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Page:Œuvres complètes de Guy de Maupassant, XVI.djvu/136

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des murs. Si j’avais pris un fusil, je l’aurais tué pour le faire taire. »

On se remit à dîner, mais tout le monde demeurait anxieux ; on sentait bien que ce n’était pas fini, qu’il allait se passer quelque chose, que la cloche, tout à l’heure, sonnerait encore.

Et elle sonna, juste au moment où l’on coupait le gâteau des Rois. Tous les hommes se levèrent ensemble. Mon oncle François, qui avait bu du champagne, affirma qu’il allait le massacrer avec tant de fureur, que ma mère et ma tante se jetèrent sur lui pour l’empêcher. Mon père, bien que très calme et un peu impotent (il traînait la jambe depuis qu’il se l’était cassée en tombant de cheval), déclara à son tour qu’il voulait savoir ce que c’était, et qu’il irait. Mes frères, âgés de dix-huit et de vingt ans, coururent chercher leurs fusils ; et comme on ne faisait guère attention à moi, je m’emparai d’une carabine de jardin et je me disposai aussi à accompagner l’expédition.

Elle partit aussitôt. Mon père et mon oncle marchaient devant, avec Baptiste, qui portait une lanterne. Mes frères Jacques et Paul suivaient, et je venais derrière, malgré les sup-