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Les progrès de la culture des fleurs et leur importance pour les théories transformistes

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Les progrès de la culture des fleurs et leur importance pour les théories transformistes
ScientiaVolume X - Anno V (p. 84-100).
LES PROGRÈS DE LA CULTURE DES FLEURS

ET LEUR IMPORTANCE

POUR LES THÉORIES TRANSFORMISTES



Lorsque la foule se presse dans les expositions horticoles, elle est frappée surtout par la splendeur éclatante des coloris, par la riche variété des formes, par l’étrangeté des transformations subies par le végétal sous l’influence de l’art de l’éleveur ; elle est cependant bien souvent incapable d’apprécier la valeur véritable de toutes les merveilles qui s’offrent à ses regards. Un philosophe qui aurait une connaissance approfondie des choses de la nature, trouverait pourtant, dans une visite à une pareille exhibition, matière à des réflexions d’une haute portée, et les conclusions découlant de son examen mériteraient d’être connues du grand public et de tous ceux qui pensent.

Malheureusement le philosophe se donne rarement la peine d’acquérir les connaissances d’un spécialiste, et le spécialiste se soucie en général fort peu d’idées générales, de sorte que tous ceux qui désirent comprendre restent dans l’ignorance ; essayons, malgré la difficulté du sujet, de les faire sortir de cet état.

Pour rendre moins compliquée notre tâche, limitons notre examen au coin le plus brillant de cette exposition, et tout le monde a compris que nous voulons parler de celui où se rencontrent les Orchidées : c’est là, en effet, l’endroit où les visiteurs se pressent en plus grand nombre, c’est là que se voient les fleurs les plus belles et parfois les plus étranges, et c’est là cependant que se trouve la partie dont la foule comprend le moins la signification.

Ce qui frappe tout d’abord celui qui examine des Orchidées, c’est la bizarrerie de ces plantes ; leur port grêle, leurs feuillage charnu et épais, leurs racines aériennes, leurs tiges bulbeuses s’opposant à l’éclat incomparable de leurs corolles. Chacun éprouve encore un peu les sensations décrites si bien par de Puydt[1] qu’éprouvaient les visiteurs de serres d’Orchidées, à F époque lontaine déjà où ces plantes ont commencé à paraître en grand nombre en Europe: « On pénétrait dans les serres d’Orchidées, dit-il, avec une ardente curiosité, comme dans quelque sanctuaire où se serait accompli un mystère tangible. Cette culture sans terre, ces racines aériennes, cette atmosphère lourde, vaporeuse, ces feuillages anormaux, ces allures étranges vous saisissaient tout d’abord, et, si quelque fleurs s’y épanouissait avec ses formes originales, ses pétales charnus, ses couleurs sombres et son parfum pénétrant, ou demeurait surpris, émerveillé surtout du spectacle et de la patience du cultivateur ».

Ce qui étonnait tellement autrefois dans la culture des Orchidées découlait d’une particularité alors peu connue de ces plantes, c’est qu’elles sont des filles de l’air ou autrement des plantes épiphytes. Nous connaissons très peu en Europe les plantes de cette catégorie, car ce ne sont pas les quelques Lichens et Mousses poussant sur les arbres qui peuvent nous en donner une idée. Dans les contrées chaudes du globe, ce mode d’existence est, au contraire, très répandu et, depuis un grand nombre de siècles, les graines de certaines espèces, appartenant parfois à des familles presque entières comme les Orchidées ou les Broméliacées, ont dû résoudre victorieusement le problème délicat d’existence qui se pose à un organisme devant vivre et croître sur une branche, exposé à l’ardeur des rayons du soleil qui tend à le dessécher, en grand danger de mourir d’inanition par suite de l’absence d’aliments à sa portée. Cette vie épiphyte a attiré l’attention d’Osbeck qui récoltait en Asie et en Malaisie des plantes pour Linné au XVIIIe siècle; il lui envoya un grand nombre de types curieux qui furent tous désignés par le célèbre botaniste suédois sous le nom d’Epidendres, voulant traduire ainsi par ce nom générique qu’ils avaient ce caractère commun de pousser sur les arbres.

Un missionnaire portugais, Loureiro, botaniste distingué qui a étudié la flore de l’Indo-Chine, a été très fortement frappé par le mode d’existence de l’Aerides odoratum qui vit « librement suspendu dans l’air sans aucune nourriture, ni base soit terrestre, soit aqueuse ». En 1812, Loddiges publiant le premier catalogue des Orchidées cultivées dans les serres de Hackney, en Angleterre, déclarait avoir reçu l’Oncidium ensifolium d’un voyageur revenant de Montevideo qui avait vu fleurir cette plante dépourvue de toute terre dans la cabine qu’il occupait à bord.

Les horticulteurs ont cherché tout d’abord à reproduire artificiellement cette vie aérienne et c’est ainsi que le célèbre Joseph Banks, en 1817, a décrit les premiers essais de culture en paniers suspendus à la charpente des serres. Le traitement des Orchidées dans des pots, avec une terre quelconque, qui avait été employé dans les premières tentatives d’acclimatation à la fin du XVIIIe siècle, était tout à fait barbare et conduisait inévitablement à la mort de ces délicates plantes aériennes : personne n’aurait l’idée de vouloir faire vivre un poisson hors de l’eau : pourquoi pouvait-on croire qu’une espèce habituée à la libre vie épiphyte s’accomoderait sans danger de la basse existence terrestre ?

Ce mode de culture une fois trouvé a été peu à peu perfectionné : pour certains types se rencontrant exclusivement sur la couronne des arbres, on imagina de les fixer à un morceau de bois avec un fil de laiton avec un peu de mousse pour leur donner de l’humidité d’une manière permanente. Une mousse aquatique, le Sphagnum, a paru particulièrement apte à remplir ce rôle à cause de ses propriétés inhibitrices ; c’est en 1841 que Paxton le mentionne pour la première fois comme employé par lui dans les serres du duc de Devonshire. Il restait à découvrir le compost habituel employé pour la plupart des Orchidées qui consiste en un mélange intimement fait de Sphagnum et de fibres de racines de Fougère (peat des Anglais, Osmunde, Polypode) après que ces deux éléments ont été hachés, ce mélange recouvrant des fragments de pots casses servant pour le drainage (tessons placés à la partie inférieure des récipients dans lesquels la plante est mise). Mais toutes les Orchidées tropicales ne sont pas aériennes, on ne tarda pas l’apprendre, et lorsque les Sabots de Vénus vinrent faire le plus bel ornement des serres d’Europe, on les cultiva en pots puisque c’étaient des plantes terrestres et l’on ajouta un peu de terre franche au compost qui convenait à la plupart des Orchidées.[2]

Il ne pouvait pas venir à la pensée de cultiver des espèces habituées au climat tropical ailleurs que dans les serres chaudes et, en 1830, Lindley, qui a contribué si puissamment aux progrès de la science des Orchidées, insistait sur la nécessité de réaliser autour des types en culture les deux facteurs qui caractérisent les conditions climatériques équatoriales : chaleur et humidité. C’est à partir surtout de ce moment que fut complètement perfectionnée la technique qui permettait d’obtenir dans les serres ces températures élevées, cette atmosphère chargée de vapeur d’eau jusqu’à saturation par des arrosages fréquents non seulement des plantes mais des sentiers, des murs, des tablettes, reproduisant ainsi artificiellement ces pluies constantes, ces orages qui éclatent presque journellement dans beaucoup de contrées équatoriales.

Malheureusement ce mode de traitement, qui réussissait merveilleusement avec certains végétaux, conduisait, au contraire, avec beaucoup d’autres, à des échecs lamentables : Lindley et tous les horticulteurs admettaient en 1830 que toutes les plantes tropicales sont habituées à un climat uniforme; or il suffit sous l’équateur de s’élever sur les pentes d’une montagne pour voir le climat changer. Les espèces montagnardes des pays chauds ne devaient pas être traitées comme les végétaux essentiellement tropicaux habitués exclusivement à des températures élevées. Il y a beaucoup d’Orchidées, et non des moins belles, qui vivent au voisinage de la neige dans des contrées où le thermomètre descend à zéro. Les explorations de Skinner sur les cordillères du Guatemala, de Gibson dans l’Inde, notamment sur le Khasia Hill, de Gardner sur les Montagnes des Orgues au Brésil, de William Lobb sur les Andes péruviennes, de Mottley sur les montagnes de Java apprirent, presque simultanément vers 1835, quelles fleurs merveilleuses s’épanouissaient aux hautes altitudes; aussi est-ce de cette année que date une remarque importante faite par Joseph Oooper, jardinier émérite du Comte de Fitzwilliam. Selon lui, on cultivait très souvent les Orchidées à une température trop haute, l’ on avait surtout grand tort, par crainte du froid, de les calfeutrer ; on arrivait ainsi fréquemment à les étouffer, car dans cette atmosphère confinée, chargée d’anhydride carbonique, la vie devenait très difficile et il est même extraordinaire que les échecs n’aient pas été plus fréquents. Les méthodes de culture préconisées par Cooper devaient conduire peu à peu à classer les serres en trois catégories d’après la température qui devait y être maintenue: la serre chaude, la serre tempérée et la serre froide. Cette dernière est aujourd’hui ornée de plantes de premier ordre et parmi elles il faut tout d’abord signaler les Odontoglosses qui rivalisent avec les Cattleya pour la beauté de leurs fleurs. C est cependant seulement en 1863 qu’a été introduite l’espèce la plus remarquable de ce genre, l’Odontoglosse crispé; et cette plante fut envoyée simultanément par trois collecteurs qui exploraient avec ardeur les mêmes régions américaines: Weir, Blunt et Schlim qui voyagaient individuellement le premier pour la Société d’horticulture de Londres, le second pour l’horticulteur anglais Hugo Low, le troisième pour la maison Linden de Belgique. Ce steeple chase pour l’introduction d’une Orchidée indique qu’elle était en Europe l’objet d’une attente passionnée et témoigne des efforts considérables faits de divers côtés pour compter une merveille de plus dans les serres.

On conçoit, en relatant de pareils efforts, que la culture des Orchidées ait pris un essor considérable. D’ailleurs toutes les grandes maisons de commerce ont dès lors subventionné des explorateurs pour aller découvrir dans les pays les moins connus et les plus inaccessibles toutes les espèces rares, et c’est par milliers que les Orchidées commencèrent à affluer en Europe. Les voyageurs profitaient de la période de repos du végétal, pendant la saison sèche, pour enlever l’epiphyte de son support et l’expédier en caisse comme un objet desséché et mort. Les traditions ainsi inaugurées dès le début du XIXe siècle sont encore suivies à l’heure actuelle, et pour indiquer l’ importance de ce trafic, il me suffira de citer un chiffre, car il est assez éloquent et significatif: il est de grandes maisons d’horticulture d’Angleterrre qui introduisent chaque année de 100 à 200.000 plantes. [3]

Le lecteur se demandera peut être en voyant ce chiffre fantastique pourquoi on se donne tant de peine et il pensera qu’il serait beaucoup plus simple de semer les graines, car on peut en avoir des milliers. C’est évidemment ce qu’ont cherché à faire les horticulteurs dès l’origine de la culture des Orchidées, mais toutes leurs tentatives échouèrent et pendant très longtemps on ignora le secret de la germination. Ces graines ont des caractères très particuliers qu’on ne retrouve pas d’ordinaire chez les autres végétaux ; elles sont extrêmement petites, sans albumen, entourées d’un tégument et formées d’un simple petit massif de cellules toutes semblables et indifférenciées; la petitesse de ces semences est compensée par leur grand nombre et une capsule mûre contient un nombre énorme de graines qualifiées de scobiformes parce qu’elles ont été comparées à de la sciure de bois. Evidemment si l’on avait su faire germer ces semences, les Orchidées auraient pu être multipliées d’une manière prodigieuse, elles seraient devenues des plantes archivulgaires ; il n’ en a pas été ainsi parce que l’on a été très longtemps dans l’impossibilité de faire sortir ces graines de leur torpeur. On lit, en effet dans un ouvrage important publié en 1822 par le botaniste français Du Petit Thouars, qui s’est illustré par l’étude des Orchidées de Bourbon et de Madagascar : « on a cru longtemps que ces graines étaient incapables de ce premier acte de la végétation; ce n’est (pie depuis peu (pie le Doct. Salisbury l’a observé en Angleterre ». La découverte du Docteur Salisbury paraît avoir été purement accidentelle et quand d’autres observateurs cherchèrent à répéter son expérience, ils échouèrent complètement. Cependant, à mesure que le XIXe siècle s’écoulait, les exemples de germinations imputables au hasard se multipliaient, mais personne ne connaissait une méthode conduisant à reproduire le phénomène avec certitude. Cependant un observateur perspicace, dont le nom est d’ailleurs resté inconnu, à moins que ce ne soit Domini dont je vais reparler plus loin, remarqua que ces germinations accidentelles et toujours rares se manifestaient sur le compost couvrant la plante mère ou mieux encore sur les racines qui sont dans ce compost, mais qui peuvent en sortir plus ou moins complètement. Cette remarque découlant d’une leçon donnée par la nature n’a pas été perdue, et c’est ainsi que la pratique mystérieuse de culture sur le pied de la plante mère a été inaugurée. Cette technique bizarre et incompréhensible n’ a pas été publiée, de sorte qu’ il est impossible d’en glorifier son inventeur ; elle est restée évidemment un secret de métier qui n’ a pas été divulgué et qui a été très longtemps non seulement ignoré du public mais même des horticulteurs les plus habiles.[4] Il y a tout lieu de penser cependant (pie c’ est dans la maison Veitch de Ohelsea que la méthode a subi des perfectionnements qui ont permis à Domini, qui travaillait comme jardinier dans ce grand établissement, d’oser entreprendre une œuvre de longue haleine qui devait conduire à des résultats merveilleux, je veux parler de l’hybridation des Orchidées. Le travail de l’hybridation est celui auquel tous les horticulteurs se livrent volontiers lorsqu’ils ont introduit une plante nouvelle; c’est ce qu’ils ont fait notamment, avec tant de succès, pour les Bégonia, les Pelargonium, les Chrysanthèmes. Si, jusqu’au milieu du XIXe siècle, ils n’ont pas entrepris cette tâche avec les Orchidées c’est qu’ils étaient rendus impuissants par tous les échecs de germination, et l’activité horticole rendue stérile devait s’exercer dans une autre voie pour donner satisfaction aux amateurs de ces belles plantes : c’est ainsi que les importations ont pris ce prodigieux essor que nous décrivions plus haut et que le nombre des espèces cultivées a fini par être énorme, plus de 2000 sur le 6000 de la famille entière. Il n’y a pas dans le monde végétal un autre domaine où les efforts aient été aussi prodigieux à ce point de vue. A partir de 1850, nous entrons dans une nouvelle ère, mais ce changement a d’abord été peu appréciable : les découvertes ont été tenues cachées et les produits qui en découlaient n’ont fait leur apparition que peu à peu, très lentement, de sorte que l’on n’a pas saisi tout d’abord que l’évolution horticole s’engageait sur de nouvelles voies. Domini, initié par le Docteur Harris aux particularités très spéciales que présentait l’organisation sexuée de la fleur d’Orchidée, entreprit les premières fécondations croisées. Il a d’ailleurs témoigné sa reconnaissance beaucoup plus tard, en 1809, quand apparut le premier hybride de Cypripedium car il lui a donnée le nom de Cypripedium Harrisianum. C’était là un résultat très important mais obtenu bien tardivement. Dieu antérieurement, en octobre 1856, le Oalanthe X Dominyi avait tait son apparition : il résultait du croisement du Calanthe Masuca avec le Calanthe furcata ; les graines avaient été semées en 1858 et trois années avaient suffi pour faire apparaître un être nouveau, car c’en était bien un.

Depuis ces époques lointaines, 1856, date de l’apparition du premier hybride d’Orchidée, 1869, date de l’apparition du premier Oypripède, un travail immense a été entrepris par les horticulteurs, et le nombre de leurs créations a été se multipliant d’une façon inquiétante. A l’heure présente, 000 hybrides ont été obtenus dans le genre Oypripède seulement et en croisant entre elles une quarantaine d’espèces appartenant exclusivement aux contrées tropicales de l’ancien Monde (groupe des Paphiopedilum). Encore il y a lieu de remarquer que le chiffre de 600 n’a été obtenu que par une méthode de statistique que l’on peut qualifier de compressive, car elle a été employée par M. Kolfe en vue de simplifier une étude rendue chaque jour de plus en plus difficile par les créations nouvelles. Il a adopté cette règle stricte de ne donner qu’un nom, le plus ancien, pour tous les croisements entre deux espèces. Mais cette règle sévère, qui est très pratique pour l’étude, ne tient compte de ce fait, cependant très important et très bien établi, que les rejetons obtenus à une même époque ou à des époques successives sont souvent très différents, et surtout que si l’on fait un croisement inverse on [5] a des hybrides très dissemblables : les Cypripèdes étant hermaphrodites, on peut prendre l’une des espèces pour père ou pour mère. Si l’on n’admet pas la règle de nomenclature que nous venons de rappeler ce n’ est pas 600 mais 1500 hybrides qu’ il faudrait citer pour ce genre seulement. On comprend que Lindley quand apparut le Oalanthe X Dominyi ait dit : « vous voulez rendre les botanistes fous ». Jamais jusqu’ici le mot de Bailey n’avait été si vrai: « le jardin a toujours été l’epouvantail du botaniste ». Il fait reconnaître que les créations horticoles ainsi obtenues avec les Orchidées et notamment avec les Sabots de Vénus ont des caractères sur les quels il est bon d’insister et qui sont autres que ceux que l’on a coutume de voir dans les Chrysanthèmes ou dans les Koses. Les variétés en nombre immense que l’on connaît comme appartenant à ces deux types floraux diffèrent les unes des autres par des particularités souvent infimes, de légers changements de nuance, de taille etc.; quand on examine leur ensemble dans une exposition on a la sensation de la continuité. On s’aperçoit cependant que, par l’accumulation de ces petites dissemblances, on arrive à constituer des types extrêmes tout à fait différents. Lors qu’on examine les hybrides de Cypripède l’impression est autre, les plantes qui ont été croisées entre elles sont si éloignées l’une de l’autre, elles sont séparées par tant de caractères divergents que leur rejeton donne l’impression d’un être autonome, qui tranche d’une manière radicale avec tout ce que l’on connaît et qui donne la notion d’un être nouveau, créé de toutes pièces et dont on chercherait vainement l’analogue en explorant le monde. Ces hybrides ainsi fabriqués par le génie de l’homme ressemblent tout à fait à des espèces nouvelles ; d’ailleurs, par les procédés de culture et de multiplication qui consistent à sectionner les rhizomes, une fois l’être créé par un coup de baguette magique on est assuré de le conserver indéfiniment avec tous les caractères qui ont frappé lors de son apparition. Quand l’une de ces merveilles est signalée dans les bureaux de vente des commissaires priseurs de Londres, c’est une lutte âpre entre les amateurs passionnés pour la possession d’un bijou que personne encore ne connaît et il n’est pas rare de voir ces hybrides nouveaux se vendre à des prix fantastiques : c’ est ainsi que le Cypripède Thalia s’est vendu 300 livres sterlings et le Cypripède Germaine Opoix obtenu par l’habile jardinier en Chef du Luxembourg- a été vendu à Londres 7650 francs.

Des prix aussi élevés sont en somme justifiés par la rareté des plantes, par la difficulté pour les obtenir et par leur admirable beauté. Il faut parfois vingt années d’efforts et de culture pour arriver à mener à bien une germination, la soigner avec [une attention ardente, lutter contre tous les ennemis qui la guettent, la sauver de tous les mauvais pas et la conduire jusqu’à floraison. Mais peu à peu ces raretés se répandent et dans un avenir qui ne sera pas lointain on peut espérer que les amateurs de Cypripèdes qui n’avaient à choisir qu’entre une cinquantaine de types en auront des centaines, même des milliers. Ces hybrides ont ce caractère très remarquable d’être pour ainsi dire indéfiniment féconds, de sorte qu’en croisant les hybrides entre eux on peut augmenter presque sans limite leur nombre.

Chaque éleveur en cherchant à créer un type nouveau poursuit un idéal qu’il réalise parfois d’une manière très heureuse. La perfection n’est pas atteinte du premier coup mais par des retouches successives il finit par s’en rapprocher. Au nombre des créations les plus réussies de M. Opoix, jardinier en chef du Sénat, on peut citer les rejeton de l’œnanthum du Luxembourg, qui était déjà réputé lui-même par les dimensions géantes de ses fleurs. Malgré ses qualités incontestables, cette plante n’était pas encore l’oiseau rare rêvé par l’hybrideur insatiable, aussi chercha-t-il à lui infuser un sang nouveau: il s’est adressé pour cela à un joli petit Cypripède de l’Inde, de la région du Bhotan, le Cypripède de Fairrie qui a été introduit en Europe en 1855. Cette espèce délicate avait été perdue successivement par tous les horticulteurs qui ne savaient pas lui donner le traitement approprié; le jardin du Luxembourg a été le seul établissement où on ait su la conserver: on voit par cet exemple de longévité culturale qu’une Orchidée bien soignée peut être conservée presque indéfiniment. En croisant ce Cypripède nain avec l’œnanthum géant, on a obtenu deux merveilles parmi les Sabots de Vénus : Germaine Opoix et Gaston Blutel qui surpassent tout ce qui avait été réalisé jusque là par la splendeur du pavillon largement étalé et.par le chaud coloris, caractères qui sont manifestement des héritages du Fairrieanum. On voit d’ailleurs dans ces hybrides se manifester l’action des parents d’une manière éclatante comme dans un nombre indéfini d’autres types, et cette constatation donne à cette étude un charme et un intérêt biologique profond.

Ce nombre des types nouveaux pourra d’ailleurs s’accroître, dans un avenir prochain, d’une manière extraordinaire grâce à une découverte de premier ordre dont il me reste à parler. Malgré les merveilleux résultats que nous venons de citer, les praticiens, jusque dans ces dernières années, ignoraient les raisons véritables de la technique culturale qu’ils suivaient ; ils le savaient d’ailleurs très bien par les mécomptes nombreux dont ils avaient à souffrir : la levée des semis est toujours irrégulière et aléatoire ; bien souvent, sans cause apparente, ou constate des succès dans une serre et des échecs complets dans une autre ; enfin si les hybridations avaient donné des résultat de premier ordre avec les Cypripèdes, les Cattleya, les Laelia, il y avait une foule de genres réputés par la splendeur de leur fleur dont on ne savait pas faire germer les graines : tel a été le cas pendant longtemps pour les Odontoglosses. Il était indispensables de chercher une explication à toutes ces anomalies.

L’énigme est aujourd’hui résolue et d’une manière si complète que les conséquences qui vont en découler pour le développement d’une industrie de premier ordre seront delà plus haute importance. On savait, depuis les travaux de Wahrlich publiés en 1886, que les racines des Orchidées contiennent uniformément des champignons. C’est un fait qui avait été signalé bien antérieurement par Schleiden von Eessek, par Prillieux et d’autres botanistes, mais personne ne savait avant les observations de Wahrlich que c’était une propriété se retrouvant dans cinq cent représentants pris au hasard dans la famille des Orchidées, c’était donc une particularité à peu près universellement répandue dans ce groupe. Il m’a paru [6] qu’il devait découler de ces constatations des conséquences capitales et que l’invasion des champignons dans les racines de ces végétaux avait dû orienter leur évolution et être la cause de leurs singularités de structure et de modes de vie. La constatation, en particulier, que dans toutes les plantes holosaprophytes (végétaux sans chlorophylle et avec des champignons dans les racines) la graine était indifférenciée m’amena à affirmer que la ténuité de la semence des Orchidées, si grande qu’elles ont été qualifiées de scobi- formes, était une des conséquences lointaines de la présence des mycorhizes et due vraisemblablement aux toxines qui agissant à distance empêchaient l’embryon d’évoluer et de produire, comme dans presque toutes les graines, une radicule, une tigelle et des cotylédons.

Cette nouvelle manière de voir entraînait des conséquences inattendues : la graine dépourvue de champignons, devait certainement se contaminer une fois qu’elle était déposée dans le sol et il pouvait venir à la pensée que les échecs des horticulteurs dans leurs tentatives de culture des semences d’Orchidées tenaient peut-être à ce qu’ils ignoraient les particularités qui viennent d’être exposées concernant la biologie de ces plantes. Il était réservé à un de mes élèves, M. Noël Bernard, d’avoir le grand mérite de prouver que ces conséquences étaient bien exactes. Ayant étudié la Neottie nid d’Oiseau et cherché vainement à en faire développer les semences microscopiques, il eut la bonne fortune de rencontrer en excursion botanique une capsule de cette plante qui s’était infléchie vers le sol et dont la déhiscence avait eu lieu dans la terre : ces graines avaient germé. En étudiant leur structure il vit qu’elles étaient envahies par un champignon, vraisemblablement celui qui était dans les racines du pied mère. Cette observation si heureuse fut un trait de lumière, elle expliquait tous les échecs culturaux des praticiens et la raison de leur réussite quand ils déposaient les graines au pied de la plante mère.

Cependant une méthode nouvelle de culture qui tendait à se répandre dans le monde horticole semblait s’accorder bien i>eu avec l’explication précédente. Au lieu de déposer les graines sur la base de la plante mère, plusieurs jardiniers les semaient dans des terrines contenant différents substrats, par exemple de la sciure de bois. Comme ils obtenaient fréquemment des résultat heureux, il ne pouvait être question de contamination par les champignons des racines, et l’explication de M. Noël Bernard qui bouleversait tellement les idées des horticulteurs leur paraissait d’autant moins admissible que leurs essais étaient toujours infructueux quand une sorte de mousse blanche, c’est-à-dire une moisissure ou un champignon, envahissait la sciure au milieu de laquelle les fines graines d’Orchidées avaient été déposées. Cette objection de gens incompétents était vaine, car en faisant des coupes dans les embryons développés sur la sciure on constatait qu’ils étaient toujours régulièrement contaminés par le champignon qui pénétrait toujours de la même manière par le suspenseur et envahissait les cellules, y produisant des pelotons fortement enroulés. Cette observation bien certaine ne résout rias complètement la question, car d’où vient le champignon dans ce cas ? C est là un point encore obscur. Une première hypothèse peut venir à l’esprit, c’est que le champignon est si abondant dans la serre qu’il contamine tout naturellement la sciure de bois, comme la moisissure d’une cave à fromage qui permet d’obtenir d’excellents produits quand elle existe, mais dont l’absence fait toujours échouer le praticien. Il est peut être d’ailleurs une explication plus simple, c’est que le jardinier, né malin et d’ordinaire très cachottier, a déposé dans le substratum des fragments de racines qui ont contaminé ainsi les graines par les champignons qu’elles contenaient. Cette dernière manière de voir ne me paraît pas du tout invraisemblable d’abord parce que, à la suite des travaux de Bernard, M. Denis, cultivateur d’Orchidées du Midi de la France, a employé cette technique qui lui a donné de bons résultats. Si les horticulteurs emploient ainsi des subterfuges pour tromper et dépister les chercheurs desintéressés qui tentent de perfectionner leur industrie ils ont tort car leur véritable intérêt est de recourir à l’aide éclairée de la science qui peut les guider et leur être d’un grand secours. Il arrive bien souvent qu’ils cachent mystérieusement une tour de main dont ils ne comprennent pas la raison, qui les conduit cependant au succès et qui peut être même le fondement de leur fortune : on conçoit aisément qu’ils défendent leur secret avec un soin jaloux. Malheureusement les secrets ne se gardent pas indéfiniment.

Un des plus habiles semeurs de notre pays, M. Maron, a dit à la suite des travaux de M. Bernard, qu’il réussisait aussi bien avec sa méthode qu’avec celle que préconisait ce dernier en distribuant les champignons des Orchidées qu’il avait su extraire des racines et cultiver purement. Cette constatation ne semble pas avoir grande valeur si Y on remarque qu’en envoyant des champignons d’Orchidées à un simple amateur qui n’avait jamais fait germer une Orchidée, comme M. Magne avec lequel j’ai mis M. Bernard en relation, un succès merveilleux a été obtenu. L’intervention de la science aurait eu au moins cet avantage de rendre accessible à beaucoup une opération qui n’avait été jusque là tentée heureusement que par quelques uns.

Il y a plus, malgré la maîtrise acquise par certains éleveurs émérites, ils ont encore des déboires et les insuccès guettent fréquemment les plus expérimentés, la fortune réservant au contraire souvent ses sourires à des débutants assez incompétents. Quand on ne comprend pas le pourquoi d’une opération, cela ne doit pas surprendre. La levée des graines est toujours très lente et surtout irrégulière; une semence commence à se développer, une autre apparaîtra plusieurs semaines ou même plusieurs mois après. Il y a une foule de singularités culturales et d’échecs dont l’explication doit être recherchée. Il y a d’ailleurs un argument décisif qui prouve que la nouvelle technique peut puissamment aider le cultivateur; c’est le résultat important obtenu avec Phalaenopsis Artemise. Les graines de cet hybride obtenu en croisant le Phalaenojms ama- MUs, variété de Eimstediana, avec le Phalaenopsis rose ont été envoyées par M. Demis à M. Bernard alors (pie la capsule qui les contenait n’était pas encore ouverte. Ce dernier a pu prélever les semences aseptiquement et les semer en tube pur, aucune germination n’a eu lieu. En introduisant le champignon pur ou Khizoctonia mucoroides il a obtenu en tube une germination splendide qui a pu croître avec une promptitude et une régularité parfaite de sorte qu’au bout de 18 mois, M. Bernard a pu extraire la plantille et l’expédier à M. Denis qui la repiqua et, en 1908 (moins de 3 ans après le semis), la plante fleurissait. C’était la première plante obtenue d’une manière complète par la méthode nouvelle, avec une promptitude que même les plus habiles ne savent pas atteindre, car les plantilles de 18 mois de M. Bernard avaient à peu près les dimensions de celles âgées de trois ans qui ont été figurées par Veitch dans leur excellent manuel des Orchidées.

On peut donc, en extrayant les champignons des racines, arriver à avoir des germinations aussi bien et même plus promptement que celles réalisées par les plus habiles. De plus sachant le pourquoi des choses on peut aller plus loin sur la voie du progrès et beaucoup de germinations que personne n’a su réaliser jusqu’à ce jour pourront être tentées. On peut donc prévoir que, dans un avenir prochain, la culture des Orchidées va prendre un nouvel essor et que le nombre des succès culturaux ira en s’accroissant, que les hybrides nouveaux deviendront de plus en plus nombreux. Il y a d’ailleurs en ce moment dans le monde horticole, surtout en Angleterre et en Belgique, des indices que toutes ces récentes découvertes ont su être appréciées ; on signale une poussée inattendue de floraisons nouvelles qui indiquent que l’audace de semeurs s’accroît chaque jour: les fleurs qui sont à l’heure présente les reines de la mode sont maintenant les Odontoglosses. Les créations obtenues avec les représentants de ce genre se multiplient chaque jour et les types comme les Odontioda (résultant du croisement d’un Odontoglosse et d’un Oochlioda) sont la gloire des expositions. On ne pouvait pas soupçonner qu’une vieille science comme la botanique paraissant seulement propre à faire les délices des collectionneurs, ayant la douce manie de coller des plantes sèches sur du papier, serait capable de prêter main forte à une industrie aussi importante que celle des Orchidées. On ne pouvait pas prévoir que la biologie de ces plantes était aussi extraordinaire. Ce sont en somme des plantes normalement malades, qui, non seulement s’accommodent de leur parasite, mais même ne savent pas s’en passer. Il peut arriver cependant que ce dernier prenne l’offensive et alors la plante est tuée. La lutte doit donc être constante entre le champignon et son hôte et il arrive, dans certains cas, que la résistance de l’Orchidée est si forte que les mycorhizes sont complètement digérés et il ne reste plus à la suite de cet acte violemment défensif que quelques excréta ou débris de filaments à moitié atrophiés. La réaction de l’hôte, dans le cas normal, est toujours intense et la phagocytose qui fonctionne d’une manière régulière limite chaque jour les progrès menaçants du parasite. On conçoit aisément qu’une pareille lutte retentisse sur tout l’être et que les caractères normaux qu’affectent les Orchidées en dépendent en grande partie. A l’évolution des êtres attaqués correspond celle des attaquants. Les champignons extraits d’un Vanda ne sont pas ceux qui existent dans un Odontoglosse : ce sont des parasites de même famille mais distincts spécifiquement. On peut même être tenté de croire qu’à chaque Orchidée correspond un champignon spécifiquement disemblable. A l’heure actuelle, il semble qu’il n’y en ait qu’un petit nombre ; trois espèces nettement distinctes ont été signalées: l’une qui habite les racines de Oyprièdes, de Cattleya et de Laelia ; l’autre qui hante les Phalaenopsis et les Vanda ; une troisième localisée dans les Odontoglosses. Ces champignons ordinairement parasites peuvent être cultivés en dehors de leur hôte habituel sur un milieu de culture non vivant ; on constate alors que ces filaments ont la propriété de s’enrouler sur eux mêmes en peloton, de sorte qu’en vie libre ils se comportent de la même manière que dans les cellules de l’hôte qu’ils envahissent ordinairement ; il semble bien que l’on ait affaire ici à une propriété d’hérédité acquise susceptible de se maintenir indépendamment de la cause qui l’a fait naître.

Quand on inocule à un Phalaenopsis le champignon d’un Cypripedium ou à un Odontoglosse celui d’un Vanda on peut avoir, suivant les cas, une maladie souvent de caractère infectieux ou une inactivité complète. Très souvent le champignon étranger pénètre dans la graine, provoque un commencement de germination, puis le développement s’arrête, une nouvelle invasion se produit qui est cette fois fatale et la plante meurt : le parasite reprend son caractère redoutable et destructeur qui était évidemment son caractère primitif. Il peut arriver, au contraire, que le champignon ait le dessous dans le combat. Il pénètre bien, mais il est complètement digéré, la germination ne se produit pas. Il est enfin un autre cas, particulièrement intéressant ; c’est celui où le parasite et V hôte s’accomodent l’un à l’autre, où un nouveau consortium renaît. Si, comme nous l’avons admis précédemment, l’Orchidée a été crée en partie par le champignon, il y a tout lieu de penser que ce changement modifiera l’évolution germinative et que l’on devra avoir des types anormaux. De pareils monstres ont été, en effet, produits d’abord avec un Cymbidium, mais surtout avec un Vanda. Dans ce dernier genre, au lieu d’avoir une plante ayant un corps simple et d’une venue symétrique par rapport à un plan, on observe un petit corpuscule à deux, trois, quatre et même neuf branches. M. Bernard a pu élever quelques unes de ces étranges plantules pendant plusieurs mois. Il en avait même expédié des échantillons à des horticulteurs avec l’espoir qu’ils sauraient continuer leur culture et les conduire jusqu’à la floraison. Un hasard malheureux a interrompu cet essai : c’est là une chose bien fâcheuse ; une faute d’un ouvrier a fait péricliter ces plantes précieuses et ce qu’elles devaient apprendre reste énigmatique. Cependant si les conceptions que nous avons émises sont exactes nous n’hésitons pas à penser que si un pareil élevage était réalisé, il devrait donner les résultats les plus inattendus. Les horticulteurs ont su obtenir des types extraordinaires et très intéressants en hybridant des espèces entre elles ; mais on sait que les anomalies peuvent naître dans le règne végétal autrement que par les croisements : M. Blaringhem a montré que les traumatismes les plus variés comme les sections, les torsions, les compressions pouvaient orienter l’évolution dans une voie nouvelle et créer des types inconnus et souvent héréditaires. L’expérience de M. Bernard nous apprend qu’en changeant les champignons des Orchidées on peut créer des monstres, c’est-à-dire, en somme, changer l’Orchidée. Il se peut que le changement ainsi réalisé soit si profond que les créatures ainsi formées soient invariables ; mais si on arrivait à les faire fleurir et reproduire, on aurait selon toute vraisemblance des créations bien curieuses. On voit d’après cela que les éleveurs ont encore de vastes champs à exploiter.

Une dernière conséquence est à déduire de ces remarques. On se préoccupe beaucoup à l’heure présente de l’étude des hybrides. Les lois de Mendel, si longtemps oubliées et remises récemment en lumière par les travaux de De Vries, Tschermak et Bateson semblent faire supposer que l’on ait trouvé la clef de l’énigme de l’évolution. Ces lois, il faut le dire, ne sont applicables qu’à des cas très simples : deux variétés qui ne diffèrent entre elles que par un ou un petit nombre de caractères. Les caractères de la descendance sont alors soumis à des lois mathématiques incontestables. Elles ne paraissent plus applicables, au moins à l’heure présente, au cas de deux espèces parentes d’un rejeton et différant entre elles par de nombreux caractères. Quand bien même ces cas complexes seraient éclaircis et pourraient se rattacher aux principes mendeliens, en résulterait-il que l’évolution n’a lieu que par l’œuf. Peut-on admettre que le milieu extérieur ne peut jamais faire apparaître des caractères nouveaux ? Ce sont là des opinions inadmissibles. Tout ce qui vient d’être exposé sur les Orchidées plaide pour une thèse contraire, conforme à la théorie de Lamarck, le célèbre disciple de Buffon.

Paris, Muséum.

J. COSTANTIN
  1. De Puydt, Les Orchidées, p. 16.
  2. Un récent et important perfectionnement a consiste à traiter autrement les espèces qui vivent sur le calcaire et celles qui le redoutent. Ces dernières doivent être arrosée avec de l’eau de pluie si les eaux courantes de la région où l’on se trouve ont dissous la calcaire (ce qui est le cas le plus ordinaire en France) et les tessons de drainage sont obtenus en concassant des pots. Avec des espèces calcaires comme les Gypripedium bellatulum, concolor, niveum, Godefroyae, on fait un drainage avec des morceaux de mortier ; on mélange d’ailleurs au compost des fragments de pierres calcaires et l’on arrose avec l’eau ordinaire.
  3. Il est des régions dans l’Amérique du Sud, notamment dans le district de Pacho, célèbre par le fameux Odontoglosum crispum, où toute la population indienne se livre à la chasse des Orchidées ; de petits villages fournissent des centaines de ces chasseurs. Cette exploitation intense fait même redouter la disparition rapide de ces belles espèces.
  4. « Il faut une plante vivante pour assainir (!) le substratum sur lequel la germination doit se produire». (Dict. d’horticult. de Bois).
  5. C’est M. M. Rolfe et Hurst qui ont achevé cette réforme importante dans le « Stud Cook » qui vient récemment de paraître.
  6. Costantin, La nature tropicale (Bibliothèque scientifique internationale, p. 226), 1898.