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L’Année terrible/À ceux qui reparlent de fraternité

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                           IV

Quand nous serons vainqueurs, nous verrons. Montrons-leur,
Jusque-là, le dédain qui sied à la douleur.
L’œil âprement baissé convient à la défaite.
Libre, on était apôtre, esclave, on est prophète ;
Nous sommes garrottés ! Plus de nations sœurs !
Et je prédis l’abîme à nos envahisseurs.
C’est la fierté de ceux qu’on a mis à la chaîne
De n’avoir désormais d’autre abri que la haine.
Aimer les Allemands ? Cela viendra, le jour
Où par droit de victoire on aura droit d’amour.
La déclaration de paix n’est jamais hanche
De ceux qui, terrassés, n’ont pas pris leur revanche ;
Attendons notre tour de barrer le chemin.
Mettons-les sous nos pieds, puis tendons-leur la main.
Je ne puis que saigner tant que la France pleure.
Ne me parlez donc pas de concorde à cette heure ;
Une fraternité bégayée à demi
Et trop tôt, fait hausser l’épaule à l’ennemi ;
Et l’offre de donner aux rancunes relâche
Qui demain sera digne, aujourd’hui serait lâche.