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Page:Œuvres complètes de Guy de Maupassant, XVI.djvu/36

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On lui expliqua comment elles demeuraient introuvables ; alors elle les réclama avec une obstination désespérée, pleurant et gémissant : « C’est à mé, je les veux ; ous qu’é sont, je les veux ? »

Plus on tentait de la calmer, plus elle sanglotait, s’obstinait. Elle ne demandait plus le corps, elle voulait les vêtements, les vêtements de sa fille, autant peut-être par inconsciente cupidité de misérable pour qui une pièce d’argent représente une fortune, que par tendresse maternelle.

Et quand le petit corps, roulé en des couvertures qu’on était allé chercher chez Renardet, disparut dans la voiture, la vieille, debout sous les arbres, soutenue par le maire et le capitaine, criait : « J’ai pu rien, pu rien, pu rien au monde, pu rien, pas seulement son p’tit bonnet, son p’tit bonnet ; j’ai pu rien, pu rien, pas seulement son p’tit bonnet. »

Le curé venait d’arriver ; un tout jeune prêtre déjà gras. Il se chargea d’emmener la Roque, et ils s’en allèrent ensemble vers le village. La douleur de la mère s’atténuait sous la parole sacrée de l’ecclésiastique qui lui promettait mille compensations. Mais elle repétait sans cesse : « Si j’avais seulement