Les Chants du bivouac/Le Paimpolais
LE PAIMPOLAIS
Pour repousser l’Aigle allemande
Quand le Breton se fait soldat,
Quittant ses genêts et sa lande,
Il va gaiement droit au combat ;
Et le brave gâs
Fredonne tout bas :
« J’aime Paimpol et sa falaise,
Son église et son fin clocher,
J’aime encor mieux ma Paimpolaise,
Plus encor ma France en danger ! »
Le petit Breton, sans murmure,
Met la baïonnette au flingot,
Puis, embusqué sous la ramure,
Il commenc’ la chasse au Pruscot…
Et le brave gâs
Fredonne tout bas :
« Je serais bien mieux à mon aise
Dans le nid où j’allais nicher,
Mais c’est défendr’ ma Paimpolaise
Que défendr’ la France en danger ! »
Mais le flot prussien toujours monte
Cyniquement lâche et cruel,
Et lorsque le soir on se compte
Bien des noms manquent à l’appel…
Et le brave gâs
Fredonne tout bas :
« Pour grossir la Flotte française
Puisqu’il faut plus d’un moussaillon,
J’épouserai ma Paimpolaise
En rentrant au pays breton ! »
Puis, lorsque la mort le désigne
L’appelant de sa rude voix,
Le petit Breton se résigne
En faisant un signe de croix ;
Et le brave gâs
Quand vient le trépas,
Serrant la médaille qu’il baise,
Agonise au creux d’un sillon
En songeant à la Paimpolaise
Qui l’attend au pays breton !
- ↑ La musique d’accompagnement est éditée par M. G. Ondet, 83, Faubourg Saint-Denis, Paris.