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La Ronde du Trouvère/Texte entier

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A. Siffer (p. cov-tdm).
Maurice Desombiaux
La Ronde du Trouvère
A. Siffer, Libraire-Éditeur


LA RONDE DU TROUVÈRE














MAURICE DESOMBIAUX
LA RONDE DU TROUVÈRE
GAND
TYPOGRAPHIE A. SIFFER

1893

LA RONDE DU TROUVÈRE GENTIL



O u donc est-il mon ami,
Mon trouvère, jeunes filles,
Où donc est-il mon ami,
Mon joli trouvère gentil ?

— Il a passé par ici
Quand l’aubépine était en fleurs,
Il s’en est allé d’ici
Quand l’aubépine a fleuri.

Il partit aux jours de vaillance,
Il partit et mon cœur en pâtît,
À l’arçon le luth, au poing la lance,
Combattre de fiers ennemis.
Où donc est-il mon joli trouvère gentil ?


— Il a passé par ici
Quand, les muguets étaient en fleurs,
Il s’en est allé d’ici
Quand les muguets ont fleuri.

— Il chevaucha vers des pays lointains
Pour combattre de fiers ennemis.
Le luth à l’arçon, la lance au poing,
De beaux royaumes il conquit.
Où donc est-il mon joli trouvère gentil ?

— Il a passé par ici
Quand la jacinthe était en fleurs,
Il s’en est allé d’ici
Quand la jacinthe a fleuri.

Au pays des violettes
Ne l’avez-vous pas vu passer ?
Au son des cors, au son des trompettes,
Le fils du roy vint pour m’épouser.
Beau fils de roy, ne me parle pas,
Ne te mets pas en peine.
Beau fils de roy, point ne m’épouseras,
Mon joli trouvère seul j’aime.
— Où donc est-il mon joli trouvère gentil ?

— Il a passé par ici.
Quand la violette était en fleurs,
Il s’en est allé d’ici
Quand la violette a fleuri.

Au pays des blancs lilas
N’a-t-on pas vu mon trouvère ?
— Le fils de roy tu épouseras,
Je le veux, me dit mon père,
Le fils du roy tu épouseras
Ou dans le moutier te voileras.
— Point ne veux de ce royal fils
Non plus que couronne de reine ;
Mon joli trouvère seul j’aime.
— Où donc est-il mon joli trouvère gentil ?

— Il a passé par ici
Quand les lilas étaient en fleurs,
Il s’en est allé d’ici
Quand les lilas ont fleuri.

Il revint des pays lointains,
Mon gentil trouvère,
L’épée au côté, le luth à la main,
Et dit à mon père :


J’ai conquis des provinces belles
Au glorieux pays du soleil,
J’ai des vaisseaux sur la mer vermeille
Remplis de joyaux,
J’ai des brocarts d’or et d’argent,
Des colliers en diamant,
Des diadèmes et des couronnes.
À les prendre si ta fille consent,
Mon cœur aussi je lui donne.
— Où donc est-il mon joli trouvère gentil ?

— Il a passé par ici
Quand les pommiers étaient en fleurs ;
Il s’en est allé d’ici
Quand les pommiers ont fleuri.

Mon père lui dit : Trop tard tu viens,
Elle a pris voile ce matin.
Qui sème le froment récoltera l’avoine,
Avant que ma fille soit ta compagne.
Dans la chapelle du moutier
J’étais à genoux en prière
Quand mon fidèle trouvère
Sur le chemin vint à passer.
Il chantait bien tristement

La trahison de sa mie,
Il chantait si doucement
Que mes compagnes du couvent
Crurent entendre une litanie
De l’ange au vitrail priant.
— Où donc est-il mon joli trouvère gentil ?

— Il a passé par ici
Quand les genêts étaient en fleurs,
Il s’en est allé d’ici
Quand les genêts ont fleuri.

J’ai fait la morte trois jours entiers
Pour m’échapper du moutier.
— Sur la poitrine il faut lui verser
Du plomb fondu, dit le fils du roy,
Peut-être la morte ressuscitera.
Du plomb fondu l’on me versa,
Mais mon visage point ne bougea.
À pleines volées, tristes, sonnèrent
Les trois cloches du monastère,
Solennellement les nonnes alors
Me vêtirent de blancs habits,
On récita l’office des morts,

Et quand les prières furent finies,
Loin du caveau me suis enfuie.
— Où donc est-il mon joli trouvère gentil ?

— Il a passé par ici
Quand les rosiers étaient en fleurs,
Il s’en est allé d’ici
Quand les rosiers ont fleuri.

Où donc est-il celui que j’aime,
Que je cherche et n’ai plus trouvé
Dans les pays de printemps ?
Par quels chemins s’en est-il allé ?
Par quelles routes va-t-il, en peine
De sa mie le délaissant ?
— Par le pays des églantiers
Au primevère en fleurs
Le trouvère, triste, a passé.
Au pays des lilas blancs
Il s’en vint d’amour pleurant,
Jacinthes, violettes et muguets
Ainsi que les jaunes genêts,
Pas plus que les roses fleuries
Ne l’ont consolé de sa mie.


Dans la montagne et la bruyère
N’a-t-on pas vu mon trouvère
D’amour pleurant
D’amour dolent ?

— Il a passé par ici
Quand la bruyère était en fleurs,
Il s’en est allé d’ici
Quand la bruyère a fleuri.

Il s’en est allé chantant :
Au gai pays du printemps
La violette était bien jolie
Près des haies vertes et fleuries,
Mais je préfère les yeux de ma mie.

La pervenche souriait dans les champs
Qui se réveillaient à la vie,
Je lui préfère cependant
Un sourire de ma mie.

Ah ! comme ils étaient frais
Les boutons de roses entr’ouverts
Dans les resplendissants parterres

Tout parfumés.
Et pourtant je leur préfère
Les rouges lèvres de ma mie.

Qu’ils étaient beaux les genêts d’or
Dans le rire de l’aurore,
Pourtant je préfère encore
La chevelure de ma mie.

Mais ma mie a trahi son serment
Et ma vie et ma joie sont flétries
Comme les fleurs du printemps.

Où donc est-il celui que j’aime ?
Qu’il sache enfin que mon amour
Est resté, pour lui, le même
Qu’au premier jour.
Où donc est-il mon joli trouvère gentil ?

— Toutes les fleurs étaient fanées.
Chez nous il s’est arrêté
Quand l’automne dorait la forêt,
Mais son cœur était plein de douleur.

— Je te reverrai donc ici
Mon joli trouvère gentil.

— Hélas ! hélas ! préparez vos pleurs…
On a creusé sa fosse ici
Quand les fleurs se sont flétries.

— Il est donc mort mon ami cher,
Mon joli trouvère gentil !
Ah, ah ! je meurs aussi ;
Qu’on me mette en terre
À côté de lui :
Nous nous verrons en paradis.

LA MORT DU CHEVALIER


A yant vu s’enfuir la chimère
De foi, de gloire et de splendeur.
Éclose en son âme pure et fière,
Le vaillant chevalier, mon frère,
La croix de l’épée sur le cœur,
Gît sur la colline en fleur.

L’étoile du printemps, la violette,
À moins de charme que ses yeux,
Cristal pur où se reflète
La candeur du grand ciel bleu.
Le pieux chevalier, mon frère,
En grande peine dit sa prière.

C’est le matin frais et fleuri.
Étonné, le silence se penche
Vers le héros étendu, meurtri,

Parmi l’herbe et les pervenches.
Le jeune et brave chevalier,
Mon frère, hélas ! va trépasser.

Le pieux chevalier, mon frère,
En achevant sa prière
À la Vierge recommande son âme.
Lorsque du haut de la colline
Descendit la blanche dame
Par le chemin fleuri d’églantines.

Éblouissante elle vint à lui
Et sur ses lèvres pâlies
Versa le baume béni
D’une douceur infinie
D’hydromel et d’ambroisie,
Et son visage s’épanouit.

Elle voulut lui verser encore
L’électuaire du flacon d’or.
Ah ! dit-il, quelle félicité,
Quelle douceur et quelle ardeur
Je sens descendre dans mon cœur.
Mon cœur d’amour est pénétré.



Elle versa le précieux dictame.
Ah ! dit-il, de quel bonheur
Est liquéfiée mon âme.
Ah ! quel amour et quelle ardeur
Ont étreint mon pauvre cœur.
Je ressens l’extase bénie
Des apôtres et des martyrs,
Plus rien ne me retient ici,
Je vois, devant moi s’ouvrir
Les portes bleues du paradis.

La dame auréolée de lumière
Versa sur les lèvres du chevalier
Le divin électuaire
De son baiser.
Et les yeux du pieux chevalier
D’une extase sainte brillèrent,
Son visage, radieux s’illumina,
Et ne pouvant supporter tel bonheur sur terre
Son âme au ciel monta
Dans un rayon de pure lumière.

CRÉPUSCULE


E lle était à sa fenêtre, très pâle,
Au jardin des lys fleurie,
La noble dame en sa rêverie,
L’ombre de ses cils sur son visage pâle.

Elle était à la fenêtre du manoir,
Au jardin des lys fleurie,
La châtelaine, et sa rêverie
Au ciel clair de son espoir.

Sur la soie pâle de sa vie
Elle brodait la rêverie,
La noble dame, son espoir
D’encore en la fanfare du couchant, le voir !


Il arriva casqué d’or en le soleil
Vers la dame en rêverie,
La châtelaine aux grands yeux vermeils
Qui se levèrent de la broderie.

Il s’en vint sonnant du cor,
Éblouissant, vers le manoir,
Tandis que les vitraux s’allumaient d’or
Et les murs se vêtaient de soir.

« Je t’ai cherchée, ô dame bien aimée,
Pendant des années et des années
À travers les contrées et dans mes pensées
Je t’ai cherchée.

— J’attends beau chevalier, dit-elle,
Depuis des années et bien des années
En rêvant, sur la dentelle,
Du preux qui changera ma destinée.

Et c’est aujourd’hui le dernier jour
Que le soir tombe sur ma peine
Avec l’ombre des grandes tours
Sur l’alentour et dans la plaine. »

Mais c’est un jardin de fleurs fanées
Son âme, aux parterres jonchés de feuilles mortes
Son âme morte !
Aux voix chantantes des jeunes années.

La châtelaine à sa fenêtre, très pâle,
Au jardin des lys fleurie,
A penché la tête, plus pâle,
Sur la broderie.

Le chevalier cuirassé de fer
Levant encore son cor
Sonna si fort aux étoiles d’or
Du ciel clair,

Que las alors et si las
Il s’étendit auprès de la dame,
Tandis qu’avec la sonore voix,
Fraternelles s’en allèrent leurs âmes.

LA CORBEILLE DE NOCES



O gracieuse jeune fille
Ah ! si tu voulais m’aimer !
La veille de notre mariage
Des châles de cachemire à ramages
Jaunes et rouges j’apporterais
Dans ta corbeille de noces.

— Mieux que cela je veux pour mes noces.

Ô charmante fille belle
Ah ! si tu voulais m’aimer !
Des dentelles de Bruxelles,
Aussi de Malines la vieille,
Ah ! si tu m’aimais, j’apporterais
Dans ta corbeille de noces.

— Mieux encore je veux pour mes noces.


J’ai de beaux atours pour toi,
Ah ! si tu voulais m’aimer !
Des robes de satin et de soie
Comme pour la fille d’un roi
Ah ! si tu m’aimais, j’apporterais
Dans ta corbeille de noces.

— Mieux encore je veux pour mes noces.

J’ai des bagues d’or et d’argent
Ah ! si tu voulais m’aimer !
Des bracelets et des colliers
Tout en diamants,
Des perles fines, des pierreries
Et d’anciens joyaux de famille
Ah ! si tu m’aimais, j’apporterais
Dans ta corbeille de noces.

— Mieux encore je veux pour mes noces.

Oui, j’aurais bien mieux encore,
Ah ! si tu voulais m’aimer !
Au ciel je prendrais ses trésors,
Les glorieuses étoiles d’or
Ah ! si tu m’aimais, je décrocherais
Pour ta corbeille de noces.


— Mieux encore je veux pour mes noces.

Que m’importent les cachemires,
Les brocarts d’or et d’argent,
Les émeraudes et les saphirs,
Si tu déposes un cœur constant
Dans ma corbeille de noces.

AMOUR



Ô maître halluciné des âges chrétiens,
Ô toi qui m’épouvantes en ta ferveur mystique,
Prends mon cœur en ta puissante main
Et le sculpte ainsi qu’une église gothique.

Tout d’abord fais surgir des boucs, des serpents,
Des dragons, des hydres et des chimères
Et tous les monstres effrayants
Qui font, autour des cathédrales, hurler la pierre.

Puis d’une main plus calme, avec amour, cisèle
Les portiques, les ogives et les chapiteaux,
Fais courir de frêles et gracieuses dentelles
Au faîte des murs et le long des arceaux.

Répands à l’intérieur, sous les voûtes sonores,
Où palpitent de longs échos de chants divins,

Des étendards brodés de pourpre et d’or.
Sculpté en la grande nef un autel byzantin
Où trônera, le front paré d’un diadème
De pierreries resplendissant,
La Vierge douce et radieuse que j’aime,
Pour qui fumeront les encensoirs d’argent.

Et sur le calme azur, dans le campanile
Ciselé, ouvre comme un précieux joyau,
Tu feras gazouiller ainsi qu’un chœur d’oiseaux
Le carillon de ma folie.


MON CŒUR DANS LA CAVERNE DE LA HAINE

À M. Louis Delattre



M on cœur dans la caverne de la Haine,
Mon cœur dans la grotte, parmi les serpents,
Mon cœur sous les parois qui dégouttent de haine,
Mon cœur pantelant,

Mon cœur prisonnier comme l’or du Rhin,
Mon cœur sous les parois qui dégouttent de haine,Mon cœur piqué par le dard des vipères,
Mon cœur enflammé de leur venin
Dans l’antre du dragon Fafner,

Mon cœur sous des dos de reptiles tressés,
Mon cœur tuméfié comme un corps
Noyé, mon cœur, enjeu du monde, est gardé
Par le monstre ainsi qu’un grand trésor.

Les heures tombent sur mon cœur,
Le venin coule goutte à goutte

Et tout saignant mon cœur écoute
Goutte à goutte tomber les heures.

Il se souvient du temps très lointain
Des aurores roses et des flots chanteurs
Et des rives bordées de fleurs
Et de soleil il se souvient.

Il se souvient des filles aux voix d’or
Aux longs ondulements dans l’onde amoureuse
Qui frôlait de caresses langoureuses
Les beaux corps veloutés d’un duvet d’or.

Il se souvient des frêles châtelaines,
Parmi les nénuphars mirant leurs grands yeux purs
Dans le cristal fleuri des fontaines,
Étoiles oubliées par la Nuit dans l’azur.

Oh ! vers quel pays de lumière ivre
Mon cœur cinglerait, vieux navire sans mât ;
Vers quel là-bas, mon cœur, vers quel là-bas
Se traîner et quelle demeure où vivre !

Mais les heures tombent sur mon cœur,
Le venin coule goutte à goutte,

Et pantelant et bourdonnant mon cœur écoute
Goutte à goutte, perverses, tomber sur lui les heures.

Quel Saint Michel cuirassé de fer
Viendra, rayonnant de lumière,
Quel Siegfried vierge et fol, ignorant de la peur
Tuera le dragon crachant du soufre et des vipères
Qui veille dans son antre, accroupi sur mon cœur.


LES AIGLES



Q uelle nuit étendit sa moire sur leurs ailes ?
Quel noir souterrain se referma sur eux ?
Pourquoi, las de l’azur, les aigles majestueux
Ont-ils fui les caravelles
De blancs nuages flottant au ciel ?

Aveuglés d’ombre, les contemplateurs du soleil
Enveloppés des ténèbres de la terre,
Sur le roc crispent leurs serres
Et sous les voûtes battent des ailes
Pour retourner vers les hautes demeures.

Ô là-bas, quand ils planaient dans l’immensité
De l’espace ! Quand ils passaient,
Les yeux en flammes, dans les profondeurs
De l’Ether, parmi des flottes de soleil,
Tout noirs dans la lave du soleil !


Quand, frissonnants, ils regardaient
Les mondes tournoyer dans l’infini béant.
Et, de leur trône au ciel, qu’ils voyaient
Des planètes précipitées dans le néant
Comme de mauvais anges chassés par Dieu.
Loin de la lumière irradiante,
Tandis que de grands serpents de feu
Passaient annonciateurs de désastres !

Maintenant ayant fui la vue des astres
Et le firmament à la tunique d’or
Et l’éclatant Hélios d’or,
Ils sont tombés dans les antres où la nuit noire
Étend pour jamais sur leurs ailes sa moire.

Et leurs serres griffent les murs,
Et leurs becs frappent le roc dur,
Puis reprenant leur vol, éperdus,
Vers les hauteurs natales perdues,
Vers les vagabondes nues,
Ils se cognent aux voûtes, ils retombent déchus
Ces orgueilleux contemplateurs de l’infini
Terrassés dans le silence et l’angoisse de la nuit

LES GÉANTS



L es Ases terrifiés tremblent, dans leurs demeures
Car Boefrest, le pont aux sept couleurs
Étendu dans le ciel par dessus de grands fleuves
Retentit du païan des races neuves.

Les fils de Muspelhem y passent à cheval,
Ces géants sont couverts de flottantes crinières
Que secouent en leurs courses les cavales.
Les fils de Muspelhem se sont armés en guerre
Pour la conquête de Walhall.

Mais les Hrinthursars, prêts d’escalader le ciel
Ont fait crouler le pont brûlant sous leur galop
Et voici que flamble, immense, l’arc en ciel
Sur la chute hurlante des guerriers et des chevaux
Pêle-mêle, dans l’incendie reflété sur les eaux.

Émergeant des rouges flots écumants
Les fils de Muspelhem traversent à cheval
Les grands fleuves soulevés et bouillonnants,
Pour la conquête du Walhall.

Les voici, hagards de rage, hurlant
Comme un déchaînement de fauves furieux,
Devant le palais d’or éblouissant,
Qui résonne et tombe, sous leur choc impétueux.

Les dieux se défendent au chant funèbre
De celle qui lut leur destin sombre,
La nuit, dans les étoiles sans nombre
Suscitées par Odin pour vaincre les ténèbres.

Les armures de bronze et de fer retentissent,
Comme le tonnerre dans le ciel épouvanté,
Où tombent dieux et monstres ensanglantés,
C’est Odin avalé par Fenris
Et le terrible Thorr
Tuant le serpent Midgord,
Et Vidarr arrachant la mâchoire de Fenris.


Les cris et les râles et les rugissements
Se mêlent au fracas des rochers qui s’écroulent
Tandis qu’au ciel, des rivières rouges coulent
Vers les grands fleuves empourprés du couchant.

Et Loke ayant tué Heindall est terrassé,
Puis, avec les entrailles de son enfant,
Au roc lié,
Au dessus de lui, Skade enroule un serpent,
Qui lui crache au visage son venin.
Il tremble et la terre tremble de ses frémissements,
Et sa femme Sigyn recueillant le venin,
Le lui verse sur les lèvres, sur les yeux douloureux,
Glauques lacs où gisent, vaincus les géants, les dieux.


TABLE DES MATIÈRES


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