Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome XI.djvu/225

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

toutes différentes ; mais que je considère seule­ment quel sens ils ont en latin, afin que, toutes les fois que l’expression propre me manque, j’emploie la métaphore qui me paroît la plus convenable pour rendre ma pensée.

Or cette évidence et cette certitude de l’intui­tion doit se retrouver non seulement dans une énonciation quelconque, mais dans tout raisonne­ment. Ainsi quand on dit deux et deux font la même chose que trois et un, il ne faut pas seule­ment voir par intuition que deux et deux égalent quatre, et que trois et un égalent quatre, il faut encore voir que de ces deux propositions il est nécessaire de conclure cette troisième, savoir, qu’elles sont égales.

On pourroit peut-être se demander pourquoi à l’intuition nous ajoutons cette autre manière de connoitre par déduction, c’est-à-dire par l’opéra­tion, qui d’une chose dont nous avons la connoissance certaine, tire des conséquences qui s’en déduisent nécessairement. Mais nous avons dû admettre ce nouveau mode ; car il est un grand nombre de choses qui, sans être évidentes par elles-mêmes, portent cependant le caractère de la certitude, pourvu qu’elles soient déduites de prin­cipes vrais et incontestés par un mouvement con­tinuel et non interrompu de la pensée, avec une intuition distincte de chaque chose ; tout de même