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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/132

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

retour, Irène commanda l’arrestation de la famille d’Elpidios. Au milieu de l’Hippodrome, sous la colonne serpentine des Platéens, les verges des soldats firent voler le sang de la mère obèse, qui hurlait entre des mèches grises, des adolescents flexueux et maigres dont les miaulements excitèrent les risées de la foule égayée par le soleil d’avril.

Eutychès les enferma au cloître, puis en prison, comme otages.

La nouvelle de la révolte détermina certains troubles dans l’esprit des thèmes militaires. À quelque temps de là les eunuques purent redouter qu’elle se généralisât.

Ils organisèrent une diversion. Jean, comme Chef du Palais, émanation directe du trône, rejoignit le grand domestique des Scholes d’Orient dans les camps de la Comagène. La cavalerie du Khalife tentait de franchir le Taurus. Elle ignorait que le Mesureur de l’Abyme eût amené les machines et le feu grégeois. S’étant hasardée par un défilé, elle fut surprise dans une embuscade. La poix brûlante et le soufre corrodèrent les corps tordus. Des chevaux enflammés s’enfuirent par toutes les pentes, incendièrent les bois, bondirent dans les précipices. Des forêts flambèrent.

À cette nouvelle l’enthousiasme des Byzantins se fit tellement aveugle que la victoire finale du Khalife El-Mahdi en ce même pays de Comagène, fut alors tenue pour peu de chose, encore qu’on dut promettre de payer tribut, avant qu’il évacuât les territoires du