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Page:Œuvres complètes de Guy de Maupassant, XVI.djvu/34

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Renardet dit tout à coup : « Savez-vous que je vous garde à déjeuner ? »

Tout le monde accepta avec des sourires, et le juge d’instruction, trouvant qu’on s’était assez occupé, pour ce jour-là, de la petite Roque, se tourna vers le maire :

— Je peux faire porter chez vous le corps, n’est-ce pas ? Vous avez bien une chambre pour me le garder jusqu’à ce soir.

L’autre se troubla, balbutiant :

— Oui, non… non… À vrai dire, j’aime mieux qu’il n’entre pas chez moi… à cause… à cause de mes domestiques… qui… qui parlent déjà de revenants dans… dans ma tour, dans la tour du Renard… Vous savez… je ne pourrais plus en garder un seul… Non… J’aime mieux ne pas l’avoir chez moi.

Le magistrat se mit à sourire : « Bon… Je vais le faire emporter tout de suite à Roüy, pour l’examen légal. Et se tournant vers le substitut : « Je peux me servir de votre voiture, n’est-ce pas ?

— Oui, parfaitement. »

Tout le monde revint vers le cadavre. La Roque, maintenant assise à côté de sa fille, lui tenait la main, et elle regardait devant elle, d’un œil vague et hébété.