés que les Égyptiens opposaient aux étrangers qui voulaient pénétrer dans leurs provinces[1], leurs récits sur cette contrée ne peuvent être que peu satisfaisans.

Les anciens rois d’Égypte, dit Strabon[2], éloignaient soigneusement les étrangers de l’intérieur de leur royaume, parce qu’ils étaient contens de leurs richesses. Ce fut l’exécution rigoureuse de cette mesure politique, qui livra aux Phéniciens une grande partie du commerce maritime de l’Égypte.

Ses prêtres, qui tenaient le premier rang dans l’État et occupaient les premières magistratures[3], persuadés que le bonheur du peuple était attaché à la conservation de ses usages éprouvés par l’expérience et établis pour la plupart, comme ceux des autres Orientaux, d’après l’état physique des lieux, contribuèrent éminemment à prévenir toute communication entre les nations étrangères et les Égyptiens. Cette maxime fondamentale de la politique égyptienne s’est conservée jusqu’à nos jours chez les Chinois, et les événemens désastreux qui, dans la suite, anéantirent pour toujours la liberté de l’Égypte, justifièrent pleinement cette opinion des prêtres, et confirmèrent leurs craintes.

La chute de cet Empire fut en effet préparée par le relâchement du peuple dans l’exécution de ses antiques lois ; elle fut certaine lorsque Psammouthis I.er[4] et Amasis eurent facilité les relations des Égyptiens avec les étrangers. Sous les rois qui régnèrent avant eux, l’ordre sacerdotal, nombreux et puissant, usait de toute son influence pour empêcher ces rapports avec l’extérieur. Il ne lui était pas difficile d’atteindre à ce but, puisque, comme les Brahmes dans l’Inde, cette classe était dépositaire de la religion et du savoir, tenait les rois sous une espèce de subjection et de tutelle, et constituait ainsi le gouvernement de l’Égypte en une sorte de gouvernement théocratique[5].

De ces circonstances réunies résultèrent l’éloignement qu’eurent les premiers Égyptiens pour la marine, et les obstacles qu’ils opposèrent constamment à ceux que le desir de s’instruire conduisait dans cette contrée mystérieuse.

Mais lorsque Cambyse eut renversé la monarchie égyptienne, ravagé les villes, brûlé les temples et dispersé les prêtres, ce pays, naguères la patrie des sciences et des arts, fut courbé sous le joug despotique des Perses, et perdit son bonheur avec ses connaissances, sans perdre sa célébrité.

Dans le laps de tems qui s’écoula depuis Cambyse jusques à Alexandre, il devint le théâtre fréquent de guerres civiles. Les efforts sans cesse renaissans de plusieurs chefs égyptiens pour délivrer leur patrie d’une domination étrangère, attirèrent sur cette terre malheureuse les désastres et les fléaux, suites inévitables des révolutions et de la résistance opiniâtre d’un peuple qui conservait le souvenir de sa gloire et de son indépendance. Au milieu de leurs infortunes, les Égyptiens, gouvernés par des rois qui n’étaient pas nés au milieu d’eux, oublièrent peu à peu les institutions et les coutumes de leurs ancêtres ; dès ce moment les anciens usages se perdirent, et rien ne s’opposa plus à la curiosité des étrangers qui abordèrent en Égypte.

C’est alors qu’Hérodote y parut ; il vit dans toute son abjection ce peuple si renommé pour sa sagesse et son savoir. Il en prit cependant une haute idée : les ruines d’un temple magnifique inspirent toujours le respect et l’admiration.

Dès lors les Grecs se rendirent en foule en Égypte, pour être instruits dans cette sagesse autrefois si célèbre. C’est à l’école des prêtres que se formèrent leurs philosophes, leurs législateurs et leurs sages. On peut dire cependant que, peu de voyageurs de ces tems pénétrèrent au-delà de Memphis[6]. Leur desir de s’instruire put souffrir de ces obstacles ; mais ils ne donnèrent point eux-mêmes une haute opinion de leurs connaissances, et les prêtres de Saïs, voyant leur légèreté et les taxant d’inaptitude à l’étude des sciences profondes, les regardèrent comme des enfans[7] ; et cependant ceux des prêtres égyptiens qui vivaient à cette époque, n’étaient que les échos passifs de leurs prédécesseurs. Ceux-ci étaient versés dans la connaissance de l’astronomie, de la géométrie, de la mécanique, de la physique et de la plupart des sciences exactes et naturelles ; et leurs successeurs, contemporains d’Hérodote et de Platon, en conservaient à peine les premiers principes ; ils les transmirent aux Grecs que l’amour de l’étude et l’ambition de savoir amenèrent en Égypte avant Alexandre. Ainsi la Grèce recueillit les débris des sciences de l’Égypte.

Plusieurs de ces Grecs, tels qu’Hérodote et Platon, de retour dans leur patrie, écrivirent ce qu’ils avaient vu et entendu dire pendant leur voyage en Égypte, et Hérodote donna une courte description de cette contrée. C’est dans ses écrits que nous trouvons pour la première fois des noms de villes égyptiennes traduits en langue grecque. On peut avancer qu’Hérodote fit le premier de semblables traductions, parce qu’il est celui dans les écrits duquel on trouve le moins de ces traductions et le plus de noms égyptiens conservés, quoigue corrompus. Parmi le nombre considérable de noms de lieux appartenans à l’Égypte, qui sont cités dans son histoire, cinq seulement ont été traduits en grec ; ce sont Ηρμησπολις, Πηλουσιος, Ηλιουπολις, Κροκοδείλωνπολις, Ερμεωπολις, Hermopolis-Parva, Pelusium, Heliopolis, Crocodilopolis, Hermopolis-Magna, des Latins. Tous les autres noms sont égyptiens[8]. Le nombre de ces mots égyptiens traduits est beaucoup plus considérable dans les auteurs grecs postérieurs à Hérodote ; ainsi la confusion qui en naissait alla toujours croissant : Strabon donna les noms grecs Αφροδίτηςπολις et Πανοσπολις aux deux villes qu’Hérodote avait désignées par leur nom égyptien Xeuμις et Αθαρβηχις, corruption de Ⲭⲙⲓⲙ Chmim, et de Ⲁⲑⲱⲣ ⲃⲁⲕⲓ, Athôr-Baki. Diodore a suivi la même méthode. Il en est résulté des difficultés considérables pour retrouver les noms égyptiens, et ces difficultés s’accroissent à mesure que les Grecs sont plus répandus en Égypte.

Alexandre, vainqueur des Perses, y conduisit les Grecs, et sous leur empire disparurent peu à peu les traces de l’ancien gouvernement et des coutumes égyptiennes. Tout prit une physionomie grecque : le sang égyptien dégénéra, par son mélange avec celui des Macédoniens ; cet ancien amour pour les sciences s’éteignit parmi les naturels ; les colléges furent déserts ; la classe sacerdotale elle-même ne s’occupa plus que des choses sacrées[9], et négligeant tout-à-fait les études qui avaient occupé ses devanciers pendant tant de siècles, elle perdit de vue l’un des buts principaux de son institution.

Dès que la puissance grecque fut bien établie en Égypte, il s’y opéra de grands changemens ; les Grecs traduisirent dans leur langue les noms de la plupart des villes égyptiennes, et on ne les connut bientôt plus parmi eux que sous ces dénominations le plus souvent infidèles.

On doit regarder comme une des causes principales de cette infidélité, les efforts que faisaient les Grecs pour trouver des rapports entre leur religion et celle des autres peuples, et pour en établir entre leurs divinités et celles des nations étrangères. À les en croire, les Babyloniens, les Perses et même les Indiens adoraient Kronos, Zéüs, Athêné, Apollon, Aphrodite[10]. Par une suite du même principe, ils cherchèrent leurs dieux dans la religion égyptienne, et crurent les y reconnaître. Ainsi Athôr des Égyptiens leur parut être leur Aphrodite, Amoun leur Zéüs, Phtha leur Héphaïstos[11], Néith leur Athêné, Hôr (Horus) leur Apollon, Thôouth (Thoth) leur Hermè[12] ; enfin, Isis et Osiris furent pour eux les noms de la lune et du soleil.

Ces observations sont ici de la plus haute importance, parce que c’est d’après ces mêmes principes que les Grecs traduisirent dans leur langue les noms des villes égyptiennes. Quelques-unes d’entr’elles portaient en effet des noms de divinités[13] ou d’animaux sacrés[14], et c’est dans l’influence qu’exerçaient les prêtres sur tout ce qui concernait l’Égypte, où tout se rattachait à la religion, qu’il faut chercher l’origine de cet usage. Mais les Grecs en abusèrent, et cet abus les entraîna dans de graves erreurs.

Ils n’entendaient point la langue égyptienne, parlée et écrite même long-tems après la chute de leur puissance dans cette contrée, et par conséquent ils ne pouvaient orthographier ni traduire exactement les noms des villes de l’Égypte, semblables en cela aux voyageurs européens des derniers siècles qui allèrent parcourir l’Orient sans en connaître les langues, et insérèrent dans leurs relations des noms orientaux qu’il est presque impossible de reconnaître, tant ils sont défigurés. Ainsi, sous le règne de Louis XIV, Paul Lucas fit présenter à ce monarque une carte d’Égypte où l’on trouve les noms monstrueux de Barbambou pour Barbandah, Manfallu pour Manfélouth, Échasse pour Ekhsas, et Guisse pour Djizah[15]. On peut dire que quelquefois les Grecs ne furent pas plus heureux, quoique en général l’altération des noms égyptiens orthographiés ou traduits en grec ait été moins grande.

Il en résulte néanmoins, qu’étudier l’Égypte par les Grecs seuls, c’est la voir sous le point de vue le moins étendu, et à travers le prisme des préventions si ordinaires aux Grecs dans tout ce qui intéressait leur orgueil national. Ce qu’ils ont dit n’est pourtant point à dédaigner ; mais il est un choix à faire, puisque rarement ils ont parlé de l’Égypte autrement que dans leur langue, par rapport à eux et par rapport à l’époque où ils en étaient les maîtres. Cependant l’Égypte avait compté plusieurs siècles de gloire et de prospérité avant même que Cambyse la soumît à sa domination. C’est à l’époque qui précéda l’invasion de ce prince, à celle où l’Empire égyptien était à son plus haut point de splendeur, que nous nous arrêtons dans cet essai. Nous cherchons à faire connaître les noms égyptiens du royaume, du fleuve, des provinces et des villes d’Égypte.

Tel est le but que nous nous sommes proposé. L’importance de ces recherches n’avait pas échappé à plusieurs savans qui se sont adonnés à l’étude de l’archéologie égyptienne. Mais ces auteurs n’en ont point fait l’objet spécial d’un travail particulier, et n’en ont traité que partiellement dans le cours de leurs ouvrages. Tel fut le jésuite Kircher ; l’Europe savante lui doit en quelque sorte la connaissance de la langue copte, et il mérite, sous ce rapport, d’autant plus d’indulgence pour les erreurs nombreuses qu’il a commises dans ses écrits sur l’Égypte, que les monumens littéraires des Coptes étaient plus rares de son tems. Dans la nouveauté de cette étude, on devait naturellement s’attendre qu’un homme qui trop rarement faisait usage d’une critique sévère, et qui trop souvent sacrifiait à l’esprit de système, donnerait souvent de fausses interprétations, et serait trompé par des apparences. Tout en respectant ses travaux et en rendant justice à ses connaissances, on peut lui reprocher, avec fondement, la manie de tout expliquer ; et cette manie a souvent mis sa bonne foi en défaut, en le forçant à inventer ce que ses recherches ne pouvaient lui faire découvrir.

Dans son Œdipus Ægyptiacus[16], Kircher a placé une géographie de l’Égypte ; il a pour but de présenter les noms coptes ou égyptiens des anciens nomes de ce royaume et de leur capitale. Ce travail, sans résultats pour la géographie, renferme toutes les erreurs commises par ses contemporains, dont les connaissances sur la topographie de l’Égypte étaient pour ainsi dire nulles. Ainsi il place Thèbes au midi d’Hermonthis, de Latopolis et d’Appollinopolis-Magna ; Abydus au sud de Latopolis ; Coptos au nord-est de Tentyra ; Oxyrinchus à l’orient du Nil[17]. Quant à la basse Égypte, il y règne le plus grand désordre. Il devait en être ainsi en raison de la pénurie de notions exactes qu’éprouvait le père Kircher ; il lui était donc difficile, impossible peut-être de faire connaître les noms égyptiens des villes, puisque d’ailleurs, ayant fondé son travail sur les rapports des Grecs, il n’avait pas assez fait attention que les Coptes avaient donné des listes de noms égyptiens avec leur équivalent en arabe, et que les noms arabes devaient être son guide et le conduire aux noms égyptiens. Outre cela, lorsque Kircher publia sa Chorographia Ægypti, il n’avait probablement entre les mains qu’un vocabulaire copte peu étendu, d’où il put à peine extraire les noms égyptiens d’Alexandrie, d’Athribis, d’Héliopolis et de Coptos, les seules villes dont Kircher ait présenté le véritable nom égyptien. Quant aux autres noms, son imagination suppléa au manque de matériaux.

C’est ainsi qu’il avança que les anciens Égyptiens donnaient aux préfectures de l’Égypte, appelées Νομος par les Grecs, le nom de Ⲡⲓⲧⲁⲃⲓⲣ, Pitabir. Ce mot manque dans le Lexique égyptien de Lacroze ; nous l’avons vainement cherché dans tous les vocabulaires coptes de la Bibliothèque impériale de Paris : il ne se trouve donc que dans la Scala Magna de Kircher[18], où il signifie Prætorium, locus juri dicundo destinatus ; Prétoire, siège d’un tribunal, et non pas Province, Préfecture ou Nome. D’ailleurs, tous les manuscrits coptes qui nous restent, rendent toujours le mot grec Νομος par Ⲡⲑⲱϣ ou Ⲡⲑⲟϣ, Pthôsch, ou Pthosch. Ce mot égyptien dérive de la racine ⲑⲱϣ Tôsch, ordinare, statuere, discernere ; ainsi on trouve dans les Martyrologes coptes : Ϣⲧⲛⲟⲩϥⲓ ϧⲉⲛ ⲛⲑⲟϣ Ⲡϣⲁϯ, c’est-à-dire, la ville de Schetnouphi dans le nome de Pschati[19] ; Ⲡⲓϩⲟⲣⲙⲉⲥⲧⲁⲙⲟⲩⲁ ϧⲉⲛ ⲡⲑⲟϣ Ⲧⲁⲙⲓⲁϯ, Pihormestamoua dans le nome de Tamiati[20] ; Ⲁⲡⲁ Ⲉⲡⲓⲙⲉ ⲡⲓⲣⲉⲙⲡⲁⲛ ⲕⲱⲗⲉⲩⲥ ϧⲉⲛ ⲡⲑⲟϣ Ⲡⲉⲙϫⲉ, le père Épime, habitant ou originaire de Pankôleus dans le nome de Pemsjè[21]. Nous pourrions multiplier ces exemples, mais nous pensons qu’ils suffisent pour prouver que les Égyptiens et les Coptes se servirent du mot Ⲡⲑⲟϣ, Ptosch, et non de Ⲡⲓⲧⲁⲃⲓⲣ, Pitabir, pour désigner les préfectures de leur pays.

Parmi les noms que Kircher croit que les Égyptiens donnèrent à leurs villes, il en est qui méritent d’être cités à cause de leur composition bizarre et de leur étymologie aussi singulière que contraire au génie de la langue égyptienne. Selon lui, Ⲃⲩⲧⲟⲥⲓ et Ⲃⲟⲩⲃⲁⲥϯ, Butosi et Boubasti, désignaient parmi les Égyptiens les villes que les Grecs appelèrent Boutos et Bubastis. Il traduit[22] Ⲃⲩⲧⲟⲥⲓ par donum bovis, don du Bœuf, et Ⲃⲟⲩⲃⲁⲥϯ, par elle donna deux Bœufs, et il suppose que le second de ce dernier mot était la lettre numérique mise à la place de ⲥⲛⲁⲩ, snau, qui signifie deux. Mais en observant que Ⲃⲩ et Ⲃⲟⲩ ne signifient point Bœuf en copte ou en égyptien, et que Kircher les dérive du grec βους, il s’en suit nécessairement que les Égyptiens n’orthographiaient pas ainsi les noms de ces deux villes de la basse Égypte, et que les explications de Kircher sont insoutenables. Le nom de la fameuse Thèbes fut, selon lui, Ⲥⲩⲁⲡ, Suan[23], tandis que ce mot est le nom corrompu de la ville de Syène ; dans les travaux de Kircher, Heracléopolis est appelée Ⲙⲟⲗⲟχ, Moloch[24], nom d’une idole des Cananéens[25] ; Appollinopolis porte celui de ⲰⲢⲟⲥ[26], Horos, avec une terminaison grecque. Il en est ainsi d’un grand nombre d’autres.

En 1643 Kircher publia, sous le titre de Lingua Ægyptiaca restituta[27], un ouvrage qui répandit en Europe les premières notions exactes de la langue copte. Il renferme aussi les noms coptes de plusieurs villes de l’Égypte, avec leurs noms correspondans en arabe. Ce travail de Kircher a été sans contredit très-utile. Veyssière-Lacroze a inséré ces noms dans son Dictionnaire égyptien, que Scholtz et Woide publièrent en 1775[28]. Lacroze, qui n’avait pas une grande opinion des connaissances de Kircher dans la langue copte[29], les rapporte tels qu’il les a trouvés dans l’ouvrage du Jésuite allemand. Ce dernier ne s’attacha point à donner le nom grec de la ville dont il produisait le nom copte, et s’il l’a fait quelquefois, il a commis plus d’une erreur.

Le célèbre philologue Paul-Ernest Jablonski, élève de Lacroze, a aussi cherché l’explication de plusieurs noms égyptiens de villes dans la langue copte[30]. Dans un ouvrage publié en 1699, le père Bonjour[31], religieux Augustin de Toulouse, indiqua quelques noms égyptiens de villes, déjà cités par Kircher. Kircher. Cet opuscule est plein de critique et d’une saine érudition.

Le père Georgi, dans la neuvième section de sa Préface des Miracles de Saint Coluthus[32], présente la liste des noms coptes de villes qu’il a rencontrés dans la traduction de ce fragment écrit en dialecte thébain, et dans plusieurs autres manuscrits du Vatican ; mais il n’a donné que l’équivalent grec de quelques noms égyptiens déjà connus. Nous aurons occasion d’en parler plus au long dans le cours de nos recherches.

Un savant estimable, dont les Lettres regrettent la perte récente, le danois Georges Zoëga, dans son excellent ouvrage de Origine et usu Obeliscorum[33], a disserté très au long sur les monolythes de plusieurs anciennes villes de l’Égypte, et les noms égyptiens de deux d’entr’elles. Nous reviendrons sur cette partie de l’ouvrage de Zoëga, lorsque nous nous occuperons des deux villes qu’il indique.

Pendant que les Français étaient les maîtres de l’Égypte, on imprima au Kaire un journal littéraire dans lequel tout ce qui concernait cette contrée, sa topographie, ses antiquités, sa législation et son économie politique était publié périodiquement. C’est dans ce journal, intitulé Décade Égyptienne[34], que M. Marcel, l’un des directeurs actuels de l’imprimerie Impériale, et alors directeur de celle du Kaire, inséra des extraits de l’ouvrage du géographe arabe Abd-Arraschid-al-Bakoui. Ces extraits, épars dans les trois volumes qui composent cette précieuse et rare collection[35], présentent aussi quelquefois, outre le nom arabe des villes de l’Égypte, le nom copte de ces mêmes villes, tiré probablement de quelque vocabulaire copte et arabe manuscrit ; mais l’auteur n’y discute pas les rapports que ces noms coptes peuvent avoir avec les anciens noms égyptiens et grecs.

M. Ignace Rossi a répandu quelques notes sur ce sujet dans son ouvrage intitulé Etymologiæ Ægyptiacæ[36], par lequel ce savant italien s’efforce de prouver que les mots coptes ne sont que des mots arabes corrompus ; il en cite un assez grand nombre dont il croit avoir trouvé la racine dans les idiomes orientaux, tels que l’Arabe, le Syriaque, le Chaldéen, le Samaritain et l’Éthiopien. Dans ses recherches étymologiques, M. Rossi émet son opinion sur les noms égyptiens de plusieurs dieux et de plusieurs villes.

Mais les travaux de ces auteurs ne suffisent point pour faire connaître l’Égypte avant l’invasion de Cambyse[37], puisqu’ils n’ont point indiqué les noms grecs correspondans aux noms véritablement égyptiens qu’ils avaient rencontrés dans les livres coptes. Aucun d’eux n’a eu le dessein de réunir les noms indigènes, grecs, latins et arabes, de les comparer, d’en démontrer les rapports ou les différences.

L’exécution d’un semblable ouvrage offrait de grandes difficultés. L’intérêt qu’il présente nous a paru plus grand encore, et nous nous sommes livrés aux recherches qui pouvaient nous donner les moyens de l’entreprendre avec quelque succès. Les matériaux que nous avons recueillis sont peu nombreux sans doute, mais tous sont authentiques, et ils nous ont paru être du plus grand prix.

En effet la langue copte, qui est la langue de l’ancienne Égypte écrite avec les caractères de l’alphabet grec, existe dans de nombreux manuscrits. Presque tous, il est vrai, contiennent les liturgies ou les martyrologes des Chrétiens jacobites ; mais on connaît aussi des versions coptes de l’ancien et du nouveau Testament[38], des grammaires coptes en arabe[39], et des vocabulaires coptes et arabes[40].

Quelques savans, et entre autres Vossius et le père Hardouin, ont nié l’identité du copte et de l’ancien égyptien ; mais lorsqu’ils émirent cette opinion, l’Égypte n’était point connue comme elle l’est de nos jours ; ses monumens littéraires étaient alors peu nombreux en Europe, ils n’avaient point été étudiés et comparés avec autant de soin qu’ils l’ont été depuis. Il en est résulté cette conviction, que la langue copte est la langue des anciens Égyptiens.

Les monumens et les auteurs témoignent également qu’elle se conserva en Égypte sous la domination des Perses, des Grecs, des Romains, des Arabes, des sulthans Mamlouks, des Turcs, et jusques dans le XVI.e siècle, tems où elle était encore parlée dans les parties les plus reculées de la haute Égypte.

M. Étienne Quatremère[41] a prouvé, d’une manière péremptoire, que la langue égyptienne s’était conservée en Égypte jusqu’au VIII.e siècle environ après la conquête de ce pays par Amrou-ben-Alâs, c’est-à-dire jusqu’au XV.e siècle de l’ère vulgaire, et il reste bien démontré maintenant que la langue copte est cette même langue égyptienne.

Tous ceux qui connaissent le copte et qui se sont occupés de l’étude de cette langue, sont intimement convaincus de son identité avec la langue des anciens habitans de Thèbes et de Memphis. La plus grande partie des mots que les anciens écrivains grecs ont consignés dans leurs écrits comme étant propres à la langue égyptienne, se retrouvent dans la langue copte avec la même signification[42].

Sans rappeler ici les raisons solides et les preuves irréfragables apportées en preuve de cette opinion par mon illustre maître M. Silvestre de Sacy, dans la Notice qu’il a faite de l’ouvrage précité de M. Quatremère[43], nous invoquerons seulement le témoignage de l’inscription de Rosette. Ce monument intéressant est un décret des prêtres de l’Égypte, qui décerne de grands honneurs au jeune roi Ptolémée Épiphane. Ce décret est écrit en hiéroglyphes, en langue et en écriture alphabétique égyptiennes, et en grec.

M. Silvestre de Sacy a publié le premier[44], sur le texte égyptien de cette inscription, une lettre qui sera très-utile à ceux qui voudront étudier ce monument. M. Akerblad que nous avons déjà cité, et qui s’est occupé de la langue copte avec beaucoup de succès, essaya de lire et d’interpréter le texte égyptien de cette inscription par la langue copte. En 1802, il fit part au public du résultat de son travail, dans une lettre adressée à M. Silvestre de Sacy[45]. Les mots Ⲭⲏⲙⲓ, Chémi, Égypte ; Ⲫⲟⲩⲣⲟ, Phouro, Roi ; Ⲛⲓⲉⲣⲫⲏⲟⲩⲓ, Nierphéoui, Temples ; Ⲟⲩⲏⲃ, Ouéb, Prêtre, qu’il trouva dans le texte égyptien ; ceux de Ⲧⲟⲩⲏⲃ, Touéb, Prêtresse ; ⲏⲡ, ép, tribut ; ⲙⲉⲥ, mes, engendrer ; ⲛⲛⲟⲩϯ, annouti, divin, que nous y avons lus ensuite[46], étant des mots purement coptes, et plusieurs phrases que nous y avons analysées, étant entièrement et rigoureusement conformes à la grammaire copte, il est bien évident que ce dernier idiome est l’ancienne langue des Égyptiens. D’ailleurs la grammaire de cette langue, vraiment philosophique et unique dans ses règles, porte l’empreinte d’une antiquité très-reculée ; elle est le type admirable de la perfection que peut acquérir le mécanisme du langage.

Si elle ne devait nous conduire qu’à la connaissance des liturgies et des martyrologes, qui sont presque les seuls ouvrages écrits en copte, l’étude de cette langue ne serait pour nous que d’un bien faible intérêt ; mais lorsque l’on considère que ce n’est que par elle qu’on peut parvenir à la lecture des manuscrits égyptiens que possèdent divers cabinets de l’Europe, que peut-être elle peut nous conduire à l’interprétation des Hiéroglyphes avec lesquels elle dut avoir quelque rapport[47], et qu’enfin la connaissance de la religion, des symboles et des mystères des Égyptiens en dépend pour ainsi dire, cette langue se présentant dès-lors avec tous ces avantages, ouvre en quelque sorte une carrière nouvelle, et se place à la tête des langues savantes.

C’est en l’étudiant et en lisant ses monumens écrits, que nous avons eu l’idée de faire connaître l’Égypte par les Égyptiens eux-mêmes, et c’est dans les écrits des Coptes que nous avons recueilli les noms de la plupart des anciennes villes de cette intéressante contrée. Ces noms diffèrent essentiellement de ceux que les Grecs donnèrent à ces villes. Nous avons déjà fait connaître les causes de cette différence ; les réflexions suivantes vont prouver que les noms consignés dans les livres des Coptes furent les véritables noms égyptiens.

Dans tous les tems, les Orientaux ont été regardés comme les peuples qui conservaient le mieux les noms et les coutumes, et beaucoup de villes anciennes de l’Orient sont encore connues sous les dénominations qu’elles reçurent dès les tems les plus éloignés. Quoi que soumises plusieurs fois à des peuples étrangers, leur langue n’ayant point changé, ces nations n’altérèrent pas ces dénominations locales. Iamblique, dans son Traité des Mystères, assure que les peuples asiatiques persévéraient dans leurs usages, que leurs mœurs ne changeaient point, et que les noms de lieux ou autres qu’ils avaient adoptés restaient constamment les mêmes[48]. Les Grecs au contraire, dit-il, amis de la nouveauté, ne faisaient qu’effleurer les choses sans rien approfondir ; méprisant les autres peuples, ils altéraient tout ce qu’ils en empruntaient, et le présentaient sous une forme nouvelle[49]. Cette opinion est confirmée par les faits, et plus particulièrement en Égypte qu’ailleurs.

Sous la domination des Perses, des Grecs et des Romains, les faibles restes de la nation égyptienne conservaient aux villes de leur pays les noms que leur avaient donnés leurs ancêtres. Les dénominations grecques furent seulement en usage chez les Grecs établis en Égypte, et chez ceux qui habitaient l’Europe. Les Romains les adoptèrent ensuite, et comme l’on n’a étudié jusqu’ici l’Égypte que par ces mêmes Grecs et par ces mêmes Romains, les noms que les Indigènes donnaient à leurs villes n’ont pu parvenir jusqu’à nous. Mais lorsque sous le khalifat d’Omar fils de Khatthab, Amrou-ben-Alâs se rendit maître de l’Égypte, la vingtième année de l’hégire[50], les Arabes n’ayant eu que très-peu de rapports avec les Grecs et les Romains, ils laissèrent aux villes les noms égyptiens que les Coptes leur avaient conservés. Ce fut l’analogie de leur prononciation avec celle des Égyptiens qui les leur fit adopter de préférence ; par la même raison, les Romains avaient conservé les dénominations grecques. Outre cela, les Coptes ou les Chrétiens jacobites haïssant les Grecs leurs maîtres, et professant une doctrine différente de celle des Grecs qui étaient melkites, ils facilitèrent beaucoup aux Arabes la conquête de l’Égypte. Amrou reconnaissant, et plus guerrier qu’administrateur, confia aux Coptes le soin de lever les tributs et les impôts qu’il répartit sur toutes les villes de l’Égypte. Les rôles étant faits par des Coptes[51], ils y employèrent les noms égyptiens, et les Arabes les adoptèrent en leur faisant subir cependant quelques légères modifications. Ceci explique pourquoi les noms arabes des villes et des villages de l’Égypte ressemblent aux noms égyptiens ou coptes, et diffèrent entièrement des noms grecs et latins.

En citant ici les noms coptes, c’est donc les vrais noms égyptiens que nous ferons connaître. Les sources où nous les avons puisés sont authentiques, puisque ce n’est qu’en compulsant les manuscrits coptes de la Bibliothèque impériale, que nous sommes parvenus à recueillir les noms égyptiens de la plus grande partie des villes mentionnées dans Hérodote, Strabon, Diodore de Sicile, Pomponius-Mela et Ptolémée.

Les manuscrits que nous avons consultés pour la géographie égyptienne sont en assez grand nombre[52]. Nous citerons principalement un vocabulaire copte en dialecte memphitique, provenant de la bibliothèque de Saint-Germain[53], qui contient[54] une liste très-considérable de noms de villes égytiennes avec le nom arabe actuel. Les noms égyptiens des villes ne sont point rangés alphabétiquement ; mais par une heureuse précaution du copiste ou de l’auteur, ces noms se trouvent classés selon la situation géographique des villes de l’Égypte sur les rives du Nil. Cette nomenclature commence à Ϯⲣⲁϣⲓⲧⲧⲉ, Ti Raschitté, Raschid ou Rosette, et se termine à Ⲥⲟⲩⲁⲛ, Souan, Syène[55].

Un second manuscrit, en dialecte thébain[56], plus intéressant encore que le précédent, quoique moins riche en notions géographiques, offre la même disposition quant à la classification des noms de villes et de provinces, avec cette différence que ces noms sont classés dans un ordre inverse. Le premier est Ⲡⲕⲁϩⲛⲛϭⲟⲟϣ, Pkahannsoosch, nom égyptien de l’Éthiopie ; le second est Ⲧⲁⲛⲟⲩⲃⲁⲧⲓⲁ, Tanoubatia, la Nubie ; ensuite est le nom de Syène. Cette liste est terminée par celui d’Alexandrie.

Le grand intérêt qu’offre ce manuscrit, consiste en ce qu’on y trouve le nom grec écrit en caractères coptes, le nom égyptien et le nom arabe de presque toutes les villes qui y sont citées[57] ; mais ces noms grecs sont défigurés. Le tableau suivant, où nous avons rétabli les mots grecs, le prouvera.

On ne doit point s’étonner de la manière dont ces noms de villes furent altérés par le Copte qui écrivit ce volume : la source où il les puisa pouvait ne pas être pure ni exempte de vices d’orthographe ; car les mots grecs qui se sont introduits en grand nombre dans l’idiome des Coptes, sont assez exactement écrits[58]. Rarement ils sont défigurés de manière qu’on ne puisse point les reconnaître ; mais le tableau que nous présentons ici ne contenant que des noms propres de villes, ils doivent nécessairement être plus altérés.

Nom Grec
du manuscrit.
Nom Grec
rétabli.
Nom Égyp.
ou Copte.
Nom
Arabe.
__ __ __ __
Ⲥⲉⲛⲟⲛ
Συενη
Ⲥⲟⲩⲁⲛ
Asouan.
Ⲗⲁⲧⲟⲛ
Λατοπολις
Ⲥⲛⲏ
Asna.
Ⲁⲣⲙⲟⲛⲓⲕⲏ
Ερμονθις
Ⲁⲣⲙⲟⲛⲑ
Arment.
Ⲧⲓⲟⲥⲡⲟⲗⲓⲥ
Διοςπολις
Ⲁⲛⲟ
Madina Hou.
Ⲡⲁⲛⲟⲥ
Πανωνπολις
Ϣⲙⲓⲛ
Akhmin.
Ⲗⲉⲅⲟⲩ
Λυχωνπολις
Ⲥⲓⲟⲟⲩⲑ
Osiouth.
Ⲑⲉⲩⲇⲟⲥⲓⲟⲩ
ΘεθδοσιȢπολις
Ⲧⲟⲩϩⲟ
Tahha.
Ⲝⲉⲣⲓⲭⲟⲩ
Οξυρυγχος
Ⲡⲉⲙϫⲉ
Albahnasa.
Ϩⲣⲟⲕⲉⲗⲟⲩ
Ηραχλεωπολις
Ϩⲛⲏⲥ
Ahnas.
Ⲁⲣⲥⲉⲛⲱⲉ
Αρσινοη
Ⲡⲓⲟⲙ
Fayyoum.
Ⲕⲩⲡⲧⲟⲛ
Αιγυπτος
Ⲙⲉⲙⲃⲉ
Masr ou Misr.
Ⲁⲗⲉⲝⲁⲡⲇⲣⲓⲁ
Αλεξαιδρεια
Ⲣⲁⲕⲟⲧⲉ
Ishandériah.

Le Copte qui a écrit cette nomenclature curieuse, n’a mis très-souvent que le commencement du nom grec, comme par exemple, λεγȢ, au lieu de Λυχωνπολις, Πανος pour Πανωνπολις. Cet usage avait pris naissance chez les Romains et les Grecs du bas Empire qui, dans leurs itinéraires, n’ont donné qu’une portion du nom des villes. Ainsi, l’on y trouve Lyco, Laton, Panos, Héracléo, à la place de Lycopolis, Latopolis, Panopolis, Héracléopolis. Les anciens Egyptiens eurent aussi cet usage. L’on remarque, par exemple, Ϩⲟⲩ, Hou, et Ⲁⲛⲟ, Ano en dialecte thébain, pour Ϯⲃⲁⲕⲓⲛϩⲟⲩ, Tibaki-an-Hou, Ⲧⲃⲁⲕⲓⲁⲛⲟ, la ville de Hou, la Διοςπολις des Grecs, qui dans notre manuscrit se trouve orthographié Τιοςπολις.

Un des avantages propres au tableau que nous venons de présenter, c’est de fixer irrévocablement la situation des villes qui y sont comprises et dont l’emplacement était incertain, ou n’était pas démontré d’une manière incontestable. Ces renseignemens sont d’autant plus précieux qu’ils sont plus sûrs.

Outre les manuscrits coptes de la Bibliothèque impériale, nous avons eu le soin de compulser ceux de la bibliothèque du chevalier Nani de Venise, publiés par le père Jean Mingarelli[59]. Ces fragmens, écrits en dialecte thébain, sont tous relatifs à la religion, et contiennent des vies de Saints, des parties des Évangiles, et des exhortations chrétiennes. Les Miracles de Saint Coluthus et le Martyre de l’abbé Panesniv[60], nous ont fourni quelques indications. Ces fragmens en dialecte thébain existaient dans la riche collection de manuscrits égyptiens qu’avait formée dans son musée de Velletri le célèbre et respectable cardinal Étienne Borgia, un des plus zélés protecteurs de la littérature et de l’archéologie égyptiennes. Ce fut le père Georgi, augustin, qui les publia, comme nous l’avons déjà dit, en 1793.

Tels sont les principaux écrits égyptiens dans lesquels nous avons été a portée de puiser les précieux matériaux que nous cherchons à mettre en œuvre dans cet ouvrage. Leur authenticité est incontestable, puisqu’ils nous ont été fournis par des descendans des Égyptiens, qui parlaient leur ancienne langue et qui rédigèrent leurs écrits en Égypte même.

On observera sans doute que les noms égyptiens des villes, que nous avons extraits des manuscrits coptes, ressemblent rarement à ceux que les Grecs leur ont donnés, et que la traduction qu’ils en ont faite, constamment infidèle, ne repose presque jamais sur aucune base solide, et n’est motivée par aucune circonstance locale. Nous avons déjà dit que les Grecs cherchèrent à retrouver leurs dieux dans le culte religieux des Égyptiens, et que leurs préventions et leur orgueil national leur persuadèrent qu’ils les y avaient trouvés : ils n’avaient aucune notion de la langue égyptienne ; les noms des villes de l’Égypte leur paraissant barbares, extraordinaires et trop durs pour leurs oreilles habituées aux sons euphoniques d’une langue mélodieuse, ils voulurent donner à ces villes des noms plus conformes à leur idiome et à leurs idées ; et recherchant avec soin quelle était la principale divinité qu’adorait chaque ville de l’Égypte, ils donnèrent à chacune de ces villes le nom de la divinité grecque qu’ils croyaient correspondre à celui du dieu égyptien dont le culte y était établi. Il en résulta ce fait bien remarquable, que deux villes qui, parmi les Grecs, portaient un nom semblable, en avaient un bien différent chez les Égyptiens. Ainsi Ηρμησπολις de la basse Égypte était connu, parmi les naturels, sous le nom de Ⲡⲧⲓⲙⲉⲛϩⲱⲣ, Ptimenhôr ; et Ϣⲙⲟⲩⲛ, Schmoun, était celui de la grande Ηρμησπολις de l’Heptanomide. Les trois Αφδοδιθηςπολις des Grecs furent dans le même cas. Celle du delta s’appelait Ⲁⲑⲱⲣⲃⲁⲕⲓ, Athor-Baki, celle de l’Heptanomide Ⲧⲡⲏϩ, Tpih, et la troisième, située dans la Thébaïde, était appelée Asphoun. Sans multiplier les preuves de ce que nous venons d’avancer, il nous suffira de faire remarquer que les noms grecs Λεωντοςππολις, ΠηλȢσιος, ΗλιȢπολις, sont les seuls qui rendent exactement la signification du vrai nom égyptien de ces trois villes célèbres.

Quant à ceux qu’ils n’ont point tenté de traduire et qu’ils ont voulu orthographier comme ils les entendaient prononcer, ils n’ont pu éviter de les défigurer et de les corrompre.

La différence de prononciation est une des grandes causes de l’altération de presque tous les noms étrangers que les Grecs ont conservés dans leurs écrits. Leur alphabet, très-borné par rapport à celui des nations orientales, n’avait point de signes propres à exprimer toutes les inflexions de la langue des Égyptiens[61]. Plusieurs lettres de l’alphabet de ces derniers étant étrangères aux Grecs, ceux-ci se virent dans la nécessité de leur en substituer d’autres qui leur étaient propres, et qui rendaient à-peu-près le même son. L’aspiration égyptienne ϩ, h, appelée ϩⲟⲣⲓ, Hori, par les Coptes, leur était inconnue. Le ϫ, genga égyptien, qui tient le milieu entre un S doux et notre J français, ne pouvait se rendre par aucun des caractères de l’alphabet des Grecs ; ils y substituèrent tantôt un Τ, tantôt un Σ, comme on le voit par les noms de Ϫⲉⲙⲛⲟⲩϯ, Sjemnouti (où l’on doit remarquer le , m, changé en b par les Grecs), et de Ϫⲁⲛⲓ, Sjani, orthographiés par les Grecs Σεβεννυτος et Τανις.

Quelques autres lettres, particulières à l’alphabet égyptien, n’ont pu être exprimées par les Grecs ; tel est le ϣ, Schei, Ch français, auquel ils ont substitué leur χ, Chi[62], comme dans Ϣⲙⲓⲛ, Schmin, qu’ils ont écrit Χεμμις. Nous citerons encore un passage de Plutarque qui, dans son Traité d’Isis et d’Osiris, nous fournit un second exemple du χ grec, mis à la place du ϣⲉⲓ, Schei des Égyptiens. « Les Grecs, dit cet auteur, consacrent le lierre à Dionysos[63] ; cette plante s’appelle dans la langue des Égyptiens Χηνοσειρις, ce qui, selon eux, signifie Plante d’Osiris. » On reconnaît en effet dans le mot grec orthographié Χηνοσειρις, le mot égyptien Ϣϣⲏⲛ, Schên, plante[64], qui, réuni au nom d’Osiris, Ⲟⲩⲥⲓⲣⲓ, donnait Ϣϣⲏⲛⲟⲩⲥⲓⲣⲓ, Schénousiri, ou plus régulièrement Ϣϣⲏⲛⲛⲟⲩⲥⲓⲣⲓ, Schênnousiri, avec l’article indicatif du génitif, Plante d’Osiris.

Quant, aux lettres égyptiennes, ϩ, Khei, et ϥ, Fei, elles se trouvent rarement employées dans les noms égyptiens des villes. Nous observerons seulement qu’à la place du Ϥⲉⲓ, Fei, égyptien, les Grecs se servirent de leur Φ, Phi, comme dans Μεμφις, en égyptien Ⲙⲉϥⲓ, Méfi, et dans ΟνȢφις, en égyptien Ⲡⲁⲛⲟⲩϥ, Panouf. L’articulation du Ϧⲉⲓ manquait à leur alphabet.

Les articles égyptiens , et ϯ furent orthographiés par les Grecs de diverses manières. Ils rendaient très-bien par leur φ le égyptien, mais il n’en était point de même de ou ⲡⲓ : tantot ils l’ont exactement exprimé par leur Π, tantot ils l’ont corrompu en y substituant Β ou ΒȢ, comme dans Βουβαστις, la Ⲡⲓⲃⲁⲥϯ, Pibasti, des Égyptiens ; enfin au ϯ, ti, ils ont très-souvent substitué leur Τ ou leur Θ, soit qu’il se trouve au commencement d’un mot comme article, soit au milieu ou à la fin comme simple lettre ou comme abréviation ; car il ne nous paraît pas encore décidé si ϯ n’est pas une véritable lettre égyptienne, ou bien si, comme le lam-alif des Arabes, ce n’est que la réunion de deux signes alphabétique, ainsi que l’assurent quelques grammairiens.

Parmi les Égyptiens, les articles employés sous une Page:Champollion - L'Egypte sous les Pharaons tome premier, 1811.djvu/46 Page:Champollion - L'Egypte sous les Pharaons tome premier, 1811.djvu/47 Page:Champollion - L'Egypte sous les Pharaons tome premier, 1811.djvu/48 Page:Champollion - L'Egypte sous les Pharaons tome premier, 1811.djvu/49 Page:Champollion - L'Egypte sous les Pharaons tome premier, 1811.djvu/50 Page:Champollion - L'Egypte sous les Pharaons tome premier, 1811.djvu/51 Page:Champollion - L'Egypte sous les Pharaons tome premier, 1811.djvu/52 Page:Champollion - L'Egypte sous les Pharaons tome premier, 1811.djvu/53 comme sembleraient l’indiquer les noms Oschmoun et Osiouth, dont l’Alif initial est affecté d’un dhamma.

Les noms égyptiens ont quelquefois été traduits par les Arabes, et leurs traductions sont à-peu-près exactes. Ces diverses circonstances inspirent une grande confiance dans les noms qu’ils donnent encore aux anciennes villes de l’Égypte, et l’on ne saurait trop remarquer la fidélité avec laquelle ils les ont conservés ; et en cela, non-seulement leurs nomenclatures sont d’accord avec les noms que les Coptes, descendans des Égyptiens, et les Grecs leur ont donnés, mais encore avec ceux que Moïse, égyptien de naissance, et tous les Prophètes nous ont transmis dans les textes hébreux des livres saints.

Nous aurions bien désiré présenter ces noms écrits avec les signes propres aux langues auxquelles ils appartiennent ; mais cela ne nous a pas été possible, et nous avons été forcés de renoncer a quelques-uns des avantages que nous y aurions trouvés. Nous avons cherché un moyen de compensation qui ne fit rien perdre à nos recherches de l’intérêt qu’elles peuvent présenter, ni aux discussions auxquelles elles donneront lieu, rien de la clarté et de l’ordre qui leur sont nécessaires.

Nous avons exprimé les noms arabes en lettres latines ; nous devons rendre compte de la méthode de permutation que nous avons adoptée.

Après avoir étudié celle qui a été publiée par M. le sénateur Volney[65], celle de Williams Jones, président de la Société Asiatique de Calcutta[66], celle que M. Langlès (dont je me rappelle avec reconnaissance les savantes et utiles leçons) a insérée dans son édition de Norden[67], enfin celle qu’ont préférée les rédacteurs de la Description de l’Égypte[68], j’ai adopté en partie la méthode de M. Langlès. Il paraît utile de présenter ici le tableau des lettres arabes dont l’alphabet latin ne peut exprimer la valeur par un seul élément ; ce tableau fera connaître en même tems la méthode de transcription dont nous avons fait usage.
Nom
de
la Lettre arabe.
Valeur
et
représentation
en
Lettres latines.
Manière
de
prononcer.
__ __ __
Tsa
Ts
Le TH dur des Anglais.
Hha
HH
Du gosier, fortement aspirée.
Kha
Kh
Grasseyement palatal.
Dzal
Dz
Le TH doux des Anglais.
Schin
Sch
CH Français.
Âin
Â, Î, Ô,
Voyelles très-gutturales.
Ghaïn
GH
R grasseyée à la provençale.
Ssad
SS
S très-dur.
Dhad
DH
D très-dur.
Tha
TH
T très-dur.
Dha
DH
D très-dur.
Ha
H
H doucement aspiré.

Les lettres de l’alphabet arabe qui ne sont pas comprises dans ce tableau, ont leur équivalent simple dans des lettres latines.

Les mots et les passages grecs cités dans le cours de nos recherches étant exprimés en caractères grecs, nous n’avons aucune remarque à faire à ce sujet.

L’importance que présentent les mots et les citations coptes, sur lesquels notre travail est fondé, nous ont fait regarder comme très-avantageux de pouvoir les donner avec les caractères originaux ; et c’est en raison de cette même importance qu’il nous a paru indispensable de mettre tous les lecteurs à même de les connaître. La langue copte ou égyptienne étant très-peu cultivée, et ses élémens alphabétiques peu répandus, nous ayons cru utile de les présenter ici dans l’ordre et avec les noms adoptés par les grammairiens.

Nous rappellerons à ce sujet que la langue copte est réellement la langue égyptienne écrite avec les caractères grecs, et nous ajouterons les remarques suivantes.

L’alphabet égyptien, proprement dit, se composait de 25 signes[69].

On sait que les Égyptiens s’en servirent jusques à l’époque ou ils adoptèrent l’alphabet grec. Des 24 élémens qui composent celui-ci, 18 correspondaient exactement à la valeur d’autant de lettres des Égyptiens ; les six autres étaient étrangères à leur langue.

Toutes ayant été adoptées, l’alphabet grec le fut entièrement, et le nombre de ses signes resta fixé à 24 ; mais comme ils étaient insuffisans pour rendre quelques inflexions de la langue des Égyptiens, ces derniers conservèrent ceux de leurs signes alphabétiques qui étaient destinés à exprimer ces inflexions étrangères à la langue des Grecs. Ces signes étant au nombre de sept, furent ajoutés à l’alphabet des Grecs, et par-là l’alphabet copte fut composé de 31 lettres. C’est dans cet état qu’il nous est parvenu[70] ; il se compose donc,

1.o De 18 signes grecs qui ont exactement remplacé la valeur d’autant de signes égyptiens ;

2.o De 6 signes grecs, entièrement nouveaux pour les Égyptiens, qui ne les ont employés que dans les mots grecs ou latins qui ont passé dans leur langue ;

3.o De 7 signes appartenans à l’ancien alphabet égyptien[71], et exprimant des sons étrangers à la langue grecque.

Ces trois séries correspondent à l’état actuel de l’alphabet copte. Nous nous sommes attachés à les faire remarquer dans le tableau suivant ; et pour y parvenir, nous avons indiqué les signes de la seconde série série par une †, ceux de la troisième par une  ; les signes de la première ne sont précédés d’aucune marque particulière.

ALPHABET COPTE.

  Figure. Nom copte. Valeur.
Ⲁ ⲁ Ⲁⲗⲫⲇ Alpha A.
Ⲃ ⲃ Ⲃⲓⲇⲁ Vida B. V.
Ⲅ ⲅ Ⲅⲁⲙⲙⲁ Gamma G.
Ⲇ ⲇ Ⲇⲁⲗⲇⲁ Dalda D.
Ⲉ ⲉ Ⲉⲓ Ei E. A bref.
Ⲋⲓⲧⲁ Zida Z.
Ⲏ ⲏ Ⲏⲧⲇ Ida I. ai. ei.
Ⲑ ⲑ Ⲑⲓⲧⲇ Thida Th.
Ⲓ ⲓ Ⲓⲁⲩⲧⲁ Iauda I.
Ⲕ ⲕ Ⲕⲁⲡⲡⲁ Kabba K.
Ⲗ ⲗ Ⲗⲁⲩⲗⲁ Laula L.
Ⲙ ⲙ Ⲙⲓ Mi M.
Ⲛ ⲛ Ⲛⲓ Mi N.
Ⲝ ⲝ Ⲝⲓ Exi X.
Ⲟ ⲟ O O bref.
Ⲡ ⲡ Ⲡⲓ Pi P.
Ⲣ ⲣ Ⲣⲟ Ro R.

Ⲥ ⲥ Ⲥⲓⲙⲁ Sima S.
Ⲧ ⲧ Ⲧⲁⲩ Dau T. D.
Ⲩ ⲩ Ⲩⲉ Ue T. U.
Ⲫ ⲫ Ⲫⲓ Phi TH.
Ⲭ ⲭ Ⲭⲓ Ch CH.
Ⲯⲓ Epsi PS.
Ⲱ ⲱ O Ò long.
Ϣ ϣ Ϣⲉⲓ Schei SCH allemand.
Ϥ ϥ Ϥⲉⲓ Fei F.
Ϧ ϧ Ϧⲉⲓ Khei KH.
Ϩ ϩ Ϩⲟⲣⲓ Hori H.
Ϫ ϫ Ϫⲁⲛϫⲓⲁ Sjansjia SJ.
Ϭ ϭ Ϭⲓⲙⲁ Scima S fort.
Ϯ ϯ Ϯⲓ Dei Di, et Ti.

Telles sont les notions que nous avons cru devoir réunir ici sur le plan et le but de cet ouvrage. Nous les regardons comme suffisantes pour en faciliter la lecture. Ces notions offriront encore un avantage de plus, si elles contribuent à répandre le goût de la langue égyptienne, en excitant le zèle de quelque philologue, et en l’engageant à diriger ses travaux vers l’étude d’une langue qui doit conduire à la connaissance des antiquités littéraires de l’Égypte.

Séparateur

  1. Hérodote, liv. II ; Genèse, chap. 43 et 46 ; Diodore de Sicile, liv. I, sect. II.
  2. Strabon, liv. XVII.
  3. Diodore de Sicile, liv. I.
  4. Le Psammitichus des Grecs.
  5. Diodore de Sicile, liv. I, sect. II.
  6. Diodore de Sicile, liv. I, sect. II.
  7. Platon, in Philæbo.
  8. Deux seulement sont douteux, Naucratis et Anthylla.
  9. Strabon, liv. XVII.
  10. Saturne, Jupiter, Minerve, Apollon, Vénus des Latins.
  11. Vulcain des Latins.
  12. Mercure des Latins.
  13. Nous prions le lecteur de ne pas prendre ce mot dans un sens trop absolu. Nous l’expliquerons dans la partie de cet ouvrage relative à la religion égyptienne.
  14. Hérodote, liv. II ; Strabon, liv. XVII ; Diodore de Sicile, liv. I ; Plutarque, d’Isis et d’Osiris.
  15. Lucas, 1.er Voyage, tom. I, pag. 155.
  16. Tome I, Templum Isiacum, syntagma I, Chorographia Ægypti.
  17. Voyez sa carte, Œdip. AEgypt., tom. I, pag. 8.
  18. Scala Magna, pag. 225, copiée par Rossi, au mot Ⲧⲁⲃⲓⲣ.
  19. Mss. copt., Bib. imp., n.o 61, fonds du Vatican, f.o 70, recto.
  20. Mss. copt., Bibl. imp., n.o 66, in-fo. On trouve aussi ce nom de lieu orthographié Ⲡⲓϧⲟⲣⲙⲉⲥⲧⲁⲙⲟⲩⲗ.
  21. Mss. copt., Bibl. imp., n.o 66, in-f.o, Martyre de St. Épime.
  22. Œdip. Ægypt., chorograph. Ægypt., nomus II, p. 16 et 17.
  23. Œdip. AEgypt., tom. I, cap. v, pag. 38.
  24. Id., pag. 46.
  25. Lévitique XVIII, 21, et XX, 12 ; Jérémie XLIX, i, etc.
  26. Id., pag. 47.
  27. Romæ, 1643, in-4o.
  28. Oxoniæ, e Typographæo Clarendoniano, 1775, in-4.o
  29. On lit dans la préface de son dictionnaire le jugement suivant sur cet ouvrage de Kircher : « Tentata est sanè hæc lingua à pluribus eruditis, sed ut plurimûm frustrà : nec ulli eorum conatus sui deterius cessere quâm Athanasio Kirchero, qui in hoc studiorum genere nihil omnino vidit. Itaque Scala ejus, quam vocat copticam, et si eam, ut pote è manuscripto derivatam, negligendam non censui, parcè admodùm usus sum. Tot enim ejus errata in singulis ferè quibusque paginis deprehendi, ut fidem ei nullo loco temere habendam esse censeo. Extrait du Mss. de Lacroze, conservé à la Bibliothèque impériale de France.
  30. Pantheon Ægyptiorum, et Opuscula, passim.
  31. Exercitatio in monumenta coptica seu ægyptiaca bibliothecæ vaticanæ. Romæ, 1699, in-4.o
  32. De Miraculis Sancti Coluthi. Romæ, 1793, in-4.o, p. CXC.
  33. Romæ, 1797, in-f.o
  34. La Décade Égyptienne, journal littéraire et d’économie politique. Au Kaire, de l’Imprimerie Nationale, ann. VII et VIII.
  35. Le premier se trouve vol. I.er, page 248 ; le second, même volume, page 276 ; le troisième, vol. III, page 145.
  36. Ignatii Rossii Etymologiæ Ægyptiacæ. Romæ, 1808, in-4o.
  37. Dans le mois de septembre dernier, M. Akerblad, ancien secrétaire des Commandemens de S. M. le Roi de Suède, a adressé à la 3.e Classe de l’Institut de France un Mémoire sur le nom copte de quelques villes et villages de l’Égypte. La connaissance de ce Mémoire nous eût été sans doute très-utile, mais l’auteur ne l’a pas encore publié.
  38. La version copte du Nouveau Testament a été publiée par David Wilkins, sous ce titre Ϯⲇⲓⲁⲑⲛⲕⲏ ⲙⲃⲉⲣⲓ Ϧⲉⲛ Ϯⲁⲥⲡⲓ ⲛⲧⲉ ⲛⲓⲣⲉⲙ χⲏⲙⲓ ; Hoc est : Novum Testamentum Ægyptium vulgo copticum, ex Mss. Bodlejanis descripsit, cum Vaticanis et Parisiensibus contulit, et in latinum sermonem convertit David Wilkins, ecclesiæ anglicana presbyter. Oxonii, e theatro Sheldoniano, typis et sumptibus Academiæ, 1716, in-4.o
  39. Mss. copt., Bibl. Imp., n.o 44, depuis le feuillet 23 versò, jusques au feuillet 30 versò ; etc.
  40. Mss. copt., Bibl. Imp., fonds de Saint-Germain, suppl., n.o 17 ; Id. Saint-Germain, n.o 500 ; Bibl. Imp., n.os 44, 48, etc.
  41. Voyez l’utile ouvrage de M. Quatremère, intitulé : Recherches sur la langue et la littérature de l’Égypte. Paris, 1808, in-8.o, page 4 et suivantes.
  42. Dans nos recherches sur l’histoire de l’Égypte, nous ferons voir que les noms de la plus grande partie des Rois du canon chronologique de Manéthon, trouvent leur interprétation dans la langue copte ou égyptienne.
  43. Notice de l’ouvrage intitulé : Recherches critiques et historiques sur la langue et la littérature de l’Égypte, par Étienne Quatremère, insérée dans le Magasin Encyclopédique, et tirée à part. Paris, Sajou, 1808, in-8o.
  44. Lettre au citoyen Chaptal, Ministre de l’Intérieur, au sujet de l’Inscription égyptienne de Rosette. Paris, de l’imprimerie de la République, an X, 1802, in-8o.
  45. Lettre sur l’Inscription égyptienne de Rosette, adressée au citoyen Silvestre de Sacy, professeur de langue Arabe à l’École spéciale des langues Orientales vivantes, etc., etc. Paris, de l’imprimerie de la République, an X, 1802, in-8o.
  46. Ce n’est pas ici le lieu de rendre compte du résultat de l’étude suivie que nous avons faite du texte égyptien de l’Inscription de Rosette, et de l’alphabet que nous avons adopté. Nous nous occuperons de cet important sujet dans la suite de cet ouvrage. En attendant, nous prions le lecteur de regarder comme exacts les résultats que nous lui présentons ici.
  47. Ceci n’est point un paradoxe.
  48. βαρβαροι δε μονιμοι τοις ηθεσιν οντες, και τοις λογοις Βεβαιως τοις αυτοις εμμενουσι. Iamblich. de Myster., sect. VII, cap. v, pag. 155 et 156.
  49. Φυσει γαρ Ελληνες εισι νεωτεροποιοι, και αττοντες φερονται πενταχη ουδεν εχοντες ερμα εν εαυτοις, ουδε οπερ αν δεξωνται παρα τινων διαφυλαττοντες· αλλα και τουτο οξεως αφεντες, παντα κατα την αστατον ευρεσιλογιαν μεταπλαττουσι. Id., cap. V, pag. 155.
  50. Vers l’an 640 de l’ère vulgaire.
  51. Les Coptes remplissent encore ces fonctions en Égypte.
  52. Voici les principaux d’entr’eux : n.o 61, fonds du Vatican, Martyre de Saint Apa-Ari ; n.o 62, Martyre de Pierre, archevêque de Rakoti ; n.o 64, Hist. Lausiaca ; n.o 66, in-f.o  ; n.o 68, fonds du Vatican ; n.o 500, fonds de St.-Germain ; n.o 46, Mss. Thébain, etc.
  53. Supplément, n.o 17.
  54. F.o ⲣϥⲃ, verso, et ⲣϥⲅ, etc.
  55. Voyez l’Appendix n.o 1.
  56. N.o 44, ancien fonds, f.o 79 versò et 80 rectò.
  57. Voyez l’Appendix n.o 2.
  58. C’est dans les textes égyptiens en dialecte thébain qu’on trouve le plus de mots grecs.
  59. Ægyptiorum Codicum reliquiæ Venetiis in bibliothecâ Naniand asservatæ, Bononiæ, 1785, in-4.o
  60. Publiés par le père Georgi déjà cité.
  61. Aristides orat. Ægyptiaca, tome II, page 360.
  62. Les Grecs modernes prononcent le χ comme le ch allemand dans les mots achtung, respect ; stoechen, piquer, percer : s’il en était ainsi chez les anciens Grecs, la différence entre le nom grec et le nom égyptien ne serait pas très-grande.
  63. Bacchus des Latins.
  64. Ce mot se trouve employé avec cette signification dans la version copte de la Genèse, XXII, 15, et ailleurs.
  65. Simplification des Langues Orientales, ou méthode nouvelle et facile d’apprendre les langues Arabe, Persane et Turque, avec des caractères européens. — Paris, de l’Imprimerie de la République, an III, in-8o.
  66. Recherches Astatiques, ou Mémoires de la Société établie au Bengale pour faire des recherches sur l’histoire, les antiquités, les arts et les sciences de l’Asie ; traduction de Labaume, Paris, Impr. Imp., introd. tome I, pag. XXV et suivantes.
  67. Cet ouvrage contient de nombreuses et savantes recherches de M. Langlès, qui rectifient plusieurs observations de Norden.
  68. À la fin de l’Avertissement qui accompagne la Préface historique de M. Fourier, en tête du premier volume des planches d’Antiquités.
  69. Plutarque l’a dit expressément. Nous prouverons ailleurs que ce rapport de Plutarque est fidèle, et nous développerons plus au long cette analyse de l’alphabet copte.
  70. Nous ne regardons pas comme une lettre le signe, , so, qui n’est autre chose que le chiffre copte 6, et qui a été mal-à-propos compris dans l’alphabet, puisque on ne le trouve comme lettre dans aucun manuscrit copte.
  71. Nous reviendrons sur ce sujet dans nos recherches sur les écritures des Égyptiens.