Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/123

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
107
IRÈNE ET LES EUNUQUES

— Et la tête de l’enfant Constantin ne tarderait point à rouler sur un échafaud afin que, dans son sang, quelque Michel de Cos, ou quelque César Nicéphore ramasse la couronne de tes Autocraties, puis la ceigne, avec ses émaux sacrés et sa croix mystique.

— Non, Despoïna, il ne convient pas à ta destinée que les Sarrazins soient vaincus.

— Et cela ne convient pas non plus aux Archétypes qui doivent commander avec ton sceptre.

— Seront-ils mieux servis par une armée en fuite, dans Constantinople assiégée, comme elle le fut déjà ?

— Il ne faut pas non plus que la déroute avilisse tes étendards, mais qu’un stratège prudent se contente de tenir les passages du Taurus, avec opiniâtreté, sans livrer bataille en plaine. Voilà ce qu’il faut à notre dessein. Après un hiver d’escarmouches inutiles et dispendieuses, tu feras offrir au Khalife de payer un tribut annuel, pour qu’il garde chez lui ses cavaliers malodorants et ses fantassins pouilleux ! Byzance est assez riche pour jeter quelques os d’or aux chiens hurleurs du Prophète.

— Ainsi, tu ne connaîtras point les hontes du désastre, ni les périls de la compétition. Et tu pourras grandir, en paix, ta puissance…

— Alors les sublimes Entéléchies gouverneront de l’Orient à l’Occident…, espéra Bythométrès.

— Et l’ange descendra comme une étoile qui tombe du ciel sur la terre ; et il donnera la clef de l’Abyme à nos méditations, à nos extases.