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Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome IV.djvu/102

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comme une statue, et qu’on ne peut apercevoir de l’objet que la première face qui s’est présentée, ni par conséquent en acquérir une plus particulière connaissance. C’est cela qu’on appelle communément être étonné ; et l’étonnement est un excès d’admiration qui ne peut jamais être que mauvais.

Art. 74. A quoi servent toutes les passions, et à quoi elles nuisent.

Or, il est aisé à connaître, de ce qui a été dit ci-dessus, que l’utilité de toutes les passions ne consiste qu’en ce qu’elles fortifient et font durer en l’âme des pensées, lesquelles il est bon qu’elle conserve, et qui pourraient facilement, sans cela, en être effacées. Comme aussi tout le mal qu’elles peuvent causer consiste en ce qu’elles fortifient et conservent ces pensées plus qu’il n’est besoin, ou bien qu’elles en fortifient et conservent d’autres auxquelles il n’est pas bon de s’arrêter.

Art. 75. A quoi sert particulièrement l’admiration.

Et on peut dire en particulier de l’admiration qu’elle est utile en ce qu’elle fait que nous apprenons et retenons en notre mémoire les choses que nous avons auparavant ignorées. Car nous n’admirons que ce qui nous paraît rare et extraordinaire ;