Aller au contenu

Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/105

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
89
IRÈNE ET LES EUNUQUES

rieux qu’on la dévoilât de la sorte devant le peuple. Qui donc avait raconté les délires des vices conjugaux ! Qui donc ? Les écoliers, les écolières ? On les avait pourvus et envoyés au loin dans les cloîtres, dans les îles. Les nègres ? Ils avaient été vendus comme esclaves en Syrie. Les nonnes arméniennes étaient recluses dans un couvent de Sicile. Qui donc avait parlé ? Les cubiculaires, les eunuques, Pharès peut-être ? Et ils laissaient ce misérable propager leurs imprudences !

— Dis-moi : et mon peuple n’a point lapidé le calomniateur ?

— Loin de le lapider, on l’écoutait avec complaisance ! Les bouffons renchérissaient.

— Et il ne s’est pas trouvé un de mes soldats pour le tuer sur place, pour plonger dans cette gorge immonde un glaive purificateur ?

— Les hérauts du préfet voulurent se saisir de lui, mais les palefreniers de l’Hippodrome leur jetèrent des ordures. Sans doute, les amis du César les avaient abreuvés. Pendant la bagarre, on a hissé le cul-de-jatte sur un chameau qui est parti à toute vitesse ; car on lui donnait de l’aiguillon.

— Il importe qu’on le découvre ; qu’il disparaisse… Tu as entendu ma Parole impériale ? Que Sarantapichos disparaisse ! Il a trop vécu pour le renom de Byzance.

— Et pour le tien.

— Mon honneur n’est pas d’étouffer ma vie, mais