Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome V.djvu/177

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fermée. Et c’est pour la même raison qu’ordinairement les vents impétueux se sentent froids, et qu’il n’y en a guère de chauds qui ne soient lents.

De plus, les vapeurs représentées vers B, et vers E, et vers F, sont transparentes et ne peuvent être discernées par la vue d’avec le reste de l’air, d’autant que, se remuant fort vite et de même branle que la matière subtile qui les environne, elles ne la peuvent empêcher de recevoir l’action des corps lumineux, mais plutôt elles la reçoivent avec elle. Au lieu que la vapeur qui est vers C commence à devenir opaque ou obscure, à cause que ses parties n’obéissent plus tant à cette matière subtile qu’elles puissent être mues par elle en toutes façons. Et la vapeur qui est vers D ne peut être du tout si obscure que celle qui est vers C, à cause qu’elle est plus chaude : comme vous voyez qu’en hiver le froid fait paroître l’haleine ou la sueur des chevaux échauffés sous la forme d’une grosse fumée fort épaisse et obscure, au lieu qu’en été, que l’air est plus chaud, elle est invisible. Et on ne doit pas douter que l’air ne contienne souvent autant ou plus de vapeurs lorsqu’elles ne s’y voient aucunement que lorsqu’elles s’y voient ; car comment se pourroit-il faire sans miracle qu’en temps chaud et en plein midi le soleil, donnant sur un lac ou un marais, manquât d’en élever beaucoup de vapeurs, vu qu’on remarque