Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome V.djvu/210

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le solstice d’été, il est vraisemblable qu’ils procèdent des vapeurs que le soleil élève des terres et des eaux du septentrion, après avoir déjà assez séjourné longtemps vers le tropique du cancre ; car vous savez qu’il s’arrête bien plus à proportion vers les tropiques qu’il ne fait en l’espace qui est entre deux ; et il faut penser que pendant les mois de mars, d’avril et de mai, il dissout en vapeurs et en vents la plupart des nues et des neiges qui sont vers notre pole, mais qu’il ne peut y échauffer les terres et les eaux assez fort pour en élever d’autres vapeurs qui causent des vents que quelques semaines après, lorsque ce grand jour de six mois qu’il y fait est un peu au-delà de son midi. Au reste, ces vents généraux et réguliers seroient toujours tels que je viens de les expliquer, si la superficie de la terre étoit partout également couverte d’eaux, ou partout également découverte, en sorte qu’il n’y eût aucune diversité de mers, de terres et de montagnes, ni aucune autre cause qui pût dilater les vapeurs que la présence du soleil, ou les condenser que son absence. Mais il faut remarquer que lorsque le soleil luit, il fait sortir communément plus de vapeurs des mers que des terres, à cause que les terres se trouvant sèches en plusieurs endroits ne lui fournissent pas tant de matière ; et qu'au contraire, lorsqu’il est absent, la chaleur qu’il a causée en fait sortir davantage des