Le Mouvement Musical en Province/19 mars 1937

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J. B., L. G., R. Pépin
Le Ménestrel (p. 8).

Le Mouvement musical en Province


Lyon. — Les Grands Concerts nous ont fait connaître, avec une interprétation parfaite, la Pantoufle de Vair, l’œuvre excellente de Marcel Delannoy. M. Jean Witkowsky dirigea, au même programme, Jour d’été à la Montagne de Vincent d’Indy.

M. Gregor Piatigorsky, l’un de nos meilleurs violoncellistes, a joué avec bonheur le Concerto de Hændel.

— Aux Heures, Mlle Denise Soriano, violoniste de valeur, a donné des œuvres de Glazounow, Bach, Wiemawsky.

Le concert se termina par le Chemin de Croix d’Alexandre Georges, splendidement conduit par M. André Thiriet et interprété par Mmes Marguerite Revellin, Pfister ; Mlle Madeleine Gourju ; MM. Maurice Didier et Guy Lambert. Mme Grignon-Faintremie fut un parfait récitant.

— Au Trigintuor, soirée captivante à laquelle prêtait son concours l’admirable Charles Panzera. Au programme : Chansons Bourguignonnes au pays de Beaune, de Maurice Emmanuel, Sosie de Schubert et le Roi des Aulnes. L’orchestre de M. Bourmanck donna encore l’Ouverture de Janosyk de Moyses, et des œuvres de Mozart, Rivier et du compositeur japonais Schukichi-Mitsukuri.

— Le pianiste Uninsky, l’un des meilleurs interprètes de Chopin, nous a présenté avec délicatesse des Études et Mazurkas de l’incomparable maître polonais.

— On a également apprécié un tout jeune virtuose, Rudolf Firkusny, dans des œuvres de Bach, Prokofieff, Debussy, Poulenc, Smetana et Suk.

— Aux Célestins, création de l’amusante opérette de Paul Misraki Normandie, avec une troupe très homogène : Marguerite Gilbert, Hasti, Robert Casa, Numès fils, Denise Gaudart, R. de Fives, S. Charly, etc.

J. B.

Nancy. — Aux Concerts Symphoniques, une très belle exécution des Enfants à Bethléem avec le concours des « Petits Chanteurs du Conservatoire », dont la discipline honore grandement leur directrice, Mlle Lair. M. Alfred Bachelet dirigea l’émouvante œuvre de Gabriel Pierné avec une pertinente ferveur. Rébecca de César Franck et Deux Cramignons wallons de Marcel Orban valurent aux chorales Alsace et Lorraine ainsi qu’aux chœurs du Conservatoire un juste succès. Signalons le bel effort fait par Mme Engrand, qui remplaçait au dernier moment Mlle de Pardieu dans le rôle de la Vierge des Enfants à Bethléem.

L. G.

Pau. — Au Palais d’Hiver, quatre des plus grands maîtres du piano : Bach (Caprice sur le départ…), Mozart (Sonate en fa), Beethoven (Appasionnata), Chopin (douze Études) se partageaient le programme de Paul Loyonnet, artiste si attachant par la sincérité de ses interprétations.

— Après quatre ans de silence, nous retrouvons une Jacqueline Nourrit grandement mûrie physiquement et musicalement. Chez cette jeune artiste, pointe le souffle d’une personnalité qui prendra bientôt tout son essor. Et si l’expression étudiée des interprétations reste encore quelque pen enfantine dans Haydn, Mozart (Sonates), elle se hausse souvent jusqu’à la plénitude d’accent dans Chopin (Études-Berceuse), Schumann (Arabesque, Hallucinations), Debussy ou Poulenc.

— Nous ne citons que pour mémoire le « super-gala » (à Pau, mais oui), de Thaïs, soirée du 14 février ; Mme Nespoulos et M. Cabanel, seuls, ayant fait honneur à ce super-titre en donnant une super-interprétation de ce super-opéra.

R. Pépin.