Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome V.djvu/179

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sont quasi autre chose que la terre telle qu’on la peut voir au fond d’un vase après y avoir laissé rasseoir de l’eau de neige ou de pluie, ni les plus subtiles autre chose que ces esprits ou eaux-de-vie qui s’élèvent toujours les premières des corps qu’on distille. Et qu’entre les médiocres les unes participent de la nature des sels volatils, et les autres de celle des huiles, ou plutôt des fumées qui en sortent lorsqu’on les brûle. Et, encore que la plupart de ces exhalaisons ne montent en l’air que mêlées avec les vapeurs, elles ne laissent pas de pouvoir aisément par après s’en séparer ; ou d’elles-mêmes, ainsi que les huiles se démêlent de l’eau avec laquelle on les distille ; ou aidées par l’agitation des vents qui les rassemblent en un ou plusieurs corps, en même façon que les villageoises, en battant leur crème, séparent le beurre du petit lait ; ou même souvent aussi par cela seul que, se trouvant plus ou moins pesantes et plus ou moins agitées, elles s’arrêtent en une région plus basse ou plus haute que ne font les vapeurs. Et d’ordinaire les huiles s’élèvent moins haut que les eaux-de-vie, et celles qui ne sont que terre encore moins haut que les huiles. Mais il n’y en a point qui s’arrêtent plus bas que les parties dont se compose le sel commun ; et, bien qu’elles ne soient pas proprement des exhalaisons ni des vapeurs, à cause qu’elles ne s’élèvent jamais que