Page:Œuvres de Descartes, éd. Cousin, tome XI.djvu/291

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ce que c’est que ces natures simples dont il est question dans la règle huitième. Il est clair que l’intuition s’applique et à ces natures, et à leur connexion nécessaire entre elles, et enfin à toutes les autres choses que l’entendement trouve par une expérience précise, soit en lui-même, soit dans l’imagination. Quant à la déduction, nous en traite­rons plus au long dans les règles suivantes.

Il s’ensuit secondement qu’il ne faut pas se don­ner beaucoup de peine pour connoître ces na­tures simples, car elles sont suffisamment connues par elles-mêmes. Il faut seulement les distinguer les unes des autres, et les considérer avec atten­tion successivement et à part. Il n’est personne en effet d’un esprit si obtus qui ne s’aperçoive qu’il y a une différence quelconque à être assis et à être debout. Mais tous ne distinguent pas aussi nettement la nature de la position des autres choses contenues dans cette idée, et ils ne peuvent affirmer que dans ce cas rien n’est changé que la position. Et nous ne faisons pas cette remarque en vain, parceque les savants sont d’habitude assez ingénieux pour trouver le moyen de répandre des ténèbres même dans les choses qui sont évi­dentes par elles-mêmes, et que les paysans n’igno­rent pas. Cela leur arrive lorsqu’ils cherchent à exposer, à l’aide de quelque chose de plus évi­dent, des choses qui sont connues par elles-mêmes.