Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome V.djvu/258

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pour un bon présage, car c’étoit ordinairement le plus qu’ils en vissent, excepté peut-être lorsque l’orage étoit extraordinairement grand qu’ils en voyoient trois, et les estimoient aussi à cause de cela de mauvais augure. Toutefois j’ai ouï dire à nos mariniers qu’ils en voient quelquefois jusques au nombre de quatre ou cinq, peut-être à cause que leurs vaisseaux sont plus grands, et ont plus de mâts que ceux des anciens, ou qu’ils voyagent en des lieux où les exhalaisons sont plus fréquentes ; car enfin je ne puis rien dire que par conjecture de ce qui se fait dans les grandes mers, que je n’ai jamais vues, et dont je n’ai que des relations fort imparfaites.

Mais pour les orages qui sont accompagnés de tonnerre, d’éclairs, de tourbillons et de foudre, desquels pu voir quelques exemples sur terre, je ne doute point qu’ils ne soient causés de ce qu’y ayant plusieurs nues l’une sur l’autre, il arrive quelquefois que les plus hautes descendent fort à coup sur les plus basses ; comme si les deux nues A[1] et B, n’étant composées que de neige fort rare et fort étendue, il se trouve un air plus chaud autour de la supérieure A qu’autour de l’inférieure B, il est évident que la chaleur de cet air la peut condenser et appesantir peu à peu, en telle sorte que les plus hautes de ses parties, commençant les pre-

  1. Figure 16.