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Page:Adam - Irène et les eunuques, 1907.djvu/154

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IRÈNE ET LES EUNUQUES

nes après, un ordre suprême expulsait de Byzance tous leurs partisans, leurs familles, leurs serviteurs. Le titre de « gardes » fut aussitôt dévolu à l’élite des légions de Thrace. La panique sarrasine avait délivré les eunuques de leurs ennemis.

Irène n’attendit guère pour consacrer sa victoire.

Dans la ville même où Constantin le Grand avait réuni le grand concile qui formula les principales vérités de la Foi, à Nicée, en Bithynie, l’impératrice convoqua les évêques l’an 787. Du lieu, de son nom historique, l’assemblée sainte devait acquérir un prestige. Une confusion s’établirait dans les esprits chrétiens ; et l’on ne saurait quelle fut la plus importante de ces diètes orthodoxes.

La cérémonie fut extraordinaire. Nombre de religieux mutilés lors des persécutions iconoclastes, s’y montrèrent, palmes humaines du martyre de l’Église. Et dans la poussière des routes ils exhibaient leurs moignons gélatineux, leurs visages sans nez, sans oreilles ; ils ouvraient leurs bouches sans langues ; ils décoiffaient leurs crânes scalpés, zébrés de cicatrices brunes. Trois cent cinquante Pères de l’Église s’assemblèrent le 24 septembre. Le pape Adrien y fit prédire à Irène un règne de victoires si elle restituait le temporel napolitain et sicilien du Saint-Siège. L’Orient et l’Occident allaient enfin s’épouser.

Un prodige ne pouvait faillir à sanctifier une époque si pieuse. Des Juifs de Béryte ayant crucifié une image du Sauveur, le sang et l’eau jaillirent sous le coup de lance