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Page:Œuvres complètes de Guy de Maupassant, XVI.djvu/215

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mêlées dans un désordre coquet et cherché. Le gazon en était rempli ; chaque marche du perron en portait une touffe à ses extrémités, les fenêtres laissaient pendre sur la façade éclatante des grappes bleues ou jaunes ; et la terrasse aux balustres de pierre, qui couvrait cette mignonne demeure, était enguirlandée d’énormes clochettes rouges pareilles à des taches de sang.

On apercevait, par derrière, une longue allée d’orangers fleuris qui s’en allait jusqu’au pied de la montagne.

Sur la porte, en petites lettres d’or, ce nom : « Villa d’Antan ».

Je me demandais quel poète ou quelle fée habitait là, quel solitaire inspiré avait découvert ce lieu et créé cette maison de rêve, qui semblait poussée dans un bouquet.

Un cantonnier cassait des pierres sur la route, un peu plus loin. Je lui demandai le nom du propriétaire de ce bijou. Il répondit :

— C’est Mme Julie Romain.

Julie Romain ! Dans mon enfance, autrefois, j’avais tant entendu parler d’elle, de la grande actrice, la rivale de Rachel.

Aucune femme n’avait été plus applaudie et plus aimée, plus aimée surtout ! Que de