Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome IV.djvu/449

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gnent du cœur ; et que chaque branche de l’un de ces deux vaisseaux accompagne toujours quelqu’une des branches de l’autre, et aussi quelqu’une d’un troisième vaisseau dont l’entrée est ce qu’on nomme le gosier ou le sifflet ; et que les branches de ces trois vaisseaux ne vont point ailleurs que dans le poumon, lequel n’est composé que d’elles seules, qui sont tellement mêlées ensemble, qu’on ne sauroit désigner aucune partie de sa chair, assez grosse pour être vue, en laquelle chacun de ces trois vaisseaux n’ait quelqu’une de ses branches.

Il faut aussi remarquer que ces trois vaisseaux ont entre eux de la différence, en ce que celui dont l’entrée est le sifflet ne contient jamais autre chose que l’air de la respiration, et qu’il est composé de petits cartilages et de peaux beaucoup plus dures que celles qui composent les deux autres ; comme aussi celui qu’on nomme la veine artérieuse est composé de peaux notablement plus dures et plus épaisses que celles de l’artère veineuse, lesquelles sont molles et déliées, tout de même que celles de la veine cave. Ce qui montre que bien que ces deux vaisseaux ne reçoivent en eux que du sang, il y a toutefois de la différence, en ce que le sang qui est dans l’artère veineuse n’y est pas tant agité ni poussé avec tant de force que celui qui est dans la veine artérieuse ; car, comme on voit que les mains des artisans deviennent dures à force de manier leurs