Aller au contenu

Louÿs – Poésies/Chrysis 12

La bibliothèque libre.
Slatkine reprints (p. 129).

DERNIER SONNET

pour L’Idole d’Albert Mérat.


L’ogive d’ambre et d’or s’ouvre aux lueurs éteintes
Qui s’élèvent du chœur avec l’air et l’encens,
À travers le vitrail des contours pubescents
Où les plis enroulés courbent leurs formes teintes.

La voussure est ouvrée en galbes délicats,
Chevelus comme un front d’enfant parmi les boucles ;
Les rubis douloureux sur des lits d’escarboucles
Alternent jusqu’au cœur leurs jais et leurs micas.

Et j’adore le sexe ogival et mystique,
Le symbole chrétien de la pudeur antique :
La Vulve, — ô le plus merveilleux des mots humains !

Mais je veux enchaîner mes lèvres et mes mains
Pour vaincre le désir exultant qui regimbe…
Et je ceindrai la Chair d’un horizontal nimbe.