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Le Croyant/XLVIII

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Despret frères (p. 59-61).

Autre milice, ô vous, studieuse jeunesse,
C’est à vous, maintenant, que ma muse s’adresse :
Si le méchant s’unit pour propager le mal,
S’il veut réduire l’homme au rang de l’animal,
Ah ! liguons-nous aussi, mais pour sauver les âmes
De la contagion des doctrines infâmes !
Demandons au Seigneur qu’il daigne, en sa bonté,
Aider et consoler la triste humanité ;
Qu’il éclaire les grands et la faible indigence,
Par la foi, ce soleil de notre intelligence !

Si, pour nous entraîner à de nobles penchants,
Vous savez sur la lyre accompagner vos chants ;
Si l’on vous exerça, sur les bancs de l’école,
À faire triompher le bien par la parole,
Ou si vous connaissez les remèdes nouveaux
Qui du triste malade allégeront les maux ;
Si vous avez appris à vaincre la nature,
À connaître des cieux l’admirable structure,
Frères, si la patrie avait besoin de vous,
Vous sauriez bien aussi la défendre avec nous !
Un jour, si des brigands avides de pillages,
Nous surprenant encor, désolaient nos rivages 6.

Nous nous rappellerions une antique valeur ;
Contre nos ennemis nous marcherions sans peur ;
D’un prince dévoué nous suivrions la bannière,
Et nous irions mourir ensemble à la frontière !


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De la vérité nue intelligents soldats,
Dans l’arène de paix livrez d’autres combats.
Ah ! quand l’impiété, quand l’émeute hardie
Répandent en tous lieux le crime et l’incendie ;
Quand, dans tout l’occident, grondent les passions ;
Quand, le jour et la nuit, hurlent les factions,
Pourriez-vous conserver un cœur froid, impassible ?
Frères, je vous connais : non, non, c’est impossible !
Non, vous résisterez à ces fougueux tyrans !
S’ils se sont abaissés, vous deviendrez plus grands,
Plus grands par votre foi, par votre ardent courage,
Et vous saurez abattre une horde sauvage !
Zélés imitateurs du Dieu de vérité,
Vous leur ferez aimer la tendre charité.


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Hélas ! Dans notre ciel, qui d’une ombre se voile,
Chaque nuit voit pâlir ou s’éteindre une étoile !
Ah ! si, pour éclairer nos sentiers ténébreux,
Il ne nous restait pas un astre radieux,
Bientôt nos ennemis, dont croît toujours le nombre,
Viendraient nous assaillir, nous surprendre dans l’ombre !
Mais toujours devant nous, frères, n’avons-nous pas
Le bel astre du Christ pour diriger nos pas ?
Que votre âme aujourd’hui repousse donc la crainte,
Et luttez vaillamment dans cette guerre sainte !
Tout Croyant doit marcher ; levez-vous et venez !
Par la victoire un jour vous serez couronnés !


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Ô mes jeunes amis, le monde vous contemple !
Au faible, à l’ignorant vous servirez d’exemple.
Vos vertus survivront à l’oubli du trépas ;

Si le juste succombe, elles ne meurent pas ;
Elles ont sur notre âme un si puissant empire
Que le méchant lui-même en secret les admire.
Le sage qui s’éteint, excite nos regrets ;
Son pieux souvenir ne s’efface jamais.
Même parmi ces rois que le peuple abandonne,
Qu’en sa démence aveugle il renverse du trône,
Parfois s’il apparaît un homme généreux,
Un prince qui, l’ami de tous les malheureux,
N’excite le mépris, la haine ni l’envie,
Quand il a dépensé tous les jours de sa vie,
Sa mort est le signal de publiques douleurs ;
Son peuple tout entier verse longtemps des pleurs.

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