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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/115

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

sons inexorables et d’aphrodisiaques merveilleux. Son officine, dans une chambre haute, ressemblait à une chapelle et à un cabinet d’alchimiste. L’athanor dans lequel il dissolvait les métaux et calcinait les plantes, brûlait sous un triptyque dont les panneaux fermés offraient aux yeux les nombres et les symboles d’une table astronomique, tandis qu’ouverts ils montraient l’image du Christos, avec la Panagia sur le volet de droite, et sur le volet de gauche, le Parakletos.

De sa voix en lamentation, il dit aussitôt :

— Que l’illuminante Pureté protège ton Empire, Despoïna. L’ange noir a soufflé l’esprit du mal sur le calife Mahdi, et il a jeté ses Sarrasins dans le thème de Cappadoce. Ils ont ravagé les champs, brûlé douze villages. Daigneras-tu sceller, de ton anneau, cette quittance afin que mon trésorier puise légalement dans les coffres pour expédier les subsides de guerre aux camps de la Comagène ?

— Est-il déjà nécessaire, ô fabricant de thériaques ?

— En vérité c’est absolument nécessaire ! Maîtresse des Romains…, affirma Staurakios avec l’autorité de sa voix frêle mais aiguë, qui sonnait précipitamment comme si tout un chœur de religieuses eussent chanté ses pensées nombreuses et promptes, empressées de sortir.

Irène leur ayant désigné leurs sièges ils s’étaient assis sur les cubes de bois rouge. Et ils se tenaient là silencieux, sévères. Pharès caressait timidement ses